Fédéralisme ou unitarisme : la problématique des crises en RDC réside dans la capture de l’Etat, l’autocratie, la médiocratie

(Par le Professeur Florent Gabati)
Il est vrai que nous pouvons nous interroger sur la pertinence aujourd’hui du débat concernant les formes d’Etat en RDC et cette question nous taraude à propos de la prédétermination de l’unitarisme ou fédéralisme à la résolution de la conflictualité au Congo. Il nous faut cependant prendre le juste diagnostic au regard de l’expérience des pays africains en général et congolaise en particulier en matière de construction étatique. Certes, les régimes fédéraux ne sont pas légion en Afrique subsaharienne.
Cette rareté institutionnelle n’invalide en rien l’explication qui pourra donner du regain d’intérêt pour le fédéralisme dans le contexte aujourd’hui de la démocratie participative fondée sur le renforcement de la participation des citoyens au niveau local à la prise des décisions sur des projets de développement majeur, de la politique économique. Si dans l’imaginaire de certains, ils disqualifient le fédéralisme au profit de l’unitarisme en justifiant leur gouvernance centralisée au regard de la désintégration de l’État, de l’aggravation des conflits, l’histoire nous rappelle à fortiori que l’effondrement ou la faillite des Etats unitaires autoritaires et ethnocratiques est due durant des décennies à l’absence d’autorité centrale, à la faiblesse des Institutions régaliennes ou à la déstabilisation par le bas.
Il nous revient de souligner hic et nunc par rapport au champ congolais s’il n’est pas meilleur cas déviant de l’adéquation du fédéralisme à la résolution des crises actuelles ou celle de l’unitarisme, l’enjeu de constitution d’une communauté politique dépend fondamentalement du système de gouvernance capable de concilier l’unité de la nation dans la dynamique de leadership.
D’ailleurs, il faut noter à l’époque de l’apogée du régime de Mobutu, les deux guerres du Shaba en 1970 ont marqué un grand tournant dans l’évolution sociopolitique du Zaïre et le déclin de son armée malgré la forte concentration du pouvoir sous forme de l’unitarisme.
Il faut noter que la stabilité des Etats aujourd’hui ne dépend pas de la forme d’Etat Fédéralisme ou Unitarisme, mais de la culture démocratique et de la qualité des acteurs comme nous le défendons mordicus dans le paradigme du « renouvellement de génération politique » et non celui de la continuité des mêmes postures ou du recyclage des hommes qui n’ont plus de recettes à proposer à la population congolaise. Les gouvernances médiocres en poursuivant avec les mêmes habitudes des dirigeants qui volent des millions et des milliards de dollars de fonds publics, détruisent le pays. On dit : « les mêmes causes produisent les mêmes effets ». Quelle que soit la forme d’État, la problématique des échecs actuels c’est l’homme politique congolais. Les citoyens qui estiment que le fédéralisme n’ouvre pas de perspectives certaines à la RDC ne doivent pas penser que seule la forme d’État « unitarisme » demeure la voie royale aux défis actuels du pays. Si l’adage «si vis pacem para bellum» constituait la solution efficace dans le contexte géopolitique des rapports de force comme les romains l’avaient bien compris à leur époque, la messe ne serait pas dite pour ceux qui sont aux manettes. Il est important d’éviter des sempiternels débats sur les formes d’État, ce qui compte c’est la consolidation de la démocratie. Dès lors qu’on parle de la république, on vise l’homme politique qui incarne une vision, un charisme. Les facteurs endogènes doivent expliquer que nos responsables sont en grande partie comptables de la misère des congolais, de la grave crise sécuritaire à l’est du pays, du pillage systémique de nos ressources. Ce n’est ni le fédéralisme ni l’unitarisme qui rendront à la RDC sa grandeur, mais les institutions fortes avec des hommes politiques respectueux de valeurs démocratiques et ondes élites qui ont tué davantage la démocratie.
Professeur Florent Gabati
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