L’attribution de la gestion du droit d’auteur à une entreprise nationale de sous-traitance en République Démocratique du Congo a été envisagée par le chanteur congolais Ngiama Werrason en vue de remettre de l’ordre dans le secteur, a-t-on appris de l’artiste au cours d'un entretien.
«Il y a trop de désordres dans le secteur des droits d’auteurs en RDC. On ne sait pas exactement qui gère. Laquelle de la Société congolaise des droits d’auteur et droits voisins (SOCODA) est reconnue par l’Etat pour assurer la gestion collective des droits des artistes. Même chose à la Société Nationale des Editeurs et Compositeur-Auteurs (SONECA) qui gère encore beaucoup d'argent des créateurs. A l'allure où vont les choses, je pense que l’idéal serait de confier dans l’avenir la gestion à une autre entreprise nationale indépendante de sous-traitance», a déclaré Werrason.
«Le ministère de la culture doit vraiment nous aider pour y arriver. Je sais que l'actuelle ministre maîtrise très bien ce domaine des droits d'auteur. Il faudra peut-être qu'elle s'adonne un jour pour remettre de l'ordre. La gestion, par nous les artistes, a démontré ses limites. Il y a trop de magouilles. Beaucoup travaillent pour leurs intérêts. Les artistes souffrent dans ce secteur », a-t-il ajouté.
Il sied de noter que ce secteur des droits évolue dans le bicéphalisme avec deux SOCODA dont chacune ayant son siège administratif à Kinshasa. L'une est dirigée par l’artiste musicien Nyoka Longo en tant que Président du Conseil d’administration (PCA). Tandis que l'autre est conduite par le chanteur Blaise Bula, qui est aussi reconnu comme PCA par les siens. Elle fonctionne à sa manière. Entre-temps, l'ancienne SONECA qu'on croyait être liquidée, continue à opérer sous l'emprise de l'Editeur Adios Alemba dans la capitale.
L'implication du ministère de la culture pour un consensus !
En décembre dernier, rappelle-t-on, toutes les parties prenantes se sont rencontrées autour d’une table sous l’égide du ministère de la culture mais aucune résolution probante n’est sortie de ces assises pour trouver un consensus.
Selon une enquête, l’homme et la maffia sont deux éléments majeurs qui bloquent l'expansion du secteur des droits d'auteurs en RDC.
S'agissant de l’homme, on fait directement allusion aux ressources humaines qui n’ont jamais été à la hauteur pour assurer la bonne gestion de la société. « Les artistes congolais sont aux commandes depuis sa création. Sans compétences requises, certains ont géré sans état d’âme cette coopérative. L’égoïsme a divisé le sociétaire et les violations de statut ont provoqué un cycle infernal des crises et conflits dans le secteur », a fait savoir un conseiller du ministère de la culture.
Concernant la maffia, la malversation financière est l’une des causes principales et flagrantes qui a conduit la SOCODA à la prédation.
Selon plusieurs sources, plus d’un million de dollars ont été délogés dans le compte de la SOCODA/Nyoka Longo pour être orientés vers d’autres comptes privés.
En RDC, 98 % d'artistes meurent pauvres malgré leur talent et leur dynamisme dans la création alors que sous d’autres cieux une seule œuvre peut rendre riche son auteur. Et pourtant, l’article 1er de l’Ordonnance-loi n°86-033 du 5 avril 1986 portant protection des droits d’auteurs et droits voisins stipule : ‘‘L’auteur d’une œuvre de l’esprit jouit sur son œuvre, du seul fait de sa création, d’un droit de propriété incorporelle exclusif et opposable à tous’’.
Jordache Diala