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Remaniement ministériel de la dernière chance, RDC : le duo Bemba-Bazaïba au chevet de l’avenir et du destin de l’Etat-Congo

(Par Antoine-Dover Osongo-Lukadi)

*« Le remaniement ministériel de la dernière la chance : le couple BEMBA-BAZAÏBA au chevet de l’avenir et du destin de l’Etat-Congo. Une analyse prospective sur l’ambiguïté et la lassitude politico-militaire au sommet du pouvoir»

1.« Pour Jean-Pierre Bemba « j’ai protesté et accusé »
Lorsque l’AFDL avait fait son irruption, sans prévenir ni avertir personne, pendant les méandres de la Conférence Nationale Souveraine, je n’étais alors qu’un maigre petit assistant à l’Institut Supérieur Pédagogique de la Gombe, et finalement emporté, à la surprise générale, le Maréchal Mobutu et le mobutisme, je me trouvais alors en études et recherches doctorales puis postdoctorales respectivement en Belgique (1992-1998) et en France (2002-2013). De même que le partage du pouvoir en la faveur d’une formule satanique, diabolique du 1+4 inventé par le trop machiavélien et cynique Louis Michel alors ministre belge des affaires étrangères, et dans la foulée l’arrestation totalement injustifiée du leader du MLC, que j’ai vécu également et impuissamment en dehors de mon pays.
De Belgique, contrairement à plusieurs intellectuels récipients, qui ne sont intéressés que par le beurre et l’argent du beurre, j’ai écrit un ouvrage en Belgique : « Affaire Jean-Pierre Bemba Gombo (JPBG). Les dessous de l’affaire et de la vente accélérée du Congo-Kinshasa, Louvain-La-Neuve, Institut Africain du Savoir (ISAS), 2008, pour protester contre l’arrestation du leader du MLC et surtout dénoncer ce qui fût encore à l’époque qu’un soupçon sur l’occupation de la partie est de la RDC voire de sa balkanisation. J’y indiquais le complot d’expropriation des terres, d’eugénisme, d’impérialisme, d’hégémonisme et de balkanisation, que nous dénonçons aujourd’hui. Déjà en 2008, -pendant que d’autres compatriotes se partageaient les postes politiques et se les partagent encore maintenant et toujours, sans y épingler les danseurs et chanteurs insouciants subsistant dans les populations congolaises toutes tendances confondues, sans stratégie ni conscience politique ni idéologie ni encore moins âme conséquente-, je pressentais déjà cette menace contre laquelle Félix Tshisekedi est totalement impuissant pour y faire face.
Dans cet ouvrage, je présentais en Belgique, et à visage découvert, l’arrestation de Bemba comme un complot contre la nation et le peuple congolais. Je présentais Jean-Pierre Bemba, surtout après l’assassinat du très estimé camarade Mzee Laurent-Désiré Kabila, comme un leader charismatique « à la Mobutu » capable de redresser et de stabiliser surtout la situation politique à l’est du pays et dans son ensemble. Démocratie, dictature ne sont que des mots. Jamais le Zaïre de Mobutu et le Congo de Mzee Kabila ne sont devenus des poubelles et ingouvernables que sous la démocratie « arrachée » sous la pression des gouvernements et lobbies occidentaux le 24 Avril 1990. Je ne m’avance pas, loin s’en faut, à une apologie de la dictature. Je dis seulement que lorsqu’on est peu préparé, la démocratie ressemble à la situation d’un revolver mis dans la main d’un enfant. L’avènement d’un pouvoir fort et puissant, me semblait, le bienvenu.
Or, Bemba incarnait, selon moi, pareil avènement. On sait tous combien l’Occident n’a que très peu d’estime des dirigeants politiques affirmant de plus en plus leur indépendance et autonomie. Je signale, donc, que par peur du quand dira-t-on, l’ouvrage que j’ai consacré au leader du MLC n’a pas été officiellement commercialisé en RDC. Il a fait toute sa carrière en Europe occidentale. Même si, achetés sous les mentaux, plusieurs exemplaires on put franchir les frontières de notre pays.
J’ai écrit cet ouvrage, sans avoir jamais, ni vu, ni connu, ni rencontré Jean-Pierre Bemba et, ni encore moins, été membre de son parti politique. Je l’ai écrit, non pas pour attendre une récompense en nature ou en numéral, le leader du MLC se trouvait déjà enfermé injustement à La Haye, mais pour alerter l’opinion tant nationale qu’internationale sur le destin et l’avenir de la République Démocratique du Congo. Dès le début, j’ai clamé son innocence, mon livre en main, en faisant dans Bruxelles le siège des officines européennes. J’ignore si à cette époque–là, -excepté la très dynamique engagée MLC madame Eve Bazaïba et sa famille biologique, son épouse surtout qui a été systématiquement harcelée voire violentée par les policiers belges sous-ordre de Louis Michel et compagnies -, il y avait autant du monde aux côtés de Jean-Pierre Bemba pour défendre sa cause ou ne-fût-ce que se montrer ?
Les congolais c’est comme des mouches ou des abeilles. Ils font le surnombre autour de leurs leaders politiques que lorsqu’ils sentent mauvais ou le miel. Dès lors, ils ne jurent que sous et par ceux qu’ils appellent éhontement voire ridiculement leurs autorités morales. C’est du reste pour cela que le pays n’avance jamais. Parce que ce qui compte c’est uniquement l’esprit du miel. On le voit, aujourd’hui, comment après autant de diatribes incendiaires contre le régime du raïs Joseph Kabila Kabange, ceux qui lui ont succédé ne se sont distingués que dans le tourisme politique, des voyages insalubres, la gabegie, le gaspillage, les vols, les détournements des deniers publics. Tous les pauvres venus et émergés de nulle part se sont refaits, en moins de quatre ans d’exercice de pouvoir au sommet de l’Etat, une grande bourgeoise à laquelle ils n’y avaient jamais parié. En même temps, rien de surprenant, c’est le Congo-Kinshasa, « chance eloko pamba », disait le prophète artiste musicien Papa Wemba d’heureuse mémoire. Tout cela malgré les avertissements et les mises en garde répétés du chef de l’Etat, dont des transfèrements à la prison centrale de Makala. Sortis de prison en la faveur des alliances contre nature, ces inciviques répètent leurs forfaits sordides en liberté, en toute illégalité et impunité, en obéissant jamais aux injonctions du Chef de l’Etat, trop tolérant voire laxiste, à mon goût.
En choisissant Jean-Pierre Bemba déjà en 2008 et pour le future de la RDC, après les mandats politiques de Félix Tshisekedi, aux élections prochaines en 2028, c’est justement pour espérer que cesse ce laisser-aller actuel dans la gouvernance en cours, que l’on avait jamais ni constaté ni remarqué à l’époque de Joseph Kabila Kabange. L’homme faisait peur. Il n’y avait pas de blague. C’était encore mieux comme ça à l’époque du maréchalat mobutien. On avait la paix sociale et politique. On pouvait se promener partout dans tout le pays comme chez soi, sans jamais y être inquiété au nom du « Tata bo, bokonzi bo, ekolo bo ». Je vois très bien Jean-Pierre Bemba relever ce défi mobutien. Parce que pour progresser, évoluer, l’homme congolais n’entend en réalité que le langage de la force.
2.Madame Eve Bazaïba comme la porte d’entrée chez Jean-Pierre Bemba et au MLC
Cette brave dame, que je n’ai jamais rencontrée et ne connais pas non plus, avait fait preuve d’une fidélité et d’une loyauté incroyables au moment de l’enlèvement, l’arrestation et l’enfermement de son leader à La Haye. Si mes souvenirs sont bons, elle n’était qu’un des seconds couteaux du parti. Quand les autres couteaux, les hommes en particulier, avaient commencé à se disputer le leadership et pire à quitter le bateau MLC pour transhumer vers d’autres officines politiques ou encore à trahir l’idéal du parti, madame Bazaïba n’a pas fui ses responsabilités et a au contraire accepté de porter le poids d’un parti désormais amputé de son leader emprisonné. Qui l’eut cru ? En tout cas personne ne voyait le MLC survivre à Jean-Pierre Bemba otage des lobbies occidentaux, des capitalistes, des impérialistes, des colonialistes, des eugénistes et des hégémonistes. Pourtant petit à petit, elle a commencé par remettre l’ordre à l’intérieur de son camp politique, à assainir le parti des brebis galeuses ; réussit à maintenir le cap jusqu’à son entrée au gouvernement Jean-Michel Sama Lukonde I et à y rester dans Sama Lukonde II.
Si son entrée dans ce gouvernement me surprit, non pas parce que je doutais de la sincérité de Félix Tshisekedi, que je soutiens, tout le monde le sait, mais parce que je pensais que ça disqualifierait Jean-Pierre Bemba dans son aura nationaliste et patriotiste. Mais, c’est avec l’entrée au gouvernement du leader du MLC lui-même que j’ai compris, enfin, le travail de sape engrangé par Eve Bazaïba dans son rôle d’éclaireuse de Jean-Pierre Bemba. Son travail au ministère d’Etat de l’Environnement est inédit. Plusieurs organismes gouvernementaux ou non-gouvernementaux n’ont cessé de saluer son implication dans la gestion de l’environnement pour la survie et la responsabilité du futur de la planète.
Grâce à Eve Bazaïba, le MLC n’est plus seulement vu comme un ancien mouvement rebelle et Jean-Pierre Bemba non plus comme un ancien chef de guerre, mais au contraire un parti politique investi dans la cause de la salubrité environnementale. A l’étranger, grâce à l’investissement de cette ministre pas comme les autres, on salue les efforts du gouvernement de la république Démocratique du Congo, dans sa lutte pour la gestion, l’évaluation de l’état de la planète.
Sans le savoir peut-être, j’ai constaté comment à la tête de son ministère madame Bazaïba a développé une véritable politique humaniste proche des écologistes profonds où l’on montre que l’humanisme et/ou l’humanité ne peut se réduire à l’homme seul, mais devait s’élargir également à tous les êtres vivants, et en ce compris non-humains. Ce concept est inventé par Arne Næss dans un article fondateur publié pour la première fois en 1973 : « Le mouvement écologique superficiel et le mouvement profond », dans lequel il rejette l'idée que les êtres vivants puissent être classés en fonction de leurs valeurs respectives. Par exemple, le fait de savoir si un animal a une âme, s'il utilise la raison ou s'il a une conscience est souvent utilisé pour justifier la position dominante de l'animal Homme sur les autres animaux. Næss affirme que « le droit de toute forme de vie à vivre est un droit universel qui ne peut pas être quantifié. Aucune espèce vivante n'a plus de ce droit particulier de vivre et de s'étendre qu'une autre espèce ». Cette idée métaphysique est soulignée par la phrase de Warwick Fox disant que nous et tous les autres êtres vivants sommes des « aspects d'une même réalité émergente ».
La tradition philosophique, avant les « écologistes profonds » considéraient comme Aristote, la plante et l'animal ne sont que des moyens pour l'homme. De même pour Descartes qui justifie cette utilisation de la nature par son caractère entièrement mécaniste : l'animal n'est qu'une « machine » au fonctionnement remarquable. En sens inverse, Montaigne met en doute la place privilégiée de l'homme dans la nature : quand je joue avec ma chatte, dit-il, qui sait si elle ne me prend comme un passe-temps plus encore que je ne le fais d’elle ? D'un point de vue philosophique, l'éthique de l'environnement découle de principes éthiques généraux définis entre autres par le philosophe allemand Hans Jonas et l'écologiste René Dubos (penser global, agir local). En remontant plus loin dans l'Histoire, on peut trouver des philosophes du droit naturel comme John Locke, Samuel von Pufendorf, et Jean-Jacques Rousseau.
La plupart des penseurs modernes doctrinaux ne donnent une valeur morale qu'aux êtres libres ou doués de raison, c’est-à-dire aux hommes, selon eux. Pour Rousseau, certes l'animal est une « machine ingénieuse », mais son caractère d'être sensible interdit à l'homme de le considérer comme une simple chose et de le maltraiter inutilement. La différence entre l'homme et l'animal, pour Rousseau, n'est que quantitative sur le plan de l'intelligence. Ce qui distingue essentiellement l'homme, c'est sa capacité d'abstraction, sa liberté d'agir ou de ne pas agir ; c'est aussi sa capacité de perfectionner la technologie au cours de sa vie (éducation) et d'effectuer ce transfert d'une génération à l'autre (histoire). Kant fonde son éthique sur la volonté et la liberté. Les animaux, qui en sont dépourvus, selon lui, ne sont donc que des choses et non des personnes : les hommes peuvent les utiliser comme moyens.
L'éthique environnementale, au XXe siècle, s'est surtout développée dans le monde anglo-saxon sous l'influence de deux sources : la pensée utilitariste anglaise et la fascination des Américains, depuis Thoreau et John Muir, pour la nature vierge (wilderness) perdue en Europe et retrouvée à grande échelle par les pionniers aux Etats-Unis. A la fin du XVIIIe siècle, Jeremy Bentham s'interrogeait : les animaux souffrent-ils ? Si oui, la perspective utilitariste du « plus grand bonheur pour le plus grand nombre » devrait prendre en compte leur bien-être au même titre que celui des humains. Au XXe siècle, Peter Singer développe cette thèse. La dignité d'être moral ne naît pas de la raison, puisque nous ne l'attribuons pas à des enfants ou à des fous, mais de la sensibilité, et, par extension, de la capacité à souffrir. Par analogie avec les théories racistes ou sexistes qui refusent la prise en considération égale des intérêts des Noirs ou des femmes, Singer désigne sous le nom de spécisme (speciesism) un comportement qui donne plus de poids aux intérêts humains qu'à ceux des animaux. Tom Regan, contre l'utilitarisme, place la valeur de l'individu non dans la maximisation des plaisirs, mais dans un certain accomplissement de vie qui fait de l'individu un « sujet de vie » : a une valeur l'être qui a conscience de soi, désire et construit son avenir. Les mammifères et en particulier les primates entrent dans cette catégorie. Cette dignité, dans la tradition kantienne, interdit de le traiter comme un moyen et lui confère des droits moraux. Il en déduit l'interdiction de les chasser, les élever ou de les consommer.
A ces éthiques individualistes s'opposent des éthiques de l'espèce ou de l'écosystème. Le land ethic d'Aldo Leopold associe dans une même « communauté biotique » le chasseur, le gibier et le milieu naturel dans lequel ils évoluent. Chasser n'est pas illégitime, mais l'homme doit s'inscrire dans le monde naturel sans le bouleverser contrairement à ce que fait l'agriculteur ou l'industriel par exemple. Leopold Aldo a beaucoup influencé le philosophe John Baird Callicott, considéré comme le père de l'éthique environnementale contemporaine aux États-Unis.
La guerre de l’environnement est, en réalité, celle de la quête de l’humanisme. Dans cet humanisme se trouve l’avenir de l’être humain, de toutes les autres espèces vivantes et que nous appelons l’humanité. Je profite évidemment de ces pages pour y instruire notre maman écologie de la RDC sur certains aspects de son combat, qui lui auraient échappés soit par indifférence soit par inadvertance d’esprit. Madame la ministre chargée de la question environnementale est donc priée de savoir que dans l’environnement, il y a aussi et surtout le sens de ce que l’on entend toutes les fois qu’on parle d’humanisme. D’où ces questions : au fait, en quoi un homme handicapé mental, privé de raison, d’esprit logique, ou encore de volonté et de choix, peut-il revendiquer la seule humanité, alors que dans le même temps, il y a des chimpanzés, des perroquets, des chiens pisteurs qui font preuve des aptitudes plus développées que lui ? Jean-Claude Guillebaud n’en serait pas un des adeptes de la cause animale où, au nom de la « notion chérie » d’humanité, était remise en question la condition humaine. Il estime que si cette notion chérie d’humanité s’en tenait à cette solidarité militante à l’égard des animaux, la rhétorique » des promoteurs du Gret Ape Project serait simplement contestable dans son extrémisme, voire un peu ridicule dans sa formulation. Malheureusement, reconnait-il, le détail des arguments employés, le ton qui affleure ici et là n’invitent pas à la plaisanterie.
Mais J-C. Guillebaud laisse quand même ici la porte ouverte à la notion « chérie » d’humanité, selon laquelle, on vient de le dire, il y a un instant, l’homme ne serait pas le seul dépositaire d’humanité, l’animal de même. « Pour contester le concept de « condition humaine » qu’ils jugent trop exclusif, fait-il remarquer, Singer et Cavalieri abordent à plusieurs reprises la question des handicapés mentaux ou des traumatisés cérébraux. Ils estiment – et c’est là le nœud du problème – que, si l’on accorde les droits liés au statut d’humain à ces personnes dont l’entendement est diminué, alors il faut accorder le même privilège à certains animaux. « Les chimpanzés, les chiens, les porcs et les membres adultes de bien d’autres espèces, écrivent-ils, dépassent de loin un enfant au cerveau endommagé, du point de vue de leur capacité qui pourrait raisonnablement être considérée comme donnant une valeur à la vie, car même avec les soins les plus intensifs, certains enfants gravement déficients ne pourront jamais atteindre le niveau d’intelligence d’un chien ».
En d’autres termes, ils (ces défenseurs de la cause animale) trouvent injuste que l’on fasse bénéficier ces handicapés d’un statut supérieur qui ne correspond pas à leurs capacités mentales réelles. Evidemment que faisant cela, J-C. Guillebaud prévient qu’ils introduisent au cœur même du principe d’humanité une distinction, une hiérarchie que l’on est en droit de trouver abjectes. Ne serait-ce que parce qu’elles débouchent de facto sur l’idée d’une sous-humanité dont l’Histoire garde un sinistre souvenir. Pour eux, il est clair que certains humains (les arriérés mentaux, les fœtus, les enfants au cerveau endommagé, etc.) disposent de capacités mentales inférieures à certains animaux, des animaux dont nous savons mieux que par le passé évaluer l’intelligence ». Or, « pour leur défense, remarque J-C. Guillebaud, Singer et ses adeptes objectent qu’il n’est pas dans leur intention de dévaluer le concept d’humanité en révisant à la baisse les droits imprescriptibles qui y sont attachés, mais au contraire de hausser jusqu’à lui la condition de certains animaux ». Pour J-C. Guillebaud la tentative n’en est pas moins insidieuse, car « sauf à se réfugier dans une fausse naïveté, on ne peut nier que le raisonnement est virtuellement – et abominablement – réversible. Le souci d’humaniser l’animal – ou du moins notre rapport avec lui – peut dissimuler ou favoriser une complaisance pour la rétrogradation de l’humain au statut d’animal. Fonctionnant de haut en bas, le rapprochement se fait aussi de bas en haut ».
Parlant d’humanisme préhistorique, le pertinent philosophe français E. Morin fait suppléer sa notion d’humanisme par une leçon de Préhistoire et d’Histoire où il montre en effet comment « Pendant des dizaines de milliers d’années, les sociétés « archaïques » de chasseurs-ramasseurs se sont répandues sur les terres. Elles sont devenues étrangères les unes aux autres par la distance, le langage, les rites, les croyances, les mœurs. Elles se sont différenciées, les unes ouvertes et libérales, les autres closes et contraignantes, les unes à l’autorité diffuse ou collective, les autres à l’autorité concentrée. Mais, si diverses qu’elles aient été, elles ont constitué un type fondamental et premier de société d’homo sapiens. Pendant plusieurs dizaines de millénaires, cette diaspora de sociétés archaïques, s’ignorant les unes les autres, a constitué l’humanité ». Pour E. Morin, donc, « le développement des civilisations urbaines/rurales a ignoré puis détruit cette humanité-là. L’extension des sociétés historiques a rejeté les sociétés archaïques dans les forêts et les déserts, où les explorateurs et prospecteurs de l’ère planétaire les découvrent pour bientôt les anéantir. Aujourd’hui, sauf rarissimes exceptions, elles sont définitivement assassinées, sans que leurs assassins aient assimilés la part la plus importante de leurs savoirs millénaires. L’histoire, impitoyable pour les civilisations historiques vaincues, a été atroce sans rémission pour tout ce qui a été préhistorique. La préhistoire ne s’est pas éteinte, elle a été exterminée. Les fondateurs de la culture et de la société d’homo sapiens sont aujourd’hui définitivement génocidés par l’humanité, elle-même, qui a progressé ainsi dans le parricide ».
Quant à l’histoire, fait remarquer E. Morin, elle « naît il y a peut-être dix mille ans, en Mésopotamie, il y a quatre mille ans en Egypte, il y a deux mille cinq cents ans dans la vallée de l’Indus, et dans la vallée du Haung Po en Chine. Dans une formidable métamorphose sociologique, les petites sociétés sans agriculture, sans Etat, sans ville, sans armée font place à des cités, royaumes et empires de plusieurs dizaines de milliers, puis centaines de milliers et millions de sujets, avec agriculture, villes, Etat, division du travail, classes sociales, guerre, esclavage, puis grandes religions et grandes civilisations ». Dire histoire, c’est, pour E. Morin, « L’Histoire (comme) le surgissement, la croissance, la multiplication et la lutte à mort des Etats entre eux ; c’est la conquête, l’invasion, l’asservissement, et c’est la résistance, la révolte, l’insurrection ; c’est batailles, ruines, coups d’Etat et conspirations ; c’est le déferlement de la puissance et de la force, c’est la démesure du pouvoir ; c’est le règne terrifiant de grands dieux assoiffés de sang ; c’est l’asservissement de masse et temples, pyramides grandioses, c’est le développement de l’écriture ; c’est le commerce par mer et par terre des marchandises, puis des idées ; c’est aussi ici et là un message de pitié et de compassion, ici et là une pensée qui interroge le mystère du monde ». Un des chantres de « l’humanisme écologique », comme j’ose lui en imputer, E. Morin estime que « la conscience écologique est devenue la prise de conscience du problème global et du péril global qui menacent la planète. Comme le dit Jean-Marie Pelt : « L’homme détruit un à un les systèmes de défense de l’organisme planétaire ».
Reste que pour bien mener sa guerre écologique en Afrique et en RDC voire dans le monde, Eve Bazaïba devait se mettre aux diapasons de ses collègues européens qui s’inspirent des toutes ces théories écologiques ou géo-environnementales. L’apport des conseillers avertis, plutôt que des militants du parti à faire mouche sur tout ce qui bouge, des frères, cousins, amis et connaissances, s’avère plus qu’indispensable pour y arriver. Même s’il est vrai qu’en écoutant madame la ministre parler, discourir, on sent que ses multiples interventions sur les questions environnementales sont très bien préparées, encadrées par un cabinet très bien formé. Il y a-t-il des philosophes ? Je serai très satisfait qu’un jour madame la ministre prenne en compte l’étude de Hans Jonas, un philosophe considéré comme incontournable en matière écologique par ses paires euro-occidentaux. Ce philosophe qui n’est pas souvent cité est à la tête d’un humanisme de la responsabilité écologico-environnementale.
H. Jonas évoque le Principe responsabilité où il s’agit de prémunir par nos comportements au présent, l’avenir des générations futures. Sans être avare de commentaires, je considère ces préoccupations jonassiennes comme relevant de l’éthique intergénérationnelle. Et cette éthique intergénérationnelle est aussi la marque de fabrique de son humanisme. Avec la parution en 1979 de Das Prinzip Verantwortung, les bases d’une nouvelle éthique sont jetées. A la différence de la responsabilité juridique, la responsabilité trouve maintenant sa source dans le futur (« pour ce qui est à faire », Jonas, 1993, p.132) et non plus dans des obligations passées ou présentes. L’origine de ce changement d’éthique réside dans les menaces issues de la puissance de la technologie engendrée par l’homme. La limitation de l’agir humain résulte de l’obligation que nous avons à l’égard de l’avenir qui nous oblige à être responsable aujourd’hui. L’éthique environnementale de Jonas est tout d’abord une éthique ouverte sur la biosphère et de nature englobante (Jonas, 1993).
De ce point de vue, elle est un « anthropocentrisme biocentrique » et vise à la préservation de la vie sous toutes ses formes, humaines et non humaines, dans le but ultime de préserver l’humanité. Sans la nature, celle-ci ne peut perdurer. Les générations successives sont donc solidaires entre elles du fait de leur relation avec les éléments naturels : préserver la nature, c’est se donner les moyens de préserver les conditions d’existence de l’humanité, à condition que les actions réalisées par l’homme soient responsables, c'est-à-dire qu’elles préservent les conditions d’existence de l’humanité (Larrère, Larrère, 1997).
Dans un tel contexte, la nature de la responsabilité est directement liée au pouvoir de l’agir humain devenu dangereux pour l’espèce humaine du fait de la puissance de la technique qu’il a créée. L'homme contrôle la nature à l'aide de techniques qu'il ne contrôle pas. L’exemple le plus marquant est celui révélé par l’impact d’origine anthropique sur le climat, exemple qui révèle l’incapacité des sociétés à assurer leur responsabilité en matière environnementale (Bourg, 2003). Considérant l’existence de nombreuses incertitudes et les limites des savoirs scientifiques sur les effets futurs de nos actes (dégradations environnementales), Jonas propose de recourir à un jugement éthique soutenu par une heuristique de la peur : « La peur qui fait essentiellement partie de la responsabilité n’est pas celle qui déconseille d’agir, mais celle qui invite à agir » (Jonas, 1993, p. 300). La peur a chez le philosophe une origine bienveillante : elle invite à passer à l’action. Les générations présentes ont le devoir d’anticiper les menaces qui découlent de leur toute puissance : l’obligation provient de l’avenir. Dès lors, la responsabilité à l’égard des générations futures est infinie dans le temps : les générations actuelles ont le devoir d’exercer une responsabilité à l’égard de leur descendance. L'intervention de l'éthique est alors légitime : c’est elle qui régule le pouvoir d'agir des individus en tant qu’être responsables de leurs actes. « Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre » (Jonas, 1993, p. 30).
Une première obligation découle du principe responsabilité. Elle s’exprime à l’égard des individus et implique à la fois les générations présentes et les générations futures dans une relation spécifique. Plus précisément, il existe une rupture temporelle des droits et obligations intergénérationnels qui fonde une équité intergénérationnelle asymétrique. Les générations présentes ont des droits et des obligations envers les générations futures parce qu'elles ont conscience de l'effet de leurs actions dans le futur, mais les générations futures ne peuvent ni revendiquer des droits, ni respecter des obligations à l'égard des générations présentes. Il y a donc une rupture avec la réciprocité qui lie traditionnellement obligations et droits. La conséquence majeure de cette obligation réside dans l’impossibilité d’envisager la justice intergénérationnelle sur la base d’une justice redistributive entre les générations : toute ressource environnementale irréversiblement dégradée ou détruite du fait des actions humaines présentes ne pourra pas faire l’objet d’un échange intergénérationnel. Seul le recours à l’impératif jonassien permet d’éviter que les actions entravent les possibilités futures de la vie humaine sur terre : l’éthique limite ex ante les dégradations majeures de nature irréversible (Ballet, Mahieu, 2003). Une seconde obligation, indirecte, s’exprime à l’égard de la nature et fonde la justice environnementale chez Jonas. En effet, les éléments de la nature font l’objet d’une obligation de la part des sociétés humaines parce qu’ils contribuent à la préservation des conditions d’existence de l’humanité et parce qu’ils sont dotés d’une valeur intrinsèque, indépendante de tout usage. Implicitement, les ressources environnementales sont dotées de valeurs de non-usage telles que les valeurs d’option, de legs ou d’existence. Il est important de noter que l’ensemble des valeurs associées aux éléments de la nature doit être préservé pour l’ensemble des générations. Le bien-être des générations non encore nées dépend explicitement de la qualité de l'environnement naturel : « (...) la solidarité de destin entre l'homme et la nature, solidarité nouvellement découverte à travers le danger, nous fait également redécouvrir la dignité autonome de la nature et nous commande de respecter son intégrité par-delà l'aspect utilitaire » (Jonas, 1993, p.188).
Finalement, il existe une harmonie entre les êtres vivants, humains et non humains, harmonie qui ne doit pas être menacée car elle est garante de la survie des espèces en général et de celle de l'espèce humaine en particulier. La nature en tant qu'objet de la responsabilité humaine entre directement dans le champ de l'éthique. La dimension éthique de l'environnement naturel a pour fondement l'existence d'une solidarité intergénérationnelle qui est portée par le principe responsabilité chez le philosophe.
La portée éthique de la responsabilité est globale dans la mesure où elle contient les interdépendances qui existent entre l’espèce humaine et les systèmes naturels. Dès lors, bien que la nature ne soit pas un sujet de droit, et qu’à ce titre elle n’a ni obligation ni devoir (droit) à l’égard de l’humanité, elle ne peut être exclue de la portée des enseignements du philosophe.
En s’inscrivant sur un horizon de très long terme, à l’échelle du temps de la biosphère, Jonas propose une éthique environnementale qui interpelle les activités économiques : des changements profonds dans la sphère économique, au niveau des modes de production et des modes de consommation, sont nécessaires pour autoriser la préservation des ressources environnementales dans leur globalité (dimensions temporelle et spatiale).
Dans le cadre du développement durable, il est possible de formuler une approche englobante de l’éthique environnementale à partir du principe responsabilité. L’obligation de préserver l’humanité de toute disparition constitue un impératif catégorique qui structure la pensée de Jonas. L’argument éthique, qui doit faire en sorte que l’humanité « doit être » dans un environnement viable (idée d’humanité), se traduit par une responsabilité exprimée au travers de l’équité intergénérationnelle.
Une nouvelle responsabilité environnementale portée par l’équité intergénérationnelle peut alors fonder un rapport nouveau au temps dans les actes économiques dotés du pouvoir de dégradation irréversible de la nature. La crise écologique contemporaine n’est plus celle d’une nature limitée mais plutôt celle d’une nature vulnérable (Bourg, 2003). La question ici est de savoir comment articuler les différents temps en présence (temps économique et temps de la biosphère) au regard d’une éthique universelle de la responsabilité qui habite le très long terme, et d’en mesurer la portée et les limites en termes compensatoires (justice distributive).
Armée des tous ces principes éthico-écologico-géo-environnementaux, madame la min,istre Eve Bazaïba, qui en est déjà pas mal à ce stade eu égard de son valeureux mandat politique, creusera encore davantage encore sa place dans l’esplanade des grands théoriciens et défenseurs de l’environnement.
3.Le retour de Jean-Pierre Bemba à la politique active entre espoir et désespoir ?
En nommant Jean-Pierre Bemba au ministère d’Etat de la Défense Nationale et des Anciens combattants, Félix Tshisekedi a, à mon avis, pris la plus responsable des décisions qu'il depuis son accession à la magistrature suprême. En effet, contrairement à certains nommés, l’opinion tant intérieure qu’extérieure a applaudi des deux mains l’arrivée du leader du MLC à cette fonction ô combien régalienne. Jean-Pierre Bemba n’est pas que craint pour sa personnalité, il est aussi paradoxalement apprécié pour la rigueur, la témérité, la fermeté qui font justement cette personnalité ! Donc, à l’absence de tout sondage ; et rien qu’aux commentaires des rues et ruelles de Kinshasa et de l’ensemble du pays, il y a plus d’espoir que de désespoir dans le retour de Jean-Pierre Bemba dans la politique active.
Même s’il devait accepter le rôle du second couteau, lui qui est habitué à commander et à décider d’instinct. C’est là, me semble-t-il, le seul bémol dudit retour de Bemba. Aura-t-il les mains libres dans la guerre contre le Rwanda et le M-23, dont on sait qu’ils ne sont que des simples valoir, car derrière se cachent des gouvernements et lobbies occidentaux qui financent en armes, en argent la guerre d’agression, d’occupation, de déstabilisation voire de balkanisation de la RDC ? On se rappellera qu’une seule fois l’aviation de l’air congolaise était entrée en action, faisant même une incursion dans l’espace aérien rwandais, où tout le monde a cru qu’enfin Félix Tshisekedi avait fait entrer son armée et la guerre dans une dimension afin de mettre fin à cette guerre injuste qu’on impose à son pays et après plus rien ! Où sont-ils ces chasseurs de fabrication russe, qui avaient fait reculer les rebelles du M-23 et fait craindre le pire à Paul Kagamé ? Pourquoi les Fardc n’ont-elles plus jamais bombardé les positions desdits rebelles comme si de quelque part quelqu’un avait mis un veto pour qu’on arrête ça et très rapidement sinon ? Jean-Pierre Bemba, le temps de dix ans d’emprisonnement à La Haye, serait-il devenu un peureux, un insoumis qui obtempérera illico aux sirènes des occidentaux, de son premier ministre voire de son président face à ce en quoi il a toujours cru en l’unité, la dignité nationales ? Ce sera à Bemba et à son parti politique de nous en dire davantage dans quelques mois. En revanche, si le leader du MLC est resté le même, après la prison, il y a fort à parier qu’il n’ira pas jusqu’au terme de son mandat politique si jamais il venait à s’en apercevoir qu’au nom de certains accords louches, dont on parle et dont personne n’en a non plus jamais vus, qu’il ne pouvait pas ordonner certains bombardements sur certaines parties du territoire rwandais. Je mets mon Bic à couper. Il quittera le gouvernement.
De quel camp politique est Jean-Pierre Bemba ? A gauche ou à droite ? Dans le lexique politique les socialistes, les communistes sont à gauche et les capitalistes, les hégémonistes, les impérialistes, les eugénistes sont à droite. A gauche, il y a les russes, les chinois, les cubains, les vénézuéliens, les brésiliens…, à droite les étasuniens, les canadiens, les belges, les français, les allemands, les espagnols, les portugais (tous les ex-colonisateurs, exploiteurs). Il se fait par ailleurs que pour se donner bonne conscience, les Etats africains (qui, en réalité, n’existent que par la seule volonté des pays occidentaux), se sont trouvés un camp dit « non-alignés », c’est-à-dire ni à gauche ni à droite ni même au centre. Malgré ce « non-alignement » plus théorétique que praxique, les chefs d’Etat africains sont non seulement placés au pouvoir par la droite occidentale au nom de ses intérêts politiques, économiques, sociaux, culturels, civilisationnels à défendre coûte que coûte, mais également qui leur dictent la politique à mener, sans quoi ils y sont dégagés sans ménagement. Patrice-Emery Lumumba, Thomas Sankara, Modibo Keita, Sékou Touré, Nelson Mandela, Mzee Laurent-Désiré Kabila, Barthélemy Boganda, Mouammar Kadhafi… ont été violemment assassinés pour leur entêtement à trouver à l’Afrique sa propre voie.
Jean-Pierre Bemba lui-même s’est retrouvé à méditer entre quatre murs à cause de cet entêtement. S’y entêtera-il toujours ou bien changera-t-il de fusil d’épaule pour danser comme son président Félix Tshisekedi, son premier ministre, leurs sénateurs, députés qui dansent nuitamment avec les Biden, les Macron qui, en dépit de leurs discours trompe l’œil et hypocrites condamnant l’agression de la RDC par les pays voisins et en particulier par le Rwanda de Paul Kagamé, ne font rien de concret pour stopper cette agression ignoble, qui a tué plus de dix millions de morts, de viols et de déplacés au vu et au su de ce qu’on appelle ridiculement la communauté internationale ? Ces questions sont des défis qui attendent le leader du MLC. A lui de se donner des bonnes réponses s’il ne veut pas couler avec ceux qui ont raté le décollage de la navette gouvernementale.
A Jean-Pierre Bemba de se mettre, pour se sauver et sauver son pays de la mainmise étrangère et du profond danger de la balkanisation, à l’école de Mao Tsé Toung. Il doit apprendre la lutte. Et apprendre la lutte jusqu’à la prise du pouvoir, il n’y a pas de modèle autre que Mao Tsé Toung des années 40. La RDC ne manque pas de leaders charismatiques. Elle manque au contraire de leaders idéologiquement formés. Nous avons, en Afrique, des citoyens qui prennent une arme et entrent dans le maquis pour combattre. Sans y avoir jamais eu à évaluer leur état psychique et psychologique. C’est pourquoi la différence entre les combattants rwandais et congolais est que le premier quand il est touché par une balle et qu’il en meurt sait pourquoi il meurt, il est conscient que c’est pour l’idéologie suprémaciste kagamiste, l’hégémonisme de l’empire hima ; le second non seulement ne sait pas pourquoi il est dans le maquis et encore moins pour qui et quoi il meurt. Ces deux combattants face à l’adversité non pas la même motivation. Le rwandais qui meurt conscient de sa cause meurt en héros, le congolais meurt inconscient, abruti par manque d’idéologie préalable.
Donc, Jean-Pierre Bemba devait s’astreindre à lire ces mots du Camarade Mao Tsé Toung selon lesquels « Le noyau dirigeant de notre cause, c’est le parti communiste chinois. Le fondement théorique sur lequel se guide notre pensée, c’est le marxisme-léninisme. Pour faire la révolution, il faut qu’il y ait un parti révolutionnaire. Sans un parti fondé sur la théorie révolutionnaire marxiste-léniniste et le style révolutionnaire marxiste-léniniste, il est impossible de conduire la classe ouvrière et les grandes masses populaires à la victoire dans leur lutte contre l’impérialisme et ses valets ». C’est dans ces quelques phrases que se trouvent résumés l’avenir, le destin, le succès de l’homme chinois et évidemment sa victoire consacrée aujourd’hui contre l’impérialisme américano-européen et leurs valets éparpillés dans le reste du monde, et en Afrique noire, en particulier.
Pour rappel, la révolution culturelle chinoise ou grande révolution culturelle prolétarienne est une période de l'histoire de la Chine populaire qui se déroule entre 1966 et 1969. Elle correspond à la lutte pour le pouvoir entre deux groupes de dirigeants communistes chinois. D'un côté il y a les « économistes » avec pour leaders Liu Shaoqi et Deng Xiaoping qui veulent introduire des stimulants matériels accordés aux travailleurs pour développer l'économie chinoise. De l'autre côté il y a les « maoïstes » avec Mao Zedong et Lin Biao qui veulent que le chinois à venir soit détaché de l'idée de propriété privée et soit prêt à se sacrifier pour la collectivité. Les maoïstes s'appuyant sur l'armée et la mobilisation des jeunes « gardes rouges » triomphent après une période de violence physique contre leurs opposants et après avoir détruit une partie du patrimoine du passé chinois.
Après la victoire vinrent les dissensions. Deux tendances apparurent au sein du parti communiste chinois. Au début des années 1960, les dirigeants communistes chinois se divisèrent sur l'appréciation des résultats de la période précédente appelée le « grand bond en avant » imposé par Mao Zedong et sur les effets de la rupture économique (et politique) avec l'URSS, principal allié et soutien de la Chine, est survenu en 1960. Le « Grand bond en avant » a désorganisé la production agricole. Il pariait sur le fait que l'emploi massif de la main-d'œuvre, abondant en Chine, permettrait de compenser le manque de matériel, de capitaux et de cadres expérimentés. La dispersion des usines dans les campagnes a également réduit la production industrielle en quantité et en qualité.
Le Stalinisme a été condamné par les dirigeants soviétiques en 1956. Or le PC chinois reste fidèle aux idées de Staline. La rupture politique est définitive en avril 1960, quand Mao Zedong critique violemment les dirigeants soviétiques. Il les accuse d'être des « révisionnistes » de la doctrine marxiste, de s'entendre avec l'Occident capitaliste et de vouloir rétablir le capitalisme. Les soviétiques retirent leurs 10 000 techniciens, ce qui désorganise encore plus l'économie chinoise.
Devant les mauvais résultats du « grand bond en avant », dès 1960, le gouvernement chinois doit modifier l'organisation agricole et rétablir les lopins privés permettant une amélioration de la production agricole et du niveau de vie des paysans. On ferme les petites installations industrielles peu productives. On encourage la limitation des naissances afin d'alléger la pression alimentaire (alors que Mao est favorable à de nombreuses naissances fournissant en deux décennies une main-d'œuvre abondante). De ce fait des éléments d'économie individualiste ont été réintroduits.
Cette nouvelle politique est mise en œuvre par Liu Shaoqi (président de la république chinoise depuis 1959) et Deng Xiaoping et est soutenue par le premier ministre Zhou EnLai. Elle mécontente Mao Zedong et certains cadres de l'armée chinoise dont le maréchal Lin Biao. Ceux-ci veulent transformer les mentalités, créer un homme nouveau, qui ne recherche pas la satisfaction de ses besoins personnels jugés égoïstes, mais qui accepte de consacrer ses efforts pour le bien-être de la collectivité.
Cette divergence majeure déclenchera inéluctablement la révolution culturelle chinoise, dont le déroulement est très brièvement le suivant : Isolé dans le parti communiste et dans l'appareil de État, Mao Zedong, appuyé par Lin Biao, le chef de l'armée chinoise, lance la révolution culturelle à l'automne 1965. Il décide de lancer les jeunes « gardes rouges » (collégiens, lycéens et étudiants) contre les dirigeants aussi bien du parti communiste et des syndicats qu'il contrôle, que des collectivités locales ou du sommet de l'État. La première victime est Pen Zhen le maire de Pékin et surtout ami de Liu Shaoqi, il est accusé de révisionnisme, destitué après des humiliations publiques.
Pendant l'été 1966, les gardes rouges, qui ont été mis en vacances, affluent des campagnes vers les villes. Organisant des défilés, équipés des millions d'exemplaire du « petit livre rouge » (un résumé des pensées de Mao Zedong) ils dénoncent les autorités dans tous les domaines. Ils leur imposent des confessions publiques humiliantes et souvent violentes, leur enlèvent leurs fonctions officielles, les envoient en camp de rééducation... La culture chinoise traditionnelle jugée rétrograde est mise à mal, les professeurs sont licenciés, les bibliothèques sont épurées des livres jugés dangereux, des œuvres d 'art sont détruites. En décembre 1966, Mao demande aux ouvriers chinois de participer au mouvement de contestation. Les opposants à la révolution culturelles s'organisent et ripostent ; il y a des heurts sanglants entre les deux camps. Le pays est totalement désorganisé. La situation semble échapper aux maoïstes.
La reprise en main de Mao Tsé Toung peut s’y installer, désormais. S'étant débarrassé de ses adversaires politiques, Mao peut laisser Chou En-Lai et l'armée (seule force qui est restée organisée) reprendre le pays en main. Dès janvier 1967, progressivement des comités révolutionnaires regroupant dans une triple alliance, l'armée, les gardes rouges et les cadres communistes maoïstes prennent la direction des collectivités, des industries, des universités. Cela ne se fait pas sans difficulté dans certaines villes où les gardes rouges continuèrent leurs actions. L'armée doit intervenir violemment avec du matériel lourd, des bombardements contre les gardes rouges récalcitrants. Cependant les gardes rouges retournent à leurs études à leurs ateliers, leurs champs et leurs bureaux. En fait beaucoup sont déportés dans les campagnes.
Liu Shaoqi a perdu ses fonctions de président (octobre 1968) et est emprisonné (il meurt maltraité en novembre 1969). En avril 1969, le IXè congrès du parti communiste chinois, voit le triomphe de Mao Zedong. Lin Biao est désigné comme successeur de Mao. Cependant dès 1970, Lin Biao qui passait pour un rival de Mao et de Zhou Enlai est écarté. Il meurt en septembre 1971 dans un accident d'avion alors qu'il s'enfuyait pour Moscou, après avoir tenté un coup d'État (selon la version officielle chinoise). Il est remplacé par la bande des quatre (où se trouve l'épouse de Mao) qui reprend la lutte contre les révisionnistes.
Pour conclure sans conclure
Ces leçons tirées de la lutte maoïste contre les impérialistes, hégémonistes, colonialistes, suprématistes euro-occidentaux sont pour les uns dépassées au regard des années 30-40, mais pas pour d’autres, dont moi-même en premier, qui leur rappelleront que c’est cette lutte-là (léninisme-marxiste) ayant conduit à la création et à la fondation de la Chine communiste en 1949, qui fait aujourd’hui de la Chine l’une des premières puissances politiques et économiques du monde, alors qu’il y a juste cinq décennies, elle faisait partie du cargo de pays du Tiers-Monde.
Il faut songer à créer des écoles de formation politique. Car plusieurs responsables politiques congolais n’en ont aucune. Les cabinets ministériels, députationnels, sénatoriels, des entreprises sont remplis des frères, sœurs, cousins, nièces, copines, copains, gendres, amis et connaissances, coiffeurs et coiffeuses, cordonniers du coin, n’y connaissant rien ni à la géopolitique ni au fonctionnement de la chose politique ; beaucoup viennent apprendre sur le tas et sur place, mais sans la moindre assurance de gravir en compétence pertinente, tout le monde est pressé, il faut s’y enrichir et plus vite, car les remaniements en Afrique c’est dingue.
Ainsi, fait à Kinshasa, le 1er avril 2023, 13 :22
Antoine-Dover OSONGO-LUKADI
-Habilité à Diriger des Recherches de Philosophie (Post-docteur, Université de Poitiers/France)
-Docteur en Philosophie et Lettres (Université Catholique de Louvain/Belgique)
-Professeur d’Universités
-Membre de l’Association des Philosophes Américains (APA)-2007
-Directeur-Editeur des Maisons et Revues Internationales-IFS-RFS/, CRPIC-RPp (RPSP)
-Contacts téléphoniques : 0994606432 (RDC)/0032494347934 (BELGIQUE)
et numérique : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

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