VINTG -ET-UNIEME REFLEXION DU PROFESSEUR JEAN-DENIS KASESE, L'intégration des Confessions religieuses dans les processus électoraux : histoire d'une ruse occidentale et d'une croyance africaine

Etude de cas : la RD Congo
Décidément, le torchon brûle assez souvent entre le pouvoir du Président Tshisekedi et certains ténors de l’Église catholique. Le dernier bras de fer, centré sur le processus électoral, est exemplifié par la contre-attaque du Président Tshisekedi, à la suite de l’Assemblée plénière des évêques, titrée : « Pour les élections vraisemblables. Peuple congolais réveille-toi de ton sommeil». ¹ Ce discours, considéré de dangereux et de provocateur, n'a pas laissé indifférent le Président Tshisekedi. Qui, profitant de la célébration du jubilé d'argent d'ordination épiscopale de Monseigneur Emmanuel-Bernard Kasanda, Évêque du diocèse de Mbuji-Mayi, le 25 juin 2023 à Mbuji-Mayi, a souligné la nécessité de coopération entre l’État congolais et l’Église catholique, tout en rappelant à ses ténors, le fait que « l’Église doit être au milieu du village » ; et, a qualifié, par ailleurs, ledit discours, de «dérive dangereuse surtout en cette période électorale».² Cela dit, devrait-on encore s’étonner aujourd’hui de cette énième confrontation ?
En effet, il est bien réel que les relations entre le pouvoir du Président Tshisekedi et certains ténors de l'Eglise catholique semblent être en dents de scie. Mieux, elles semblent être difficiles. Pour s'en convaincre : Mettons en relief les dimensions revues, corrigées et augmentées d'une de mes Réflexions, qui avait tenté de démontrer l’incompatibilité qu'il y avait entre l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral, qui par essence, est éminemment politique car il ressort de la sphère politologique, et la place de l’Église dans une société donnée. Dans cette lignée, souvenons-nous du spectacle peu reluisant que nous avaient offerts des ténors de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo ( CENCO ) et du Clergé de l'Église du Christ au Congo ( ECC ), à la suite du processus de désignation du Principal Animateur de la Commission Électorale Nationale " Indépendante " ( CÉNI ), l'actuel Centre de gravité du processus électoral national. Ce spectacle, me semble-t-il, était prévisible .
Rien d'étonnant ! Intégrer des Confessions religieuses dans un processus électoral éminemment politique et relevant par essence de la sphère politologique ; les considérer comme des acteurs ou des animateurs " neutres " ou " indépendants "; et les doter de prérogatives des décideurs ; est une recette qui ne peut être vendue, commercialisée, consommée, recommandée voire imposée, que dans des États qui seraient dociles, dominés, conquis ; mieux, distraits. Cette idée commercialisée, répandue, venue d'ailleurs et toujours à la mode, selon laquelle les " Etats-Nouveaux d'Afrique noire ", " sortis " des dictatures, des simulacres d'élections, des conflits armés, ... et considérés comme des " jeunes démocraties ", devaient, afin d'éviter des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux et consolider leur démocratie : intégrer des Confessions religieuses dans le processus électoral et, instituer des Commissions Electorales ³ Nationales " Indépendantes " , dont la mission dérivée serait d'organiser en toute " indépendance" et " impartialité " des élections libres, inclusives, transparentes, crédibles et apaisées ; nous montre au fil du temps, ses limites. Mieux, elle apparaît comme un stratagème savamment conçu et orchestré par les Pays-Vendeurs de cette recette, Tireurs de ficelles, ceux-là mêmes qui ont soutenu ces dictatures, ces simulacres d'élections, ces conflits armés, .... afin de distraire les Etats africains-Clients, en opposant à travers ces conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux, leurs populations respectives, et cela tant au niveau interne, qu' externe ; question pour ces Tireurs de ficelles de s'assurer de l'appel que leur feront les États africains-clients à leurs " supposés" " bons offices " dans la résolution de ces conflits et violences .
Ce stratagème serait mis en place par ces Tireurs de ficelles afin de garder leur emprise en matière électorale, sur les Etats africains-Clients. Or, en matière électorale, depuis la nuit des temps, et cela, quelle que soit l'administration qui organise les élections ; des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux sont inéluctables voire immuables.
Cela dit, tout porte à croire que les Pays-Vendeurs de cette recette, auraient ainsi, un objectif : influer sur les processus électoraux et les résultats électoraux en tentant de contrôler les États africains-Clients à travers la gestion de leurs conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux .
Cette influence serait ponctuée par deux corollaires :
1. la fragilisation des souverainetés nationale et internationale de ces Etats africains-clients
2. la fragilisation ou le renforcement de la stature et de la légitimité basée sur la domination légalerationnelle de leurs dirigeants, et cela, quels que soient les résultats des élections.
Ici, tout dépend donc des intérêts que portent ces Tireurs de ficelles sur certains candidats. C'est-à-dire qu'ils peuvent par exemple à travers leur presse ou des déclarations de leurs autorités : - contester la victoire d'un candidat lors de l'élection présidentielle ; donc, sa légitimité basée sur la domination légale-rationnelle alors que celui-ci a réellement gagné l'élection - ils peuvent aussi contester la défaite d'un candidat lors de l'élection présidentielle, alors que celui-ci a réellement perdu l’élection.
Cela dit, pourquoi alors continuer de se leurrer ?
Cette recette n'a jamais marché et ne marche toujours pas car la Commission Électorale Nationale, dite " Indépendante " et les Confessions religieuses intégrées dans le processus électoral, ont toujours failli à leur supposée mission principale, celle d'éviter des conflits et violences préélectoraux et post-électoraux et, de consolider la " démocratie " à l'Occidentale⁴.
La CÉNI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral, ont été imposées en RD Congo, lors de la conception et de l'élaboration de la Constitution de 2006, appelée par d'aucuns, la " Constitution des Belligérants ", votée par référendum ; parrainée et soutenue par ces Pays Tireurs de ficelles. Référendum constitutionnel que le " Sphinx de Limete", " Héros National ", Étienne Tshisekedi wa Mulumba, d'heureuse mémoire, avait demandé aux Congolais de boycotter afin de ne pas "cautionner cette trahison " ⁵.
Sous cet angle, la CENI (Commission Electorale Nationale " Indépendante " ) et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral, apparaissent d'abord et avant tout, comme des revendications des Belligérants, conçues, parrainées et soutenues par ces Pays-Tireurs de ficelles afin de tenter de contrôler leurs Clients, c'est-à-dire, ces États-Clients-Satellites. Dans ce même ordre d'idées, elles apparaissent, en réalité, et cela, antinomiquement à leur supposé leitmotiv, comme vecteurs des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux. Dans ce sens, elles contribuent à la fragilisation de l'Unité et de la Cohésion nationales, en raffermissant l'ethnisme, le clanisme, le tribalisme, le provincialisme qui dérivent tous du " Repli provincial " actionné par le nouveau redécoupage territorial, centré sur le "saucissonnage" des provinces et la résurgence ou le rétablissement des gouvernements provinciaux et des assemblées provinciales (un autre héritage de cette " Constitution des Belligérants") et, en sont des corollaires. Pour s'en convaincre : Souvenons-nous des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux de 2006, 2011 et 2018 ; et des conflits et violences pré-électoraux de 2015, 2016, 2017, 2020 et 2021 en RD Congo.
C'est pourquoi, dans l'avenir, la RD Congo devrait, à mon sens, sortir de ce schéma lui imposée, au nom de ses souverainetés nationale et internationale et, de la paix sociale. De ce qui précède, deux questions centrales méritent d'être posées :
Question 1 : Depuis l’institutionnalisation de la CENI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral : quelle est la plus-value de cette recette ? Réponse : Il me semble qu'elles ont toujours causé tant de problèmes à la RD Congo alors qu'elles étaient sensées les résoudre.
Question 2 : A la lumière de ce qui précède et au nom des souverainetés nationale et internationale de la RD Congo et de la paix sociale en RD Congo ; pourquoi ne peut-on pas déplacer dans l'avenir, le Centre de gravité du processus électoral national et, repenser les modalités ou mécanismes de contrôle électoral ?
A vrai dire, scientifiquement, l’intégration des Confessions religieuses dans le processus de désignation de l'Animateur principal de la CENI ; processus qui, en réalité, est éminemment politique et relève par essence de la sphère politologique ; a toujours apparu pour des Scientifiques initiés, avertis et avérés, comme un défi lancé à la Science, plus précisément à une Science, la Science politique en tant qu'une discipline scientifique spécifique.
Partant du fait qu’un des objectifs de la Science, donc de toutes les Sciences, est de produire des lois à prétention universelle et, sachant que la Science politique en tant qu'une discipline scientifique spécifique; dans la construction de ses théories, a toujours prôné et enseigne toujours : - la séparation du politique et du religieux - la séparation de l'Etat et de l’Eglise - la séparation du pouvoir temporel et du pouvoir spirituel - le rejet d'un pouvoir de droit divin ; C'est ainsi que deux questions s'avèrent importantes et doivent être posées :
Question 1 : Pourquoi ces Commissions Electorales Nationales, dites, " Indépendantes ", ne pullulent pas dans des démocraties occidentales qui sont souvent, aussi confrontées à des conflits et violences préélectoraux et post-électoraux ?
Question 2 : Pourquoi ces démocraties occidentales, à la suite de leurs conflits et violences pré-électoraux et postélectoraux, n'intègrent toujours pas leurs Confessions religieuses, supposées aussi comme étant " neutres" ou " indépendantes ", dans leurs processus électoraux aux fins d'avoir des élections transparentes, crédibles et apaisées ?
Pour s'en convaincre, des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux dans ces démocraties occidentales, mettons en relief des illustrations qui ressortent cette dimension : - Aux États-Unis d'Amérique : - souvenons-nous du feuilleton conflictuel post-électoral, George Walker Bush - Al Gore, lors de la présidentielle américaine de 2000 ; ponctué par la célèbre phrase du juge Stevens : " Nous ne saurons sans doute jamais avec certitude l'identité du vainqueur de l'élection présidentielle de cette année.
Mais, l’identité du perdant ne fait aucun doute. Il s'agit de la confiance portée par notre Nation au juge en tant que gardien impartial de l'État de droit " ⁶ ; - souvenons-nous aussi de l'ampleur du conflit pré-électoral et post- électoral, Donald Trump - Joe Biden lors de la présidentielle américaine de 2020.⁷ Un conflit aggravé, qui s'est soldé le 6 janvier 2021 par la prise d'assaut, l'envahissement et l'occupation durant plusieurs heures du " Capitole ", le Parlement américain, considéré comme le " Temple " de la démocratie américaine. Cette date du 6 janvier 2021 fut un jour crucial où le Sénat américain devait entériner ou officialiser les résultats des Grands Electeurs, en proclamant Joe Biden, Vainqueur de l'élection présidentielle de 2020. Cette prise d'assaut du " Capitole " fut d'ailleurs qualifiée d' " insurrection ", de " tentative de coup d'État " et, se solda par un bilan macabre de cinq ( 5 ) morts⁸ et, provoqua le déclenchement de la procédure de destitution du Président Donald Trump, qui se solda par un vote n'ayant pas atteint la majorité requise pour ce faire, soit 2/3 des voix. - En France : Les titres de la presse et des analyses parlent d'eux-mêmes : - " FRANCE 2017 - une enquête pour fraude électorale ouverte à Marseille." ⁹ - " Fraude électorale à la présidentielle de 2017." ¹⁰ - " En effet , comment peut-on déclarer 66,10 % des votes lorsque l'on a obtenu que 43,60 % . Et dans quel but fraude-t-on sur les résultats ? Simplement, on efface : les abstentions, les blancs et les nuls. Le calcul est plus simple mais éloigne de la réalité des chiffres. " ¹¹ - " Présidentielle de 2017 : 500.000 électeurs inscrits en double, le ministre de l'Intérieur sommé de " faire son boulot " pour éviter des fraudes. " ¹² - " Au second tour de la présidentielle, plus de 16.000 électeurs ont voté pour rien. " ¹³ - " Au second tour de la présidentielle, 38 bureaux de vote ont vu leurs 16.467 suffrages invalidés par le Conseil Constitutionnel, pour diverses irrégularités." ¹⁴ " Sur le web, des mélenchonistes s'organisent pour contester le premier tour. " ¹⁵ - En Belgique : " Le bourgmestre de Neufchâteau accusé de fraude électorale. " ¹⁶ " Selon le parquet du Luxembourg qui a ouvert l'instruction judiciaire, il y a manifestement eu tricherie. Des procurations destinées au vote ont été remises au nom de résidents d'un home de personnes âgées ( " Le clos du seigneur " ) qui ne pouvaient participer physiquement au scrutin communal." ¹⁷ - En Suisse : " Possibles fraudes électorales à Brigue lors des élections valaisannes . " ¹⁸ " La commune de Brigue-Gils a dénoncé au Ministère public valaisan de possibles fraudes électorales au Grand Conseil du dimanche. Des investigations sont en cours." ¹⁹ " Une précédente affaire en 2017. Une fraude électorale avait déjà été révélée il y a quatre ans dans le Haut-Valais."²⁰ Ces illustrations parlent d'elles-mêmes et nous révèlent par ailleurs, l'épaisseur des motivations insoupçonnées et inavouées qui ont poussé à la commercialisation de cette recette qu'on appelle : " la Commission Électorale Nationale Indépendante " (CENI) et « l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral ».
C'est pourquoi, il est impérieux qu'une analyse scientifique rigoureuse centrée sur la Neutralité Axiologique entre en lice afin de ressortir l'épaisseur de la complexité de l'institutionnalisation de ladite recette tout en mettant en relief la rhétorique qui a servi à son implantation et ses visées insoupçonnées et inavouées. Cette démarche scientifique a un seul objectif : tenter d'éclairer la lanterne des Congolais.
MA REFLEXION
" La pensée ne doit jamais se soumettre, ni à un dogme, ni à un parti, ni à une passion, ni à un intérêt, ni à une idée préconçue, ni à quoi que ce soit, si ce n'est aux faits eux-mêmes, parce que pour elle, se soumettre, ce serait cesser d'être. " ²¹
Décidément, les détracteurs du Président, Félix Tshisekedi, voient son ombre partout.
Le cas du processus de désignation de l'Animateur Principal de la Commission Électorale Nationale " Indépendante " ( CENI), l'actuel Centre de gravité du processus électoral national, en est une belle illustration. Alors qu'il subit, lui aussi, comme tous les Congolais, l'héritage de l'accord de Sun City en matière électorale, c'est-à-dire, l'héritage de l'accord des Belligérants en cette matière ; car dit-on , " On ne change pas les règles du jeu en cours de partie" ; et nonobstant le fait qu'il a laissé pour ce faire, les Confessions religieuses dans leurs prérogatives, et déclarait à la Presse, quand il en avait l'occasion : ne pas vouloir s'immiscer dans ce processus de désignation du Principal Animateur de la CENI, où les règles du jeu lui interdisent d'intervenir ; ses détracteurs ne l'entendent pas de cette oreille. Et pourtant, pour ces derniers, la boucle est déjà bouclée depuis l'adresse du Président de la République, Félix Tshisekedi, à la Nation, le soir du vendredi 22 octobre 2021. Jouissant du Principe d' Indisponibilité des Compétences Administratives ( PICA / Ce principe nous renseigne qu'une autorité administrative doit exercer elle-même toutes les compétences qui lui sont attribuées et, ces compétences sont indisponibles à d'autres autorités administratives sauf texte contraire. Par exemple, la délégation de compétences ou de pouvoirs ), le Président Tshisekedi, a décidé de signer l'ordonnance portant nomination de douze ( 12 ) des quinze ( 15 ) membres que compte la CENI dont son Animateur Principal ; en la motivant par les moyens de droit et de fait. La signature de cet Acte Administratif Unilatéral ( AAU / en Droit Administratif, le concept " Unilatéral " nous renvoie au fait qu'un Acte Administratif s'impose à ses destinataires sans que leur consentement soit requis du moment où l' intérêt général est poursuivi ), a été par la suite, sanctionnée par la Cour Constitutionnelle, le mardi 26 octobre 2021, lors de la prestation de serment de ces nouveaux animateurs de la CENI devant cette plus Haute juridiction de la République Démocratique du Congo.
Cette fois-ci, le décor tant voulu par le souverain primaire, est bel et bien planté.
Les élections de 2023 se pointent à l'horizon, le processus électoral se raffermit et la compétition électorale se dessine. Ceux-là qui croyaient que le Président Tshisekedi préparait un glissement, sont surpris et grognent. Que pouvait-il faire d'autre ? Réponse : Rien ! En réalité, le Président Tshisekedi a suivi le schéma hérité et tracé par l'Accord de Sun City en matière électorale, en respectant le principe selon lequel : " On ne change pas les règles du jeu en cours de partie ". Sous peine de violer la procédure en la matière, il ne pouvait et ne devait que signer cette ordonnance en dernier ressort. Scientifiquement et indéniablement, les faits ci-dessous, ont influé sur sa décision et l'ont entourée administrativement et légalement .
Rappel des faits : Faute de consensus, six (6) de huit (8) confessions religieuses se sont appuyées sur les articles 16 et 17 de leur Charte et, ont déposé leurs Procès-Verbaux à l'Assemblée Nationale. Dans le souci d'avoir l’unanimité en cette matière alors qu'elle n'était pas obligée, l'Assemblée Nationale en médiatrice, avait préféré donner des délais supplémentaires à ces Confessions religieuses afin qu'elles s'accordent sur le choix de l'Animateur Principal de ladite administration.
La persistance de ce manque d’unanimité, a conduit l'Assemblée Nationale, à considérer les ProcèsVerbaux de ces six (6) Confessions religieuses sur pieds des articles 16 et 17 de leur Charte et, à suivre l'avis de la Commission Paritaire ad hoc.
C'est ainsi que lors de sa plénière du samedi 16 octobre 2021, elle a entériné douze (12) des quinze (15) membres que compte la CÉNI dont son Animateur Principal. Scientifiquement, de par la " Motivation Formelle " de son Acte Administratif Unilatéral, telle qu'il l'a mise en relief devant la Nation, le Président de la République, Félix Tshisekedi, ne pouvait et ne devait que jouir du Principe d'Indisponibilité des Compétences Administratives (PICA), c'est-à-dire, signer cet Acte Administratif Unilatéral portant nomination des membres de la CÉNI. Cependant, nonobstant le fait que des ténors de deux Confessions religieuses (CENCO et ECC), semblaient avoir trouvé, officiellement, le vendredi 26 novembre 2021, un terrain d'entente avec le pouvoir en place, incarné par le Président Tshisekedi ; il est bien réel que l'opposition politique, ainsi que certaines organisations de la Société Civile continuaient toujours de grogner, de contester et de s'opposer à la configuration de la CÉNI.
Auparavant, ils s'étaient, tous, mis ensemble et avaient organisé une manifestation, le samedi 13 novembre 2021, pour exprimer leur désaccord et en prévoyaient d’autres.
Leurs représentants ont sillonné ou continuent de sillonner des chancelleries occidentales, l'Occident et le monde, ... pour plaider leur cause auprès de leurs Parrains, ces Tireurs de ficelles ; ceux-là mêmes qui ont soutenu ces dictatures, ces simulacres d'élections, ces conflits armés et, qui continuent de fragiliser les souverainetés nationale et internationale de la RD Congo ainsi que la paix sociale en RD Congo.
Tout porte à croire, qu'en réalité, le vrai problème serait ailleurs. Depuis son institutionnalisation jusqu'à nos jours, la CENI, ainsi que des Confessions religieuses intégrées dans le processus électoral, ont toujours divisé la classe politique congolaise d'une part, et le peuple congolais d'autre part, alors qu'elles étaient sensées les rapprocher.
Ci-haut, nous avons tenté de mettre en exergue cette dimension. Nous avons aussi tenté de mettre en relief le fait que la CÉNI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral, contribuent à la fragilisation de l'Unité et de la Cohésion nationales ainsi qu'à la fragilisation des souverainetés nationale et internationale de la RD Congo. C'est ainsi qu'une question semble être incontournable et doit être posée : Ces réalités mises en évidence, ne révèlent-elles pas la double facette de ces Parrains ?
En réalité, Ils sont en même temps, Vendeurs de cette recette, appelée, la CENI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral ; mais aussi Tireurs de ficelles dans les conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux en RD Congo afin de distraire les Congolais en les opposant, question pour eux de s'assurer de leur permanence dans ce que d'aucuns croient être leurs " bons offices " ; qui, à vrai dire, est un stratagème pour garder leur emprise sur la RD Congo en influant notamment sur la matière électorale. Ces facettes inavouées et insoupçonnées, devraient interpeller tous les Congolais.
C'est pourquoi, à mon sens, la RD Congo devra s'affranchir en redorant le blason de ses souverainetés nationale et internationale, ainsi que de la paix sociale à l'échelle nationale. Ci-dessous, les jumelles du Scientifique ont tenté de mettre en relief, ces dimensions insoupçonnées et inavouées que les défenseurs de la rhétorique propagandiste impérialiste, ont raffermies par des charmantes et séduisantes thèses que le Scientifique a tenté de détruire. La thèse selon laquelle l'Afrique noire est une " jeune démocratie " Nombre d'auteurs, pas les moindre, dont je reconnais la qualité scientifique ; sont tous tombés sous le charme de cette thèse.
Thèse qui a servi notamment, à justifier l'institutionnalisation de la CÉNI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral, qui pour d'aucuns, consolident la démocratie dans les " Etats nouveaux d'Afrique noire ", ces " Jeunes démocraties ", " sorties " des dictatures.
Des théoriciens occidentaux, spécialistes de l'exercice du pouvoir en Afrique noire, en se référant aux traditions politiques et culturelles africaines précoloniales, ont justifié, indirectement des supports de la dictature dans des États nouveaux d'Afrique noire : " La population africaine marquée traditionnellement considère bien son élu comme représentant, mais aussi comme un chef à qui elle doit obéissance et confiance à cause de son rôle particulier et de son habitude aux affaires publiques." ²² " La tendance au monisme politique ne repose pas seulement, en Afrique noire, sur des raisons techniques, mais aussi sur des ressorts psychologiques profonds ancrés dans la vie sociale traditionnelle." ²³ " [...].
Enfin, cette prééminence [du Chef de l’Etat] résulte, sans doute, de la tradition historique caractérisée par le fait que même avant la conquête coloniale, le pouvoir était monocratique." ²⁴ " Le Chef n'est plus seul leader, il est devenu un " ruler ", un gouvernant. [...] Le principe de la séparation des pouvoirs, cher à Montesquieu était inconnu en Afrique.
Le Chef ou le monarque était investi, d'un point de vue juridico-politique des trois fonctions classiques : législative, exécutive et juridictionnelle. De même, en raison de la prédominance du sacré, la séparation du sacré et du profane, du religieux et du politique n'existait pas. " ²⁵ Dans cette même lignée, nombre de théoriciens noirs africains spécialisés dans la propagande des " formes nouvelles " de la Sacralisation du pouvoir en Afrique noire, ont fait beaucoup d'amalgames en soutenant que des chefs d'Etat noirs africains, ont fait recours aux pratiques politiques et culturelles des sociétés traditionnelles noires africaines ; en trouvant par exemple des similitudes entre : le caractère sacralisé de la personne du Chef d'État moderne par rapport à celui du Chef traditionnel, le caractère incontestable de l'autorité du Chef de l'État moderne par rapport à celui du Chef traditionnel, le caractère unique du Chef de l'État moderne par rapport à celui du Chef traditionnel ... Pour s'en convaincre, prenons l'exemple de Bokonga Ekanga Batombele qui, en se référant aux pratiques politiques des chefferies traditionnelles africaines " sacrées ", prétendit : " Les solutions aux problèmes zaïrois doivent s'inspirer des traditions culturelles zaïroises. A ce propos, une observation doit être faite sur la philosophie du chef dans les sociétés traditionnelles en Afrique. Chaque village africain a un chef. Jamais deux dont l'un de la majorité à un bout du village et l'autre de l'opposition à un autre bout du village. L'autorité du chef n'est jamais sujette à contestation.
Toutefois, le chef prend conseil auprès des sages. Il doit s'informer, mais après avoir pris avis et s'être informé, il doit décider et trancher seul, en pleine connaissance de cause [...]. La primauté du chef, d'un seul chef, d'un seul guide pour un seul peuple, un peuple uni, voilà la clé de voûte de l'édifice politique au Zaïre. " ²⁶ Ces lectures biaisées, ont négligé dans leurs analyses, la vraie dimension culturelle noire africaine. Elles déroutent et désorientent dès lors l'homme ordinaire ou le lecteur non avisé et les poussent à l'assimilation, à la confusion, à l'imprécision, .... en les laissant prisonniers des modèles d'analyse contestés. En réalité, l'Afrique noire , est une " vieille démocratie* " , mieux , une " démocratie culturelle " ²⁷ ; car dans l'Afrique noire précoloniale, le " sacré " définissait le pouvoir politique et délimitait aussi les modalités de son contrôle. Il était donc, sa propre source de contestation !²⁸
Pour rappel, la plupart des sociétés traditionnelles noires africaines mais aussi zaïroises étaient caractérisées par " la sacralité ". C'est ainsi que la conception même du pouvoir politique était imprégnée de " sacré ". La sacralité du pouvoir ressortait ainsi plusieurs facettes ²⁹ : - elle montrait la distance qui sépare le pouvoir avec la société, - elle présentait le pouvoir comme une puissance de domination, - elle essayait d'associer l'ordre du monde que les dieux ont imposé et ont renforcé par le rituel, et l'ordre de la société défini par les ancêtres du commencement ou les fondateurs de l'Etat. Ces considérations auraient, ainsi, faussé l'approche que certains observateurs occidentaux, habitués au mode d'analyse occidental de l'exercice du pouvoir, avaient fait de l'exercice du pouvoir traditionnel centré sur la sacralité du pouvoir, mais aussi sur sa concentration entre les mains d'une personne.
C'est ce qu'a d'ailleurs souligné avec force Kiflé Selassié Beseat : " Ce qui, dans les traditions politiques et culturelles africaines apparaît souvent à l'observateur mal informé, comme l'acceptation absolue et inconditionnelle de l'autorité n'est jamais si absolue ni si inconditionnelle. " ³⁰
Dans ce même ordre d'idées, Jean Poirier pense que des formes vraiment autocratiques du pouvoir en Afrique noire, étaient peut-être inexistantes dans les civilisations précoloniales, et seraient constituées, selon lui, à partir de ce qu'il a appelé " accidents récents " comme par exemple, la conquête d'un aventurier, la pénétration ou les invasions par des " groupes musulmans " ou la " reprise en main autoritaire ", mais aussi, au fait de colonisation.³¹ C'est pourquoi M. Alliot a insisté, dans sa contribution sur " L'Acculturation juridique ", sur le fait que dans des sociétés à chefferie, le pouvoir du roi ou du souverain ne pouvait exister, ni s'exercer sans tenir compte de plusieurs autorités : religieuses, maîtres de la terre, chefs et groupes militaires, oracles, sociétés secrètes, assemblées populaires, classes d'âges, lignages, associations connues, ...
Ces autorités constituent de par " les volontés multiples ", selon lui, des freins pour empêcher l'arbitraire royal.³² M. Alliot pense aussi que dans les sociétés primitives à pouvoir central, les autorités sont en réalité des " contrepoids au pouvoir. " ³³ Dans sa contribution sur " La Royauté " : " La Royauté et le sacré " , " La Royauté et la structure politique " dans le Royaume Kuba , Jan Vansina conforte notre position car il soutient ³⁴ : " [ Sa ] personne [...] n'est pas sacrée, le roi ne possède d'autres pouvoirs extranaturels que ceux qu'il acquiert en se servant de charmes ou en pratiquant la sorcellerie. " ³⁵ " [...] L'exercice du pouvoir royal est sujet à une série de contrôles. En pratique, il est même contrôlé d'une façon [...] effective [...] ." ³⁶ " Les institutions qui limitent le pouvoir royal sont surtout les conseils ishyaaml et ibaam, ainsi que le muyum.
Le conseil ishyaaml traite les affaires courantes et, après chacune de ses séances, il fait part au roi de son opinion. Si ce dernier passe outre aux désirs de l'ishyaaml, le conseil peut se réunir en séance secrète nkaam, en dehors de la capitale, et lui reprocher son attitude. " ³⁷ " Le conseil de couronnement, ibaam, n'intervient qu'en cas de crises graves. Il peut convoquer le roi, lui dicter une ligne de conduite et, si celle-ci n'est pas suivie, on pense que le conseil peut ordonner le meurtre du roi ". ³⁸
"Mais, la dernière garantie du peuple contre la tyrannie réside dans les charmes nationaux. Ceux-ci sont gardés par le muyum, un dignitaire égal au roi, qui tient sa cour et règne sur un seul village. Le roi ne peut le voir qu'une seule fois pendant sa vie, lors de son intronisation.
S'il règne en tyran , les charmes le tueront automatiquement, sans l'intervention du muyum lui-même. Aucun roi ne peut ignorer les limites de son pouvoir. D'ailleurs, lors de son investiture, on lui rappelle par trois fois que la tyrannie mène à la mort." ³⁹ Cela dit, l'apport de l'illustration sur le " Royaume Kuba" vient de détruire des théories soutenues par nombre de théoriciens dont je reconnais la qualité scientifique mais qui sont tombés sous le charme de la thèse selon laquelle, la " démocratie " était étrangère de l'Afrique noire précoloniale.
Cette illustration sur le " Royaume Kuba", nous démontre par ailleurs, et cela sans ambiguïté, que le recours que faisaient sans cesse, nombre de Chefs d'Etat nouveaux d'Afrique noire, et particulièrement, le Président Mobutu, dans le cas du Congo – Zaïre, de la tradition et de la participation mythique des ancêtres au processus politique, était sans doute, exploité à d'autres fins : légitimer un pouvoir autocratique et régner en " tyran ". Dans le Royaume Kuba, nonobstant le fait que le roi concentrait beaucoup des pouvoirs entre ses mains, cela n'était pas synonyme d’absolutisme du pouvoir. Le roi ne détenait donc que des pouvoirs que lui conférait " la Constitution " et s'il devait les outrepasser pour " rehausser " le prestige royal, il devait le faire en cachette. En ce sens, son pouvoir était donc contrôlé par les conseils, tels qu'illustrés ci-avant.
Par ailleurs, on pouvait aussi reprocher au roi de ne pas avoir suivi l'opinion du conseil ishyaaml lors des affaires courantes ; il était même prévu qu'on lui dicte sa conduite lors des crises graves. On pouvait même ordonner son meurtre s'il ne s'alignait pas lors de ces crises graves, à la ligne de conduite que lui imposait le conseil ibaam. Ces affirmations nous révèlent en outre que le roi était justiciable, il n'était pas lui-même Dieu, mais le représentait. Il n'était pas donc au-dessus de la loi. S'il se conduisait en " tyran", " les charmes " devaient le tuer sans l'avis du muyum. Donc, son élimination physique était aussi prévue. À la lumière de ce qui précède ; le Scientifique vient ainsi de détruire la thèse selon laquelle l'Afrique noire est une " jeune démocratie ", thèse qui a servi notamment à la vente, à la commercialisation, à la consommation, à l'imposition, ... de cette recette appelée, la CENI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral.
En somme, c'est donc à travers ces illustrations que nous pouvions saisir où nous en sommes aujourd'hui ; c'est-à-dire que la pénétration européenne et l'implantation du pouvoir colonial en Afrique noire en général et, en RD Congo en particulier, ont eu une conséquence importante au niveau de la conception et de l'exercice du pouvoir traditionnel, car ce dernier, fondé sur « le Sacré », fut contesté et remis en cause par le colonisateur et le missionnaire, et ainsi, le Chef traditionnel ou Coutumier fut, lui aussi, démystifié. C'est ainsi qu'un autre type de pouvoir fut imposé. Celui-ci fut méconnu, nouveau, " moderne" et européen.
Par ailleurs, lors de l'indépendance de la RD Congo, donc à la fin de l'époque coloniale, le colonisateur a voulu que les futurs dirigeants congolais puissent fonctionner sur base de la démocratie libérale du type occidental. En ce sens, la conception même du pouvoir et de son exercice devaient être tracés, définis par la volonté générale, donc les hommes vivants, et non plus par Dieu ou les ancêtres.
Et le Chef nouveau devait désormais être désigné par le peuple à l'issue d'une compétition. C'est-à-dire que le Chef nouveau ne devait plus provenir de la branche de " ancêtre-fondateur" et, son mandat était aussi limité dans le temps et pouvait être renouvelé par son peuple. C'est ainsi que naquit le parlementarisme classique. De la " Neutralité " et de l ' " indépendance " dans le processus de désignation de l'Animateur Principal de la CÉNI Rien qu'en évoquant ces deux concepts centraux, mythiques, très bien choisis et soignés : " Neutralité " et " Indépendance " ; concepts phares de ce processus dont la rhétorique électorale parrainée par les Pays-Tireurs de ficelles, s'en sert avec efficacité en intégrant des ténors des Confessions religieuses dans cette démarche ; ténors considérés, selon la croyance véhiculée et médiatisée notamment par les parrains, comme étant " au milieu du village " ; croyance qui légitime d'ailleurs leurs supposées " Neutralité" et " Indépendance" ; fait sourire les Scientifiques initiés, avertis et avérés ! Comment peut-on prétendre être " Neutre " et " Indépendant" dans un processus dont la finalité sera de décider d'un choix parmi tant d'autres ?
Ce processus que le Scientifique appelle en " Management Public ", le " Processus décisionnel " ! C'est-à-dire, le cheminement d'une réflexion qui aide un ou plusieurs décideur (s) à prendre un acte volontaire qui apparaît comme l'aboutissement d'un choix entre plusieurs solutions ou pistes possibles.
Et de surcroît, comment peut-on croire à la thèse véhiculée selon laquelle des ténors de ces deux Confessions religieuses qui nous ont offerts ce spectacle peu reluisant à la suite du processus de désignation du Principal Animateur de la CÉNI, sont " au milieu du village ", si dans le passé, leurs prédécesseurs ont exercé des fonctions politiques et occupé des postes stratégiques de premier plan, en tant qu'Agents publics de l'État congolais ?
Pour s'en convaincre :
- Monseigneur Pierre Marini Bodho , Président National, Représentant légal de l'Église du Christ au Congo ( ECC ), fut Président du Sénat de la RD Congo pendant la transition, de 2003 à 2006 ⁴⁰ ;
- le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, Président de la Conférence Episcopale du Zaïre ( CEZ ) de 1984 à 1992, Président du Symposium des Conférences Episcopales d'Afrique et de Madagascar ( SCEAM ) de 1997 à 2003 ; occupa des hautes fonctions politiques en devenant en 1992, Président du Bureau de la Conférence Nationale Souveraine ; et de 1992 à 1996, il occupa le poste du Président du Haut Conseil de la République, " érigé " en 1994 , en Parlement de Transition de la République du Zaïre.⁴¹ A la lumière de ce qui vient d'être mis en relief, deux questions s'avèrent importantes et doivent être posées :
Question 1 : Peut-on être " Neutre " quand on est appelé à prendre un acte volontaire, c'est-à-dire, à faire un choix parmi tant d'autres ? Réponse : NON Parce qu'on sera obligé de prendre parti, de faire un choix
Question 2 : Peut-on être " Indépendant " quand on est appelé à prendre un acte volontaire, c'est-à-dire faire un choix parmi tant d'autres selon les critères de choix établis ? Réponse : NON Dans ce cas, la décision est liée aux critères établis pour ce choix.
En clair, on ne dépend plus de soi-même, dans le sens où on ne va pas choisir qui on veut, en dehors des critères établis ! Le choix est donc conditionné à ces critères établis. Scientifiquement, Monsieur Denis Kadima aurait été choisi légitimement selon les critères établis (le huit " Confessions religieuses " auraient toutes, sans exception, reconnu ses compétences et l'auraient considéré comme le meilleur candidat) et, légalement, sur pieds des articles 16 et 17 de leur Charte.
Comme il en serait ainsi, pourquoi alors en faire un problème ? Ce serait seulement parce que Monsieur Denis Kadima est de la même ethnie que le Président de la République, Félix Tshisekedi ? Si c’est le cas, alors c'est très inquiétant et interpellant que ce genre de comportement soit devenu un réflexe car il attise le tribalisme, l'ethnisme et le provincialisme qui fragilisent l'Unité et la Cohésion nationales et, pourraient concourir tous, si on ne fait pas attention, à l'apparition ou à la résurgence de forces centrifuges, piliers du projet de la balkanisation de la RD Congo.
RECOMMANDATIONS
Sans prétention aucune, à la lumière de ce qui a été mis en relief et démontré ci-haut ; je voudrais proposer aux autorités congolaises, quelques pistes de solutions pour qu'elles tentent d'atténuer des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux qui sont, d'ailleurs, inéluctables de par le monde.
- Dans le contexte historico-politique actuel de la RD Congo Comme il y aurait un certain apaisement au niveau de la contestation du Principal Animateur de la CENI et de son équipe ; et pour couper l'herbe sous le pied des manipulateurs d'opinion :
- le Gouvernement central, en collaboration avec la CÉNI et les autres administrations compétentes en la matière, devrait saisir cette opportunité afin d'accélérer le processus électoral tout en se concentrant sur les préalables qui entourent l'organisation des élections souveraines : le recensement ou l'identification des Congolais ; ainsi que la production de la carte d'identité nationale⁴²
- le Gouvernement central devrait repenser et renforcer les modalités ou mécanismes de contrôle électoral afin que les résultats électoraux soient acceptables
- le Gouvernement central, appuyé par des administrations compétentes en la matière, devrait, à l'avenir, s'occuper, à l'échelle nationale, des jeunes congolaises et congolais sans-emploi, qui sont souvent manipulés par des politiciens véreux notamment lors des manifestations d' " humeur" ; en leur donnant du travail de mission et rémunéré, en tant qu'agents recenseurs, dans le cadre de l'opération recensement et identification de la population congolaise; opération indispensable pour la bonne tenue des élections souveraines.
En Belgique, par exemple, tous les dix ans, lors de l'opération " recensement de la population ", l'Etat belge engage des " agents recenseurs " en leur donnant du travail de mission, rémunéré. Ces agents de mission, engagés pour cette opération, sont en réalité, des étudiants, des sans-emploi, et autres catégories des personnes, ... Ils sont engagés selon les critères établis par l'État belge - au niveau communicationnel, le Gouvernement central, la CÉNI, ainsi que les autres administrations compétentes en matière électorale, devraient s'efforcer d'informer régulièrement les Congolaises et Congolais, en temps utiles, sur les préparatifs, les réalisations et les projets à court ou moyen terme en matière électorale.
- À l'avenir : les autorités congolaises devraient déplacer le Centre de gravité du processus électoral national et supprimer l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral - Le Ministère de l'intérieur, est à mon sens, la seule institution souveraine et compétente pour organiser des élections souveraines.
Dans ce sens, l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral s’autodétruit.
Outre le fait que le Ministère de l’Intérieur joue un rôle central dans l'organisation du territoire et le maintien de la cohésion des institutions nationales ; il devrait reprendre, me semble-t-il, sa mission sacrée en tant que l'institution qui garantit aux Congolaises et Congolais, l'exercice de leurs droits, devoirs et libertés, notamment en matière électorale lors du suffrage universel.
La reprise de sa mission sacrée et légendaire, serait une manière pour la RD Congo de récupérer ses souveraineté nationale et internationale tout en réaffirmant, raffermissant et redorant l'autorité de l'État congolais. Cette reprise de flambeau devrait être effective à l'avenir car, de par les éclaircissements apportés dans cette réflexion, nombreuses raisons telles que mises en exergue, ci-dessous, discréditent la CÉNI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral ; et devraient interpeller ainsi des autorités congolaises :
- l’institutionnalisation de la CÉNI et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral apparaissent comme un stratagème élaboré par les Pays-Tireurs de ficelles dans le but d'influer sur le processus électoral et les résultats électoraux afin d'assurer d'une certaine manière, leur emprise sur la RD Congo, en matière électorale. De la CENI :
- la CENI apparaît comme une administration suprainstitutionnelle voire supranationale qui fragilise et occulte la souveraineté tant nationale qu'internationale de l'Etat congolais - la CENI apparaît en outre, comme une administration qui fragilise l'Unité et la Cohésion nationales en divisant les Congolais - la CENI, en tant que le Diviseur commun des Congolais, dans le sens où elle fragilise l'Unité et la Cohésion nationales, en attisant la haine, le clanisme, le tribalisme et le provincialisme ; pourrait contribuer dans ce sens, si les autorités congolaises ne font pas attention, au plan de la balkanisation de la RD Congo. Dans ce même ordre d’idées et pour rappel, tout ce qui pourrait diviser les Congolais en fragilisant l'Unité et la Cohésion nationales, attise la haine, le clanisme, le tribalisme, le provincialisme, ... contribuerait sous cet angle, d'une matière ou d'une autre au projet de la balkanisation de la RD Congo. Ce projet de la balkanisation de la RD Congo serait multiforme et, ne se limiterait pas seulement, à mon sens, à la conquête de la RD Congo ou d'une partie de la RD Congo par la guerre !
Loin s'en faut ; mais aussi, à travers les retombées des épines que les Pays-Tireurs de ficelles auraient eu le soin de placer savamment, dans la façon de vivre et de fonctionner des Congolais ; j'ai cité : la résurgence ou le rétablissement des gouvernements provinciaux et des Assemblées provinciales, qui concourent tous deux, au " Repli provincial " ; nocif et toxique à/pour l'Unité et la Cohésion nationales.
L' imposition de la CÉNI en matière électorale et l’intégration des Confessions religieuses dans le processus électoral en RD Congo, apparaissent donc, comme j'ai tenté de le démontrer ci-haut, comme des instruments majeurs et centraux placés par les Tireurs de ficelles afin de générer des conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux en opposant les Congolais entre eux dans la perspective que les dirigeants congolais fassent appel à leurs " supposés " " bons offices " , question pour ces Tireurs de ficelles, de garder toujours leur emprise sur la RD Congo, notamment en matière électorale.
En matière électorale, de par le monde, même quand le Ministère de l'Intérieur ou la CÉNI organisent les élections ; les contestations, les conflits et les violences pré-électoraux et post-électoraux sont toujours d'actualité. Ce qui est important, à mon sens, c'est le renforcement des modalités ou mécanismes de contrôle électoral afin de donner un certain crédit aux résultats électoraux.
C'est pourquoi, à l'avenir, au nom de ses souverainetés nationale et internationale, de son indépendance et de la paix sociale ; la RD Congo devrait sortir de ce schéma lui imposée lors de l'accord de Sun City afin de s'affranchir et redorer le blason de l'autorité de l'Etat congolais - après la reprise de ce flambeau électoral par le Ministère de l'Intérieur, il serait bénéfique pour la RD Congo, d'intégrer dans ce ministère, des compétences, des experts et des spécialistes de premier plan, qui animeraient le processus électoral - au nom de ses souverainetés nationale et internationale, et de son indépendance, en matière électorale, la RD Congo devrait à l'avenir, éviter de faire appel aux " observateurs internationaux " ou de les accepter ; cela infantilise l'Etat congolais et ternit son image de marque.
Pour s'en convaincre, il faudrait se souvenir qu'en matière électorale, les démocraties occidentales n'ont jamais fait appel aux " observateurs congolais" afin qu'ils donnent un certain crédit à leurs élections nonobstant le fait qu'elles sont, elles aussi, régulièrement confrontées, comme en RD Congo, aux conflits et violences pré-électoraux et post-électoraux.
A l’avenir, en matière électorale, la RD Congo devrait s'affranchir en finançant elle-même ses élections. Quand un pays organise tout seul, de par ses ressources financières propres, ses élections, il raffermit en réalité, sa souveraineté et se fait respecter.
"Scientia Vincere Tenebras " (" La Science Vaincra les Ténèbres " )
Professeur Jean-Denis Kasese Otung Abienda
Professeur à l'Université Pédagogique Nationale (UPN)
Professeur Associé, Chercheur et Collaborateur Scientifique à l'Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre de la Faculté de Philosophie et des Sciences Sociales (ex-Faculté des Sciences Sociales et Politiques/Solvay Brussels School of Economics and Management) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre de l’Institut de Sociologie (IS) de l’Université Libre de Bruxelles (ULB)
Membre du Centre d'Etudes de la Coopération Internationale et du Développement (CECID) de l'Université Libre de Bruxelles (ULB).
NOTES ET REFERENCES
1. ELECTION-NET, « Propos de Tshisekedi contre l’Église catholique : enfin la réaction de la CENCO », le 27 juin 2023
2. Loc. Cit.
3. - FALL , Ismalia Madior, HOUNKPE, Mathias, Les Commissions électorales en Afrique de l'Ouest . Analyse comparée , Abudja , Friedrich-Ebert-Stiftung Bureau régional , 2010 , p.4. - Quelques lectures recommandées : - VATICAN NEWS, « L’engagement de l'Église dans la politique en Afrique », 30/01/2020 - RFI, « Côte d’ivoire : l’Église catholique veut un processus électoral pacifié », le 16/02/2020, publié à 8h47' - SOFACK, Noël, L’Église catholique et le processus électoral au Cameroun : un engagement pour des élections justes et transparentes, Paris, L'Harmattan, French Edition, 2018, 232 p. - CATH., CH., « Burkina Faso : Les évêques sonnent la mobilisation pour les élections législatives du 18 avril », Lausanne, 1 mars 2020 - BESMOND DE SENNEVILLE, Loup, « Au Burundi l’Église catholique désavoue le processus électoral. Vu du continent l’Église s'implique sur le terrain politique », in LA CROIX , le 29 / 05 / 2015 à 00.00 - AYETAN, Charles, « Au Togo, un évêque fait campagne pour un candidat à l’élection présidentielle », in LA CROIX, Lomé, le 12/02/2020, publié à 14:43’
4. C'est ce que Bertrand Badie a appelé, " L'État importé " . BADIE , Bertrand , L'État importé. Essai sur l'occidentalisation de l'ordre politique, Paris, Collection " L'Espace du Politique", Fayard, 1992, 344 p.
5. LE POTENTIEL, 15/12/2005 in CONGO FORUM.
6. ROSENFELD, Michel , Bush contre Gore : trois mauvais coups portés à la Constitution , à la Cour et à la Démocratie, Cahiers du Conseil Constitutionnel n ° 13 . Dossier : la Sincérité du scrutin, Janvier 2003.
7. LE PARISIEN, " Violences à Washington : Donald Trump appelle à la réconciliation et promet une transition douce " , 7/ janvier/ 2021 à 7h11' modifié le 8/janvier/2021 à 03h24' , par J.Cl. , L.G. et E.J.
8. FRANCE BLEU , Etats-Unis : 5 morts après l'invasion du Capitole à Washington, la victoire de Biden confirmée par le Congrès. Jeudi 7 janvier 2021 à 8h31'. Mis à jour le jeudi 7 janvier 2021 à 10h24', par Victor Tribot Laspière.
9. ZONE BOURSE / REUTERS, 12 juillet 2017 par Cyril CAMU et Henri-Pierre ANDRÉ.
10. FORCE CITOYENNE- MEDIA LIBRE / 3 novembre 2019 / Politique/ par El LOBO. 11. Ibidem.
12. LCI , Xavier Martinage - publié le 15 avril 2017 à 13h57' , mis à jour le 15 avril 2017 à 15h34'.
13. LE PARISIEN, 1er mai 2017 à 12h17' par Loic LE CLERC.
14. Ibidem.
15. LE FIGARO / Élisa BRAUN , publié le 25/04/2017 à 16h51' , mis à jour le 26/04/2017 à 13h43'.
16. LUREMBURGER WORT , 25/03/2019 / par Max HELLEFF à Bruxelles.
17. Ibidem.
18. RTS/INFO , modifié le 08/mars/2021 à 18h53'.
19. Ibidem.
20. Ibidem.
21.POINCARÉ, Henri, « Fêtes du 75ème anniversaire de l'Université Libre de Bruxelles ( ULB « ), ULB, le 21 novembre 1909.
22. BUCHMANN, Jean, L'Afrique noire indépendante , Paris, LGDJ, 1962, p. 354.
23. Ibid. , p.346.
24. GONIDEC, Pierre-François, Les systèmes politiques africains, Deuxième édition, Paris, LGDJ, 1978, p. 221.
25. GONIDEC, Pierre-François, Les Systèmes politiques africains. Les Nouvelles Démocraties, 3ème édition, Paris, LGDJ, 1997, p.17.
26. BOKONGA EKANGA BOTOMBELE , " Dans l'esprit des ancêtres " in REVUE ZAÏROISE DES SCIENCES DE L' HOMME-O.N.R.D. , n° 1 , Culture au Zaïre et en Afrique, Kinshasa, 1973, p.269.
27. pour reprendre l'expression utilisée par Damola Adejumo - Ayibiowu / ADEJUMO-AYIBIOWU, Damola , " La démocratie " à l'occidentale en Afrique est juste une manière de renforcer l'idéologie néolibérale, in OPEN DEMOCRACY - RITIMO, le 15 avril 2020
28. KAMTO , Maurice , Pouvoir et Droit en Afrique noire. Essai sur les fondements du Constitutionnalisme dans des États d'Afrique noire francophone , Paris, LGDJ 1987, 545 p. 29. BALANDIER, Georges, Anthropologie politique, Paris, PUF, 1967, pp. 125-126.
30. BESEAT, Kiflé Selassié, " Convaincre, Contrôler, ou Contraindre? Systèmes et mécanismes de contrôle du pouvoir en Afrique " , in La problématique de l'État en Afrique Noire, Dakar, du 30 novembre au 6 décembre 1983, p.1.
31. POIRIER, Jean, " Les formes monocratiques du Pouvoir africain " in ANNALES AFRICAINES , 1966 , p.186. 32. ALLIOT, M., " L'Acculturation juridique " , in POIRIER , Jean, Ethnologie Générale, Paris, " Cujos", 1968, p.1208. 33. Ibidem.
34. VANSINA, Jan , _Le Royaume Kuba_ , Tervuren , Annales du musée Royal de l'Afrique Centrale , sér. In 80 , Sciences humaines, 49 , 1964.
35. Ibid., p. 98.
36. Ibid., p. 105
37. Ibidem.
38. Ibidem.
39. Ibidem.
40. UNIVERSITÉ SHALOM DE BUNIA, " Parcours de vie du Pr. Marini Bodho " , USBADIM PUBLICATION, 1er octobre 2021 , mis à jour 25 novembre 2021.
41. DÉPÊCHE. CD, " RDC : Biographie du Cardinal Émérite Laurent Monsengwo Pasinya " , 12 /juillet /2021, par la Rédaction
42. La carte d’identité nationale est effective depuis le 30 juin 2023. Sa distribution sera bientôt vulgarisée à l’échelle nationale.
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