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Conflit dans l’Est de la RDC : Judith Suminwa dénonce « la mort de plus de 7 000 compatriotes »

Lors du Conseil des droits de l’homme du 24 février à Genève, la Première ministre congolaise a insisté sur la part importante de civils parmi ces victimes. Elle a également accusé à nouveau Kigali de soutenir les paramilitaires du M23 pour profiter des richesses minières dans la région du Kivu.

« Plus de 7 000 compatriotes » tués dans le conflit entre le M23 et ses alliés et l’armée congolaise (FARDC) en RDC depuis janvier. Ce sont les chiffres avancés par la Première ministre congolaise, Judith Suminwa Tuluka, lors du Conseil des droits de l’homme lundi 24 février à Genève. Parmi ces morts, de nombreux civils, insiste-t-elle.

« La situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC a atteint des niveaux alarmants », a insisté la cheffe du gouvernement congolais, alors que les paramilitaires du M23, soutenus par le Rwanda, continuent leur progression dans le Kivu, après la chute de Goma et de Bukavu. À la tribune, elle a précisé que parmi les 7 000 personnes décédées, « plus de 2 500 corps » avaient été enterrés sans être identifiés et « plus de 1 500 corps traînent dans les morgues ».

Pour la seule ville de Goma, la capitale du Nord-Kivu désormais contrôlée par le M23, la Première ministre a repris à son compte des sources de l’ONU faisant état de « plus de 3 000 morts ». Elle a également évoqué des cas de choléra et de Mpox n’étant pas correctement pris en charge, des attaques contre des hôpitaux et la destruction de « 90 sites d’accueil des déplacés internes ».

« On n’a pas encore pu identifier l’ensemble de ces personnes, maintenant c’est très facile de dire que ces morts-là ne sont que des militaires alors qu’il y a une masse importante de personnes civiles qui font partie de ces morts-là », a-t-elle ajouté lors d’un point de presse en marge du Conseil.

Le Rwanda pointé du doigt

En cause dans le conflit pour le gouvernement congolais : le soutien au M23 de Kigali, que Kinshasa accuse de vouloir occuper des territoires dans l’est de la RDC pour en exploiter à son compte des gisements de minéraux, certains indispensables pour les puces ou les téléphones portables. « La question que nous devons nous poser maintenant est de savoir exactement à qui le Rwanda revend ces minerais issus de cette exploitation illégale des ressources », a-t-elle déclaré devant la presse.

Si certains chercheurs assurent que le conflit en cours n’est pas uniquement lié à la question des minerais, la RDC se préoccupe de la traçabilité des ressources en question. En décembre, le pays avait déposé une plainte contre les filiales européennes du géant technologique Apple, les accusant d’utiliser illégalement des «minerais de sang» dans sa chaîne d’approvisionnement.

«Ils utilisent des minerais qui proviennent de la RDC, a à nouveau affirmé la Première ministre à Genève, et nous voulons savoir comment cette entreprise se procure ses fournitures de minerais qui nous permettent à tous d’utiliser nos téléphones et ordinateurs.» De son côté, la société Apple affirme ne pas utiliser sciemment des minerais liés au conflit.

(Avec AFP)

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Face à une crise dévastatrice dans l’Est de la RDC, Marie Josée Ifoko : ‘‘La Kombolisation, notre proposition de sortie de crise’’

Alors que la guerre dans l’Est de la RDC s’intensifie, plusieurs morts ont été dénombrés à cause d’une agression imposée par le Rwanda sous la couverture du M23-AFC. Cinq milles décès en l’espace de quelques jours et plus de six millions de morts, selon l’Union européenne depuis trente ans et plusieurs déplacés. Pour libérer la classe politique qu’elle qualifie de ‘’malade’’ et couper l’herbe sous les pieds de l’ennemi, Marie-Josée Ifoko, actrice politique de premier rang et candidate malheureuse à la présidentielle de décembre 2023, fait une proposition de sortie de crise à travers une tribune de réflexion dans laquelle elle invite tous les ‘’Kongolais’’, comme un seul homme, de se joindre à elle afin d’écrire une nouvelle histoire pour un Congo nouveau.

“Cette agression ne cesse de prendre de l’ampleur, et ceux qui l’orchestrent prétendent toujours ne pas avoir d’interlocuteurs crédibles au sein du gouvernement congolais. Il est donc impératif de prendre des décisions courageuses et d’agir avec sagesse, abnégation et détermination pour préserver notre territoire, notre souveraineté et notre paix”.

Prendre des décisions courageuses et agir avec sagesse implique la prise de conscience pour les congolais et contourner l’histoire afin de ne pas la répéter. Cette histoire qui a perpétré des massacres atroces sur le sol congolais, des violences envers des femmes et enfants, laissant derrière lui un carnage sans précédent. Notamment, l’entrée de l’AFDL dans l’Est du pays en 1996 et la signature du protocole d’accord par l’Union Européenne avec le Rwanda le 19 février 2024, pays agresseur de la RDC, pour lui fournir des minerais congolais, qui sont en fait des “minerais de sang”, souligne Marie-Josée Ifoko.

Les atrocités commises dans l’Est de la RDC remettent en question la responsabilité internationale et la promotion des droits de l’homme. Une remise en question qui met en lumière la violation de la mission même de l’Union européenne.

Cette actrice politique déplore la politique de deux poids deux mesures de cette même Communauté Internationale qui, “face aux violations des droits de l’homme ou aux actes de corruption du régime Tshisekedi, impose des sanctions et suspend certaines aides à ce genre de régime. Mais paradoxalement, la RDC paie le prix fort et reste victime d’une guerre qui profite aux grandes puissances et aux multinationales”, fustige-t-elle. Et d’ajouter : “les richesses naturelles attisent les convoitises, et les discours sur le respect des droits de l’homme ne sont qu’une façade politique”.

Une crise qui déstabilise non seulement la partie Est du pays, mais aussi toute la sous-région. Elle estime que cette crise ne pourra pas être résolue par un dialogue entre des hommes coupables qui veulent être juges et parties à la fois.

Les mêmes erreurs produisant les mêmes effets, Marie-Josée conseille au Chef de l’Etat de ne pas commettre l’erreur de Mobutu, mal conseillé à l’époque par les siens, mais plutôt d’aider les congolais à décanter cette situation dans la paix et l’humilité, sans verser le sang de notre côté.

Elle appelle les congolais, en général et les politiques, en particulier, au sursaut patriotique et à l’unité pour vaincre cette guerre.

“Nos frères et sœurs de l’Est sont dans la tourmente et ils attendent le secours de l’Ouest, et pendant ce temps, nous ici, avons commencé les guerres tribales. NON ! Chers Congolais, l’heure n’est pas aux disputes intestines ! L’heure est à la Kombolisation, à l’unité dans la diversité pour combattre l’ennemi ! Nous ne pouvons pas créer encore ce clivage entre nous ! Nous disons NON ! NON ! NON, NON, NOOOOON !!! Le PEUPLE KONGOLAIS, je vous appelle à un sursaut patriotique ! Nos pères de l’indépendance seront fiers de nous voir unis pour sauver le Kongo pour lequel ils sont morts ! Honorons-les !”

Pour la survie de la Nation

Une série de propositions est formulée au Président Félix Antoine Tshisekedi, qui est devenu la cible principale de l’ennemi, l’homme à abattre, afin d’accepter la proposition faite à Mobutu lors de l’entrée de l’AFDL en 1996 en vue d’éviter leurs avancées et sauver la Nation avec un sursaut patriotique !

Ci-dessous, les propositions formulées par Marie-José Ifoko :

1. La demande au Président Félix Tshisekedi de se mettre en retrait de la scène politique comme demandé à Mobutu en 1996 par l’opposition représentée par Etienne Tshisekedi. Que Monsieur Félix Antoine Tshisekedi soit comme un Président dans un système parlementaire jusqu’aux prochaines élections !

2. La nomination d’un Premier Ministre que nous sommes pour assurer une transition de 3 ans.

3. La mise en place d’urgence d’un gouvernement restreint de crise pour réagir rapidement face à l’ennemi.

4. La destitution des institutions.

5. La création d’un conseil des sages (genre Sénat) pour faciliter la coordination de cette transition.

6. La constitution d’une nouvelle Assemblée nationale. Représentation de 146 territoires.

7. La mise en place d’une commission spéciale intégrant la société civile (femmes, jeunes, diaspora, intellectuels, artistes), tous les représentants de la société congolaise afin de garantir un éveil patriotique et une adhésion populaire.

Convaincue de sa proposition qu’elle juge “salvatrice” pour le relèvement de la Nation congolaise, Marie-Josée Ifoko exhorte le Président de la République Félix Tshisekedi d’écouter sa propre conscience et non ses nombreux collaborateurs qui auraient déjà revêtu le manteau de la transhumance et qui n’attendent que sa chute.

César Nkangulu

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Au cours du point de presse quotidien de l’ONU, Bintou Keita : ‘‘La MONUSCO reste déterminée à assurer la sécurité de 1.400 individus abrités dans ses bases’’

La cheffe de la Mission de maintien de la paix de l’ONU en République Démocratique du Congo (MONUSCO), Bintou Keita, a appelé, vendredi 21 février, à trouver une solution d’urgence pour le transfert en toute sécurité des personnes ayant trouvé refuge dans les bases de la mission à Goma, la capitale du Nord-Kivu tombée sous le contrôle des rebelles du M23. Bintou Keita, qui était l’invitée du point de presse quotidien de l’ONU à New York, a indiqué que plus de 1.400 individus «à haut risque», y compris des femmes et des enfants, s’étaient abrités dans les bases de la MONUSCO dans l’Est de la RDC, suite à la chute de Goma, le 28 janvier dernier.

«Malgré de fortes pressions exercées par le M23 pour que ces individus lui soient remis, la MONUSCO reste déterminée à assurer leur sécurité», a déclaré Mme Keita, qui s’exprimait par visioconférence depuis Kinshasa, la capitale congolaise.

A l’heure actuelle, la mission continue de répondre à des demandes de protection de la part de défenseurs des droits de l’homme, notamment des femmes, qui subissent des menaces ou risquent d'être victimes d’attaques.

La cheffe de la MONUSCO a réaffirmé que la mission entendait s'acquitter de son devoir de protection des individus non armés cherchant refuge à l’intérieur de ses bases, conformément au droit international humanitaire.

Une situation intenable

«La situation actuelle est cependant intenable en raison du nombre considérable de personnes sous notre protection », a toutefois reconnu la haute responsable.

Elle a notamment mentionné les conditions de vie difficiles dans les bases de la MONUSCO et les ressources limitées dont dispose la mission.

Mme Keita a par conséquent appelé à trouver de toute urgence, une solution « sûre, digne et soutenue par la Communauté Internationale » pour transférer les personnes actuellement dans les base de la MONUSCO vers un lieu sécurisé, dans le plein respect de leurs droits et de leur libre arbitre.

Entraves à la circulation de la mission

Mme Keita a par ailleurs indiqué que l’occupation de certaines parties du Nord-Kivu par le M23, avec le soutien des forces de défense rwandaises, limitait fortement la capacité de la MONUSCO à s'acquitter de son mandat dans la province.

Elle a fait état des restrictions à la liberté de mouvement de la mission, notamment des barrages routiers et des exigences de notification préalable 28 heures à l’avance, qui empêchent les soldats de la paix de mener des opérations de sauvetage.

Désinformation

A ces défis opérationnels, s’ajoutent selon elle, des campagnes de désinformation et de haine à l’encontre de la mission, qui « déforment délibérément son rôle et ses actions » et mettent en danger la vie des Casques bleus.

Pour dissiper tout malentendu, la cheffe de la MONUSCO a rappelé que le mandat de la mission est de protéger les civils dans les deux provinces de l’est de la RDC que sont l’Ituri et le Nord-Kivu, où les Casques bleus veillent sur des centaines de milliers de personnes déplacées.

Selon Mme Keita, la visite cette semaine, du nouveau commandant brésilien de la MONUSCO, le Général Ulisses de Mesquita Gomes, à Beni, dans le Nord-Kivu, et à Bunia, en Ituri, témoigne de la détermination de la mission à assurer un rôle de leadership dans ces régions instables.

Dans un message vidéo exclusif filmé pour ONU Info à Beni, le commandant de la MONUSCO a indiqué que sa visite visait à « renforcer le moral des troupes » et « assurer une coordination efficace » de la mission pour garantir la protection des civils.

Des attaques repoussées en Ituri

A l'appui du rôle essentiel de la MONUSCO dans la région, Mme Keita a rappelé que la mission s’était rapidement mobilisée en Ituri, ces dernières semaines, afin de déjouer des attaques de miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco).

Ces derniers ont mené plusieurs incursions nocturnes près du site pour personnes déplacées de Djaiba, dans le territoire de Djugu, à environ 90 kilomètres au nord de Bunia, la capitale de la province.

Pour éviter une escalade des violences intercommunautaires, la MONUSCO a établi, le mardi 11 février, deux bases opérationnelles mobiles temporaires, dont l’une située à quelques mètres du camp de déplacés de Lodha et l’autre dans le village voisin d’Aar.

Au Nord-Kivu, Mme Keita a souligné que la MONUSCO assurait la protection de plus de 200 civils vulnérables à Eringeti, près de la frontière avec l'Ituri.

La Pros.

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Mutilations génitales : « Elle avait une seringue, une lame de rasoir et des pansements »

De ce jour-là, Zeinaba Mahr Aouad ne garde en mémoire que des fragments. Le temps et le traumatisme ont effacé le reste.

Le corps de la jeune femme, lui, n’a rien oublié. La marque des souffrances subies y est indélébile. Zeinaba a alors 10 ans. Elle partage une chambre à coucher avec sa mère et ses deux sœurs aînées dans un quartier pauvre de Djibouti, sa ville natale. Les murs sont nus. Le mobilier est inexistant.

« Il y avait juste une télé, nos valises pour mettre nos vêtements et nos matelas sur lesquels on dormait », confie-t-elle récemment à ONU Info.

Son père est décédé l’année précédente, emporté par une grippe intestinale.

Pour survivre, sa mère vend des galettes de pain aux passants qu’elle prépare dans la cuisine commune de leur appartement, où cohabitent trois autres familles. Insouciante, Zeinaba passe son temps à jouer à la mariée ou à la corde à sauter avec ses copines du quartier.

« On s’amuse avec la boue aussi », se remémore-t-elle.

Une visite inattendue

Ce jour-là, une femme se présente chez elle. Zeinaba ne l’a jamais vue. Elle s'imagine que c’est une amie de sa mère ou une voisine. L’intruse n’est pas venue les mains vides. « Elle avait une seringue, une lame de rasoir et des pansements », se souvient-elle. La suite, Zeinaba l’a oubliée, ou presque.

Ce qu’elle retient surtout, c’est la sensation de douleur une fois dissipés les effets de l’anesthésie.

« J’avais du mal à marcher et quand j’urinais, ça me brûlait », dit-elle.

Sur le coup, sa mère minimise l'événement. Elle parle de tradition – une simple coutume.

« J'avais peur d’éprouver de la rancune »

Ce n’est qu’à l’adolescence, une fois entrée au lycée, que Zeinaba prend conscience d’avoir subi une mutilation génitale féminine (MGF).

En cours d’éducation sexuelle, elle comprend enfin l’objectif de cette pratique : museler sa vie intime. « C'est pour nous éviter d'être excitées, d'aller voir des hommes », explique Zeinaba.

Elle demande alors des explications. « J'avais peur d’éprouver de la rancune envers ma mère », avoue-t-elle. Pleine de regrets, celle-ci lui explique avoir suivi les conseils des voisins, eux-mêmes influencés par l’omniprésence de cette pratique ancienne à Djibouti.

Malgré la promulgation, en 1995, d’une loi nationale interdisant les mutilations génitales féminines, ces dernières persistent encore dans ce pays en majorité musulman de la Corne de l'Afrique.

La jeune fille, consciente que sa mère n’a pas reçu d’éducation, finit par tout lui pardonner.

230 millions de survivantes 

Zeinaba Mahr Aouad, 24 ans, de Djibouti, a survécu à une mutilation génitale féminine à l’âge de 10 ans. Aujourd'hui, Zeinaba a 24 ans et vit toujours avec sa mère. Chaque mois, les événements de ce jour fatidique remontent à la surface sous la forme de règles douloureuses. Ses deux sœurs, mutilées comme elle dès leur plus jeune âge, sont désormais mariées et mères de famille.

L’une d’entre elles a eu des complications liées à son excision lors de son accouchement.

A l’instar de Zeinaba et ses sœurs, environ 230 millions de filles et femmes dans le monde subissent actuellement les conséquences de cette pratique.

Plus de 90 pays sont concernés, principalement en Afrique et en Asie, en tête desquels figurent notamment le Nigéria, l’Égypte, l’Éthiopie, le Soudan et l’Indonésie.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit les mutilations génitales féminines (MGF) comme un ensemble de procédures impliquant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes féminins, pour des raisons non médicales.

Dr Wisal Ahmed, spécialiste des MGF au Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), préfère quant à elle parler de crise des droits de l’homme à l’échelle planétaire. « Il existe un large éventail de pratiques, pouvant aller des brûlures aux coupures, en passant par des coutures ne laissant qu’une ouverture très fine pour laisser passer uniquement l'urine », explique-t-elle à ONU Info.

Pour la Dr Ahmed, ces pratiques trouvent leur origine dans des normes sociales et croyances positives, telles que la propreté. « La propreté en tant que symbole de pureté pour maintenir l'honneur de la famille, comme critère de mariage, ou comme droit de passage vers la féminité », précise-t-elle.

Pratiquée chez certains musulmans, mais également chez les chrétiens, la mutilation génitale féminine se teinte souvent de préceptes religieux, mais pas exclusivement.

« Selon certaines croyances erronées, si le clitoris n'est pas coupé, il continue de grandir jusqu’à atteindre la taille d'un homme », indique notamment la médecin de l’UNFPA, l’agence de l’ONU chargée des questions de santé sexuelle et reproductive.

Des complications multiples

Ces pratiques laissent des cicatrices physiques, émotionnelles et psychologiques qui peuvent durer toute la vie. Au niveau médical, elles peuvent entraîner des hémorragies, des complications obstétriques, voire même la mort. En cas de mauvaise cicatrisation, des blessures et gonflements sont susceptibles d’apparaître, ainsi que des problèmes liés aux menstruations et aux voies urinaires, comme dans le cas de Zeinaba.

« Elles urinent goutte à goutte, ce qui peut déclencher des infections », précise la Dr Ahmed.

D'un point de vue psychologique, les dommages vont de la petite enfance jusqu'à l'âge adulte et se manifestent par de l'anxiété, des troubles post-traumatiques et la dépression.

Les mutilations engendrent aussi des problèmes de santé sexuelle.

À Djibouti, au Soudan et en Somalie, par exemple, la pratique consiste à refermer tout l'orifice de l’enfant, y compris les grandes lèvres.

« La femme est à nouveau coupée pour avoir des rapports sexuels, puis recousue, puis rouverte pour l'accouchement et refermée pour une fois de plus rétrécir l’orifice », explique la spécialiste de l’UNFPA.

Si son bébé met trop de temps à sortir, les MGF peuvent également entraîner des problèmes respiratoires associés à une morbidité néonatale.

Chaque fois, c’est l’occasion pour la survivante de revivre son traumatisme.

Une action internationale en demi-teinte

En 2012, l’Assemblée générale de l’ONU a proclamé le 6 février Journée internationale de la tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines.

Célébrée jeudi, cette journée vise à sensibiliser les populations pour mettre définitivement fin à cette pratique, ce que l’Objectif de développement durable (ODD) numéro 5 se propose de faire d’ici 2030.

Selon la Dr Ahmed, ces efforts ont contribué au déclin constant de la prévalence des MGF au cours des 30 dernières années.

Toutefois, ce recul ne se traduit pas dans les faits par une baisse du nombre des femmes concernées, en raison de l’accroissement de la population mondiale.

« Même si les pourcentages diminuent, les chiffres augmentent », explique-t-elle. De fait, il y a huit ans, elles étaient 200 millions à avoir subi ces mutilations, soit 30 millions de moins qu’aujourd’hui.

Des tendances préoccupantes

La Dr Ahmed note par ailleurs une tendance préoccupante liée à l’abaissement de l’âge des survivantes. Habituellement ces dernières ont entre cinq et neuf ans. Or, il existe selon elle des signes indiquant que davantage de filles de moins de 5 ans subissent des mutilations.

Pour la Dr Ahmed, cela pourrait être une réaction à la stigmatisation croissante de l’excision. « Vous savez, un bébé ne parle pas », explique-t-elle.

Cela pourrait aussi être dû au fait que les MGF sont de plus en plus assimilées à la circoncision masculine, qui est souvent pratiquée très tôt.

La Dr Ahmed note également une implication accrue des agents de santé dans la pratique, autrefois l'apanage des praticiens traditionnels, sous prétexte de la rendre plus sûre.

« C'est une violation du code de conduite professionnel, car les agents de santé sont avant tout censés ne pas nuire », dénonce-t-elle, en référence au Serment d'Hippocrate.

Pour faire face à ces tendances, la spécialiste des MGF rappelle l’importance du thème de l’édition 2025 de la Journée internationale, qui souligne le besoin critique de collaboration entre des agences comme l’UNFPA et les communautés locales.

Le réseau « Elle & Elles »

À Djibouti, Zeinaba travaille désormais comme volontaire au sein de l’association de femmes Rasmy, l’une des huit ONG à avoir rejoint le réseau « Elle & Elles ». Lancé par l'UNFPA en 2021, ce réseau, qui compte aujourd’hui plus de 60 femmes, fournit un appui aux militantes locales de la santé et des droits des femmes.

Dans ce cadre, Zeinaba participe à des activités de porte-à-porte dans plusieurs quartiers défavorisés de Djibouti pour tenter de sensibiliser les jeunes et futurs parents aux effets néfastes des mutilations génitales féminines – aussi bien les femmes que les hommes.

« Parce qu'il n'y a pas que la femme qui participe à ces pratiques :  sans l’accord de l’homme à ses côtés, cela ne pourrait pas se faire », insiste-t-elle.

L’association Rasmy organise aussi régulièrement des « causeries » au siège de l'association. « C’est vraiment difficile de faire changer les gens d’avis, surtout si ce sont des idéologies établies depuis des décennies », reconnaît toutefois Zeinaba.

« Ils nous jettent des cailloux »

Il arrive souvent que les femmes de l’association soient mal accueillies. On les accuse de vouloir bafouer les traditions et de manquer de respect à la religion.

« Les gens nous insultent et nous ferment la porte au nez. Ils nous menacent et nous traitent de mécréants. Ils nous jettent des cailloux », raconte la jeune femme.

Aucun de ces obstacles ne parvient cependant à entamer la détermination de Zeinaba et de ses collègues, toutes mutilées comme elle.

Selon la jeune femme, à force de revenir vers les résidents, ces derniers ont fini par les accepter et se montrent réceptifs à leur message.

Pour l’heure, Zeinaba est célibataire et sans enfants. Mais une chose est claire dans son esprit.

« Je ne permettrais pas que ma fille vive la même chose », affirme-t-elle.

(Tiré de News.un.org)

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RDC : Francine Muyumba milite pour la cohésion nationale

 

Dans un contexte de tensions régionales croissantes, Francine Muyumba a lancé, ce lundi 10 février 2025, un appel  à l’unité nationale pour faire face à l’agression rwandaise que subit la République Démocratique du Congo.

Son discours résonne comme un rappel à la cohésion et à la résilience face aux défis sécuritaires et politiques qui secouent le pays. « Nous pouvons avoir nos divergences internes, mais jamais, nous n’accepterons l’humiliation envers le Congo, ce précieux pays et notre héritage nous légué par les ancêtres.

"Toute chose a un début et une fin. Il est impératif d’imposer le respect dans la région à travers la cohésion nationale et un sérieux exemple en matière de gouvernance.  Le Congo nous appartient et restera ainsi, peu importe les difficultés actuelles», a t- elle indiqué sur son compte x.

Les relations entre la RDC et le Rwanda ont été marquées pendant des décennies par des conflits récurrents et des suspicions  mutuelles. Kigali convoite l’Est du Congo, une région riche en ressources naturelles.

A titre de rappel, lors du dernier sommet conjoint SADC-EAC, plusieurs résolutions ont été prises notamment, le cessez-le-feu immédiat et la fusion des processus de Luanda et de Nairobi pour la mutualisation des efforts en vue d’une sortie de crise pacifique.

Michel Okaso

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Déploiement des PSE en Afrique Centrale, Kinshasa : Eve Bazaïba lance les travaux de la Conférence Interministérielle Internationale

Ce lundi 27 janvier 2025 s’est ouverte à Fleuve Congo Hôtel de Kinshasa, la Conférence interministérielle internationale sur le déploiement des paiements pour services environnementaux (PSE) en Afrique centrale. Cet événement majeur vise à définir une feuille de route commune pour mobiliser des ressources politiques et financières au niveau national, régional et international afin de préserver les écosystèmes critiques notamment, les forêts du bassin du Congo.

Lors de son intervention, le Coordonnateur du Partenariat pour les Forêts du Bassin du Congo (PFBC), Dani Okam, a mis en lumière l’importance d’une position commune des Etats membres pour une meilleure coordination et efficacité des actions à mener. Il a également rassuré que les documents produits au cours de cette conférence seront soumis à un examen approfondi au sein des collèges du PFBC, mobilisant ainsi tous les acteurs et partenaires impliqués dans la préservation des forêts et la lutte contre les changements climatiques.

De son côté, Hervé Martial Maidou, Secrétaire exécutif de la Commission des Forêts d’Afrique Centrale (COMIFAC), a rappelé l’historique de cette organisation, tout en saluant les efforts déployés par les Etats membres dans les réformes environnementales en cours. Il a également souligné l’opportunité de cette rencontre pour intégrer d’autres pays et renforcer ainsi l’impact régional des initiatives environnementales.

Le représentant de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique Centrale (CEEAC) a, pour sa part, insisté sur l’importance de cette conférence dans le cadre de la promotion d’une économie verte en Afrique centrale. Selon lui, cette réunion constitue un espace de réflexion pour développer des mécanismes de financement innovants et des solutions concrètes qui renforceront les capacités des Etats à répondre aux défis environnementaux actuels.

Pour la Directrice de CAFI (Initiative pour les Forêts d’Afrique Centrale), cette plateforme financière régionale joue un rôle crucial dans le soutien aux forêts d’Afrique centrale. CAFI a mis en place des outils standardisés et efficaces qui améliorent la performance des projets et renforcent la gestion des ressources forestières.

La Ministre d’Etat Ministre de l’Environnement et Développement Durable de la RDC, Eve Bazaïba habillée particulièrement en noir, a, dans son discours, fait une mention poignante de la situation sécuritaire préoccupante dans l’Est du pays. Elle a rendu hommage aux populations des provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, qui subissent les conséquences des atrocités liées à la guerre imposée à la RDC. La Ministre d'Etat a également dénoncé les impacts environnementaux graves de ce conflit notamment, la destruction des écosystèmes et de la biodiversité, espérant que la communauté internationale prendra des mesures fortes pour faire face à ce qu’elle qualifie d’écocide.

Eve Bazaïba a, par ailleurs, salué la mobilisation de tous les participants, qu’elle considère comme une preuve d’engagement collectif pour la lutte contre la déforestation, la préservation des forêts du Bassin du Congo et la réduction des inégalités sociales. Elle a rappelé que les solutions basées sur la nature sont essentielles pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, conformément aux objectifs mondiaux.

Durant trois jours, les experts des 6 pays de l'initiative CAFI, élaboreront une feuille de route pour le déploiement des mécanismes des paiements pour services environnementaux en Afrique centrale. Cette initiative qui s’inscrit dans une dynamique régionale et internationale, permettra non seulement de préserver les écosystèmes critiques mais aussi de contribuer au bien-être des populations locales tout en promouvant un développement durable.

La Pros.

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