Ville de Kinshasa ou ville de l'incinération des déchets à ciel ouvert ?
(Par Charlie Mingiedi, Activiste-Penseur-Notable de Madimba)
Si et seulement si la RDC est résolument engagée à se présenter comme le pays-solution aux problèmes de réchauffement climatique, elle doit d’abord prêcher par des exemples concrets de la façon dont elle assainit l’environnement de sa capitale qui est le miroir du pays. Depuis notre retour au pays de nos ancêtres, après une décennie d’absence, nous avons fait un constat amer pour ne pas dire déplorable, quant à la politique de l'assainissement de nos centres urbains. En parcourant la ville de Kinshasa, nous avons observé une mauvaise habitude partout où les habitants de la capitale de la RDC, incinèrent leurs déchets, si pas dans leurs parcelles, c’est devant lesdites parcelles ou aux différents coins des leurs avenues...
Nos fidèles lecteurs se souviendront de notre précédente tribune intitulée : « Salongo : la cause principale de l’insalubrité à Kinshasa et dans toutes les villes de la RDC… », dans laquelle nous avions donné certaines pistes de solutions à ceux-là qui nous gouvernent ! Hélas ! Cela est resté lettre morte !
Nous savons tous que la combustion des déchets à l’air libre, entraîne des maladies, des décès prématurés et contribue au dérèglement climatique. Nos enfants, premièrement, sont exposés, eux qui inhalent quotidiennement ces substances toxiques.
Deuxièmement avec une conjoncture sociale fragile que connait la population, en cas de maladies dues à l'inhalation de la fumée, avec quoi peut-on aller se faire soigner ! « Mieux vaut prévenir que guérir », dit-on !
Car qui ignore que ces particules qui sont rejetées dans l’air provoquent de nombreuses maladies, tels que les problèmes pulmonaires et cardiaques, certains types de cancers ; des problèmes de foie; une dégradation des systèmes immunitaire et endocrinien, et de la fonction de reproduction (donc l’infertilité) ; des effets sur le système nerveux en développement et sur d'autres phénomènes liés à la croissance, la naissance de nouveau-nés en sous-poids ou prématurés, des problèmes de développement cognitif ou encore des décès prématurés !
Est-ce que nos dirigeants savent qu’environ 70 à 80% des ordures ménagères générées dans les villes de notre continent, qui sont recyclables tels que les déchets biodégradables, les plastiques et le papier, et pourraient valoir 8 milliards de dollars par an s’ils étaient conservés dans une économie circulaire ? C’est quoi l’économie circulaire ? Parlons laconiquement d’elle !
Elle consiste à produire des biens et des services de manière durable en limitant la consommation et le gaspillage des ressources et la production des déchets. Nos dirigeants doivent remédier aux déficiences structurelles dans la gestion des déchets. Et doivent aussi promouvoir cette économie circulaire qui va privilégier la réutilisation, le recyclage et la valorisation ; va renforcer la fabrication locale, créera de l’emploi, réduira sensiblement le taux du chômage (aussi le nombre des Kuluna), étayera des économies locales et régionales qui sont inclusives et durables, et diminuera la pollution atmosphérique et surtout les émissions de gaz à effets de serres.
La RDC doit être un pays exemple, pour ne pas dire exemplaire, dans la bonne gestion des déchets et dans un bel assainissement de son environnement, pour se prévaloir le titre ou le statut du pays-solution. Comment est-ce possible que nos dirigeants qui passent sur le pont Makelele, qui voient le brûlage des déchets à ciel ouvert, mais qui ne réagissent-ils pas à une telle pratique criminelle ?
Nous demandons à nos autorités de mettre fin à cette pratique ignoble et irresponsable qui consiste à incinérer les déchets à ciel ouvert, afin d’atténuer sensiblement l’impact néfaste sur le climat et la pollution environnementale, afin de préserver la santé des millions de Kinois qui ne bénéficient pas d’un service de collecte des déchets ou qui vivent à proximité des décharges éparpillées à travers les 24 communes de la capitale.
Pendant qu’on y pense, où sont passés les plus de 200 engins d’assainissement venus de la Turquie que le prédécesseur du nouveau gouverneur de la ville province de Kinshasa avait réceptionnés ? Que sont devenus les sites de transit à N’djili Brasserie (de 5 hectares pour les déchets solides et 10 hectares pour les déchets plastiques et tout le reste…) que la Ministre de l’Environnement et Développement Durable, Eve Bazaïba, nous avait promis ?
Si vous voulez que les membres de la COP (Conferences of the Parties ou Conférence des parties) vous prennent au sérieux, alors commencer par faire de la capitale de la RDC, la ville environnementale dudit Pays-Solution. Ce que nous suggérons au nouveau locataire du gouvernorat de la ville province de Kinshasa, le Gouverneur Daniel Bumba, c’est de travailler en parfaite collaboration avec les autorités municipales pour parvenir à mettre fin à cette pratique d’incinération des déchets à ciel ouvert.
Nous venons de démontrer par cette énième tribune que l’incinération des déchets à ciel ouvert dans la ville province de Kinshasa est une pratique répandue, stimulée surtout par l’absence criante de collecte systématique des déchets. Le manque de prise de conscience est le plus grand défaut des Kongolais.
C’est maintenant ou jamais que nous devons réagir sur la situation des incinérations des déchets à ciel ouvert pour pouvoir atténuer leurs effets dévastateurs sur la santé et le climat ; si nous voulons porter haut le flambeau du pays-solution aux problèmes de réchauffement climatique que nous prônons !
Ne faisons pas de notre capitale Kinshasa, un crématorium des immondices à ciel ouvert, car la santé n'a pas de prix !