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Les fondations et la RSE peuvent-elles combler le déficit du financement du développement ?

(Par Christopher Burke, Conseiller principal à WMC Africa)

Le paysage du financement du développement a connu une transformation significative ces dernières années. Les sources traditionnelles de financement, telles que l’Aide publique au développement (APD) provenant des gouvernements, ont connu une stagnation, voire un déclin, ce qui a conduit à une remise en question fondamentale des mécanismes de financement des initiatives de développement à l’échelle mondiale. Parallèlement, on observe une montée en puissance notable des contributions provenant des fondations privées et des initiatives de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Ce changement reflète l’évolution des priorités économiques et politiques et souligne les dynamiques changeantes des efforts de développement mondial.

Le déclin de l’aide au développement traditionnelle
L’aide publique au développement a longtemps constitué un pilier fondamental du développement international, en fournissant des financements essentiels pour la santé, l’éducation, les infrastructures et la lutte contre la pauvreté dans les pays en développement. Toutefois, les tendances récentes indiquent une baisse marquée des contributions à l’APD.

En 2022, l’Aide publique au développement (APD) a atteint un niveau record de 204 milliards de dollars, contre 186 milliards de dollars en 2021, principalement en raison des dépenses liées à l’accueil des réfugiés dans les pays donateurs et de l’aide apportée à l’Ukraine. Malgré cette augmentation globale, l’aide destinée aux pays en développement a en réalité diminué de 4 milliards de dollars, soit une baisse de 2 %. Cette réduction met en évidence un changement de priorités chez les pays donateurs, une part croissante de l’APD étant allouée aux dépenses domestiques — notamment au soutien des réfugiés dans les pays donateurs — plutôt qu’à une assistance directe aux pays à faible revenu. Face aux pressions économiques mondiales et aux tensions géopolitiques croissantes, cette tendance suscite des inquiétudes quant à la fiabilité future des flux d’aide traditionnelle.

La baisse de l’aide au développement a frappé de plein fouet les pays les plus pauvres du monde. Les flux d’aide vers les Pays les Moins Avancés (PMA) ont chuté de 4 % en 2022, après une diminution de 8 % l’année précédente. En conséquence, la part de l’APD mondiale allouée aux PMA est tombée à 22 %, soit son niveau le plus bas depuis plus d’une décennie. Ces réductions interviennent à un moment où de nombreux PMA sont confrontés à une détérioration de leurs conditions économiques, à un endettement croissant et aux impacts de plus en plus marqués du changement climatique. Sans un soutien soutenu et ciblé, les progrès en matière de développement dans ces pays vulnérables risquent d’être gravement compromis.

Plusieurs grands pays donateurs ont considérablement réduit leurs engagements en matière d’aide, aggravant davantage la baisse du financement mondial du développement. Le Royaume-Uni a réduit son budget d’aide de 0,5 % à 0,3 % de son produit intérieur brut (PIB), soit une baisse de 6 milliards de livres sterling, les fonds ayant été réorientés vers des dépenses accrues dans le domaine de la défense. De même, sous l’administration Trump, les États-Unis ont opéré des coupes drastiques dans l’aide étrangère, supprimant 83 % des contrats d’assistance internationale de l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), pour un montant total de 60 milliards de dollars. Ces réductions s’inscrivent dans une tendance plus large où les pays donateurs privilégient leurs intérêts domestiques et stratégiques au détriment de leurs engagements en matière de développement international, soulevant des questions cruciales quant à la viabilité des modèles traditionnels d’aide. Elles suscitent de vives inquiétudes quant à l’impact potentiel sur les projets de développement mondiaux, en particulier dans les régions fortement tributaires de l’aide extérieure.

L’essor des fondations et de la RSE dans le financement du développement
Face au déclin de l’aide traditionnelle, les fondations privées et les entreprises joueront un rôle de plus en plus important pour combler le déficit de financement. Des fondations comme la Bill & Melinda Gates Foundation sont devenues des acteurs majeurs dans les domaines de la santé mondiale et du développement, fournissant des milliards de dollars pour des initiatives allant des campagnes de vaccination et de l’éradication des maladies à l’éducation. Ces efforts philanthropiques ont permis de combler des lacunes critiques laissées par le recul de l’aide publique, notamment dans des domaines tels que la distribution de vaccins, l’innovation agricole et la réforme de l’éducation. En mobilisant leurs ressources financières et leurs partenariats stratégiques, les fondations contribuent à façonner de nouvelles approches du développement durable.

Les entreprises intègrent de plus en plus la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dans leurs modèles économiques, en s’alignant sur les cadres environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) ainsi que sur les Objectifs de développement durable (ODD). Les initiatives de RSE ne se contentent pas de promouvoir le bien commun : elles renforcent également la réputation des entreprises et la confiance des consommateurs. Des études montrent que la RSE peut augmenter la satisfaction des consommateurs de 23 %, soulignant son impact positif tant sur la performance commerciale que sur le bien-être de la société. A mesure que les entreprises assument un rôle croissant dans le développement, les investissements guidés par la RSE dans l’éducation, la santé et la durabilité environnementale deviennent des éléments essentiels de leurs stratégies.

Le marché des obligations vertes s’est rapidement développé en réponse à la demande croissante de solutions de financement durable. Selon la Banque mondiale, le total cumulé des obligations vertes, sociales, durables et liées à la durabilité (GSSS) émises sur le marché a atteint 5 700 milliards de dollars en 2024, reflétant une tendance plus large des investisseurs à rechercher des instruments financiers responsables sur les plans environnemental et social. Les obligations vertes financent des projets tels que les énergies renouvelables, les transports propres et la résilience climatique, contribuant ainsi à faire progresser les objectifs mondiaux en matière de durabilité. À mesure que les institutions financières et les entreprises adoptent ces stratégies d’investissement, le financement durable devient une force de plus en plus influente dans le financement du développement.

Implications pour le financement du développement
Le passage de l’aide gouvernementale traditionnelle aux sources de financement privées et d’entreprise présente à la fois des opportunités et des défis. Les fondations privées et les entreprises apportent souvent des approches innovantes et une plus grande efficacité aux projets de développement, en tirant parti des technologies et de l’expertise commerciale pour obtenir des résultats concrets.

Contrairement aux structures d’aide traditionnelles, souvent lentes et bureaucratiques, les initiatives du secteur privé sont généralement plus agiles, permettant une mise en œuvre rapide de nouvelles idées. De l’utilisation de l’intelligence artificielle pour améliorer les services de santé à l’introduction de solutions fintech pour favoriser l’inclusion financière, ces organisations ouvrent de nouvelles voies pour relever les défis mondiaux. En combinant des stratégies guidées par le marché avec des objectifs d’impact social, elles transforment profondément le paysage du financement du développement.

Cependant, à la différence de l’aide publique, les financements philanthropiques et issus de la RSE ne sont souvent pas soumis à des normes standardisées de redevabilité, suscitant des inquiétudes quant à leur alignement avec les besoins réels des communautés bénéficiaires. Bien que les fondations et les entreprises mettent en avant la transparence à travers des rapports annuels et des évaluations d’impact, il n’existe pas de cadre mondial unifié permettant d’évaluer l’efficacité de ces initiatives.

Cela soulève des questions sur l’utilisation réelle de ces fonds : visent-ils à maximiser les bénéfices à long terme ou servent-ils principalement des objectifs de communication d’entreprise ? Renforcer les mécanismes de contrôle et encourager la collaboration entre les donateurs privés et les parties prenantes locales pourrait contribuer à garantir une utilisation responsable et équitable de ces ressources.

Objectifs de développement durable (ODD)
Le monde est confronté à un déficit de financement colossal de 4 200 milliards de dollars pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD), un défi aggravé par le recul de l’aide gouvernementale. Les entreprises interviennent de plus en plus à travers des initiatives environnementales, sociales et de gouvernance (ESG) afin de contribuer à combler ce manque.

En orientant les capitaux vers des investissements durables — tels que les projets d’énergie renouvelable, les programmes d’adaptation au changement climatique et les entreprises sociales —, le secteur privé joue un rôle essentiel dans l’avancement des ODD. Pour que ces contributions soient véritablement transformatrices, elles doivent s’aligner sur des stratégies de développement à long terme et être soutenues par des cadres réglementaires solides garantissant redevabilité et efficacité.

L’évolution du paysage du financement du développement marque un tournant critique dans les efforts mondiaux visant à promouvoir un développement durable. Si le recul de l’aide gouvernementale traditionnelle représente un défi majeur, l’essor des fondations privées et des initiatives de RSE offre de nouvelles voies de financement et d’innovation.

Il est impératif de mettre en place des cadres robustes favorisant la redevabilité, la transparence et la collaboration entre toutes les parties prenantes afin de garantir que ces contributions répondent efficacement aux besoins du développement mondial. Un effort concerté est indispensable pour atteindre les objectifs ambitieux fixés dans le cadre des Objectifs de développement durable.

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Alerte et mobilisation autour de la modernisation des infrastructures routières , Kinshasa au bord de l’asphyxie : Chardin Ngoie sonne l’alarme pour une révolution des infrastructures !

 Entre embouteillages monstres, routes dégradées et absence de planification urbaine, la capitale congolaise étouffe. Le défenseur du civisme routier, Chardin Ngoie, appelle à une mobilisation nationale pour sauver Kinshasa du chaos.

Kinshasa, Léopoldville, la capitale congolaise, jadis symbole d’espoir et de modernité pour l’Afrique centrale, est aujourd’hui prisonnière de ses propres routes et désordres routiers. Les embouteillages interminables, l’usure des infrastructures et le manque criant de vision urbanistique menacent l’activité économique et le bien-être des citoyens.

Au cœur de cette crise silencieuse, une voix s’élève, celle de Chardin Ngoie, militant du civisme routier et figure engagée dans la défense des droits des chauffeurs. Face à l’urgence, il tire la sonnette d’alarme et appelle les plus hautes autorités du pays à une prise de conscience collective : « Ce que Kinshasa vit n’est plus un simple désagrément quotidien, c’est un péril urbain qui impose des solutions urgentes. »

Un système routier à l’agonie

La situation est devenue insoutenable. A n’importe quelle heure de la journée, des files interminables de véhicules s’étendent sur des kilomètres, souvent à cause de nids-de-poules béants, de carrefours mal aménagés, pas d'arrêts et parkings modernes ou l’absence d’alternatives viables comme des échangeurs et voies de déviation.

Pour M. Ngoie, « la ville souffre d’un urbanisme révolu, figé dans un schéma des années 1960, alors qu’elle accueille aujourd’hui plus de 17 millions d’habitants. »

Une mobilisation nationale urgente s’impose, avec la militarisation des travaux publics nuit et jour, l'implication du génie militaire, génie de la police, les bâtisseurs du service national ainsi que la participation citoyenne à partir de nos avenues avec les comités locaux de développement.

Dans sa plaidoirie, Chardin Ngoie n’incrimine pas uniquement le passé, mais appelle résolument à l’action à travers notamment, l’établissement d’un Plan Directeur Routier ambitieux et réaliste ;

la création d’une Autorité Métropolitaine de la Circulation pour mieux coordonner les flux ; la promotion du civisme routier à travers l’éducation routière, les campagnes de sensibilisation, vulgarisation des textes et des sanctions ciblées ; l’accélération des partenariats public-privés pour le financement et la maintenance des routes.

Un appel à la gouvernance visionnaire

C’est aux décideurs que ce cri s’adresse en priorité. Le Président de la République, Madame la Première Ministre, tous les ministères clés et le Gouvernorat de Kinshasa sont appelés à rompre avec l’inertie. « Il est temps de voir Kinshasa comme une capitale continentale, qui mérite l'observance du civisme routier, des routes dignes, des viaducs, une fluidité moderne, la traçabilité des amandes transactionnelles, taxe de stationnement et une stratégie durable », insiste-t-il.

Chardin Ngoie conclut : « Il ne s’agit plus de réparer quelques artères, mais de repenser la ville. Sauver Kinshasa aujourd’hui, c’est éviter la paralysie nationale demain».

Pros.

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‘‘RDC- ALSOC’’ interpelle tous les compatriotes congolais sur les 65 ans d'indépendance du pays

A l'occasion de 65 ans d'Indépendance de notre pays, l'Alliance des Leaders de la Société Civile de la " RDC - ALSOC- " en appelle à la conscience de tous les compatriotes congolais de toutes les tribus, de toutes les opinions politiques et religieuses, tous à leurs titres et qualités.

Le Mois de Mai, mois de Marie pour nous les catholiques. Mais pour la RDC, mois des turbulences et des renversements des systèmes politiques. Il y a 3 jours, c'était le 17 mai rappelant 1997, date de la chute et de la fuite du pays de celui qui avait pris le pouvoir par un coup d'État le 24 novembre 1965. Aujourd'hui, le 20 mai 2025, date choisie par le Sénat pour interpeller celui qui avait assuré "une passation pacifique du pouvoir", suivant "un compromis à l'africaine", comme l’a prétendu la Communauté internationale ! La " passation pacifique du pouvoir " a cédé la place à une gestion tumultueuse et conflictuelle du pouvoir.  Celui qui a cru fuir l’eau de pluie est allé tomber dans un fleuve.

Aujourd'hui, 20 mai 2025, l'ALSOC convie chacun à réfléchir sur son sort de demain. La vie communautaire exige le bon vivre ensemble, le respect des bonnes manières, de l'éthique et des engagements. Abandonnons ce dangereux principe qui prête à dire qu'en politique il n'y a pas d’éthique, pas de morale, pas de bon sens. Une personne qui agit sans peur ni honte est très dangereuse pour la République (la Res publica). Lorsqu'il y a plusieurs personnes qui sont sans foi ni loi, sans honte ni peur, la République est en danger et en péril. C’est le cas pour notre pays, la RDC aujourd’hui.

Lorsque nous tenons un couteau du côté de la manche, nous nous moquons de toutes ces valeurs positives ; quand il y a retournement de la situation ou des positions, nous en appelons au Ciel : « Nzambe, talela biso likambo oyo ! ».

Saint Augustin a dit : "Dieu qui nous a créés sans nous, ne pourra pas nous sauver sans nous-mêmes". Mzee Laurent Désiré Kabila prônait l'auto-prise en charge en disant : "Prenons-nous en charge" et "ne jamais trahir le Congo".

Cela mérite une méditation pour celui qui a "cédé le pouvoir" et pour celui qui "a reçu le pouvoir". La roue tourne et continuera à tourner. Quelle sera la position de chacun au prochain tournant ? Dieu seul le sait. L’avenir n'appartient à personne. Alors, n’allons pas vite en besogne.

Bonne célébration de la date du 20 mai aux frères et sœurs du MPR ; cette date qui, aujourd'hui passe sous silence alors qu'hier Nsele était sous le rythme de Djalelo.

Ainsi va la vie politique.

Kinshasa, mardi 20 mai 2025.

Pour l'ALSOC,

Jean-Marie Ntantu-Mey

Promoteur - Coordinateur

Artiste - Écrivain

Penseur libre.

Auteur du recueil de poèmes "Pensée libérée et libératrice" (disponible au Centre Culturel Congolais Kiese - Mey de Saint Moulin).

Il y a aussi un Essai critique du Prof Kabongo Bujitu (d’heureuse mémoire) sur ce recueil.

‘‘RDC- ALSOC’’ interpelle tous les compatriotes congolais sur les 65 ans d'indépendance du pays
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Chroniques ‘’Balises’’ ,Processus de Washington : Tshisekedi et Trump en fin mandat en 2028 !

(Par Omer Nsongo die Lema)

Selon la Constitution des Etats-Unis, même de retour à la Maison Blanche en 2024 après son premier mandant en 2016, Donald Trump n'a pas droit à un second mandat qui deviendrait un troisième. Ainsi, le 20 janvier 2029, il va devoir quitter pour de bon le Bureau Ovale. Quant à Félix Tshisekedi, il ne saura plus être candidat à la présidentielle de décembre 2028. Le même 20 janvier 2029, il devra quitter le Palais de la Nation ou le Mont-Ngaliema. Moralité : le Processus de Washington, dont on ne parle qu'en termes d'exploitation minière en contrepartie de la sécurité, va impacter l'environnement politique congolais. Raison suffisante pour que les sociétaires de l'USN et les caciques de l'UDPS sachent lire les signes des temps. En s'inspirant du cas ukrainien, même si comparaison n'est pas raison…

Se montrer trop dur à l'égard du Chef de l'Etat congolais

Une fatalité ? Pas du tout. Au lendemain de son investiture, Donald Trump a décontenancé l'Ukraine en particulier, l'Union européenne en général, en posant le problème du statut du président Volodymyr Zelensky !

En effet, de Mar-a-Lago (résidence et site historique national américain situé à Palm Beach, en Floride), il a reproché à son collègue ukrainien le défaut de légitimité électorale, le scrutin prévu en mars 2024 n'ayant pas été tenu à cause de la guerre. « Nous sommes dans une situation où il n'y a pas eu d'élections en Ukraine, où il y a la loi martiale, où le dirigeant ukrainien, je déteste le dire, mais il a un taux d'approbation de 4 % », a-t-il déclaré.

Le 18 février 2025, il lui a balancé cette phrase assassine : « Il refuse d’organiser des élections, est très bas dans les sondages ukrainiens, et la seule chose pour laquelle il était doué était de manipuler habilement Biden. Un dictateur sans élections, Zelensky ferait mieux d’agir vite ou il n’aura plus de pays ».

Certes, la « crise » a été résolue rapidement, et l'intérêt pour les affaires renforcé. Mais, la leçon est à retenir. Car s'il a traité ainsi le Président de l'Ukraine - pays où les États-Unis ont déversé une centaine de milliards de dollars (lire ci-dessous), c'est qu'il n'hésiterait pas de se montrer dur à l'égard du chef de l'État congolais qu'il recevra prochainement à la Maison Blanche pour la signature de l’accord tripartite États-Unis, RDC et Rwanda en gestation.

L'administration Trump fera attention à la dynamique du terrain

C'est pour dire aux Tshisekedistes - toutes catégories confondues - que l'enjeu économique et sécuritaire fondé sur l'exploitation des minerais stratégiques aura certes plus d'importance pour l'administration Trump que l'enjeu électoral. Cependant, il serait illusoire de croire le chef d'État américain appuyant son homologue congolais dans un schéma électoral autre que celui prévu dans la Constitution. Entendez la convocation du corps électoral 90 jours avant la tenue du scrutin en décembre 2028. Évidemment, cela dans l'éventualité du maintien du second et dernier mandat en cours.

En cas d'un nouveau schéma (par exemple celui issu d'un dialogue), l'administration Trump fera attention à la dynamique du terrain. Elle en prendra acte.

Adopter le langage de la vérité

En attendant, contrairement à l'annonce faite d'investissements américains de l'ordre de USD 500 milliards - on ne sait trop qui a pondu une telle énormité - il est utile pour la communication Udps d'adopter le langage de la vérité.

Depuis par exemple le début de la deuxième guerre du M23, cette communication n'a obéi qu'à la logique de la loi du Talion, entendez envahir le Rwanda, en chasser le « dictateur Kagame » et même annexer ce pays à la RDC. Elle n'a pas pris conscience de jouer le jeu de l'ennemi. Elle n'a pas su qu'aux États-Unis, ce petit Rwanda-là a des lobbies puissants autant chez les Démocrates que chez les Républicains. Chez les Démocrates, avec un certain Peter Pham, très proche de Paul Kagame. Il est réputé pro-démembrement de la RDC. Chez les Républicains, un certain Herman Cohen. Il continue de déclarer à qui veut l'entendre que le Kivu appartient au Rwanda !

Le premier round du Processus de Doha Gouvernement-M23 le 23 avril 2025 a pris de court la Communication du régime congolais. Et le premier round du Processus de Washington le 25 avril a suffi de convaincre tout le monde de ce qui s'apparente à un maternage du Rwanda par les États-Unis.

Il s'agit d'une désillusion qui appelle maintenant à la sagesse, au pragmatisme.

Et comment !

Les USA sont une puissance économique, monétaire et financière incontestable. Ils gardent intactes leurs capacités d'imposer dans le monde leur volonté. Cela est indéniable.

Mais, ils sont tenus au devoir d'adaptation car ils ne sont plus le seul décideur de la marche du monde depuis la Perestroïka en 1989. D'autres puissances ont émergé, les unes s'alignant sur Washington, les autres s'y opposant même frontalement. La volte-face américaine après le bras de fer avec la Chine à propos des tarifs douaniers en est l’illustration.

C'est alors rêver debout que de voir ou de croire l'Amérique programmer des investissements de l'ordre de 500 milliards de dollars dans un seul pays, soit-il la RDC avec ses ressources naturelles extraordinaires.

En Ukraine, l'enveloppe globale disponibilisée jusqu'au 31 décembre 2024 était de USD 119,1 milliards dont USD 66,8 milliards pour les équipements militaires, USD 48,5 milliards au titre d'assistance financière et USD 3,5 d'assistance humanitaire, chaque enveloppe accordée à l’Ukraine ayant fait l’objet d’un vote au Congrès américain, signale TF1 Infos dans une dépêche de 20 février 2025 comportant cet ajout significatif : « l’aide américaine ne constitue pas non plus un don, contrairement à ce que dit Donald Trump. Une loi prêt-bail a été votée aux États-Unis, qui a été calquée sur ce qu’avait fait le président Roosevelt pendant la Seconde Guerre mondiale et qui doit permettre le remboursement par Kiev à la fin de la guerre ».

Ainsi, les Américains font assurer ce remboursement notamment par l'exploitation des minerais stratégiques de ce pays.

Pour la RDC, les investissements américains publics ne sont même plus à prendre en compte. La suppression de l'USAID est un signal fort, capté du reste 5/5 par le Gouvernement congolais.

Quant aux investissements privés, ils pourraient ne même pas dépasser dix milliards d'ici à l'échéance 2028, à raison de USD 3, 5 milliards l'an, Corridor de Lobito compris. D'ailleurs, la disponibilisation des financements peuvent être mise en stand bye, le temps d'observer la météo politique en RDC et dans la région. C'est important de préparer la population à ces réalités.

Compter d'abord sur des institutions fortes

Autrement, le moment venu, la Communication du régime aura du mal à trouver des mots pour convaincre l'opinion de n'avoir pas été abusée !

Dans la rue, le message véhiculé consciencieusement par cette com est celui des Américains qui viennent sauver Soldat Fatshi pour l'accompagner dans la réalisation de sa vision, respect de la Constitution ou pas, premier mandant de la IVème ou pas, 3ème mandat ou pas.

Or, pour sécuriser leurs intérêts, les Américains ont tiré de la Guerre froide cette leçon érigée en principe : ne compter d'abord que sur des institutions fortes, des institutions qui fonctionnent selon les règles établies...

L'exemple pourrait déplaire, mais il nous est familier parce que proche dans l'actualité : sans être un modèle recommandable de démocratie, le Rwanda d'un certain Paul Kagame a ce genre d'institutions, malgré son type d'élection du Président de la République au suffrage universel direct. De même que l'Angola d'un certain Lourenço, malgré son type d'élection du Président de la République au second degré, en a ! L'essentiel est le fonctionnement régulier des institutions.

On ne peut pas en dire autant de la RDC lorsque - juste un exemple - le Premier ministre, pourtant chef du Gouvernement, reçoit du Président de la République des...instructions ou voit ce dernier instruire les autres membres du Gouvernement en sa présence. Il y a là défaut de fonctionnement de l’ordre institutionnel.

« Honi soit qui mal y pense ! ».

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Révolution de la conscience révoltée, Obasanjo n’est pas le bienvenu en RDC : le peuple congolais ne veut plus de complices silencieux

(Par Jonas Tshiombela, Avocat du Peuple)

Kinshasa, 03 mai 2025. L’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, présenté comme un « sage » par l’Union Africaine, incarne aujourd’hui aux yeux de nombreux Congolais une figure de plus en plus décriée, voire rejetée. Son éventuelle venue en République Démocratique du Congo, dans le cadre des efforts de paix pour l’Est du pays, suscite une vive inquiétude et une ferme opposition. Pourquoi ? Parce que le peuple congolais ne veut plus de médiateurs silencieux face au crime.

Obasanjo n’est pas neutre.

Sa proximité avec l’ancien président Joseph Kabila, scellée notamment dans l’accord obscur de mars 2023, laisse planer un doute sérieux sur la sincérité de son engagement pour la paix en RDC. Pire, il n’a jamais élevé la voix contre les exactions du M23, ni contre le soutien avéré que ce mouvement rebelle reçoit du Rwanda et de l’Ouganda. Pas un mot sur les viols, les massacres, les déplacements massifs et les pillages de ressources que subissent nos populations depuis des années.

Peut-on faire confiance à un homme qui, face à tant d’atrocités, choisit le silence ? Peut-on encore croire à une médiation menée par quelqu’un qui n’a jamais condamné les bourreaux de notre peuple ?

Le peuple congolais n’est pas dupe.

Derrière le masque de la diplomatie, il voit les compromissions, les jeux d’intérêts et les réseaux opaques. La RDC a trop souffert de ces médiations biaisées qui, sous couvert de paix, ont souvent consolidé l’impunité et la prédation.

Nous appelons les autorités congolaises à rester fermes. La souveraineté de notre nation ne doit pas être bradée au nom de consultations diplomatiques douteuses. Si Obasanjo tient à fouler le sol congolais, qu’il le fasse en tant que témoin des douleurs que son silence a cautionnées, et non comme artisan d’une paix qu’il n’a jamais véritablement défendue.

Nous appelons aussi le peuple congolais à la vigilance. Si cette visite se confirme, des actions citoyennes, légales et pacifiques doivent être entreprises pour exprimer notre rejet. Car accueillir Obasanjo aujourd’hui, c’est insulter les victimes de Goma, de Bunagana, de Rutshuru, de Kishishe… C’est faire une place à la complaisance là où nous avons besoin de justice.

Le temps est venu d’exiger des médiateurs responsables, courageux et intègres. Le temps est venu de dire NON à l’hypocrisie diplomatique. Obasanjo n’est pas le bienvenu en RDC.

Révolution de la conscience révoltée, Obasanjo n’est pas le bienvenu en RDC : le peuple congolais ne veut plus de complices silencieux
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Accord américain sur les minerais congolais : Qu’en pensent les Congolais ?

(Par le Prof. Patience Kabamba)

En 2009, je faisais le post doctorat à Emory University, à Atlanta. J’étais invité à l’université Johns Hopkins à Washington DC pour répondre à l’ancien secrétaire pour l’Afrique, monsieur Herman Cohen. Ce dernier défendait la thèse selon laquelle l’État congolais devrait laisser le Rwanda exploiter les minerais du Congo et payer les redevances. Il avait même eu une pique contre l’ancien président Nicolas Sarkozy qu’il accusait d’avoir volé son idée. En effet, le président français avait dit la même chose quelques mois auparavant. Ma réponse à monsieur Cohen était simple et claire. Votre proposition est économiquement plus rentable et plus efficace que le statu quo conflictuel que l’on connaît pour le moment. Malheureusement, le Congo n’est pas uniquement un espace économique – un espace extractif – mais plutôt un espace politique et social. La manière d’organiser une entité extractive est complètement différente de la manière d’organiser un espace politique. L’efficacité politique concerne la gestion des ambitions sociales, de la formation de la jeunesse et du repos paisible des anciens. L’efficacité économique se réduit à l’augmentation des revenus et des bénéfices ou au produit intérieur brut (GDP). Ma réponse n’avait pas plu à monsieur Herman Cohen. Il m’a rétorqué que je n’étais qu’un post-doc. C’est-à-dire que ma réponse n’avait pas beaucoup de valeur, car, selon lui, je n’avais pas le titre qu’il fallait pour le contredire. C’était pour lui une manière de botter en touche et d’éviter de regarder le reflet du miroir que je lui renvoyais.

Depuis le 25 avril 2025, le principe que défendait Herman Cohen a été amélioré et est devenu la doctrine de l’administration Trump pour arrêter le conflit qui dure déjà plusieurs décennies au Congo en proposant des bénéfices extractifs. Le résumé de l’accord de principe est que les Rwandais et les Congolais devraient travailler ensemble pour extraire les minerais de l’est du pays. La proposition de Cohen était de laisser le Rwanda exploiter les minerais de l’Est et de payer les redevances à la RDC. Pour le présent accord, le Rwanda et le Congo l'exploiteront ensemble et chacun prendra sa part des bénéfices. Le but est d’obtenir une paix entre les deux pays en les faisant collaborer dans l’exploitation minière de la partie est du pays. Pour permettre la faisabilité de ce projet, les USA promettent d’y injecter 200 milliards de dollars pendant 5 ans, en raison de 40 milliards de dollars par an. Cet argent permettra d’intégrer ce projet et de rendre la région non seulement pacifique, mais aussi prospère.

Maintenant, il y a eu plusieurs réactions auxquelles je ne voudrais pas revenir entièrement. Pour les uns, cet accord consacrerait le bradage des richesses du Congo en échange de la protection d’un régime. Ceux qui réfutent cet accord trouvent que l’on a fait la part belle au Rwanda qui nous agresse depuis des lustres sous le prétexte de la recherche des FDLR qui font plus de mal au Congo qu’au Rwanda. L’argent des Américains n’arrangerait pas les relations du Congo avec le Rwanda, qui sont détériorées depuis plusieurs décennies. C’est une illusion de les refaire par le biais de l’économie.

Les soutiens de cette proposition américaine pensent que, selon les chaînes de valeurs, le Congo pourrait profiter de cet accord. L’extraction minière pourrait être à la base de la création d’emplois pour les Congolais. Cependant, pour que les Congolais profitent au maximum de la couverture financière américaine, il faut qu’une grande partie des Congolais reçoivent une formation technique capable de leur rapporter suffisamment de revenus. Au lieu d’être de simples ouvriers ou manœuvres, les ingénieurs congolais doivent être au cœur de cette exploitation minière. Pour cela, il faut les former. L’argent américain pourrait servir à la formation de la jeunesse congolaise aux métiers de l’exploitation minière ; d’ingénieurs des ponts et chaussées pour améliorer les routes dans toute la république, pas uniquement sur les lieux d’extractions minières. Les minerais permettront donc de résoudre les problèmes des infrastructures congolaises. Les supporteurs de ce projet pensent que des infrastructures routières, ferroviaires et aéroportuaires construites avec l’argent américain et qui couvriraient tout le territoire national relèveraient le niveau des revenus des Congolais. Bref. Les tenants de cet accord pensent que l’élément économique supplanterait les réticences sur la question de souveraineté. Ils pensent qu’une économie intégrée dans l’est du pays bénéficierait aux deux pays et éviterait les conflits pour se concentrer sur la production économique qui relèverait le niveau de vie dans les deux nations.

Le MDW aimerait voir comment les deux types d’arguments pourraient être combinés. Comment garder sa souveraineté nationale d’une part et profiter des richesses du pays qui seront exploitées en commun accord avec le Rwanda ? L’équation n’est pas d’une part une souveraineté dans la pauvreté et d’autre part une prospérité qui conduirait à la perte de la souveraineté nationale. Il existe des situations de zones franches dans le monde, mais celles-ci n’entament en rien la souveraineté politique et administrative de ces entités fonctionnant en zones franches.

Le caviar est que nous n’avons pas uniquement à faire à des espaces d’extractions minières. Les Kivus, le Maniema, l'Ituri et la province orientale sont constitués d’une diversité de populations qui vivent ensemble dans une relative harmonie offerte par la constitution congolaise. La présence des populations rwandaises dans le sol congolais a perturbé l’équilibre ethnique ; et l’incursion des militaires rwandais à l’est du Congo sous prétexte de la poursuite des FDLR, des Rwandais accusés d’être responsables du génocide de Tutsi en 1994 au Rwanda alors qu’ils n’avaient à l’époque que dix ans. Le Rwanda est aussi accusé de soutenir une rébellion congolaise qui remet en question le régime congolais en place.

D’après l’accord de principe signé le 25 avril 2025, le Rwanda devrait retirer son soutien au M23. Mais ce dernier est devenu une force autonome capable de prendre des villes dans le pays. En dissociant le M23/ADF du Rwanda, le régime congolais n’enlève pas l’épée de Damoclès qui pend sur la tête de ses dirigeants. L’accord ne parle pas des rébellions congolaises. Il est basé sur le principe selon lequel une prospérité économique réduirait drastiquement les risques de confrontations militaires. Un point de vue que le MDW ne partage pas, car la souveraineté, le sens de l’appartenance et le vivre-ensemble sont des éléments au-delà de l’économique. Les économies politiques sur lesquelles est construit cet accord ne font que sanctionner les décisions que la dialectique des forces productives demande d’exécuter. Cependant, nous devons nous rappeler aussi que l’histoire a du sens et qu’elle a un sens. L’auto-abolition de la valeur de l’argent fera resurgir les relations qui n’ont été construites que sur les bases économiques. Les Congolais doivent préparer une expertise nationale et financière pour être capables de se prendre en charge demain, et cela ne peut pas se faire dans un contexte de prédation endémique qui caractérise le Congo. Ce deal est temporairement le seuil dialectique de l’histoire, mais il exige du Congo un préparatif militaire, politique et des compétences techniques pour devenir maitre de son avenir dans un futur proche.

Accord américain sur les minerais congolais : Qu’en pensent les Congolais ?
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