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Claudel-André Lubaya : « Chérubin Okende, crime d’Etat, crime de sang »

 « Les tragédies révèlent souvent les grands hommes ; ce sont les médiocres qui provoquent les tragédies ». Ainsi parlait Thomas Sankara, à la veille de son assassinat.

Ce jeudi 29 février 2023 en RDC, sur les ruines de ce qui reste encore de l’Etat, d’une République en déliquescence, ont été érigés côte à côte, le monument de l’infamie et la stèle du déshonneur, en souvenir impérissable du pouvoir en place, que rien n’excuse ni ne dédouane dans l’odieux assassinat de Chérubin Okende.

Point de doute. La thèse fumigène du procureur ne convainc ni ne rassure. Elle ne répond pas à la question principale, à savoir « pour quelles raisons et dans quelles circonstances le défunt a-t-il trouvé la mort ? ». Elle semble en effet plus proche du théâtre que la réalité.

Comment Chérubin Okende, qui chérissait la vie, pouvait-il la détruire en se suicidant de plusieurs balles, avec un fusil AK47, pour ensuite aller garer sa voiture alors qu’il était déjà mort ? Où sont les conclusions de l’autopsie ? Que sont devenus son garde du corps et son chauffeur qui étaient mis en détention comme premiers suspects ? Qu’ont-ils dit dans leurs dépositions ? Qui d’autre a été entendu, en dehors des membres de sa famille, dans le cadre de l’enquête ? Personne. Qui d’autre est soupçonné, dans le cadre de l’enquête ? Personne.

Puisqu’il n’y a jamais eu de crime parfait, la sortie médiatique du procureur n’a fait que confirmer ce que tout le monde savait sur la responsabilité de l’Etat dans cette tragédie. Le reste n’est que  diversion. « Le coupable est celui à qui le crime profite », disait Sénèque.

Affirmer sans vergogne que Chérubin Okende, retrouvé corps et véhicule criblés de balles, « se serait suicidé », et donc serait responsable de sa propre mort, n’est que mépris pour sa vie. Il s’agit d’un crime de sang, un crime d’Etat, un affront au bon sens le plus élémentaire, une insulte à la mémoire du défunt et une tâche de boue qui couvriront à jamais de honte le pouvoir qui, jusqu’au bout, aura tenté sans y parvenir de maquiller cet assassinat.

C’est de la méchanceté à l’endroit de sa veuve, ses enfants, ses parents, ses frères, ses sœurs bref sa famille, ses collègues et camarades, ses amis et connaissances ! La méchanceté, c’est de faire aux autres, ce qu’on n’accepterait jamais de subir. Cette annonce prive Okende de toute voie de recours, de tout procès, de toute justice de même qu’elle sonne le glas d’un pays dont le principal dirigeant avait déclaré la mort et tout récemment, annoncé la maladie de ce qu’il reste de la justice. Oui, la justice n’est pas malade d’elle-même. Elle l’est du fait de son chef suprême, qui l’infantilise et manipule à sa guise, pour en faire son outil de puissance personnelle et son arme de chantage au service de la terreur.

Il s’agit enfin d’un mauvais signal pour la Nation, qui accentue sa fragmentation et compromet toute perceptive de réconciliation. Ce signal indique que la RDC s’enfonce dans de sombres moments de son histoire avec la terreur qui s’installe et s’intensifie désormais au sein d’une  classe politique tétanisée, obligée de se taire ou de faire des courbettes pour accéder aux privilèges indus. Ce sont les mêmes méthodes autrefois utilisées par Mobutu, dès son avènement au pouvoir en 1965 ; lesquelles lui avaient permis de se débarrasser dans l’impunité et le silence quasi absolu des pays étrangers, de toute opposition réelle ou supposée à son temps, ceux des hommes politiques qui s’étaient montrés réticents à ses méthodes et pratiques finirent soit pendus sur la place publique, soit sommairement exécutés à l’ombre à défaut d’être contraints à l’exil. C’était le début de la dictature sanguinaire au Congo Kinshasa.

Curieusement, les mêmes méthodes refont surface, sous le régime du président Tshisekedi, et dans le même but qu’autrefois : imposer la terreur, susciter la peur et réduire au silence toute opposition à son pouvoir pour qu’il reste, à l’instar de Mobutu : L’Homme Seul, L’Autocrate, Le méchant Dictateur. Et puisque les mêmes effets, la suite, personne ne l’ignore. Un pouvoir qui utilise la justice à des fins politiques, pour diffamer les dissidents et les réduire au silence, qui use des invectives, de la brutalité, suscite la peur, entretient des milices partisanes, réprime les libertés et assassine ses opposants n’est rien d’autre qu’une dictature sanguinaire.

André Claudel Lubaya

Député National Honoraire

Claudel-André Lubaya : « Chérubin Okende, crime d’Etat, crime de sang »
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Chronique de Jean-Baptiste Placca : «Guerre de prédation» dans l'Est de la RDC

 

Jean-Baptiste Placca, éditorialiste à RFI, en 2020. © RFI/Pierre René-Worms

Par rapport à la violence et à l'insécurité dans l'Est du Congo, le Rwanda et la RDC n'en sont plus à une violence verbale près. C'est le comble du dialogue de sourds. Si tant est que l'on puisse parler de dialogue. Et cela rend le pire possible, hélas !

De plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer l’implication du Rwanda dans la violence des rebelles du M23 et l’insécurité dans l’Est de la RDC. Les Congolais, opposants y compris, dénoncent, tout comme le président Félix Tshisekedi. Les organisations humanitaires aussi, et même les Etats-Unis, la France, et quelques poids lourds de l’échiquier diplomatique mondial. Paul Kagame serait-il au pied du mur?

Il semble que le vent soit en train de tourner, en tout cas, et les dénégations rwandaises convainquent de moins en moins. D’ailleurs, Kigali, désormais, se concentre davantage sur la source du mal, à supprimer, en faisant valoir que le Rwanda est aussi victime de l’insécurité à sa frontière avec la RDC. Les Rwandais accusent l'administration Tshisekedi de tenir des discours de haine et de tribalisme, et même d’être de connivence avec les FDLR, liées au génocide contre les Tutsis au Rwanda en 1994, et coupables d’arrestations et de tueries ciblées, aujourd’hui, alors qu’ils seraient pleinement intégrés dans les forces armées congolaises. Concrètement, si le M23 est un problème, alors, il relève de la responsabilité de la RDC, incapable de protéger les droits et les vies des Tutsi congolais, et donc responsable des conflits et de l'instabilité dans l'ensemble de la région des Grands Lacs, depuis trente ans. Cela s’appelle un dialogue de sourds, si tant est qu’il y a dialogue.

Félix Tshisekedi et ses relais ne manquent pas de stratégie, pour contre-attaquer…

Oui. Pour discréditer cette vision rwandaise du conflit, Kinshasa ne cesse de marteler que la guerre que mène le Rwanda sur leur territoire est une guerre de prédation. L’accusation n’est pas nouvelle, mais elle est de plus en plus audible. Certes, l’insécurité était la raison invoquée pour justifier l’intervention de l’armée patriotique rwandaise, qui a déstabilisé le Zaïre du maréchal Mobutu Sese Seko, au lendemain du génocide des Tutsis, le contraignant à fuir, pour installer au pouvoir à Kinshasa leur poulain Laurent-Désiré Kabila.

Dans cette guerre pour chasser du pouvoir un dictateur dont le sort n’apitoyait personne, les amis rwandais et ougandais avaient découvert un pays au sous-sol bien appétissant, et il en a résulté une gloutonnerie, qui n’aurait jamais cessé, depuis.

Sur ce point, l’opinion congolaise semble d’accord avec le président Tshisekedi, comme le scandent les manifestants, rappelant avoir, depuis trente ans, assisté, impuissants, au festin de leur terre, avec ses convives se goinfrant sous leurs yeux, capable de violences et d’atrocités, au nom d’un alibi auquel eux ne comprennent rien.

L’on sent, chez Félix Tshisekedi, le désir secret de faire l’unité de son peuple contre ces prédateurs, dont lui n’a aucunement peur. Il veut montrer que son peuple n’est plus aussi vulnérable qu’autrefois. Ce que Paul Kagame interprète comme des intentions belliqueuses. Et l’on tremble, à l’idée les Grands lacs pourraient s’embraser. Il vaut mieux s’en inquiéter à temps.

Pourquoi, alors, certaines puissances tardent-elles à réprouver ce que d’autres reprochent ouvertement au Rwanda?

Pour beaucoup, le Rwanda est, depuis le génocide de 1994, une réelle source de mauvaise conscience. Il n’est pas aisé d’accabler un régime travaillant à remettre sur pied une nation que la communauté internationale n’a pas su protéger. D’où, une indifférence bienveillante.

En plus, dans cette Afrique qui a subi tant de dictatures stériles, la transformation spectaculaire du Rwanda séduit de nombreux peuples, admiratifs.

Le président Kagamé a-t-il pu en déduire que Dieu s’est, pour toujours, mis de son côté ? Possible!

 Mais, l’idée de la prédation dont se plaignent les Congolais est, pour plus d’un, d’autant plus insupportable que cela semble ne jamais devoir prendre fin. Même si que ce sont les Congolais eux-mêmes qui sont allés chercher les Rwandais et les Ougandais pour se défaire de Mobutu.

Et, lorsque Laurent-Désiré Kabila, excédé par la tutelle pesante de ses bienfaiteurs, a fini par les chasser, il a fini par être assassiné, dans son bureau. Un piège sans fin.

Chronique de Jean-Baptiste Placca : «Guerre de prédation» dans l'Est de la RDC
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Des livres pour les Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC) !

*Le Délégué Général à la Francophonie en République Démocratique du Congo (RDC), MABIALA Ma-Umba, invite les auteurs, écrivains et chercheurs congolais qui ont publié récemment sur la vie sociale, politique, culturelle et économique congolaise à prendre contact avec son secrétariat en vue de discuter des modalités d’acquisition de certains de leurs ouvrages.

En effet, grâce à une mise à disposition des fonds du gouvernement, la Délégation Générale à la Francophonie souhaiterait acquérir plusieurs centaines d’ouvrages d’auteurs congolais, dans différentes catégories, afin d’alimenter les Centres de Lecture et d’Animation Culturelle (CLAC) qui sont opérationnels dans différentes provinces. Présentement, il en existe une dizaine dans les villes suivantes : Beni, Bandundu, Bukavu, Butembo, Kalima, Kindu, Kolwezi, Lubumbashi, Matadi, Mbandaka.

Les CLAC sont à la fois des bibliothèques avec plusieurs centaines de livres, des mini-centres culturels avec une salle d’animation et de loisirs ainsi que des ordinateurs et des outils numériques qui ont été mis en place grâce à l’appui technique et financier de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’apport du gouvernement congolais à travers le ministère des Affaires Etrangères et Francophonie, le ministère de la Culture, Arts et Patrimoine ainsi que les entités territoriales décentralisées. Tout en travaillant à redynamiser les CLAC existant, la Délégation Générale à la Francophonie compte ouvrir de nouveaux CLAC à Kinshasa et en provinces afin de   permettre à la population congolaise, en particulier aux jeunes et aux enfants, de disposer d’espaces de lecture et de promotion culturelle.

La Délégation Générale à la Francophonie espère ainsi susciter de plus en plus le goût de la lecture chez les Congolais, notamment les enfants et les jeunes, tout en mettant à leur disposition des supports numériques d’information, de loisirs et de formation.

La Délégation Générale à la Francophonie rappelle que la lecture est un moyen efficace de développer le cerveau, d’acquérir des connaissances et des compétences, d’améliorer la mémoire, de développer les capacités d’analyse et de rédaction, de se former, d’apprendre chaque jour....

La Délégation Générale à la Francophonie est une structure permanente du Ministère des Affaires Etrangères et de la Francophonie qui sert d’interface entre la RDC et les institutions de la Francophonie.

A toutes fins utiles, le siège de la Délégation Générale à la Francophonie se trouve au numéro 2381, Avenue de la Justice (croisement Batetela), dans l’enceinte de la Direction Générale de la SNEL, Commune de la Gombe.

Pour tout contact : + 243 999 985 751 (WhatsApp) - +243 824 852 525 (WhatsApp)

Mabiala Ma-Umba

Délégué Général à la Francophonie - Correspondant National de l’OIF pour la RDC.

Site web : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Tél : +243 82 2628 494 (WhatsApp)

(X) : @mmabiala

 

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