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16 Janvier 2024 : Jean - Marie Ntantu-Mey rend un vibrant hommage à Mzee Laurent-Désiré Kabila !

HOMMAGE A MZee Laurent-Désiré KABILA, 

VRAI PATRIOTE NATIONALISTE !

MZee Laurent-Désiré Kabila, vrai patriote nationaliste,

Au nom des compatriotes de ton esprit et de ta philosophie, nous te rendons un vibrant hommage en ce jour de la 23ème  année de ton odieux et brutal assassinat dans ce bureau où tu nous avais reçu le 26 décembre 2000, 20 jours avant ce drame qui nous a rendu orphelin d’un père idéologique ! 

Oui, MZee, toi qui choisissais tes collaborateurs pour leurs compétences et expertises sans te préoccuper de leurs tribus, de leurs provinces, ni de leurs religions ! Ainsi,  tu fis de nous Ministre d’un très grand Ministère de Transports et Voies de Communications ! Tout ceci sans que nous n’ayions fait aucune demande, aucune démarche. Nous étions au Parlement, à Lubumbashi lorsqu’un de tes collaborateurs, encore vivant, nous invita à Kinshasa. Dans ton bureau du Palais de marbres, en sa présence, tu nous informas que tu venais de nous nommer Ministre. Tu signas l’ordonnance en notre présence et le remis à ton Dircab, Buse Falay (encore vivant) pour lecture à la RTNC. 

Tu nous dis : " Ntantu - Mey, j'ai découvert en toi un révolutionnaire par conviction ; j'ai besoin de toi à mes côtés ; mais il faudra continuer à parler. Tu seras Ministre avec moi - même sans Vice Ministre. Ce poste est supprimé ; etc.’’

Oui, Mzee Laurent Désiré KABILA, les Dirigeants de ton genre sont à recréer , à rechercher pour l'émergence de notre pays . Tu animais des débats sans crainte avec des opposants farouches et des leaders de la Société Civile. C'est ainsi que tu nous avais découvert un 3 janvier 2000. Ton esprit de rechercher des compétences et des expertises sans chercher à connaitre leurs tribus, leurs provinces et leur religions a fait que nous nous sommes retrouvés 6 Ministres du Grand Bandundu, tous de la province du Kwilu (à l'époque District) dont 4 de notre Territoire de Bulungu et 2 du Territoire de Bagata.

Tu nous avais nommé Ministre dans le respect de notre identité de leader de la Société Civile  que nous gardons jusqu'à ce jour, sans nous obliger à adhérer au CPP (Comité du Pouvoir Populaire) 

23 ans après l’assassinat de ton corps ton esprit et ton appel demeurent encore vivants : " Ne jamais trahir le Congo ! "

Repose en paix, Mzee.

Nous ne t'oublierons jamais ! 

Jean - Marie Ntantu - Mey

Mwana nsuka

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Kabasele Tshimanga dénonce le coup monté par la Céni contre l'Aesp-a

Le Président National de l'UDS, Monsieur Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, au meeting du Président FATSHI à Tshikapa

Aux petites heures du dimanche 14 janvier 2024, la Commission Électorale Nationale Indépendante, CENI, a publié les résultats provisoires des législatives nationales.

Comme il fallait s'y attendre, ces résultats sont contestés de part et d'autre.

Dans le cas du Regroupement Politique AESP-A, une situation anormale a été constatée. Ce regroupement politique dont les partis sont membres de l'Union Sacrée de la Nation, a figuré parmi les 44 partis ou regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité d'un pour cent recommandé par la loi électorale. Malheureusement, l'AESP-A s'est retrouvée sans aucun élu. Cette situation inexplicable a poussé le Président National de l'Union des Démocrates Socialistes, UDS, le Sénateur honoraire Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, en tant que membre de la Conférence des Présidents d'AESP-A, à donner son point de vue personnel.

D'entrée de jeu, il exprime sa surprise : "La CENI est terrible. Elle vous aligne sur la liste des partis et regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité mais refuse de vous attribuer les sièges y afférents. C'est du jamais vu! Un autre paradoxe est de voir les partis et regroupements qui ont eu moins de suffrages qu'AESP-A obtenir des sièges. Personne ne peut nous expliquer ce qui arrive à notre regroupement."

Et de poursuivre : "À mon humble avis, il s'agit d'un coup monté contre l'AESP-A par la CENI. Car, le sort réservé à notre regroupement est injuste."

Il ajoute :"Les candidats de l'UDS, mon parti politique, qui se sont mieux placés à Lukunga, Tshangu, Tshikapa et ailleurs, ont été écartés arbitrairement au profit des concurrents moins performants. Allez-y comprendre quelque chose!"

En guise de conclusion, il préconise la saisine de la Cour Constitutionnelle : "Face à cette injustice flagrante, il n'y qu'une seule solution qui se présente à mes yeux. Je propose à notre regroupement de saisir, sans tarder, la Cour Constitutionnelle, laquelle est habilitée à trancher les contentieux nés des législatives nationales avant de proclamer les résultats officiels."

Propos recueillis par Jean Kabeya Mudiela Ndungu/CP

Kabasele Tshimanga dénonce le coup monté par la Céni contre l'Aesp-a
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Fatshi has had a dream

(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite / Université de Kinshasa)

Félix Tshisekedi  has had a dream

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Jean-Marie Mutamba Makombo,  Professeur Emérite / Université de Kinshasa

Pour le lecteur averti, le titre pastiche « I have a dream » et fait un clin d’œil à Martin Luther King. Oui, Fatshi a eu un rêve, et s’est exprimé le 15 novembre 2019 à Berlin lors d’un voyage officiel en Allemagne : « Venez avec nous, et je vous promets de faire du Congo l’Allemagne de l’Afrique ».

On s’est demandé : « Pourquoi l’Allemagne ? ». Fatshi n’a pas parlé de la Belgique, la métropole coloniale, qui a été son deuxième pays de résidence. Il n’a pas parlé de la France, le pays du Siècle des Lumières et des Droits de l’Homme, le pays dont le Congo a adopté la langue officielle.

Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a parlé de l’Allemagne. Pas parce que le 15 novembre est la date anniversaire de l’ouverture de la conférence africaine de Berlin en 1884. Pas parce que l’Etat Libre du Congo, le Free State of Congo, est né à Berlin le 26 février 1885. Mais c’est à cause de l’exemple donné au monde par « le miracle allemand ». Ne voilà-t-il pas un pays né en 1870 à la suite de l’unité allemande, qui a connu deux guerres mondiales qui l’ont laissé exsangue et humilié (1914-1918, 1940-1945).

A chaque fois le pays s’est relevé – et de quelle manière ?

Et il s’est réunifié le 3 octobre 1990. L’Allemagne est devenue le pays le plus peuplé d’Europe, et son économie est devenue la plus puissante en Europe, faisant d’elle la première nation motrice de l’Union Européenne. C’est l’exemple, le paradigme qu’entend suivre Fatshi : Transformer la République Démocratique du Congo en locomotive économique de l’Afrique.

Beaucoup de personnes disent que le Congo n’a pas eu beaucoup de chances : des sécessions à l’origine, un pouvoir autocrate et prédateur qui a entretenu « le mal zairois », des viols, des massacres à l’est du pays, des tentatives d’implosion et des menaces de balkanisation depuis trente ans. Le géant traîne un boulet. Pourtant de nombreux atouts sont là, qui font du Congo un pays convoité parce que « scandaleusement riche ».

Des esprits chagrins Congo bashing ont fait des gorges chaudes du rêve de Fatshi : « Transportez les R.D. Congolais en Allemagne, et versez les Allemands en R.D.Congo. Vous verrez les transformations une génération plus tard ! ».

C’est donc un problème de mentalités. Fatshi n’est pas dupe. Au cours de cette interview, il a reconnu que rien ne pourrait se faire si les réformes en cours ne s’accompagnaient pas d’un véritable changement de mentalités en R.D.C. Il faut nettoyer les écuries d’Augias. Le prédécesseur de Fatshi avait déjà eu à déplorer qu’il ne trouvait pas 15 Messieurs-Dames « Propre «  pour la tâche. Les R.D. Congolais doivent acquérir le sens du TRAVAIL et de la DISCIPLINE propre aux Allemands.

Ce n’est pas impossible. Je me rappelle qu’en 1997 Laurent Désiré Kabila venait à son cabinet de travail au Palais de la Nation avant 7h30 du matin. La grille était fermée à cette heure-limite. Et tous les collaborateurs qui venaient après étaient pénalisés. Nous en avions pris de la graine.

A bas le défaitisme : « Mosala ya l’Etat esilaka te ! On arrive à 10 heures, et on repart à 14 heures ».

Il y a 32 ans, la Conférence Nationale Souveraine a laissé une boussole. La Commission de l’Ethique a conclu : « La IIIème République sera morale ou ne sera pas ». Il faut éradiquer les antivaleurs qui ont élu domicile dans l’homme et dans la cité. Il faut recourir à une nouvelle « race » de gestionnaires (savoir, savoir-être et savoir-faire ». C’est la condition pour réaliser les prophéties de Frantz Fanon et de Baba Ibrahima Kaké : « L’Afrique est un revolver dont la gâchette se trouve au Congo », « Quand le Zaïre s’éveillera, le monde s’étonnera ».

Je termine comme j’ai commencé, par un pastiche : « KISALU FWETE BANDA ! ».

Jean-Marie Mutamba Makombo

Professeur émérite/Université de Kinshasa

Fatshi has had a dream
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Prison ou Maison Blanche : le sort extraordinaire de Donald Trump

(Par le Prof. Patience Kabamba)

Discuter de la politique américaine est extrêmement difficile car le sujet suscite de nombreuses opinions polarisantes. D’un côté, le Parti démocrate considère Trump, à tort ou à raison, non seulement comme une personne désagréable, mais surtout comme quelqu’un qui n’est pas qualifié pour être président des Etats-Unis parce qu’il est trop grossier, masochiste et superficiel. D’un autre côté, une grande partie des Républicains ne jurent que par Trump, qu’ils soutiennent sondage après sondage  et,  surtout,  accusation après accusation.

Entre les deux partis, un grand pourcentage d’Américains sont encore indécis quant aux prochaines élections. Ils ne sont ni pour Trump ni pour Biden, et cela, pour de nombreuses raisons. L’existence de ces « indécis » montre le niveau de polarisation de l’opinion qui paralyse une certaine partie de l’électorat américain. Il faut aussi ajouter à ce groupe le Parti démocrate, certains sous-groupes, comme les électeurs africains ou latino-américains qui penchent davantage vers Trump que vers Biden. Et au sein du Parti républicain, il y a des anti-Trump qui voteront certainement pour son adversaire s’il y a un remake entre les deux. 

L’ancien président Trump a été accusé  de deux crimes graves par le gouvernement fédéral américain. La possession de documents secrets qui n'auraient pas dû se trouver chez lui. L'incitation à la violence dans la soirée du 6 janvier 2021.

L'Etat de Géorgie l'a également accusé d'avoir faussement allégué une fraude lors des élections de 2020 en Géorgie, et enfin l'Etat de New York le poursuit en justice pour avoir payé le silence d'une prostituée lors des élections de 2016.

Ce qui est le plus surprenant, c'est que toutes ces allégations ne semblent  pas avoir stoppé, du moins dans les sondages, la ferveur d'amour d'un large parti d'électeurs américains pour l'ancien président Trump.

On a l’impression que plus on publie les accusations, plus les gens sont attirés par ce personnage de Trump.

Il est  rare de souligner qu’une personne soit à la fois sur le point d’aller en prison et sur le point d’occuper le siège présidentiel le plus puissant du monde. Il s'agit d'une situation inhabituelle. Comment sommes-nous arriver là?

Nous posons des questions caractéristiques du MDW. Nous avons volontairement laissé de côté l’aspect éthique pour nous concentrer sur la généalogie.  Je partage avec les démocrates l’opinion selon laquelle Trump est un personnage peu sympathique. C'est ce que nous appelons un Hyppolite mal léché.

Je regrette cependant que les démocrates se concentrent uniquement sur le phénomène Trump et ne vont pas jusqu’à se demander ce qui a rendu  Trump possible. Trump, de qui est-il le nom ? 

Dans une condamnation quelque peu esthétique de Donald Trump, les démocrates n’ont pas pris la peine de comprendre pourquoi ce milliardaire a remporté les voix de tant d’Américains ? Au cours des dix dernières années, le pouvoir américain s’est de plus en plus tourné vers l’élite au détriment des autres classes sociales. La division du pouvoir entre les aristocrates a clairement éliminé une grande partie des Américains sans diplôme universitaire.

En fait,  la misère de l'Amérique a été sous-estimée, en particulier dans le Midwest, le Sud et le Sud-Ouest.

De nombreuses familles américaines ont fait défaut sur leurs dettes et ont dû quitter leur domicile car elles ne pouvaient plus payer leur hypothèque. Lorsque j'enseignais à l'Université de Notre Dame dans l'Indiana, dans la ville de South Bend, il y avait des maisons abandonnées. Hormis la ville de Notre Dame où se trouve l'université, toutes les zones entourant South Bend dégagent un sentiment de désolation sociale.

La même chose est arrivée à une ville appelée Jacksonville dans l'Indiana, une ville presque morte qui symbolisait la pauvreté d'une Amérique où les élites se battaient pour autre chose que relever le niveau des plus pauvres.

Les énergies sont occupées par les enjeux de la culture ou de la foi en matière d’avortement. Je pense que Trump a réussi à devenir porte-parole des personnes qui se sentent exclues et marginalisées ; des situations de misère qui sont encore courantes aujourd’hui.

Tous les partisans de Trump ne sont pas stupides ou répréhensibles, et encore moins ceux qui campent sur leurs positions de porteurs d’armes à feu. S'ils ne sont pas scolarisés, ces habitants qui portent sur eux toute la pauvreté américaine ont une intelligence pratique et  cherchent avant tout à offrir un avenir réaliste à leurs enfants.

Trump ouvre  pour eux cette lueur d’espoir ;

C'est ainsi qu'ils se sont accrochés à lui. Les élites qui sous-estiment cette situation condamnent Trump par le biais du système juridique du pays. C’est là que l’on voit la disparité entre les attentes de certains – d’un côté les démocrates et ceux qui sont absolument anti-Trump – et de l’autre les agriculteurs, les petites gens sans diplômes. 

Nous pensons qu'il serait extrêmement sage que les démocrates, s'ils veulent vraiment remporter les élections et s'ils veulent vraiment empêcher Trump de revenir à la Maison Blanche, aient le courage d'évaluer la situation ; l’orientation qu’ils ont donnée à la société américaine, et d’autre part, avoir le courage de parler à Biden pour lui demander de céder la place à quelqu’un de plus jeune et de plus rigoureux pour le remplacer aux prochaines élections.

Trump a compris qu’une grande partie de l’Amérique se sentait marginalisée par les puissants et il a décidé de les protéger. C'est ainsi qu'il a remporté les élections contre Mme Clinton.

Trump est donc le nom de toute cette partie oubliée ou marginalisée de l’Amérique.

A  mon avis, les opinions sur Trump, même en Europe, se limitent à la surface des choses. Il faut dépasser le personnage pour voir l'espoir qu'il porte à ses supporters. Le MDW ne soutient pas Trump personnellement, mais nous sommes attentifs à ceux qui ont rendu Trump possible : les milliers de vies oubliées dans une Amérique élitiste. Ces choses méritent  notre attention.

Prison ou Maison Blanche : le sort extraordinaire de Donald Trump
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Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une réélection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une reelection !

(Une chronique de Chritian Gambotti)

Christian Gambotti, Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage –  Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.)

 

Félix Antoine Tshisekedi pour bâtir un Congo plus fort

Une réélection attendue

Le mardi 9 janvier 2024, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection du président Félix Tshisekedi. Selon les résultats définitifs – proclamés par la cour – le président sortant remporte l’élection avec 73,47% des suffrages exprimés. Lors de la proclamation des résultats provisoires le 31 décembre 2023, une Mission d'observation des Églises catholique et protestante, qui avait effectué son propre comptage, avait noté que le Président sortant s'est « largement démarqué des autres, avec plus de la moitié des suffrages à lui seul ». Est-ce une surprise ? Non.  Les cas d’irrégularité constatés dans certains endroits ne viennent pas contredire la dynamique d’une campagne électorale unitaire qui a permis la réélection de Félix Tshisekedi, seule figure de rassemblement. Les opposants (Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Augustin Matata Ponyo, Delly Sesanga) se sont rencontrés tout au long de 2023 sans être capables de s’entendre sur une candidature unique contre le président sortant et bâtir un programme commun de gouvernement. Parmi les candidats qui méritent le respect, le docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix pour son action auprès des femmes victimes de viols de guerre, ne pouvait pas prétendre être élu : il ne disposait ni des moyens ni des équipes nécessaires pour porter sa candidature auprès des 45 millions d’électeurs et sur l’ensemble du territoire immense de la République Démocratique du Congo, notamment dans des zones reculées, enclavées, difficiles d’accès, De son côté, face à une opposition divisée et des tensions électorales qui ont toujours ponctué l'histoire politique de la RDC, Félix Tshisekedi pouvait compter sur l’appui des 500 partis politiques qui composent l’« Union sacrée pour la nation » et la dynamique unitaire impulsée par les poids lourds de la politique congolaise que sont Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa. Bien avant le 20 décembre, la victoire de Félix Tshisekedi pour un second mandat ne faisait aucun doute.

Félix Tshisekedi, un président qui va s’affirmer 

Après son élection en 2019, Félix Tshisekedi va connaître, pendant 4 mois, une longue période d’incertitude politique, essentiellement marquée par la guerre d’influence que mène contre lui l’ancien président Joseph Kabila. Au bout de 4 mois, la nomination d’un Premier ministre proposé par Joseph Kabila, Sylvestre Ilunga Ilunkamba, venu de nulle part, car en retrait de la vie politique, permet de sceller un accord entre Tshssekedi et Kabila. Est-ce le début d’une véritable alternance au sommet de l’Etat ? Présent à Kinshasa le jour de la nomination de Sylvestre Ilunga Ilunkamba au poste de Premier ministre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, parlera, dans un langage très diplomatique, d’« alternance » réussie. La réalité est plus complexe : le président élu, Félix Tshisekedi, dispose certes des prérogatives importantes que lui confère la Constitution ; mais, Kabila conserve tous les autres leviers du pouvoir, une large majorité au Parlement et, au sein du gouvernement, des ministres qu’il a choisis et qui sont majoritaires ; autre difficulté pour Tshisekedi, à l’Assemblée nationale,  les partisans de Moïse Katumbi, de retour au pays et qui s’oppose à l’accord politique entre Tshisekedi et Kabila, sont nombreux. Comment gouverner dans ces conditions ?

Fin connaisseur de la vie politique congolaise, Félix Tshisekedi sait qu’il lui faut gouverner en s’appuyant sur la coalition des opposants à Kabila, tout en évitant de rester enfermé dans le statut de plus petit dénominateur commun de tous les opposants, un statut qui lui interdit tout avenir politique. De 2019 à 2020, Félix Tshisekedi, tout en donnant le sentiment qu’il accepte cette forme de cogestion du pays, s’attèle à mettre en place l'« Union sacrée de la nation », une majorité qui, en décembre 2020, renversera la majorité constituée autour de son prédécesseur Joseph Kabila. Après deux ans de cogestion du pays par les deux hommes, Félix Tshisekedi peut enfin s’affranchir de la tutelle de Kabila, gouverner seul et décider des grandes orientations des politiques publiques.

Gouverner seul, l’objectif est atteint. Mais, dans quel but ? Une majorité de Congolais et la communauté internationale sont convaincus que Félix Tshidekedi  porte un véritable projet de société qui s’inscrit dans une vision prospective de l’avenir de la RDC avec, comme boussole, le développement. La France tient à manifester son soutien à ce président arrivé au pouvoir de façon pacifique. Elle accordera un programme d'aide de 300 millions d'euros à la RDC pendant les cinq ans du mandat de Félix Tshisekedi. Le 29 avril 2023, à huit mois de l’élection présidentielle, Félix Tshisekedi peut, au Stade des Martyrs à Kinshasa, défendre son bilan et présenter l’« Union Sacrée de la nation », une coalition de 500 partis politiques soutenant sa candidature en vue de sa réélection en décembre. A ses côtés, figurent Vital Kamerhe, Jean-Pierre Bemba et Jean-Lucien Bussa, les trois hommes, qui, par leur engagement sur le terrain, joueront un rôle-clef dans la réélection de Félix Tshisekedi.

Les trois raisons de cette réélection

Je vois trois raisons à cette réélection : 1) lorsqu’il est élu en 2018, Félix Tshisekedi ouvre une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC,  celle d’une alternance démocratique 2) Son bilan est, sur de nombreux points, positif, ce que reconnaît le FMI 3) En 2023, il incarne plus que jamais une figure de rassemblement

A) L’alternance démocratique : une page nouvelle de l’histoire de la RDC

En 2019, deux ans après la disparition de son père, Félix Tshisekedi, porteur d’un nom mythique,  accède à la magistrature suprême à l’issue de la première alternance démocratique que connaît la République Démocratique du Congo. Avec cette alternance démocratique, c’est une page nouvelle de l’histoire politique de la RDC que Félix Tshisekedi se propose d’écrire. Dans l’esprit des Congolais, Félix Tshisekedi est l’héritier politique de son père, Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. Figure emblématique de l’opposition, rival de Mobutu et des Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir. Dans le droit fil de l’héritage politique de son père, en 2011, alors qu’il est élu député, Félix Tshisekedi renoncera à siéger sur les bancs de l’Assemblée nationale, montrant ainsi qu’il refuse de cautionner des institutions qu’il juge « illégitimes ». Elu président, Félix Tshisekedi cherchera immédiatement à redonner toute leur légitimité aux institutions de la République. Effet de cette volonté : malgré les nombreuses difficultés largement documentées, le quadruple scrutin (présidentielle, législatives, provinciales et locales) se tiendra à la date prévue, le 20 décembre 2023. Lorsqu’il est, à partir de décembre 2020, enfin débarrassé du fardeau de la cogestion du pays avec Kabila, Félix Tshisekedi peut devenir lui-même et s’inscrire définitivement dans les pas de son père en ouvrant la voie à la démocratisation de la vie politique congolaise. Dans le domaine économique,  son bilan est positif sur de nombreux points, ce que reconnaît le FMI.

B) Un bilan positif sur de nombreux points reconnu qui se traduit par l’appui du FMI

J’avais écrit, dans une précédente analyse que Félix Tshisekedi pouvait se prévaloir de la facilité élargie de crédit accordée par le FMI à la RDC.  Cette facilité de crédit vient en effet confirmer que la politique budgétaire du gouvernement répond aux attentes des bailleurs de fonds internationaux avec « des progrès dans les réformes de la gestion des finances publiques et des investissements. » Le FMI note que, malgré une situation socio-économique, socio-politique et sécuritaire complexe (séquence électorale avec l’élection présidentielle du 20 décembre, conflit dans l’Est du pays),  la gouvernance Tshisekedi a pu « faire progresser les réformes visant à améliorer la gouvernance et la transparence, y compris dans le secteur minier, renforcer les cadres de lutte contre la corruption (…), améliorer le climat des affaires ( …), soutenir le développement du secteur privé et promouvoir une croissance diversifiée, durable et inclusive. » Cet appui du FMI est essentiel au moment où les pays africains rencontrent des difficultés pour obtenir les financements dont ils ont besoin. La prise de position du FMI a pu, incontestablement, servir les intérêts électoraux du président-candidat Félix Tshisekedi : « Les progrès réalisés dans le cadre du programme FEC ont été globalement satisfaisants. Tous les critères de réalisation (CR) à fin juin 2023 ont été respectés sauf un : le CR sur le solde budgétaire intérieur n'a pas été atteint en raison de la sous-performance des recettes du gouvernement central et d'ajustements insuffisants des dépenses. » Il n’est donc pas étonnant que la communauté internationale et les bailleurs de fonds internationaux aient souhaité la réélection de Félix Tshisekedi. Pour le FMI, il s’agit à présent de consolider les acquis, sachant qu’il reste beaucoup à faire dans trois domaines : la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l’insécurité et la lutte contre la corruption. Seule, une figure de rassemblement peut continuer à écrire cette page nouvelle de l’histoire politique de la RDC.

3) Félix Tshisekedi, une figure du rassemblement

Sur un vaste territoire, qui compte plus de 100 millions d’habitants, le gouvernement est confronté à la multiplication des conflits armés, notamment dans l’Est du pays en proie à des violences depuis près de trente ans, seule une figure de rassemblement, capable de réunir autour d’elle les poids lourds de la politique congolaise, peut prétendre rétablir la sécurité,  préalable indispensable à l’unité nationale et au développement. Félix Tshisekedi et ses soutiens savent ce qu’il faut faire, de l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud du pays, comme le résume ce slogan d’une campagne électorale victorieuse : « Unité, Sécurité, Prospérité ». Pour y arriver, il faut rassembler, car il s’agit d’éradiquer les mauvaises habitudes et les pratiques délictueuses dans toutes les instances du pouvoir, dans toutes les institutions étatiques, dans le secteur privé et dans toutes les strates de la société. Un mot d’ordre : rompre avec un passé fait de divisions. « Tous unis pour un Congo plus fort », c’est ce que dit Félix Tshisekedi sur ses affiches de remerciement après sa réélection. Elu en 2018, réélu en 2023, Félix Tshisekedi qui, en réalité ne gouverne que depuis décembre 2020, aura disposé de 8 ans pour reconstruire le pays et réconcilier les Congolais entre eux. Un bilan sera fait en 2028. Nous verrons à ce moment-là si Félix Tshisekedi aura accompli le rêve du père, être une figure de rassemblement pour accomplir deux autres rêves, le rêve de démocratie et le rêve de prospérité.

Conclusion

Pour bien comprendre le rôle de l’action politique, il faut toujours se souvenir de ce que disait Nelson Mandela : « J’ai découvert un secret : après avoir gravi une colline, tout ce qu'on découvre, c'est qu'il reste beaucoup d'autres collines à gravir. » Félix Tshisekedi vient de gravir, depuis 2019, de nombreuses collines. Il lui reste beaucoup d’autres collines à gravir. Pays immense, disposant de richesses naturelles qui semblent inépuisables, qu’elles proviennent du sous-sol ou du sol, la RDC possède tous les atouts pour offrir à tous les Congolais des conditions de vie meilleures. Etre élu ou réélu, ce n’est rien. Il faut ensuite gouverner en ayant comme seuls juges le peuple et l’Histoire. Quelle image de lui voudra laisser Félix Tshisekedi ? Il avait déjà réussi à faire réapparaître le RDC sur les écrans-radar de la scène internationale. Sa présidence de l’Union Africaine avait témoigné de sa volonté de faire entendre la voix de l’Afrique. Aujourd’hui, la planète entière se précipite à Kinshasa pour signer des contrats avec le gouvernement qui doit répondre aux attentes des populations et garantir la souveraineté du pays. Gouverner, c’est alors savoir choisir ses partenaires et ses « amis ». Le deuxième mandat de Félix Tshisekedi doit être celui d’un volontarisme politique destiné à rendre le Congo aux Congolais et faire descendre les richesses du pays jusqu’aux populations congolaises, qui sont avides de trois choses : la croissance, la consommation et la démocratie.

Finalement, dans un pays-monde qui concentre tous les défis que l’Afrique doit relever, Félix Tshisekedi ne doit se poser qu’une seule question : comment gérer les richesses naturelles de la RDC pour accélérer le développement, créer plus de croissance, plus d’emplois, plus d’accès aux services de base, plus d’éducation, plus de stabilité politique et de sécurité, plus de démocratie ?

Décryptage de la victoire de Félix Tshisekedi: voici les 3 raisons d’une réélection !
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Je dénonce…

(Par Richard Babadi Tuendelepenyi)

Richard Babadi Tuendelepenyi

Je dénonce ‘’la circulaire N°001/UDPS/CEP/2024 du 09/01/2024 relative à la convocation des élections des Gouverneurs, Vice-gouverneurs et Sénateurs.’’, sous la signature de son Président SHABANI LUKOO B. Jacquemain. Cette circulaire est discriminatoire et ne tient nullement compte du noble combat des combattants de la base. Un combat de plus de 30 ans, à mains nues, à zéro argent et qui a vu nombreux de combattants perdre leur travail et leurs biens, fuir leurs résidences, croupir dans des cachots et prisons ou perdre leur vie…

A  lire la circulaire au point relatif aux Eléments constitutifs du dossier, elle ignore royalement les combattants compétents, honnêtes et loyaux (et il y en a beaucoup) qui ne peuvent pas réunir cette somme d’argent pour privilégier les affairistes et les copains qui ont eu le « Nguya » d’être aux affaires lors du 1er  mandat : Pour le candidat Gouverneur ou Vice-gouverneur :

- Le curriculum vitae détaillé, le tout se terminant pas la formule « Je jure sur l’honneur que les renseignements ci-dessus sont sincères et exacts » ; - Quatre (4) photos format passeport ;

- Le symbole du logo du parti ;

- Une (1) photocopie de la carte d’électeur ; - Une (1) photocopie de l’acte de naissance ou de l’attestation de naissance ;

- Une (1) photocopie certifiée conforme du diplôme d’études supérieures ou universitaires ou de l’attestation en tenant lieu ou de l’attestation justifiant d’une expérience professionnelle d’au moins cinq ans dans le domaine politique, administratif ou socio-économique.

- Une preuve bancaire du paiement de la caution non remboursable du traitement du dossier aux comptes du Parti. Pis encore, vous l’avez lu la fameuse Circulaire, elle ne fait aucune mention d’honnêteté et de loyauté…même si je sais qu’à ce niveau, la Cour rendra toujours le puissant, blanc comme neige et le misérable, noir comme le fond d’une vieille poêle. Et pour tout couronner, lisez le dernier trait :« … la CEP de l’UDPS doit faire payer de l’argent (caution) aux combattants (démunis) avant de traiter leurs dossiers… scandaleux !».

 Un combattant a dit : « Toutes les grandes options politiques comme, entre autres, la gestion des ambitions, devraient tenir compte des organes de base.

Les candidatures à présenter par le parti devraient tenir compte des avis et considérations des organes de base, c’est-à-dire, analyser, proposer, gérer et décider avec le concours de fédérations des entités concernées même si, pour des raisons stratégiques (c’est moi qui ajoute :«si stratégie il y a, elle est d’un intérêt privé), les organes centraux peuvent décider de coopter ou de présenter un ou plusieurs autres candidats !

 La collaboration est la clé d’un meilleur climat post-compétition ! La notion de caution non remboursable ne reflète pas le combat de notre très regretté, ya TSHITSHI d’heureuse mémoire. L’UDPS est un parti de masse. Pas étonnant que nos mandataires et élus sur les listes UDPS une fois aux affaires, ne se sentent pas redevables vis-à-vis du parti (mais des individus). Avec cette loi du plus offrant, ne soyons pas surpris que nos bourreaux d’hier, même les très impopulaires, se retrouvent demain majoritaires dans nos organes de décision. Nous avons le devoir, dans l’intérêt du parti, de faire le distinguo entre organes techniques et organes délibérants afin de clarifier toutes les situations futures ».

Le Kasaï Oriental en est un exemple parfait : Depuis 2019, ce sont des gouverneurs incompétents et voleurs qui ont été nommé par Kinshasa (des individus) en lieu et place de l’Assemblée provinciale qui devrait les élire. Bref, au lieu de respecter les organes de base (les fédérations), Kinshasa a respecté ses deals avec ses copains allant jusqu’à sacrifier toute une province.

Nous avons dit et il faut que les instances du parti (des individus, d’ailleurs bien identifiés) se ravisent pour que le 2è mandat de FATSHI soit meilleur que le premier.

Fait à Kinshasa, le 13/01/2024

 

Je dénonce…
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8  janvier  1996 : les 300 victimes oubliées du marché «Type K»

Lundi  8 Janvier  1996. Un mauvais lundi comme tous les lundis. Gueule de bois. Re-retour au point mort de la semaine.  28 ans après la tragédie, je continue, comme un rituel, à prêter ma plume et ma voix  de témoin compatissant,  afin de  traduire  maladroitement en français la douleur indicible de Moseka,  ma voisine, orpheline d’une des mamas- maraîchères  et victimes fatales du crach de l’avion ANTONOV .

Voici le récit de Moseka  dans les limites de sa traduction… ( mais serais-je capable de traduite la densité des émotions de la pauvre  orpheline avec mes mots  dépouillés…) :

« … Lundi 8 janvier 1996. Un mauvais lundi pour ma mère, et pour toutes les mamas-maraîchères. Lundi d’épreuves : inflation de la monnaie « Zaïre »   dollarisée, instable. Des marchandises invendues, mal vendues. Le bruit court que les routes de Bandundu et du Bas-Zaïre sont endommagées à cause des pluies diluviennes qui s’y sont abattues sans répit pendant tout le week-end. Les fruits,  les légumes et le petit gibier  stockés pour la vente sont  arrivés  au  Marché TYPE K en piteux état. Mais,  les mamas-maraîchères sont là, debout   depuis l’aube. Et sans rechigner. Et toujours avec les mêmes gestes mécaniques d’aménagement des étalages, de nettoyage des marchandises. Pêle-mêle, ces marchandises : fruits toutes saisons beaucoup trop mûrs, légumes en partie rabougris, du petit gibier quelque peu défraîchi …

8 janvier 1996. Une mauvaise prémonition. . Soudain un coup de tonnerre sans préavis, dans un ciel pourtant clair et serein. Puis aussitôt après, le début  d’un film d’horreur : un avion ANTONOV zigzagant au ciel  suite à un décollage périlleux, comme en tangage. Une partie de la foule de la foule paniquée a commencé à fuir pour chercher quelqu’abri dans le complexe Type K, temple multifestif de l’artiste Tabu Ley, en périphérie du marché ; je suis parmi ces fuyards. En vain j’ai cherché à arracher maman de ses étalages, de son patrimoine vital.  Têtue, elle semblait   seule à ne pas sentir et voir le film macabre au-dessus de nos têtes.

Cet épisode -là  de ma mère abandonnée par moi, parce que gardienne de son patrimoine, cet épisode-là restera à jamais mon calvaire, le cauchemar de ma vie…

8 janvier 1996. L’avion fou négocie à perte une descente en vrille .  Cris des marchandes et des clients. Au secours ! Au secours !  Mais,  trop tard ! Où fuir dans ce marché archicomble ? trop tard ! la masse  des ferrailles s’est  écrasée   sur les mamas-maraîchères, sur les innombrables clients. Vacarme infernal. Débandade. Sauve-qui-peut. Puis, immense, immense explosion et immense,  immense incendie. Corps déchiquetés au milieu des mares de sang et d’essence boueuse éparpillées. J’ai quitté précipitamment mon abri et court, affolée, vers la tragédie, du côté de l’étal de ma mère. Odeur étouffante  de viande grillée.

8 janvier 1996. Ce jour-là, Mon Dieu, j’ai vu l’enfer de mes propres yeux ;  je l’ai senti  dans ma propre chair. Je reconnais, ô à peine ! le pagne de maman, et son bracelet sur une main ballante. Je m’écroule à corps perdu  sur les restes de maman, couverte de sang des victimes, du cendre de l’incendie et de l’essence boueuse.

 Trop tard !  Trop tard, l’arrivée des forces de l’ordre désemparées. Trop tard, l’irruption des secouristes de la Croix-Rouge perdus et éperdus. Trop tard les pleurs stridents des parents survivants, éplorés.

8 janvier … 2024. Aujourd’hui. Comme chaque année, depuis vingt-huit ans, je suis en pèlerinage sur les lieux de la tragédie. Méconnaissables. Je me  sens terriblement seule, vraiment seule, au milieu des vestiges   balayés,   effacés exprès par les hommes d’affaires. A la place des vestiges du drame : des monstres d’immeubles insolents ont surgi, comme  construits  dans une  précipitation  suspecte…. Ces immeubles, ces « éléphants blancs »,   ont ratiboisé et effacé à jamais  les tombes d’infortune des 300 victimes  doublement ensevelies.

8 Janvier 2024. Un pèlerinage solitaire douloureux,  au milieu des bruits du marché et des odeurs mélangées, aigres- poivres. Mon pèlerinage est ce qui me reste comme travail de deuil. A défaut de toute consolation, de toute compassion, de toute réparation officielle ( ni matérielle ni  morale).

Puis, soudain, le vertige, le film d’il y a vingt-huit ans. Et la sensation fantomale  de l’ombre de maman…

8 janvier 2024.  28ème  anniversaire. 28ème  pèlerinage. J’y serai encore en 2025, Inh’Allah ! Et en 2026, et en 2036. Peut-être même un lundi, le mauvais jour…»

YOKA Lye (Pour la traduction littéraire du témoignage de MOSEKA, l’orpheline)

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