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Le nombre 9 et le rôle du sacré dans la tradition Bayansi

(Par le Prof. Kentey Pini-Pini Nsasay, Université de Bandundu)

La propagande coloniale, relayée par l’école et le système politico-administratif qu’elle a légués, a réussi à nous opposer à notre tradition ancestrale perçue comme arriérée. L’un des arguments mis en avant serait le manque de découvertes scientifiques chez nos ancêtres quand la tradition occidentale les aligne en une série interminable. Or, il se fait que contrairement à cette assertion, non seulement que nos ancêtres ont réalisé d’innombrables prouesses scientifiques, mais qu’ils en sont la matrice. Le cas de l’omniprésence du nombre 9 dans le quotidien des Bayansi en est une preuve.
Le Professeur Ngub’Usim Mpey-Nka, d’heureuse mémoire, après avoir remarqué la fréquence étonnante du nombre 9 dans les pratiques Bayansi et la vénération qui lui est vouée, avait conclu que contrairement à ce que l’on pouvait penser, les ancêtres Bayansi étaient des érudits. Ils rivalisaient avec ceux du monde occidental largement connus. En effet, soutenait-il, dans la tradition Bayansi, le nombre 9 est étonnamment répandu. Il se retrouve dans l’organisation socio-politique, dans les cérémonies protocolaires et rituelles, dans la psychothérapie, dans la phytothérapie ou encore dans la résolution des conflits, etc. (Ngumb’Usim Mpey-Nka, 2015, p. 111).
D’autres chercheurs confirment cette même découverte. C’est le cas de Pierre Swartenbroeckx. 9, déclare celui-ci, est un nombre sacré chez les Bayansi. Son usage relève du domaine du sacré comme dans le cas de la célébration de la naissance des jumeaux. La mère des jumeaux, Ngwabwel, garde une réclusion de 9 semaines, mpyuk, soit 9 fois 4 jours, c’est-à-dire 36 jours ou 3+6 = 9. 9, Wa, dans la tradition Bayansi a le sens d’innombrable, de beaucoup. Et c’est bien ce que représente les jumeaux qui viennent multiplier d’un coup le nombre des membres du clan. C’est pour cela qu’ils sont une bénédiction et sont sacrés (Pierre Swartenbroeckx, 1948, p. 724). Jean Makaya abonde, lui aussi, dans le même sens. Pour exhausser une personne, sa puissance, sa perfection, signifie-t-il, la tradition Bayansi emploie le nombre 9. Minawa signifie 9 clans, 9 peuples, étant entendu que tout village Bayansi est censé être composé de 9 clans représentés par 9 totems, quand bien même il en compterait moins ; 9 étant une valeur absolue, sacrée (Jean Makaya, 2015, p. 200).
Le champ d’applications du nombre 9 est très vaste. Il va de la naissance à la mort. Un enfant du clan cheffale qui nait avec 9 scarifications ou tâches de léopard est sacré bébé-roi, futur régnant. Il aura un traitement particulier. De même, si un enfant est reconnu coupable d’une faute grave envers son oncle ou bien envers son père, en signe de demande de pardon, il doit passer 9 fois entre les jambes de la personne offensée qui applique 9 fois de la salive sur son front. Dans le même sens, l’offrande faite aux jumeaux doit être en nombre 9.
On parle de kwim’a ké-wa, soit dix fois nonante. Ké-wa c’est la nonantaine, soit le chiffre symbolique pour indiquer un montant d’argent important. Car dans la tradition Bayansi Wa, 9, a le sens d'innombrable, encore multiplié ici par dix.
Ké-wa sert de mesure dans de sanctions lors des jugements. C’est même l’amende ordinaire qui clôt une affaire mineure.
Ainsi, lorsqu’une femme n’arrive pas à concevoir facilement et que les deux conjoints sont reconnus coupables, ils sont tenus de payer des amendes tous les deux. L’épouse (c’est-à-dire son clan) paie 9 ibway (paquets de poissons fumés) au clan du mari ; tandis-que celui-ci s’acquitte d’un ké-wa au clan de la femme. Parfois la scène de réparation est mimée par deux enfants de 9 ans, un garçon et une fille. Ils doivent avoir chacun-e 9 noix palmistes sèches à lancer sur toutes les femmes présentes en criant 9 fois.
De même, si une catastrophe grave touche un village, par exemple une disette ou une sécheresse, les notables entrent en retraite pénitentiaire de 9 jours, Mpob, pour implorer la miséricorde des ancêtres. En effet, la retraite de 9 jours après une affaire qui entrave l’harmonie du clan ou du village, la rétablit en apaisant la colère des ancêtres. Tous les notables hommes, les aînés, sont contraints de la pratiquer dans un lieu isolé. Lors de la perte d’un conjoint, le veuf ou la veuve garde mêmement un deuil, Lil, strict de 9 jours. La guérison des maladies graves exige l’observation des prescriptions sur une période de 9 jours, 9 semaines ou 9 mois selon les cas. Le malade est ainsi initié à la connaissance patiente de la tradition qu’il pourra dès lors vulgariser (L. Kibwenge Esu-Bwana et F. Bikasa Lukala, 2015, p. 214).
Le chiffre 9 intervient également lorsqu’il s’agit de l’intronisation ou des funérailles d’un chef, roi, Mwil. Les cérémonies s’étendent sur 9 jours. Auparavant le futur chef était tenu de contourner 9 fois la dépouille de son prédécesseur défunt. Lorsqu’il prend le pouvoir, toute sa parure fait référence au chiffre 9. Il porte 9 dents de léopard sur sa poitrine et 9 plumes de pélican ou de l’aigle royal sur sa couronne. Avant le couronnement, les funérailles de l’ancien chef durent 9 jours durant lesquels les travaux ordinaires sont réduits au strict minimum. Dans les temps anciens, l’embaumement pour la momification du défunt chef durait 9 jours.
C’est dans la nuit du 9ème jour que le corps était levé et conduit en secret au lieu de l’inhumation, dans le sanctuaire approprié. La tribu Bading parle de egwa-la-kia et de egwa-la-nen, soit le petit 9 et le grand 9. Egwa-la-kia est le deuil ordinaire de 9 jours, tandis que egwa-la-nen est le deuil de 18 jours (1+8 =9) observé pour les funérailles du chef (Josué Ozowa La Tem, 2015, p. 126-127).
Le nombre 9 intervient aussi dans les différentes thérapies appliquées aux patients. Dans le cadre du rituel Nkwey invoqué dans le cas des troubles psycho-somatiques, le malade et ses aides ou accompagnants observent une retraite thérapeutique de 9 jours. Le neuvième jour qui est celui de la sortie de la retraite est solennel. Il est marqué par des réjouissances et souvent le malade s’en sort guéri.
Ce vaste champ d’applications lié au nombre 9 témoigne de l’importance qu’il revêt au sein de la société Bayansi. Ce fait tangible n’est pas venu de lui-même évidemment. Il est le résultat d’une construction intelligente. Ce qui fait dire au professeur Ngub’Usim que nos ancêtres ont été des savants. Car la compréhension de l’importance primordiale du nombre 9 relève de la science. Ceci n’est pas un fait unique des Bayansi. La valeur du nombre 9 est célébrée chez bien d’autres peuples au Congo et ailleurs en Afrique. Elle est le résultat d’une observation minutieuse de la nature. Quand les premiers ancêtres sont nés après un fabuleux processus d’évolution, la nature, qui les avait accueillis, existait depuis des millions d’années. Elle était bien organisée, structurée. Les ancêtres ont remarqué différentes espèces d’animaux, d’oiseaux, de poissons, de plantes, d’innombrables rivières et ruisseaux. Tout cela existait et formait un tout harmonieux. Or, ils ont remarqué que le nombre 9 était à la base de cette organisation parfaite. C’est pour cela qu’ils l’ont adopté.
En effet, dans la nature, le nombre 9 se déploie partout. Par exemple ils avaient remarqué que tous les matins, le chant des coqs sortait de la forêt 9 fois pour annoncer la renaissance du soleil.
Ils avaient vite apprivoisé cet oiseau qui devait désormais les réveiller. Mais, avant de compter de 1 à 9, ils avaient d’abord vu ce chiffre de leurs yeux. Et ce fut en observant le boa, le grand python, qu’ils remarquèrent qu’à l’expectation, c’est-à-dire au repos, il forme un 9 en s’enroulant sur lui-même. Les Bayansi ont donné à cette forme le nom de « Nkar wa » ou neuf cercles (nkar étant le cercle). Une tribu Bayansi a d’ailleurs pris ce nom et s’appelle Bi-Nkar ou Bi-Niar. L’observation de la lune alliée au soleil, leur a fait découvrir le mois « Ngwon » ou une période définie de 28 jours (2+8=10 et 1+0=1, l’unité). Or, cette unité est la figure du boa quand il est en mouvement. Il passe ainsi de 9 à 1 et inversement de 1 à 9 lorsqu’il se repose. C’est de là que leur est venu la conception du multiple et de l’un, à savoir que l’un est le multiple et le multiple est l’un, figure de la femme.
Car, son corps peut se décupler en plusieurs en 9 mois. En effet la gestation humaine dure 9 mois, « Ngwon wa ». C’est pour cela que la figure de la femme est sacrée. En elle se déploie le multiple, c’est-à-dire 9, symbole de la création.
Comme on peut le voir, c’est donc en partant de leur expérience, de leurs observations assidues que nos ancêtres ont conçu leur hiérophanie ou leur notion de la manifestation du sacré.
C’est dans le relatif qu’ils ont découvert la réalité absolue, dans l’imparfait qu’ils ont admiré le parfait et dans le fini qu’ils ont vu l’infini. Ils ont ainsi élaboré des récits cohérents à travers des mythes et des symboles (Mircea Eliade, 1968, p. 226).
En effet, pour eux, le numineux, la présence du sacré, ne tire pas sa substance d’une transcendance, mais de l’ensemble d’expériences vécues. Les rites et les célébrations élaborés ont pour fonction de réconforter la condition matérielle humaine, la finitude, face aux défis de la vie : santé, famille, société ou travail (K.B. Ouanes, 2005, p. 254).
Je termine ce petit exposé en appelant notre peuple et surtout notre jeunesse à apprécier nos ancêtres, leur travail.
Ils ont réalisé de prouesses scientifiques admirées par les Occidentaux que nous idéalisons. C’est le cas de l’os ou du bâton d’Ishango, ancêtre des tablettes, vieux de plus de 20.000 ans, qui est le premier signe mathématique au monde. Cet os rempli de stries illustre les quatre opérations mathématiques à savoir : addition, division, multiplication et soustraction, c’est-à-dire, tous les calculs.
Cette prouesse mathématique a été découverte chez nous au Congo et est gardée au Musée des Sciences naturelles de Bruxelles en Belgique.
C’est devenu le symbole de ce pays. Et pourtant, c’est le travail de nos ancêtres. Revalorisons donc nos ancêtres. Ils le méritent. Et nos vies s’en trouveront épanouies.

Le nombre 9 et le rôle du sacré dans la tradition Bayansi
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32ème LETTRE SOCIALE CONGOLAISE : « LES SIGNAUX FORTS DU NOUVEL AMBASSADEUR CHINOIS EN RDC » INFIRMERONT – ILS LES CRITIQUES CONTRE LA CONQUETE CHINOISE DE L’AFRIQUE ?

« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs,
1. La présente lettre sociale congolaise est une analyse bibliologique comparée des articles de presse et scientifique de Marcel Ngoy et Henry L. Bretton.
L’article de presse est intitulé : « Nouvel ambassadeur chinois nommé après la visite de Félix Tshisekedi, RDC- CHINE : Zhao Bin annonce ses signaux forts ! » paru au quotidien La prospérité n°6108 du jeudi 22 juin 2023.
Par contre, l’article scientifique est intitulé : « Comintern and Africa. The soviet bloc, China and Africa » paru dans East Africa Journal n°9 Volume II de Février 1966.
2. Je me permets d’inverser l’ordre de la chronologie absolue de publication de ces deux articles afin de rendre intelligible la problématique de la présente lettre sociale congolaise. Pour ce faire, je commence par le second article et le dernier qui présente les critiques de certains auteurs contre la conquête russe et chinoise de l’Afrique, l’Afrique à la forme d’un revolver dont la gâchette se trouve au Congo » pour reprendre l’expression de Frantz Fanon.
3. En effet, Henry L. Bretton présente le contenu du Séminaire International sur les problèmes contemporains de l’Afrique tenu à Upsal, Suède, en 1963. Bretton précise que ce séminaire et les publications y relatives ont été sponsorisés par l’Institut scandinave des études africaines d’Upsal de Suède.
4. L’article de Bretton est donc la recension des publications des auteurs tels que Karl Muller qui a écrit sur les « Soviet and Chinese Programs of Technical Aid to African Countries ». Les programmes russe et chinois de l’aide technique aux pays africains.
5. Au sujet de ces programmes russe et chinois, Muller écrit : » both the Soviet Union and China have the potential of aiding the african states in the long and arduous task of closing the development gap. Commanding more disposable wealth and technical know how, the Soviet bloc,including Poland and Czechoslovakia, has a better record, and shows more promise than china, still far from solving her own clossal problems ». L’Union soviétique et la Chine ont toutes deux le potentiel d’aider les états africains dans la tâche longue et ardue de combler l’écart de développement. Commandant plus de richesse disponible et de savoir- faire technique, le bloc soviétique, y compris la Pologne et la Tchécoslovaquie, a un meilleur bilan et se montre plus prometteur que la Chine encore loin de résoudre ses problèmes colossaux. Muller montrait que la Russie pouvait mieux contribuer au développement de l’Afrique que la Chine. 6. Bretton présente enfin la conclusion à laquelle ont abouti les auteurs cités dans son article en ces termes : » (…) the only prospects for the Soviet Union and for China gaining appreciable influence in the new Africa lie in succesful translation of outworn, even irrelevent ideological proposition into practical meaningful policies designed to meet african’s interest instead of hypothetical world revolution ». Les seules perspectives pour l’Union sovietique et pour la Chine de gagner une influence appréciable dans la nouvelle Afrique résident dans la traduction réussie d’une proposition dépassée, voire hors de propos, en politiques concrètes et significatives conçues pour répondre aux intérêts de l’Afrique au lieu d’une hypothétique révolution mondiale.
7. Dès lors, au-delà de L’ffensive chinoise en Afrique qui est le titre de l’ouvrage de Philippe Richer publié aux Editions Karthala en 2008, la question qui a traversé mon esprit, dès la lecture de la conclusion de Bretton, est la suivante : de quelle manière les signaux forts du nouvel ambassadeur chinois en RDC rendent – ils les problèmes contemporains des congolais ?
8. Partant du contexte de nomination du nouvel ambassadeur chinois en RDC, Ngoy présente certains points saillants des signaux forts de l’ambassadeur chinois traduisant ainsi le pragmatisme chinois dans les relations d’Etat à Etat, à savoir : la consolidation des relations Sino-Congolaises, le renforcement d’un partenariat stratégique RPC(République Populaire de Chine) – RDC(République démocratique du Congo), la position de la Chine sur le respect de la souveraineté de la RDC quant aux questions relevant de la politique interne de cette dernière(RDC) notamment les élections politiques.
9. Il importe de rappeler que le respect de la politique interne de la RDC exige aux congolais d’avoir de la hauteur, du sens et de l’action, de la responsabilité, de la prise de conscience individuelle et collective, de la confiance mutuelle et réciproque pour servir l’intérêt général et lutter contre l’opportunisme et la mesquinerie dans la gestion de la chose publique.
10. C’est dans cet ordre d’idées que je m’appesantis sur cet extrait de l’article de presse de Marcel Ngoy : « (…) les questions de développement et de la nouvelle civilisation placées au cœur des discussions franches et directes ont été tellement déterminantes que le Président congolais, au regard des faits et réalités palpés au bout de doigt a adhéré aux initiatives du Président XiJinping en termes de coopération SinoAfricaine ».
11. Cet extrait regorge les deux thèmes dont la matérialisation permet à la RDC de décoller une fois pour toutes. Ces deux thèmes sont « développement » et « nouvelle civilisation ». Ici encore, je me permets d’inverser l’ordre de présentation de ces thèmes par l’auteur, car, le dernier thème, « le développement » doit être la conséquence logique de la « nouvelle civilisation ». La Chine est un modelé d’inspiration pour les dirigeants africains comme le montre Pascal Perri dans l’avantpropos du livre L’offensive chinoise en Afrique. A ce sujet, Perri (2008 :8) écrit : « pour beaucoup de dirigeants africains la chine est un pays du Tiers – Monde qui réussit son développement et accède au statut de grande puissance et elle un interlocuteur qui traite d’égal à égal ». 12. L’invocation de la nouvelle civilisation par le nouvel ambassadeur chinois en RDC introduit l’idée d’une comparaison qui ne peut avoir de sens que si l’ancienne civilisation a existé. Evidemment, les arabes et les occidentaux ont eu à introduire leurs civilisations en Afrique.
13. En effet, le mode opératoire des arabes et des occidentaux pour conquérir l’Afrique a été essentiellement basée sur la traite négrière et l’islam pour les uns et sur le colonialisme et le christianisme pour les autres afin d’ asservir les africains.
14. Aujourd’hui, le christianisme émietté (catholicisme, protestantisme et église de réveil) et l’école (université, institut supérieur) selon la pensée occidentale, sont en déphasage avec les besoins et demandes populaires en terres africaines, car, ils jouent souvent le rôle de relais d’influence du néocolonialisme. Ils sont nombreux, aujourd’hui, en Afrique à être colonisés sans colonisation.
15. Dieu merci, le nouvel ambassadeur chinois en RDC annonce la nouvelle civilisation au moment où « l’Afrique est en train de s’échapper aux mains des anciennes puissances coloniales » comme l’a écrit l’Afriquespoir n°102. Afriquespoir cite Remy Rioux, Directeur Général de l’Agence Française de Développent, qui a affirmé, dans la revue et ouvrage en sciences humaines et sociales, que « l’Afrique a repris sa place dans le monde et se dessine désormais sa propre voie vers l’émergence ».
16. Pour l’émergence de l’Afrique, à l’opposé des traite négrière et colonisation utilisées pour la conquête de de l’Afrique par les arabes et les occidentaux, l’astuce de la Chine pour conquérir l’Afrique est la coopération Sino- Afrique avec comme idéal ‘’ Développement’’.
17. Les propos de Serge Mombouli, Conseiller de la présidence, Brazzaville : « Les chinois nous offrent du concret et l’Occident des valeurs intangibles. Mais ça sert à quoi la transparence, la gouvernance, si les gens n’ont pas d’électricité, pas de travail ? La démocratie, ça ne se mange pas" qui constituent le prologue du livre intitulé La Chinafrique. Pekin à la conquête du continent noir, de Serge Michel et Michel Beuret (2008), témoignent l’importance que les africains accordent à la présence des chinois en terres africaines. Le concret des chinois est la réalisation des œuvres qui contribuent au développement tandis que les valeurs intangibles de l’Occident sont une déclaration théorique des concepts tels que démocratie, transparence, bonne gouvernance, leadership…
18. Je pense que Paul Houée(2009) qui montre que « développement et progrès sont confondus dans le même mouvement de maitrise du devenir collectif par la raison et la volonté humaine » doit inspirer le modèle de développement que nous voulons pour la RDC.
19. C’est ainsi qu’il convient de se souvenir de Confucius et Mao Zedong pour avoir posé des bases solides dans la civilisation chinoise. Les idées de ces deux personnes ont contribué à la matérialisation de la maitrise du devenir collectif des chinoises et chinois par la raison et la volonté humaine pour le développement de leur pays.
20. En son temps, au nom de la raison et pour la raison, Confucius a eu à jouer un rôle que doit jouer impérativement tout intellectuel pour le développement de son pays. Georges Defour(2009) revient sur le rôle qu’a joué Confucius en écrivant, je cite : « Confucius a écrit, aux 5è et 6è siècles av.JC, à l’empereur de Chine ce qui suit : « Dans vos décrets, vos lois, votre réflexion, votre comportement vous devez nécessairement tenir compte de l’homme, de la terre et du ciel, s’il y manque un de ces trois éléments, votre action sera boiteuse, souvent même nuisible ». Confucius, par sa pensée philosophique humaniste, revient à préciser que « la réforme de la collectivité n’est possible que si elle commence par la reforme de chaque individu puis sa famille. C’est ici que le changement des mentalités prôné depuis le début de la 3ème République revêt toute son importance. Mais, il faut savoir où devrait commencer ce changement des mentalités comme option politique et non comme valeur déclarative.
21. De son côté, Mao Zedong au nom de la volonté humaine a joué un rôle très déterminant dans le développement de la Chine. Si Confucius a été le conseiller de l’Empereur, Mao s’était fait conseiller par l’écrit (livre) pour avoir été assistant bibliothécaire à la Bibliothèque Nationale de Pékin. C’était dans cette bibliothèque que Mao a appris et maitrisé le marxisme qui a servi d’essence au maoïsme.
22. Le maoïsme est donc l’idéologie de Mao qui déclare adapter le marxisme au cas des pays en voie de développement. Mao met l’accent sur l’indépendance nationale (« compter sur ses propres forces ») et sur le développement équilibré de la paysannerie et de l’industrie légère ( marcher sur ses deux jambes »).
23. Le modelé de développement proposé par Mao est en étroite cohérence avec celui que prône Georges Defour ci-haut cité. Defour montre que « le développement est, non l’acceptation naïve d’un modelé étranger, mais le cheminement d’un groupe humain à sa façon et vers son propre mieux – être. Ce groupe ne peut construire sa propre identité qu’en s’appuyant sur ce qu’il est, ce qu’il a, ce qu’il vit et surtout ce qui lui apparait comme pouvant conduire à son épanouissement ».
24. C’est pourquoi les congolaises et congolais doivent avoir honte de poser des actes qui montrent leurs limites voire incompétences, car, ces actes constituent l’ouverture de la porte aux personnes et structures étrangères pour venir en « aide » à la RDC. Pourtant ces dernières (personnes et structures étrangères) n’ont ni le souci ni la volonté de voir ce pays se développer au risque qu’elles manquent à faire.
25. C’est alors que j’affirme avec Paul Houée qu’ «un peuple se développe avec ses ressources matérielles et financières, avec le déploiement de ses intelligences, organisations et de ses volontés ».
26. Ceci suffit pour comprendre que dans l’actuelle configuration de la coopération sinocongolaise, les congolaises et congolais qui auront à jouer un quelconque rôle dans la matérialisation des accords issus de la rencontre des Présidents Félix Tshisekedi et Xi Jinping se doivent de refuser, par honneur et dignité, d’offrir au public les spectacles désolants du genre contrat chinois. Chapeau bas à l’Inspection Générale des Finances, car, c’est grâce à sa dextérité que la prédation des ressources minières et financières de la RDC avec la complicité de certains congolais indignes et inciviques a été révélée au grand public.
27. J’ai fait ma part. Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou X et à l’e-mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour la suite.
Fait à Kinshasa, le 16 août 2023
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Formateur Psycho Socio-Professionnel, et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail

 

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Tanganyika : Samuel Kamba procède officiellement à la vaccination des enfants contre la poliomyélite

Mme Julie Ngungwa Mwayuma, Gouverneur de Province de Tanganyika
*Accueilli à l’Aéroport National de Kahinda par le Gouverneur de Province, Mme Julie Ngungwa Mwayuma qu’accompagnée du Ministre Provincial de la Santé Publique Tanganyika, Dr. Morisho Kabezya Bob, Le Ministre National de la Santé Publique et Prévention, M. Samuel Kamba est arrivé à Kalemie ce vendredi 11 août 2023 pour le lancement officiel de la campagne de vaccination des enfants de 0 à 59 mois, contre la poliomyélite.
La place nommée « SOKO YA BA REFUGIES », marché des Réfugiés en français, a servi pour cadre la cérémonie officielle de cet évènement de grande envergure.
Après l’exécution de l‘hymne National avec la fanfare, le Chef de Protocole d’Etat du Gouvernement Provincial du Tanganyika, M. Ngoy Kimpongolo Gaulois invitera Madame le Gouverneur de Province à prononcer son mot de bienvenue. Le Chef de l’Exécutif Provincial s’est inscrit dans la logique des objectifs poursuivis par le Premier Citoyen Congolais, Chef de l’Etat, SE M. Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo pour l’émergence à laquelle la RD. Congo s’est assignée, aussi tout en lui réservant un vibrant hommage.
Au cours du même mot, Julie Ngungwa a également présenté la situation dans laquelle la Province est confrontée par rapport à cette maladie de la poliomyélite. Et, à elle, de préciser qu’on en est déjà enregistré 174 cas sur l’ensemble de la Province dont 164 de l’année 2022 et 12 pour cette année 2023.
Pour sa part, le Ministre National de la Santé, M. Samuel Kamba, à son tour, avait également présenté à travers son discours, un hommage déférant au Président de la République avant d’inviter tous les parents à accepter les équipes des vaccinateurs qui se rendront de porte-à-porte en vue de vacciner gratuitement leurs enfants.
La cérémonie a connu une participation massive des différentes couches des notabilités, notamment les Députés Provinciaux du Tanganyika accompagnés du Président de l’Assemblée Provinciale ; des membres du Gouvernement Provincial du Tanganyika et de Conseil de Sécurité ; du Médecin-Chef de la Division Provinciale de la Santé Publique/Tanganyika, Dr Jerry Kibanza Kongolo ; des Responsables des ONG locales et Internationales ; des Chefs des Divisions de l’Administration Publique ; des Directeurs Provinciaux des entreprises étatiques et paraétatiques ; des Bourgmestres de Communes ; des Médecins Chefs des Zones de Santé et autres membres des équipes cadres ; des Chefs de Quartiers ; des Animateurs Communautaires ; des Membres CAC et des Task Force.
Jonas K. Bonghatt

Tanganyika : Samuel Kamba procède officiellement à la vaccination des enfants contre la poliomyélite
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Usurpation d’identité :Corneille Mulumba demande la réforme des listes de partis politiques

Suite à la dénonciation de Corneille Mulumba, membre co-fondateur de l’UDPS au sujet de l’absence de son parti sur les listes de partis retenus pour les échéances électorales de décembre 2023, une requête a été introduite pour que le Ministre de l’Intérieur, Sécurité et Affaires coutumières réforme les listes de partis et regroupements politiques pour ne reprendre que le parti UDPS à la place de UDPS/LE PEUPLE, UDPS/TSHIBALA et UDPS/KIBASSA.
En effet, le co-fondateur de cette structure explique que le parti politique dénommé « UDPS » est celui qui avait été fondé le 15 février 1982 et avait reçu son agrément par Arrêté ministériel N°091-049 du 17/01/1991 à la suite du multipartisme instauré en 1990.
En 1999, Laurent-Désiré Kabila oblige les partis politiques à se procurer un nouvel agrément car, deux ans plus tôt, avec l’avènement de l’AFDL, les partis politiques avaient été interdits de fonctionner sur toute l’étendue du territoire national.
Ainsi, le collège des fondateurs de l’UDPS sollicitèrent un nouvel agrément, qui fut enregistré sous le N°013/2000, du 23/09/2000.
«Curieusement, Monsieur le VPM et Ministre de l’Intérieur, Monsieur KAZADI KANKONDE, retient sur la liste de partis et regroupements politiques éligibles aux scrutins électoraux de décembre 2023 transmise à la Céni quatre partis politiques dénommés «UDPS», et identifiés comme suit :
UDPS/LE PEUPLE de Valentin Mubake sous le N°091-049 du 17/01/1991; UDPS/TSHIBALA de Félix Tshisekedi sous le N°091-049 du 17/01/1991 et UDPS/KIBASSA de Augustin Kibassa Maliba sous le N°013/2000 du 23/09/2000.
Trois de ces partis politiques s’identifient en un patronyme qui fait allusion à une famille biologique. Ils usurpent le logo, emblème et symbole de l’UDPS créé en 1982 par les 13 parlementaires et trois d’entre eux sont identifiés par un même numéro d’agrément, le 091-049 du 17/01/1991 alors que celui-ci avait été abrogé du fait de l’interdiction des activités des partis politiques par l’AFDL et de l’obligation d’obtenir un nouveau numéro d’agrément en 1999.
A l’UDPS dite Kibassa est attribué abusivement le numéro d’agrément 013/2000, l’identifiant du parti politiques « UDPS », dont le requérant est co-fondateur. Enfin, sur ladite liste ne figure nulle part le nom du parti politique «UDPS» tel qu’identifié par le numéro d’agrément 013/2000 de l’Autorité compétente et dont le requérant est co-fondateur. »
Par ailleurs, il est également demandé de mettre les frais de l’instance à charge du Trésor Public.
Déborah Nitu

 

Usurpation d’identité :Corneille Mulumba demande la réforme des listes de partis politiques
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RDC : Non à la levée de l'état de siège dans l’Est !

(Par Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, Président National de l'UDS)

Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, Président National de l'UDS
*Le go a été donné ce lundi 14 Août 2023 au Palais du Peuple de Kinshasa par Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, le Président de la République, Chef de l’Etat congolais. Il s'agit du démarrage des travaux de la Table Ronde d'évaluation de l'état de siège décrété à l’Est du pays par le Chef de l'État depuis 27 mois. Cette mesure exceptionnelle de haute portée sécuritaire pour pacifier la partie orientale de notre pays et pour le bien-être de nos populations locales, fait l'objet des critiques en sens divers.
Est-il un échec ou un succès cet état de siège ? Difficile de répondre à cette question de manière objective tant il est vrai que chacun voit midi à sa porte. Une affaire de verre à moitié plein ou à moitié vide.
L'état de siège a, à mon humble avis, contribué énormément de manière positive à la pacification des provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri.
En Ituri, des résultats positifs engrangés sont palpables. Tous les neutres observateurs avisés le reconnaissent. La paix est en train de revenir petit à petit. D'ailleurs, cela a permis au gouverneur militaire en place de réaliser quelques ouvrages d'intérêt public.
Au Nord-Kivu, l'état de siège n'a pas été une mauvaise mesure. Les autorités militaires se débrouillent tant bien que mal en dépit de l'agression barbare et sauvage dont notre pays est victime de la part du Rwanda et de celle camouflée de l'Ouganda. L'administration fonctionne. Des gains obtenus dépassent le niveau des obstacles qui jonchent sur le chemin de la paix.
Cependant, certaines voix hostiles à l'état de siège et des gens mal intentionnés, sont enregistrées ici et là. Sont-elles fondées ?
J'émets beaucoup de doutes.
Au Nord-Kivu comme en Ituri, les critiques négatives émanent de tous ceux qui vivent de l'insécurité et qui l'entretiennent. Nombreux sont ceux qui tirent les ficelles de l'insécurité dans l'ombre pour brasser des affaires du sang.
Dans cette économie souterraine créée par les seigneurs de guerre, on y trouve tout le monde. Les simples citoyens comme lampistes et acteurs jouant un second rôle, les opérateurs économiques, les hommes politiques, les activistes de la société civile. Ce n'est pas pour rien que tous ces gens qui se font de la fortune sur le dos du simple et pauvre peuple inoffensif crient en faveur de la levée de l'état de siège. En 27 mois, que des millions ratés !
Il ne faut pas ignorer la complicité d'une certaine couche de la population locale qui envoie ses enfants dans les groupes armés, des hommes politiques qui les entretiennent et des organisations non-gouvernementales internationales qui se font aussi du beurre.
Faut-il souligner la complicité d'autres mauvais compatriotes qui refusent d'aider nos vaillantes forces de défense et de sécurité dans la traque des inciviques sous prétexte qu'il s'agit de leurs enfants qu'il faille protéger à tout prix ? Des témoignages sont nombreux à ce sujet.
En demandant à l'État congolais de lever l'état de siège, que propose-t-on en contrepartie comme mesure ? Rien ! Par manque d'alternative crédible, veulent-ils pousser l'Etat à la faute ? Inacceptable !
Un Etat digne de son nom ne doit en aucun cas démissionner devant ses obligations régaliennes. Où va-t-il le faire sous-traiter ? Mais, par qui ?
L'instauration de l'état de siège a été une bonne décision de la part du gouvernement central. Il va falloir le maintenir. Toutefois, l'améliorer pour une meilleure efficacité serait une résolution acceptable et soutenable.
Au regard des résultats obtenus sur le terrain, je dis non à la levée de l'état de siège au Nord-Kivu et en Ituri. Le gouvernement central ne doit jamais céder aux caprices des seigneurs de guerre et de tous les contrebandiers qui se servent de l'insécurité pour assouvir leur gloutonnerie financière. Ce serait irresponsable de la part de notre Etat.
Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi
Président National de l'UDS

 

RDC : Non à la levée de l'état de siège dans l’Est !
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Les « crédits carbone » pour financer le développement de la RDC et sauver la planète

(Par Christian Gambotti)

Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

 

Une prise de conscience tardive mais réelle ?
Les Etats africains sont confrontés à deux défis majeurs : assurer le financement de leur développement et répondre à l’urgence climatique. Aujourd’hui, le resserrement des sources de financement dont bénéficie l’Afrique menace son développement. Après avoir suspendu ses prêts à la RDC, le conseil d'administration du FMI vient d’approuver un accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) de 1,52 milliard de dollars en faveur de Kinshasa. Il s’agit bien d’un prêt, ce qui alourdit l'encours de la dette publique de la République démocratique du Congo (RDC), encours qui a explosé ces quatre dernières années. La trop grande dépendance du pays au secteur minier fragilise une croissance qui dépend d’une économie encore trop peu diversifiée. Autre difficulté, la trop grande dépendance du pays au secteur minier fragilise une croissance qui repose sur une économie encore trop peu diversifiée. Le gouvernement doit donc s’interroger sur son modèle de croissance et rechercher des modes de financement alternatifs. En même temps, la RDC doit répondre à la demande internationale visant à réduire les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) qui contribuent au réchauffement climatique. Or, depuis 1997, avec la signature du Protocole de Kyoto, s’est organisé le marché des « crédits carbone » qui permet de compenser les émissions de carbone par la réduction, la séquestration, l’évitement voire même l’élimination des émissions de GES. Ce n’est que récemment que l’Afrique a pris conscience de l’importance des « crédits carbone ». En novembre 2022, la COP27, qui s’est tenue en Egypte, a permis de lancer l’IMAC (Initiative pour les Marchés Africains du Carbone), afin de réaliser le potentiel de l’Afrique à générer des crédits carbone et à stimuler la croissance économique verte du continent. La prise de conscience est tardive, mais elle est réelle.
Mettre la RDC au carrefour des enjeux climatiques
Mettre la RDC au carrefour des enjeux climatiques, telle est, désormais, l’ambition du gouvernement. C’est justement une accélération de la lutte contre le réchauffement climatique que vient de proposer le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de la 106ème réunion du conseil des Ministres, qu’il a présidée, le vendredi 28 juillet 2023, à la Cité de l’Union Africaine. Ce Conseil des ministres marque en effet une étape importante, à quelques mois de l’élection présidentielle, dans la recherche de ressources budgétaires et la lutte contre le réchauffement climatique. Au milieu des annonces convenues et des nominations attendues, le compte-rendu de ce conseil des ministres montre que le gouvernement va s’appuyer sur « les conclusions de la première édition du Forum sur la nouvelle économie du climat », qui s’est tenue à Kinshasa du 19 au 21 juillet 2023, afin d’installer la RDC « au carrefour des enjeux climatiques » : « Plus que jamais, la République Démocratique du Congo est au carrefour des enjeux climatiques par sa contribution naturelle qui en fait un leader naturel de rang mondial. Cette position ne constitue pas une condition suffisante pour récolter les dividendes économiques colossaux que regorge la République a appelé le Gouvernement à travailler à la création d’un cadre légal transparent, d’une organisation nationale structurelle cohérente qui soit un appui technique adéquat. Ceci, afin de permettre aux entrepreneurs congolais de pénétrer le marché carbone qui se chiffre en milliards de dollars américains. (…) La création d’un registre de crédit carbone s’impose afin de répondre à la demande internationale. (…) Le Président de la République a chargé le Premier Ministre de veiller à la stricte application des recommandations issues du Forum Economique sur la Nouvelle Economie du Climat afin que le secteur public comme le secteur privé puissent faire profiter notre population de cette manne de crédits carbone que nous méritons».
La première édition du Forum sur la nouvelle économie du climat prend acte de l’existence de l’Initiative pour les Marchés Africains du Carbone (IMAC). Le Conseil des ministres du vendredi 26 juillet 2023, quant à lui, prend acte de l’objectif de l’IMAC qui est de transformer l’Afrique en un vaste marché des « crédits carbone ». L’ambition de l’IMAC est de générer, dans un premier temps, 300 millions de crédits carbone par an et 6 milliards de dollars de revenus d’ici 2030 ; puis, dans un second temps, 1,5 milliard de crédits carbone et 126 milliards de dollars de revenus par an d’ici 2050. Le Conseil des ministres du 28 juillet 2023 affirme la volonté de la RDC de tirer parti, pour le financement de son développement et la mise en œuvre d’une « croissance verte », de l’immense potentiel des « crédits carbone », dont le rôle ne cesse de croître. Le gouvernement congolais note que « la création d’un registre de crédit carbone s’impose afin de répondre à la demande internationale », si la RDC veut tirer profit « de cette manne de crédits carbone ». Il s’agit en effet d’une véritable manne, puisque les « crédits carbone » génèrent d’énormes ressources financières. La RDC, qui dispose du formidable atout de bassin forestier du Congo pour la séquestration des GES, s’intéresse enfin au marché des « crédits carbone ».
« Crédits carbone » : de 2017 à 2023, une mise en œuvre tardive ?
Le Conseil des ministres du 28 juillet 2023, qui flèche la trajectoire pour bénéficier de la manne des « crédits carbone », marque la volonté du Chef de l’Etat d’agir vite pour bénéficier de cette manne. Très tôt, le gouvernement s’est emparé du sujet en signant, le 3 mars 2017, un contrat avec la société CERENE SERVICES, spécialisée dans la mise en œuvre des mécanismes de séquestration du carbone. La société CERENE SERVICES stipule et précise qu’il convient d’abord de réaliser une cartographie précise de l’immense forêt congolaise, dont la superficie reste approximative, estimée entre 180 et 230 millions d’hectares et dont les tourbières de la cuvette centrale sont aujourd’hui menacées Le gouvernement a donc, dès cette époque, parfaitement conscience de l’importance des « crédits carbone » pour abonder au budget de l’Etat. S’il n’a jamais été mis en œuvre, le contrat avec CERENE SERVICES a été prorogé deux fois ; cette prorogation court jusqu’au 31 décembre 2023. On peut s’étonner d’un tel retard dans l’exécution d’un contrat, qui « dort » sur le bureau des différents ministres de l’environnement qui se sont succédé depuis 2017. Existe-t-il, depuis 6 ans, des priorités incontournables qui relèguent le contrat CERENNE dans le tiroir des occasions perdues ? Je me refuse de croire que des intérêts particuliers puissent s’opposer à l’intérêt général. La manne des « crédits carbone » donneraient à la RDC une dimension inégalée dans deux domaines : la lutte contre le réchauffement climatique et les stratégies de financement du développement.
La RDC, « pays solution » à la crise climatique
Particulièrement fragiles, les forêts de l’Afrique centrale, « véritable poumon » de la planète, sont menacées par une exploitation abusive. Or, selon l’UNESCO, la forêt du bassin du Congo, qui s’étend sur le Gabon, la République du Congo, la République démocratique du Congo, la République Centrafricaine, la Guinée équatoriale et le Cameroun, « représente un stock de CO2 équivalent à dix années d’émissions mondiales ». Les décisions prises par le gouvernement congolais, lors du conseil des Ministres du 28 juillet 2023, vont permettre de mieux protéger la forêt congolaise et tirer profit de la manne des « crédits carbone ». La RDC pourra alors se proclamer « pays solution » à la crise climatique grâce au puits de carbone que représentent ses forêts, qui recouvrent 67 % de la surface du pays et ont une superficie estimée à 180 millions d’hectares. Mais, le mécanisme des « crédits carbone », incitant les communautés locales à préserver la forêt, reste peu convaincant aux yeux des populations locales, qui n’en voient pas les retombées financières. Ce mécanisme n’a pas bon plus d’effet global, car il est mis en œuvre dans le cadre d’initiatives isolées. Il faut donc que l’Etat organise l’exploitation de l’immense potentiel du marché des « crédits carbone réglementés » et celui des « crédits carbone volontaires » (1), ces deux marchés étant indépendants l’un de l’autre. En 2021, la valeur du marché réglementé du carbone a augmenté de 164 % à l’échelle mondiale pour atteindre le chiffre record de 851 milliards de dollars. Plus modeste, le marché volontaire du carbone était évalué à 1 milliard de dollars. La demande en « crédits carbone africains », très modeste au départ, ne cesse d’augmenter. Or, le continent n’en produit encore que très peu par rapport à son potentiel. Comment maximaliser les chances de succès du continent africain sur le marché réglementé ou volontaire des « crédits carbone » ? En construisant une architecture réglementaire souvent inexistante, car il s’agit de porter des projets de grande envergure qui s’inscrivent dans la durée ; en clarifiant le rôle des Etats et les responsabilités gouvernementales dans la préservation de la forêt congolaise ; en garantissant l’exactitude et l’intégrité de la certification des marchés des « crédits carbone » ; en faisant en sorte que les recettes des « crédits carbone » demeurent transparentes, puisqu’il s’agit de financer le développement économique et social des pays africains.
On voit le double intérêt de ce nouvel « or vert » que représente le mécanisme des « crédits carbone » pour la RDC. Ce mécanisme procure des ressources budgétaires importantes et il permet de lutter contre le réchauffement climatique. La RDC, grâce au puits de carbone que représentent ses forêts et ses tourbières, peut devenir « un leader naturel de rang mondial » dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme le propose le chef de l’Etat, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Immense pays qui peut s’affirmer comme puissance régionale et jouer un rôle important dans le système des relations internationales et les dynamiques contemporaines, la RDC, si elle veut jouer le rôle qui doit être le sien, doit : 1) disposer des ressources budgétaires nécessaires à la mise en œuvre des performances économique, sociale et environnementale, au profit des populations congolaises et des territoires 2) répondre à la demande internationale de lutte contre le réchauffement climatique. Ces deux boussoles doivent constituer l’architecture du prochain quinquennat de Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’il veut être réélu.
(1) En matière de « crédits carbone », il existe deux types de marchés : le marché réglementé et le marché volontaire. Le marché réglementé (MRC) permet d’échanger des « crédits carbone » contre un droit à émettre des GES. Sur le marché volontaire du carbone (MVC), les entreprises achètent des « crédits carbone » avec des engagements volontaires avec l’objectif d’atteindre « zéro émission » de GES.

 

Le duplicata de la carte d’électeur délivré illégalement par la Céni ne survivra pas à la nature jusqu’aux élections prochaines
1. Pour avoir usé d’escroquerie contre le peuple Congolais, la CENI-KADIMA a sciemment contracté un marché de rétro commission avec le fournisseur de la carte d’électeur en foulant aux pieds la dignité des Congolais.
2. La carte d’électeur imposée à toute une République se dénature, se décolore, ses écrits disparaissent et la photo de l’électeur s’estompe. Sans avoir remédié à ces incongruités techniques jamais connues par le passé, Monsieur KADIMA ne s’est pas gêné de programmer une opération illégale de délivrance des duplicata pour remplacer des cartes électorales obsolètes.
3. La CASE rappelle que l’article 27 de la Loi N° 04/028 du 24 Décembre 2004 identification et enrôlement des électeurs en République Démocratique du Congo stipule que “la carte d'électeur est valable pour tous les scrutins. En cas de perte de la carte d'électeur, au cours de la période d’identification et d’enrôlement, le titulaire s’adresse au Centre d’Inscription pour formuler une demande de duplicata”. Malheureusement, dans le cas d’espèce, la CENI est à l’origine du désagrément technique actuel à partir de son choix biaisé desdits imprimés avec la complicité du gouvernement Congolais.
4. Comment comprendre que la même entreprise sud-coréenne MIRU SYSTEMS qui avait délivré de bien meilleures cartes d’électeurs aux Congolais en 2018, ait été contrainte de fournir des cartes archaïques en une année de si grande percée technologique comme 2023. La CASE considère que la CENI et l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) qui avait validé le marché de fourniture des kits d’enrôlement des électeurs gagné par l’entreprise Miru Systems, sont responsables devant l’histoire de cette forfaiture.
5. La CASE attire l’attention du peuple Congolais sur cette deuxième malversation électorale de Monsieur DENIS KADIMA et prévient que même les duplicatas de la carte d’électeur ne résisteront pas à la nature. Ces duplicatas comportent les mêmes faiblesses techniques et les mêmes failles d’éplorées sur les cartes initiales. Comme les premières, celles annoncées subiront le même sort de perte de qualité des écrits et des photos identitaires des électeurs.
6. La CASE rappelle au Président de la République, Chef de l’Etat, qu’aussi longtemps que la CENI gardera les mêmes personnes comme administrateurs des élections, le processus ne fera qu’accumuler des écueils, ce qui éloignera la nation des meilleures conditions d’apaisement et de cohésion nationale.
Fait aux Etats-Unis d’Amérique, le 05 Aout 2023
Pour la CASE,
Simaro Mbayo Ngongo
PRESIDENT -Expert, Analyste et Consultant international des élections -Consultant de Human Rights et Observateur international

 

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L'écart salarial affecte le développement au Congo

(Par le Prof. Patience Kabamba)

Les enseignants du primaire, dont dépend le développement intellectuel de la jeunesse congolaise, tirent 250 000 francs congolais (environ 100 dollars) par mois du trésor public, un fonds commun à tous les Congolais. Les membres du parlement (après les révélations non-contredites de Fayulu et Sesanga,) en ajoutant des finances publiques tangibles et intangibles, reçoivent jusqu'à 21 000 $ le mois.
L'écart décile (le quotient entre le salaire minimum et le salaire maximum) dans les pays industrialisés est de 1/100 ou 1/50. Tous les efforts des industriels et des syndicats visent à réduire ces écarts à 1/10, de préférence 1/4. On parle d'industries capitalistes où les actionnaires font 100, 50 ou 10 fois plus de profit que les travailleurs. En République Démocratique du Congo, on parle de travailleurs payés par l'État, qui reste le premier employeur, avec un écart décile de 1/210. C'est le destin que nous vivons sans broncher, entravant le développement de notre pays.
MDW a voulu faire un détour théorique avant de proposer des solutions pratiques. Le concret ne peut être atteint que par l'abstraction théorique. Cet armement théorique de Marx peut nous donner la force d'échapper à la misère dans laquelle nous nous sommes enfermés de manière consensuelle. Nous avons maintenu des rapports de production capitalistes alors que tout ce qui appartient au trésor commun nous appartient à tous.
"Dans la production sociale de leur être, les hommes entrent dans des rapports nécessaires, déterminés, indépendants de leur volonté, qui correspondent au degré défini de développement de leurs forces productives..." (Marx, Préface à la Critique de l'économie politique, 1859)
La grande pensée de Marx ici est que l'homme se crée lui-même. Il n'est pas naturel. Ce n'est pas une idée propre à Marx, elle vient des Lumières, on la retrouve aussi chez Rousseau. L'écart salarial est en effet de notre fait. Nous avons créé des êtres sociaux où certaines personnes pompent 210 fois plus d'argent que d'autres dans le même pot. Il faut donc affronter ces deux classes : les enseignants qui produisent plus qu'ils ne consomment (les enseignants sont responsables du développement des jeunes esprits), et les élus qui consomment plus qu'ils ne produisent. Les écarts salariaux sont en effet de notre fait - ils nous placent dans un rapport de production qui ne correspond tout simplement pas au niveau de production de notre pays, ici et maintenant. La concurrence pour le cobalt congolais, actuellement monopolisé par les suisses Glencore et China Molybdenum Corporation (CMOC), est vendue dans tous les pays où les véhicules électriques remplacent les véhicules à énergie fossile. Des dizaines de travailleurs de ces usines, en particulier des camionneurs, ont été contraints de subir une opération de la colonne vertébrale et ne sont pas sûrs de trouver du travail à leur sortie de l'hôpital. Les humains ont été réduits en haillons dans les mines de Kolwezi. Lorsque vous ne serez plus utile, l'entreprise vous licenciera sans autre forme de procédure. Des millions de dollars de l'exploitation du cobalt de Kolwezi vont au trésor congolais, avec un ratio de répartition de 1/210. Un enseignant qui ne retire que 100 dollars par mois est tout simplement en dessous du niveau de production de son pays.
Le mot production n'est pas la même chose que la simple fabrication, « pro » implique avoir un but. Notre objectif est de rendre les congolais heureux. Si cet objectif est confisqué par une minorité, il faut à tout prix changer les rapports de production. Les Députés obtiennent 210 fois plus d'argent que les enseignants, ce qui est incroyable. Marx ne nous a pas demandé de tuer les représentants du peuple ou les membres du gouvernement qui protégeaient ce rapport de production frauduleux, mais il nous a demandé de changer les relations productives qui abusaient des enseignants et des autres personnes à faible revenu. Rapport de production modifié au lieu de guillotine. Comment cela peut-il être fait sans recourir à la violence ? La solution dans ce cas est de diviser par sept les salaires des députés et des sénateurs. La même opération sera répétée pour les plus hauts salaires de sorte que le plafond soit de 3000$ pour tous, pas plus. J’avoue qu’il sera impossible de le faire sans une certaine dose de violence.
Les gens sont libres de gagner 21000$ par mois, mais dans leur businesses personnels, pas dans le service civil où le trésor public est un bien commun. Dans le Contrat Social, Rousseaux nous rappelle que “la force a fait les premiers esclaves et leur lâcheté les a perpétués”. L’ordre actuel de notre société est sujet à un changement drastique.
Une fois que l’on est arrivé à réduire les salaires des politiques à 1/7, tout cet argent ne sera pas donné à ceux qui gagnent moins, il sera investi dans les projets de développement : construction des routes de dessertes agricoles pour permettre l’évacuation des produits agricoles qui pourrissent à l’intérieur du pays. Cela permettra de mettre de l’argent entre les mains des paysans, et cela rendra la vie moins chère. L’enseignant peut survivre avec ses 100$ mensuels parce que les articles couteront moins chers à cause des améliorations de la production locale et des routes et des chemins de fer pour désenclaver le pays profond.
La leçon que Marx nous enseigne est que ce que l’homme a fait, l’homme peut aussi le défaire. C’est le cas des écarts colossaux des salaires. Nous devons les défaire pour le développement de notre beau pays car les rapports de productions dans lesquels ces différences des salaires nous plongent deviennent des entraves au développement du Congo.

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