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Aujourd’hui, j’écris cette tribune avec des larmes aux yeux et de l’amertume dans mon cœur.
(Par Isidore Kwandja Ngembo)
Un regard réfléchi de Feu Etienne Tshisekedi wa Mulumba
Feu Dr Etienne Tshisekedi wa Mulumba aux côtés de son épouse, l’infatigable Marthe Kasalu
Isidore Kwandja Ngembo
*L’homme qui a marqué l’histoire politique congolaise au cours des quatre dernières décennies, et dont le combat démocratique a transcendé le temps et les générations, s’est éteint mercredi 1er février 2017 à Bruxelles, loin de sa terre natale qu’il chérissait tant. Le colosse incontournable qui régentait la vie politique en République démocratique du Congo (RDC) et déplaçait les foules, ne pourra plus jamais les haranguer.
Comme tout bon sportif de haut niveau qui préfère se retirer au sommet de sa gloire, l’intraitable Etienne Tshisekedi wa Mulumba a préféré tirer sa révérence au summum de sa popularité, et ce, à un moment crucial où le peuple congolais avait encore besoin de lui pour qu’il joue un rôle clé en accompagnant sagement la classe politique congolaise dans le processus transitionnel qui s’annonce tumultueux et dangereux pour l’avenir de ce pays.
Premier Congolais docteur en droit, Etienne Tshisekedi était un homme de principes et de convictions qui aura passé toute sa vie jusqu’au bout à lutter pour défendre et promouvoir les valeurs démocratiques et le respect de la primauté du droit en RDC. Malgré le caractère pacifique de son combat politique, l’homme était radical dans sa façon de percevoir l’avenir de son pays. Il prônait un changement radical nécessaire pour réformer la gestion politique et économique pour le bien ses concitoyens. Il luttera toute sa vie pour un changement social et politique qu’il ne verra malheureusement pas.
Tshisekedi est resté fidèle aux idéaux de justice, de liberté d’expression, d’égalité et de dignité humaine, auxquels il croyait fermement jusqu’à sa mort. Son engagement au service du peuple congolais était total et sans failles. Et, ce peuple lui a aussi bien servi. Pour preuve, sa popularité remarquable ne s’est jamais démentie et n’avait cessé de croître au fil des années. L’homme était devenu incontournable sur l’échiquier politique congolais. Toute tentative de vouloir le contourner était vouée à l’échec. Il avait un charisme naturel qui n’était pas forcement lié à ses talents d’orateur, mais à la force de ses convictions et son engagement, qui inspiraient confiance et respect même auprès de ses adversaires.
Un parcours de combattant de la liberté
Tshisekedi était l’un des personnages les plus éminents qui, en RDC, ont combattu pour la démocratie, la liberté d’expression, les droits humains, et se sont opposés aux régimes successifs de Mobutu, Kabila père et fils. Il a personnellement payé lourdement le prix de son combat politique. Durant la quarantaine d’années d’opposition politique, l’homme a subi toutes sortes de violations des droits humains par les régimes qui se sont succédé au pouvoir en RDC : arrestations abusives, emprisonnement, actes de torture physique, mentale et psychologique, relégations au village sans adduction d’eau ni électricité, etc.
Mais, toute cette cruauté inacceptable n’a pas altéré son engagement.
Par sa constance et sa ténacité, l’homme a su vaincre la peur et les intimidations.
Maintenant qu’il a disparu, on ne saura jamais le secret de sa longévité dans le combat politique et la résistance à la dictature. L’homme a emporté avec lui également, dans sa tombe, des pans entiers de l’histoire politique du Congo dont il fut un des principaux acteurs.
Quel héritage laisse-t-il ?
La disparition brutale de Tshisekedi, certes prévisible étant entendu que la mort est une conséquence naturelle de la vie et un phénomène qui touche tout être humain, est tout de même survenue à un très mauvais moment pour l’avenir de son pays.
A l’exemple de Moïse, dans la bible, qui avait vaincu de nombreuses difficultés et conduit le peuple Hébreux à traverser la Mer rouge hors d’Egypte, Etienne Tshisekedi aura également conduit le peuple congolais jusqu’aux portes de la terre promise sans y entrer et leur a dit « prenez-vous en charge ». Avec la disparition de cette figure emblématique, c’est sans nul doute que la vie politique ne se fera plus de la même manière qu’avant.
Etienne Tshisekedi était un modèle d’exemplarité pour les Congolais qui se battent pour l’instauration d’un Etat de droit. Mais, l’homme n’était pas qu’un opposant historique comme on aimait bien l’appeler, c’était toute une « école » qui a formé la classe politique et aussi une pépinière où les différents régimes qui se sont succédé allaient débaucher les faibles d’esprit.
Nombreux dans la majorité présidentielle, aussi bien à l’époque du Marechal Mobutu, de Laurent Désiré Kabila, qu’actuellement avec Joseph Kabila, sont passés par cette « école Tshisekedi ». Nombreux dans la classe politique congolaise, toutes tendances confondues, doivent leur ascension, soit directement, soit indirectement, à Etienne Tshisekedi. Certains, pour leur acharnement farouche contre Tshisekedi, d’autres pour leur rapprochement à Tshisekedi et leur éloquence à pourfendre le régime, finissaient par se faire acheter au prix fort par le régime.
En effet, même si Tshisekedi n’a pu atteindre son objectif, il a réussi à semer l’idée dans la tête de Congolais, d’imaginer un avenir meilleur pour leur pays. C’est ça le précieux héritage que Tshisekedi a laissé au peuple congolais : « Prenez-vous en charge ».
Rendre hommage à Tshisekedi
Etienne Tshisekedi a fait sa part. Tout sa vie, il a mené avec acharnement un combat pacifique pour la démocratie et l’État de droit. Il savait bien qu’en politique il faut savoir négocier, mais il n’était pas prêt à faire des compromissions, à se compromettre lui-même dans les combines politiciennes, les mensonges et les déshonneurs.
Il s’est sacrifié en faisant passer, avant tout, l’intérêt général aux intérêts personnels, en renonçant à tous les privilèges et en résistant à toutes tentatives de succomber aux sirènes du pouvoir tant et aussi longtemps que celui-ci ne servait pas les intérêts de son peuple.
Maintenant que cette boussole qui guidait le peuple congolais n’est plus, le meilleur moyen de lui rendre hommage et d’honorer sa mémoire pour ce combat noble qu’il a mené pour l’édification de la démocratie dans son pays, serait de poursuivre sa lutte pacifique pour la démocratie et le respect de la primauté du droit en RDC.
Il revient donc à chaque Congolais, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, selon ses capacités, ses moyens et ses compétences, de prendre le relais et de faire sa part pour continuer ce combat pour la démocratie, la liberté d’expression, l’état de droit et le respect des droits de la personne, dont le pays a fondamentalement besoin pour opérer des changements substantiels pour le bien des Congolais.
A la classe politique qui négocie la période transitoire, elle doit avoir à l’esprit que Tshisekedi a payé de sa vie pour le Congo.
A son âge, 84 ans, il ne serait pas en train de travailler jour et nuit, de présider des réunions et des audiences pour son pays. Il serait plutôt en train de s’occuper de sa santé et de sa famille. Alors négocier, de bonne foi, une transition pacifique qui devra conduire le pays vers des élections démocratiques, libres et transparentes fin 2017 et asseoir le respect des principes de la démocratie constitutionnelle, du respect strict des lois et de la bonne gestion des affaires publiques. C’est de cette façon que vous allez honorer la mémoire de l’illustre disparu.
Tshisekedi était grand, il le restera dans la mémoire collective de Congolais.
Son combat pour la démocratie est aussi le vôtre, et est loin d’être gagné.
Vous tous ensemble, mettez tout en œuvre pour entretenir la flamme de l’espoir et de la liberté qui a été allumée par Etienne Tshisekedi wa Mulumba, et faites de sorte qu’elle ne s’éteigne pas mais continue de brûler dans le cœur de chacun et de tous.
https://isidorekwandja.mondoblog.org/
(Par Isidore Kwandja Ngembo, analyste des politiques publiques)
Félix Tshisekedi
La réforme des structures organisationnelles, des méthodes de travail et des procédures administratives garantes de la transparence, est essentielle pour établir le cadre d’une fonction publique professionnelle, gage d’une administration publique qui assure l’efficacité de l’État tout en visant son efficience, essentielle pour rationaliser la gestion des finances publiques.
En République Démocratique du Congo, le Président Félix Tshisekedi s’est engagé à bâtir un État stable, pacifique et prospère, fondé sur des institutions démocratiques solides, pour faire face aux défis énormes de développement socio-économique du pays, en général, et aux causes fondamentales des conflits armés qui perdurent et ne cessent d’ensanglanter les populations vivantes dans la partie est du pays, particulier.
Il est évident que cela passera inévitablement par la création des conditions favorables à l’amélioration et au renforcement de la transparente dans la gestion publique, notamment la gestion des ressources humaines et financières, et ce, en combattant vigoureusement la corruption, la concussion, les malversations économiques et financières, et les emplois fictifs payés par des fonds publics, qui saignent à blanc l’économie et les finances du pays et nuisent à l’amélioration rapide des conditions de vie de la population.
Le gouvernement des Warriors, qui a des idées de l’orientation à prendre en matière de politiques publiques et des objectifs à atteindre, devra néanmoins pouvoir compter sur une administration publique professionnelle, composée d’un personnel possédant des connaissances et compétences essentielles à une saine gestion publique et résolu à exécuter efficacement les politiques publiques. Seulement voilà, depuis des années, la réforme de l’administration publique congolaise n’a que très peu progressé et demeure fondamentalement traditionnelle.
Il importe donc de réformer, non pas la fonction publique congolaise, mais bien l’administration publique congolaise, pour permettre un bon fonctionnement des politiques publiques mises en œuvre par le gouvernement. Cela devra passer ultimement par la réforme des structures organisationnelles, des méthodes de travail et des procédures administratives garantes de la transparence et essentielles pour établir le cadre d’une fonction publique professionnelle, efficace et exempte de toute ingérence politique.
Point n’est besoin d’insister ici sur la différence entre l’administration publique et la fonction publique. Toutefois, il convient de clarifier brièvement que l’administration publique est chargée de gérer et de diriger les affaires publiques en suivant les directives du pouvoir exécutif de l’État. Elle dispose pour se faire de différents types de moyens pour assurer l’intérêt général, notamment les moyens juridiques (prérogatives de puissance publique), les moyens matériels et les moyens humains dont la fonction publique composée des fonctionnaires. En terme simple, la fonction publique est au service de l’administration publique.
Ceci étant dit, l’administration publique en tant qu’un ensemble des structures, du personnel et des moyens que l’État met au service de sa population, a pour objectif essentiel d’assurer des services considérés comme utiles à la société. Elle a donc pour mission principale de matérialiser l’exercice des pouvoirs publics, notamment par la mise en œuvre efficace des politiques publiques initiées par le gouvernement.
Or, l’administration publique congolaise actuelle est fondamentalement lourde et intrinsèquement peu efficace, pour accompagner efficacement le gouvernement qui a des objectifs à atteindre à court, moyen et long termes.
Qu’est-ce qu’il faut vraiment réformer ?
Pour espérer atteindre des objectifs qu’il s’est fixés, le gouvernement des Warriors devra accorder une attention particulière à la mise en place d’une administration publique moderne et professionnelle, pour attirer les investissements étrangers créateurs de richesses et d’emplois.
Une série de réformes indispensables devront être exécutées de toute urgence dans l’administration publique congolaise pour plus d’efficacité, d’efficience et d’économie. Il faudrait impérativement revoir les structures fonctionnelles actuelles, les moyens matériels nécessaires et les ressources humaines actuellement pléthoriques.
En ce qui concerne notamment les ressources humaines, un volet important de cette réforme devra consister à la formation et au perfectionnement professionnel continus, nécessaires pour optimiser le rendement des fonctionnaires et agents publics. La jeune École nationale d’administration (ENA) de la RDC, comme instrument de l’État au service de son administration publique, devra s’assurer que tous les employés de l’État ont une compréhension commune de leur rôle en tant que fonctionnaires et agents publics, qu’ils ont une bonne compréhension de l’action publique, et ont les connaissances et les compétences requises pour faire leur travail de façon efficace et professionnelle.
En effet, dans une administration publique professionnelle, un fonctionnaire travaille au service de l’intérêt général. Il est astreint à des règles strictes dans l’exercice de ses fonctions. Il se doit d’assurer un traitement impartial, de respecter la neutralité, d’obéir à la hiérarchie, de ne faire état à des tiers ni divulguer à l’extérieur du service des informations confidentielles dont il a eu connaissance dans le cadre de l’exercice de ses fonctions, hormis les exceptions prévues par la loi.
Des programmes de formation et de perfectionnement pertinents devraient être envisagés notamment sur le comportement des agents publics en matière de transparence, d’éthique publique, d’intégrité et de lutte contre la corruption, et ce, en vue d’augmenter leur niveau de professionnalisme. La modernisation de l’administration publique congolaise devra se concentrer notamment sur la gestion efficace, responsable et transparente des ressources, le renforcement des capacités des agents publics dans la planification, la gestion des finances publiques et la reddition des comptes.
À toutes fins utiles, si le gouvernement des Warriors voudrait promouvoir une fonction publique professionnelle, il devra se doter d’un plan d’action détaillé qui examine toutes les pistes de solutions à mettre en place pour une administration publique efficace et faire preuve de détermination nécessaire pour mener à bien une telle réforme.
Publié le 10 juin 2021 à 23h30’
Tribune de réflexion libre
Les réformes incontournables du deuxième mandat du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo
(Par Daniel MAKILA KANTAGNI, Senior Manager de Sociétés de Droit OHADA, Manager des Travaux Publics, Nationaliste de Gauche et Analyste Politique)
(Texte mis à jour, 27 janvier 2024)
I. INTRODUCTION
Le 20 décembre 2023, le Président Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo rempile pour un second et dernier mandat à la tête de la République Démocratique du Congo. Depuis son indépendance le 30 juin 1960, Ce vaste pays-continent à dimension géostratégique de premier plan a toujours figuré dans l’ordre du jour des toutes les cellules des politiques diplomatiques où les grandes décisions de ce monde sont réfléchies et prises.
Cette donne contraignante qui aurait normalement astreint les politiciens congolais à une veille patriotique anticipative tout azimut est complètement embourbée dans l’inconscience de la course aux avantages personnels.
Il est tout de même inadmissible de relever avec impuissance que les cartels des capitaux étrangers contrôlent outrancièrement toute l’économie du pays, et dans la plupart de cas avec la bénédiction de certains responsables publics. La « république de la Gombe » ne tire-t-elle pas sa force de cette inconséquence politique de laisser le sort de l’économie du pays à la merci des intérêts étrangers ?
Cette sorte de recolonisation capitaliste semble pire que l’emprise de la puissance coloniale d’autrefois sur le destin du pays, en ce que ce sont les propres fils du pays qui l’accompagnent impunément. Le Président réélu n’aura donc pas la tâche facile à dénouer le paradoxe du choix des hommes en harmonie avec ses propres objectifs annoncés lors de sa récente investiture.
Outre les réformes correctives évidentes attendues en vue de réajuster le cadre institutionnel issue du régime politique du 18 février 2006, cap doit désormais être mis sur les questions de développement à la base impliquant ainsi le plus grand nombre d'acteurs dans l’immense espace territorial de notre arrière-pays.
C’est là que doit être menée en priorité la plus grande lutte contre la pauvreté endémique que connaît le République Démocratique du Congo. Cinq ans après la première accession au pouvoir du président Felix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO, des signaux forts en terme de politique publique structurée et visant la guerre contre la pauvreté se font toujours attendre. Le PDL-145 T, retenu comme l’une des solutions à terme, brille plus par des slogans et des discours politiciens que par des actions et résultats impactant véritablement les lignes de la pauvreté dans laquelle baignent des millions des congolais avec un revenu de moins de deux dollars US par jour.
D’autant plus que le maigre bilan à mi-parcours du PDL 145 T présenté par la Ministre d’Etat, Ministre du plan en novembre dernier témoigne d’une mise en œuvre confrontée à des ratés de programmation et des improvisations qui auraient pu être solutionnés avec un peu de rigueur managériale et de vision patriotique. La problématique de l’accessibilité dans l’arrière-pays, aujourd’hui à l’état moyenâgeux et prévue dans le programme, devraient pourtant être cochée dans la case priorité de premier ordre du chronogramme de mise en œuvre du PDL 145 T.
Ce qui malheureusement et étonnement n’a pas préoccupé le pilotage opérationnel.
Si des minuscules ouvrages du types écoles ou centres de santé, réalisable en moins de trois (3) mois dans les conditions qui n’appellent pas les équations d’éloignement, mais qui au finish ont purgés plus d’une année pour sortir des terres, combien de fois sera-t-il laborieux d’attaquer avec des grandes ambitions le volet déterminent du PDL 145 T, sa séquence névralgique, dont la mise en œuvre se fait toujours attendre par nos populations.
Devant s’exécuter dans les profondeurs de l’arrière-pays, loin de la « REPUBLIQUE DE LA GOMBE », Le deuxième volet du PDL 145 T appelle à un investissement moral et intellectuel de grande envergure. C’est un engagement sans alternative à travailler honnêtement, loyalement, rigoureusement, sérieusement, durement, abondamment, assidument, patriotiquement, normativement, qualitativement, dans les sacrifices et l’esprits d’abnégation, en mettant en avant l’intérêt général et l’atteinte à terme raisonnable des meilleurs IDH (Indice du Développement Humain) du pays. Dans l’optique de démanteler l’immobilisme consécutif au mauvais casting jusque-là constaté, ce deuxième mandat du Président de la République doit opérer un correctif substantiel en conjurant toutes les erreurs du passé et imprimer ainsi une nouvelle dynamique impulsant à terme l’émergence des principaux indicateurs du développement.
D’où, la nécessité incontournable d’engager des réformes audacieuses et douloureuses, ayant un caractère interpellateur en ce qu’elles contraignent l’élite du pays, élite intellectuel encadrée par une élite idéologique d’avant-garde, et toutes les forces vives de la nation à se tourner résolument et de manière participative, plus vers les questions de développement que sur celles des contradictions politiciennes qui tirent ainsi le pays vers l’arrière. Les projets de réformes décrits ci-dessous, censés être entrepris dans le cadre du changement radical, sont tous interactifs et n’ont pas d’alternatives à l'étape actuelle, quels qu’en auraient été les acteurs et les idéologies au pouvoir en RD-Congo.
Pour la raison que leur mise en œuvre reste politiquement incontournable, mais aussi d'évidence naturelle comme schéma logique de la feuille de route d’un engagement pour des grands travaux d’aménagement social visant la refondation de l’Etat congolais.
II. Les préalables idéologiques
Le discours du président Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo doit être interpellateur, invocateur et incitateur à une révolution des mentalités. Le président de la république et son Gouvernement doivent aller plus loin et davantage dans la bataille pour la prise de conscience collective des enjeux de la marche vers ce changement crucial. Les chantiers idéologiques ne sauraient se réaliser dans les demi-mesures.
Notre pays est à la traine des autres depuis plusieurs années, alors que ceux-ci avancent. Le Président Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est donc impérativement soumis à l’obligation de résultats à l’issu de son dernier mandat qui commence.
Le premier chantier idéologique auquel le président Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo doit s’attaquer au risque de voir son dernier mandat virer à l’échec, c’est de soumettre le personnel politique congolais, toute chapelle confondue, en commençant par ses plus proches collaborateurs, au devoir de sacrifice, à l'exemplarité positive et au leadership du changement comportemental, avec à la clé la sanction sans exception à tous égard.
Le deuxième chantier idéologique, c’est d’exorciser le congolais de sa foi aux miracles, à la facilité et de sa perversion à s’attendre à tout et tout de suite de l’Etat sans effort de sa part. La meilleure manière d'y contribuer activement, c'est de remettre l'ensemble des forces vives au travail en les détournant de la paresse physique, spirituelle et intellectuelle. Il s’agit entre autres de lutter contre les attitudes parasitaires des biens et ressources de l’Etat, pour lesquelles depuis des années l’affairisme s’est substitué au service public.
Le troisième chantier idéologique, c'est de poursuivre le renforcement de l'Etat de Droit, de la bonne gouvernance et de la justice pour tous. Dans le même ordre d'idée, encadrer efficacement la rationalisation du train de vie de l'Etat en y intégrant le combat acharné de tolérance zéro contre les antivaleurs sous toutes ses formes dans l’administration publique, l’appareil judiciaire et la police nationale.
Le quatrième chantier idéologique, c’est de dépolitiser totalement le recours à l’expertise nationale dans tous les domaines du management des structures de production et stratégiques de l’Etat. Il s’agit de promouvoir les critères de compétences, de moralité, d’engagement patriotique en mettant fin au clientélisme partisan et au népotisme dans le choix des cadres à tous les niveaux de commandement. La RDC n’est nullement la propriété des partis politiques, dont la quasi-totalité est dépourvue d’idéologie, en tant que ligne conducteur d’une gouvernance moderne et de résultat.
Le cinquième chantier idéologique consiste à créer en s’appuyant sur des mesures institutionnelles des pools de réflexions thématiques axés sur le développement des secteurs productifs de manière à généraliser la gestion participative à tous les niveaux de la vie nationale. De sorte qu’autant existe-t-il une conférence annuelle sur les mines, chaque domaine stratégique ayant une incidence notoire sur le développement à la base devrait également se doter de son organisation de rencontre annuelle ou semestrielle respective et d’un organe structurel de suivi pris en charge par le trésor public. Chaque province et chaque territoire devraient se doter de sa conférence annuelle ou semestrielle et d’un secrétariat permanent.
On citera à titre d'exemple la conférence annuelle sur l’agro-industrie, sur les PME-PMI, les coopératives de développement, la formation professionnelle, l’artisanat, les mutuelles et les micro-assurances etc….Et pourquoi pas pour les besoins de synergie, un congrès tous les trois ans de toutes les organisations de réflexions des forces productives et paysannes. Ainsi, il devrait être supprimé le Conseil Economique et Social de manière à mettre à l’avant plan l’organisation des conférences annuelles évoquées ci-haut.
III. objectifs visés
*Les réformes proposées, ci-dessous, entendent fédérer toutes les intelligences et toutes les énergies nécessaires en vue de booster les facteurs du produit intérieur brut* à des niveaux permettant l’atteinte à bref échéance de l’autosuffisance alimentaire et l’amélioration de l’Indice du Développement Humain (IDH) en RDC. Nul n’ignore la part significative des importations dans la balance commerciale de notre cadre macroéconomique. Il s’agit d’impulser des projets économiques permettant de capter et recycler à l’intérieur les devises englouties dans l’extraversion de nos besoins de consommation.
Dans ce même élan, encourager à consommer congolais et à renforcer la valeur de la monnaie nationale de sorte à agir positivement sur le pouvoir d'achat de notre marché intérieur.
La conséquence qui s'en dégage naturellement c'est de contribuer par effet multiplicateur à hausser le niveau du budget national et celui des investissements des infrastructures de base. Bien entendu, l’objectif au plan social consisterait à créer les nouveaux emplois à l’effet de résorber le chômage des jeunes et Inverser la courbe de l’exode rural avec comme incidence à terme la déconcentration progressive des agglomérations urbaines et l’éradication des phénomènes de délinquance de besoin qui s’y développe sans cesse.
IV. Les politiques publiques attendues pour créer les emplois massifs et lutter contre la pauvreté
1. De l’instauration d’une gouvernance de performance, de résultats et de redevabilité sous contrôle de l’Inspection Générale d'Etat (IGE)
Nous avons dit « INSPECTION GENERALE D’ETAT, IGE en sigle ». La meilleure manière d’optimaliser la gouvernance institutionnelle c’est de placer en ordre prioritaire les enjeux cruciaux des réformes à mener par le Président Felix-Antoine Tshisekedi dans le cadre de son présent et dernier mandat. Car, l'Etat de Droit, tout comme la force de l'autorité de l'Etat, dont l'un des corollaires est la bonne gouvernance, a pour socle essentiel l'application des grands principes des valeurs cardinales qui fondent l’administration publique, en les revalorisant à tous les niveaux de l'appareil de l'Etat.
Il en est ainsi du juste accès aux services publics, de la proximité des institutions de l'Etat avec les usagers et administrés, *mais surtout de la performance de ses missions. C'est dans cette optique que depuis 2016, termes de références de création en RDC à l’appui, votre humble serviteur hurle chaque jour, à l'impérieuse urgence de doter la République Démocratique du Congo d’une INSPECTION GÉNÉRALE D'ETAT (IGE).
En effet, l’INSPECTION GÉNÉRALE D'ETAT (IGE), est une importante institution de l’ordre administratif supérieur, du reste stratégique et opérationnelle dans la quasi-totalité des nations du monde moderne. Malheureusement, elle manque cruellement à notre pays. Lorsqu’elle fonctionne à plein régime, L’IGE est un facteur important de valeur ajouté monétaire et non monétaire à l'ensemble du fonctionnement de l'Etat et à la bonne marche économique et sociale du pays. Devant relever de la haute autorité du Chef de l'Etat en vertu de l’article 69 de notre constitution, l’IGE a dans sa mission de veille et d’alerte les actions de vérification, d’investigation, d’enquête, d’audit des services publics, d’évaluation des politiques publiques, d’études et de recherches sur la gouvernance de qualité.
Comme partout ailleurs, Les missions de l’IGE s’exercent indistinctement sur l’ensemble des services de l'Etat, quelle que soit leur mode de gestion ou leur localisation géographique. Sont ainsi concernés par les missions de l’IGE, les entités publiques et parapubliques, y compris les inspections sectorielles, parmi lesquelles l’Inspection Générale des Finances (IGF), les établissements publics quel que soit leur statut ou leur appellation, les entreprises du secteur parapublic et les personnes morales de droit privé bénéficiant du concours financier de la puissance publique, notamment les attributaires des marchés et contrats de l’Etat.
Ainsi, par ses activités, l’IGE produit plusieurs types de rapport, tels que des rapports d’inspection, désignés sous le vocable de Vérification administrative et financière (VAF) ; Des rapports de vérification intégrée, en particulier de vérification de l’optimisation des ressources (VOR) ; Des rapports d’audit interne supérieur (AIS) ; Des rapports d’études, Des rapports d'enquête et d'investigation, un rapport annuel d’activités ; un rapport annuel sur l'état de la gouvernance et de la reddition des comptes. Les rapports de *l’IGE* sont destinés au Président de la République qui décide, selon le cas, de leur diffusion ou de leur déclassification.
2. De la recherche à l'intérieur du nerf de la guerre
Il s'agit de structurer et de dynamiser le marché financier local en le rendant au bout de l'effort, performant, inclusif et fiable. C’est l’un des moyens principaux qui visent à booster la production intérieure, sans recours au financement extérieur, dont les conditions d’accès ne favorisent nullement le développement autocentré en toute indépendance. *En RDC, le flux d’argent circulant hors du circuit financier formel serait estimé selon certains économistes à plus de 250 Milliard de dollars US*. Ce flux financier peut être capté, recyclé et orienté vers le système bancaire de manière à structurer l’épargne nationale en appui au financement monétaire encadré selon les grandes règles prudentielles.
Sans aller dans les détails de sa faisabilité opérationnelle, l’Etat congolais se doit d’engager des réformes audacieuses axées sur le développement et l’encadrement institutionnel des réseaux des commerce, de mutualités et autres intérêts coopératifs, d’une part, grâce aux systèmes adaptés de microfinance et de microcrédit, et d’autre part, par la fiabilisation et l’encadrement optimal du secteur des assurances et des micro-assurances, à l’effet de créer et développer l’épargne nationale inclusive en appui au système bancaire. Il n’y a aucune roue à réinventer ici.
La Suisse ne doit le dynamisme de son industrie qu’à la prospérité de son système d'épargne national financé par les grandes compagnies d’assurances et réassurances, ainsi que par son système bancaire légendaire. C’est dans cette optique qu'en RD-Congo, il sera déterminant de renforcer la politique de bancarisation à tous les niveaux des strates de la population active, en encourageant l'implantation géographique à grande échelle des banques et des établissements de microfinances à vocation populaire et accessibles à toutes les bourses.
3. De l’encadrement progressif du secteur informel
Les politiques publiques en cette matière devront se reposer sur deux piliers :
1. La mise en place des systèmes d’intervention institutionnelle de promotion, d'encadrement multiforme, d’assistance managériale, technique spécifique et financière en faveur des coopératives et regroupements des acteurs évoluant jusque-là dans l’informel. Ainsi, va-t-il falloir les susciter dans tous les domaines en commençant par le secteur de la production paysanne. Cette politique peut s’exercer par la mutualisation des moyens de production au profit des sociétaires, par l’inspection, la facilitation et le suivi du cadre d’exploitation, mais aussi et surtout en application d’une organisation commerciale structurée.
Elle va s’appuyer sur la vulgarisation à grande échelle des mesures institutionnelles auprès des sociétaires et sur le renforcement de l'encadrement professionnel de la main d’œuvre spécialisée du développement paysan. La dite politique devrait se matérialiser par l’engagement à structurer et développer les infrastructures de proximité de conservation, de commercialisation et de transformation manufacturée ou semi-industrielle.
2.L’engagement de mettre en œuvre le cantonnage manuel et semi-mécanique en vue de maintenir en permanent état praticable les voies de desserte paysanne, comme ce fut le cas pendant la période coloniale et celle d’avant la zaïrianisation décidée sauvagement en 1973.Aussi, envisager la possibilité de créer un Office des Routes dans chaque Province.
4. De l'appui institutionnel renforce au profit des pme et pmi existantes
Il devient impérieux dans le contexte actuel de besoin de création massive d'emplois et des richesses de promouvoir à grande échelle les Petites et moyennes Entreprises PME-PMI, avec la mission d’accompagnement par des nouvelles solutions économiques intégrées et adaptées. Dans un ensemble d'action directe, le Gouvernement de la république se doit d’élaborer et mettre en place une politique de financement massif des activités productives durables à l’actif des PME et PMI, en insistant sur celles implantées dans l'arrière-pays.
Cette intervention devra tirer ses ressources en grande partie de l’épargne nationale générée par le produit du secteur financier, ainsi que celui des mutualités évoquées ci-haut. Dans le secteur de la production agricole et agro-industriel, réfléchir à l’idée de recourir, en observant strictement les règles prudentielles conséquentes, au financement monétaire lorsqu’il s’agira d’intervenir en amont des grandes campagnes agricoles rigoureusement et préalablement planifiées.
5. Du plan de développement de l’habitat
Elaboré par une équipe d’experts, sous la direction d’un compatriote architecte et ancien ministre, plusieurs fois conseiller dans divers cabinets ministériels, il existe un plan national de développement de l’habitat à échelle multisectorielle et multidimensionnel Impliquant directement les institutions nationales, en commençant par le Président de la République, Chef de l’Etat. Ce plan est déjà disponible attend d’être approuvé par la hiérarchie suprême du pays, censé conduire son pilotage politique et opérationnel.
Les institutions du pays interviennent à toutes les étapes dans la finalisation conceptuelle des programmes d’exécution, dans le pilotage et dans la réalisation concrète de ce plan, car, celui-ci vise à terme la construction, dans deux cents agglomérations du pays, d’un million de logements socioéconomiques et de standing, qu’accompagne le développement des infrastructures composants l’habitat. A terme, ce plan prévoit la création de plus d’un millions d’emplois directs aux travers les industries, les services et les activités connexes au bâtiment.
Pour y parvenir, ce plan se base sur les normes architecturales, urbanistiques et techniques modernes, ainsi que sur les éléments essentiels d’une Politique nationale d’Habitat, avec intégration rationnelle des composantes universelles de l’Habitat que sont les Logements, les équipements administratifs, les équipements sociocommunautaires, les Infrastructures de base, énergétiques, socioéconomiques et de transport, ainsi que les éléments d’environnement. Le tout intégré dans un urbanisme moderne et un aménagement du territoire cohérent, équitable et équilibré des 26 provinces du pays.
Les logements sont prévus d’être attribués aux populations aux conditions les plus favorables de crédit à court, moyen et long termes. Une partie des logements (10%) est destinée à l’élargissement du parc immobilier propre de l’État et aux logements de fonction des agents de l’État. Contenu dans une étude de faisabilité de près de 500 pages ainsi que plusieurs synthèses, ce Plan est appelé à être une œuvre sociale de grande envergure et de longue durée au profit des populations du Congo, entrainant la réalisation et la modernisation de plusieurs autres projets intégrés de principaux secteurs de la vie nationale.
V. Conclusions
En conclusion, les reformes impératives et incontournables que doit engager le Président de la République fraichement élu se résument comme suit :
1. Créer en République Démocratique du Congo une Inspection Générale d’Etat (IGE) afin de doter le pays d’un instrument efficace et moderne de contrôle et de suivi de la gouvernance à tous les niveaux des institutions publiques, avec à la clé le retour à la sanction.
2. Supprimer le Conseil Economique et Social pour le remplacer par une institution d’organisation et de suivi des conférences sectorielles des forces vives de la nation totalement décentralisées.
3. Elaborer et mettre en place une politique publique de choc visant l’encadrement progressif des activités du secteur informel, le renforcement de capacité des PME/PMI existant et en formation, le captage et le recyclage des flux financier circulant hors des circuits des institutions financières agrées, afin de pourvoir à la création d’un système d’épargne national fiabilisé.
4. Adopter et mettre en œuvre le plan de développement de l’habitat déjà disponible et soumis à la haute hiérarchie du pays.
5. Elaborer et mettre en place une politique publique d’encadrement des ressources humaines qui permette son emploi optimal en dépolitisant totalement le recours à l’expertise nationale à tous les niveaux de la gouvernance publique.
Nonobstant quelques avancées de ces deux dernières décennies, la pauvreté en RD Congo se maintient encore à un niveau élevé par rapport aux normes internationales. La lutte contre la pauvreté demeure ainsi la première mission de toute gouvernance politique dans les pays sous-développé comme le nôtre. Car, la pauvreté ne connaît, ni de parti politique, ni de clivage ethnique, encore moins de conflit de génération ; mieux, de tendance idéologique.
De l'avis de tout observateur, le seul grand parti politique d'opposition connu à ce jour en RD-Congo, c'est la précarité ambiante et le ventre affamé du citoyen. Celui-ci a l’inconvénient d’avoir les oreilles complètement bouchées, car n’ayant la vertu de ne pas prêter attention au discours lui adressé par ceux qui ont la bouche pleine. Il ne sait qu’une seule chose.
Voir les réalisations à impact positif sur son sort. Raison pour laquelle, Le président Felix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a l’obligation de se détourner de la distraction politicienne vers laquelle il est attiré par les coalitions factices et opportunistes créées pour les besoins de positionnement politicien.
Le Président se doit de recourir à l’engagement patriotique et à l’expertise des fils du pays prêt au sacrifice, en saisissant à bras-le-corps toutes les opportunités à valeur ajoutée réelle ayant une incidence certaine sur la réduction du taux de pauvreté, de l'insécurité alimentaire et des inégalités sociales.
(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite à l’Université de Kinshasa)
Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emerite
Un correspondant m’a posé une question d’actualité, la question de savoir s’il était légal que des députés qui venaient à peine d’être élus aux élections de décembre 2023 sur les listes présentées par l’Opposition tournent aussitôt casaque et déclarent soutenir le Pouvoir. De même des députés élus sur la liste du Pouvoir qui déclareraient embrasser l’Opposition parce qu’ils n’ont pas obtenu satisfaction auprès du Pouvoir. Je n’ai pas su quoi lui répondre, et me suis contenté de dire que c’était de la compétence de la Commission constitutionnelle. A elle de se prononcer et de statuer.
Pour moi, ces politiciens qui bradent la confiance des électeurs sont des gens sans conviction, de vils opportunistes à la recherche de prébendes et de mangeoires.
Ma conviction est que notre démocratie a besoin de « critiques constructives », bien que nos compatriotes congolais n’aiment pas la critique, ni la contradiction. Formulez une critique objective, et vous vous serez fait un ennemi juré.
Tirant les leçons du passé, le Constituant a retenu dans l’article 8 de la Constitution une loi organique pour déterminer le statut de l’Opposition politique. La loi a été faite.
Mais, pensez-vous qu’on a désigné « chef de l’Opposition » le chef du parti qui a le plus d’élus ? Nenni.
On a préféré des concertations entre les partis à l’Assemblée nationale en vue d’un vote. Finalement on n’a pas réussi à désigner le chef de l’Opposition. Et actuellement, c’est le parti Ensemble de Moïse Katumbi qui a le plus d’élus dans l’Opposition ; mais certains d’entre eux viennent de faire défection. Et, lui-même n’a pas postulé à la députation nationale, et il est contesté pour les raisons que l’on connaît.
Si Muzito a été élu, le poids politique de son parti pose problème. Certains de ses députés ont d’ailleurs déclaré quitter le parti. Fayulu n’a aucun député, et lui-même n’a pas postulé. Que faire ?
Je me félicite que dans son discours d’investiture, soucieux de la cohésion nationale, le Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo ait déclaré qu’il exhortera le Parlement d’assurer l’effectivité du rôle de « Porte-parole de l’Opposition » qui sera désigné conformément à la Constitution.
A mon avis, cet homme ou cette femme qui conduira l’Opposition devra jouer un rôle autre que celui de Mende Omalanga avec Joseph Kabila et de Patrick Muyaya avec le gouvernement Sama Lukonde.
Certes, les deux ont été brillants dans leur rôle de porte-parole du gouvernement. Mais le chef de l’Opposition devra constituer un contre-pouvoir. L’Opposition n’est pas une sinécure.
Si minoritaire soit-elle, l’Opposition parlementaire doit être intelligente, courageuse, persévérante, courtoise. Elle doit proscrire les insultes et les coups au bas de la ceinture.
En observant la vie politique française, j’ai toujours été agréablement surpris de voir comment le Gouvernement et l’Opposition se rencontraient à certaines occasions pour échanger et résoudre des problèmes lancinants qui engageaient l’avenir de leur pays. Sera-ce possible chez nous ?
En étudiant la vie politique de la Grande-Bretagne, j’ai été subjugué par l’institution du SHADOW CABINET.
Le Cabinet fantôme organise la stratégie parlementaire de l’Opposition, et permet aux députés d’acquérir de l’expérience. Chaque membre du cabinet fantôme est chargé de surveiller et critiquer l’action d’un ministre du gouvernement. Les membres du cabinet fantôme sont généralement appelés « ministre fantôme du ministère surveillé ».
Cette institution pourra-t-elle nous inspirer ?
(Par le Prof. Patience Kabamba)
Pendant les vacances de Noël, au cours d’une promenade, Ryan, mon garçon de 16 ans qui a remarqué que le seul livre que j’avais sur ma table de travail était le premier volume du Capital de Karl Marx me posa la question de savoir qui était Karl Marx. Ma réponse était aussi spontanée que la question de Ryan.
Marx était un communiste. La seconde question ne s’est pas faite attendre : c’est quoi un communiste ? J’en ai profité pour tenter de lui expliquer ce que c’est que le communisme. J’ai commencé par un constat : nous sommes restés en Pennsylvanie alors que beaucoup de nos voisins sont partis en vacances en Floride où il fait moins froid. Nous sommes pourtant mieux que la plupart de nos voisins à Kinshasa au Congo. Bref, les inégalités sociales opposent les hommes les uns aux autres. Le constat de Marx en 1840 était que l’ouvrier souffrait dans son existence et le capitaliste souffrait dans son veau d’or du profit.
Au plus haut niveau de la richesse, il y a une pauvreté stationnaire. Le travailleur est toujours perdant. Dans le capitalisme l’accord entre l’ouvrier et le patron est supposé être un accord entre des égaux. Marx réfute cette assertion car la seule issue pour le travailleur est d’accepter le salaire le plus bas possible. Il définit ainsi le capital comme du travail accumulé, stocké en réserve, du travail volé et rémunéré. Le profit vient du fait qu’au lieu de payer un ouvrier pour 10 heures de travail, on le paye pour seulement 5h. C’est la seule façon de faire le profit. Alors qu’une machine qui vous a couté 100$ utilise 100$ jusqu'à son usure. Il ne produit rien. La clé dans la compréhension de Marx dans ce contrat est que le profit provient essentiellement de l’exploitation du travailleur et jamais des machines.
En déclarant cela, Karl Marx s’oppose aux idées des économistes de son temps comme Adam Smith. Pour Smith, si chacun poursuivait son propre intérêt, les choses iraient mieux car il existe une harmonie préétablie entre les intérêts individuels. Les vices privés sont une bénédiction commune.
La prostitué qui doit envoyer ses enfants à l’école devrait leur acheter des nouveaux habits, ce qui va donner du travail aux tailleurs.
Les conflits sociaux vont donner du travail aux juristes, etc… Bernard Mandeville explique cela dans la fable des abeilles. Des abeilles vivent une vie communautaire prospère, mais dans le péché et le désordre. Cependant lorsque la niche d’abeilles se décide de devenir vertueux, elle s’écroule. C’est l’égoïsme postulé dans la nature humaine où la moralité de l’économie politique fait l’économie de la moralité.
L’économie politique d’Adam Smith et Ricardo font de l’homme une monade isolée et repliée sur elle-même. L’économie politique ne reconnaît pas l’aliénation dans le travail. Le travailleur est une machine à produire. Pas de travail, pas de salaire, pas d’importance sauf entant qu’ouvrier. Le salaire paie la main d’œuvre et non la personne humaine. Dans la Richesse des Nations Adam Smith fait allusion à une loterie où 20 personnes échouent pour chaque personne qui gagne. L’économie politique repose sur la propriété privée. Pour Karl Marx, l’argent transforme les désirs de son propriétaire. Il est le seul entremetteur qui rassemble les opposés : l’argent rend le noir blanc, il rend le laid beau .
C’est un métal maudit…c’est la prolifération anarchique des besoins. Marx lie l’argent a un développement historique et aux idéologies qui l’expriment. Seule la lutte des classes permet à faire bouger l’histoire.
Ryan me reprend gentiment en me disant, papa, c’est beau tout ce que tu dis mais, le communisme c’est quoi ?
Et je lui répondis alors. Notre attachement à la communauté, c’est-à-dire, le désir de vivre avec les autres, avec ton frère ou tes parents n’est pas quelque chose d’extérieur, c’est enraciner en nous, c’est notre naturalité première. Un singe de deux mois saute déjà d’un arbre à un autre.
Le petit de singe devient Independent en très peu de temps. Le petit enfant né-inachevé. La relation sociale est le noyau. Sans relation à l’autre, on n’est pas viable. Le collectif n’est pas un bricolage ultérieur, ce n’est pas une construction, mais une fondation première de la communion initiale. Un homme est un sujet historique de communauté obligatoire. L’homme tout seul ne produit rien, c’est la communauté qui produit. En tant qu’humanisme, un naturalisme achevé, en tant qu’abolition possible de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, le communisme est la vraie solution de la lutte entre l’existence et l’essence, entre objectification et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il est l’énigme résolu de l’histoire, et il se connait comme solution. (Marx, Manuscrit de 1844). Le désir infini qui brille dans les yeux des hommes et des femmes, c’est le désir du communisme ; notre désir profond, c’est la relation communiste à la réalité de l’histoire.
Dans la vie communautaire, dans le communisme, il n’y a pas d’économie car l’économie sert à produire pour le marché et non pour les besoins de la communauté. Dans le communisme, il n’y a pas de politique car la politique réarrange des espaces de docilités après la dislocation des communautés de l’être et l’introduction des sociétés de l’avoir propres au capitalisme qui dévore tout sur sa route. Le capitalisme a confisqué notre vie car désormais nous n’avons de vie que pour l’argent. Le capitalisme est la course a un argent que nous ne contrôlons plus, mais qui nous contrôle. Dans le capitalisme on ne prend pas le pouvoir, c’est le pouvoir qui vous prend.
Cependant, pour Marx, mon cher Ryan, Le capital peut tout bouffer, il peut tout dévorer. Il a dévoré les espaces, les forêts, les corps, les sexualités. C’est le grand vampire, le grand cannibale. Il a tout mangé, mais il n’est pas invalidable. Le capital peut tout avaler, peut nous écraser dans le narcissisme, dans la marchandisation. Un jour dans la rue, un homme, avec ses yeux, regarde une femme et il sent dans ses yeux briller une lumière d’éternité. Le capital ne peut pas dévorer ça ! Le capital ne peut pas digérer ça !
L’amour est la mesure de notre relation à l’autre. C’est la vielle taupe qui surgit encore et toujours comme nous dit Marx. L’amour est notre rempart contre la marchandisation de nos vies et la dictature démocratique de l’avoir.
« Nous sommes conscients que le chemin sera long et semé d’embûches, mais nous croyons fermement que grâce à votre leadership et votre détermination, le Congo démocratique et républicain peut atteindre des sommets jusqu’alors insoupçonnés. Nous sommes persuadés que votre gouvernement saura mettre en place des politiques publiques ambitieuses, garantissant un accès équitable aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi pour tous les citoyens. Nous avons confiance en votre capacité à renforcer la démocratie et l’Etat de droit, à lutter contre la corruption et à promouvoir la diversité culturelle et linguistique de notre pays ». Tel est l’extrait du message de soutien de Sa Majesté Mfum’ Ngol’ Ntwal Moka Mpati, Roi des Yansi, au Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Conscient de nombreux défis à relever, il a témoigné et rassuré le soutien de sa juridiction au programme gouvernemental du Chef de l’Etat axé sur six axes prioritaires. Ci-dessous, l’intégralité de son message.
Monsieur le Président de la République Démocratique du Congo, Son Excellence Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo,
La Cour Royale Yansi, ainsi que son peuple, tient, en ce jour, à vous assurer de sa parfaite loyauté à la Constitution, aux lois et aspirations légitimes du Congo démocratique et républicain.
Dans ces temps particuliers où les nations se réorganisent autour de nouveaux paradigmes, notre merveilleux pays se doit de conjuguer toutes les bonnes volontés afin de donner une place et un avenir radieux à tous les Congolais et Congolais qui, depuis trop longtemps, ont été la proie d’appétits féroces et insensibles à leurs souffrances.
Nous avons été attentifs à votre discours d’investiture et nous sommes en phase avec les priorités que vous y avez évoquées.
Nous serons donc à vos côtés et soutiendrons vos efforts de développement de justice sociale et de modernisation de tous les aspects de la Nation. En effet, la simple circulation dans le pays est parfois si difficile qu’il faut des jours, des semaines voire des mois pour parcourir des distances qui, en temps normal, ne devraient prendre que quelques heures tout au plus.
Nous sommes conscients que le chemin sera long et semé d’embûches, mais nous croyons fermement que grâce à votre leadership et votre détermination, le Congo démocratique et républicain peut atteindre des sommets jusqu’alors insoupçonnés. Nous sommes persuadés que votre gouvernement saura mettre en place des politiques publiques ambitieuses, garantissant un accès équitable aux soins de santé, à l’éducation et à l’emploi pour tous les citoyens.
Nous avons confiance en votre capacité à renforcer la démocratie et l’Etat de droit, à lutter contre la corruption et à promouvoir la diversité culturelle et linguistique de notre pays. Nous souhaitons que la voix de chaque Congolais soit entendue et prise dans les décisions qui concernent leur vie quotidienne.
En tant que représentants de la Cour Royale Yansi, nous sommes honorés de pouvoir vous exprimer notre soutien et notre engagement à vos côtés. Nous sommes persuadés que la collaboration et la dialogue constructif entre toutes les forces vives de la Nation permettront de bâtir un avenir meilleur pour le Congo démocratique et républicain.
Nous sommes convaincus que la paix et la sécurité sont des éléments essentiels pour le développement durable et l’épanouissement de notre pays. Nous appelons donc à une coopération régionale et internationale renforcée pour relever les défis qui se présentent à nous, notamment en matière de lutte contre les groupes armés et les trafics illicites.
Nous sommes également conscients de l’importance de la protection de l’environnement et de la biodiversité pour l’avenir de notre planète. A cet égard, nous encourageons votre gouvernement à mettre en place des politiques environnementales ambitieuses, visant à préserver nos richesses naturelles pour les générations futures.
Enfin, nous tenons à vous remercier pour votre engagement en faveur de la promotion des droits de l’homme, de la femme et de l’enfant. Nous sommes convaincus que la participation active des femmes et des jeunes dans tous les secteurs de la société est essentielle pour la construction d’un Congo démocratique, équitable et prospère.
Dans l’espoir d’une collaboration fructueuse et durable, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de notre haute considération et de notre profond respect.
Son Altesse Royale, Mfum’ Ngol’ Ntwal MOKA MPATI
David Menge
*‘’L’exemple français du nouveau cadre pour le financement de la vie politique peut nous inspirer. Il ne s’agit pas de nous calquer fidèlement sur ce modèle, mais d’instaurer un débat parlementaire sur les voies et moyens d’aboutir à une solution qui permettrait le financement public des partis politiques et qui contribuerait à la stabilité des partis et au renforcement de l’unité nationale’’, écrit depuis Paris, M. David Menge, Docteur en Histoire des Sciences, à Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président
Excellence Monsieur le Président,
Je suis citoyen congolais vivant à l’étranger depuis plusieurs années et je n’ai jamais rompu des liens avec notre pays. Cette marque de patriotisme m’a conduit à m’intéresser à l’organisation des élections 2023 et à la campagne qui a suivi jusqu’à la proclamation des résultats, renforçant l’adhésion des Congolais à votre projet politique. C’est un exercice social auquel tous les acteurs politiques se sont prêtés, même s’il y a eu beaucoup de candidatures non fondées, pour faire vivre la démocratie et cela mérite d’être mentionné.
Nous savons tous, sauf quelques esprits malveillants, que notre pays est dans un processus continu d’apprentissage de la démocratie appelant à une collaboration entre les citoyens et les acteurs politiques de tout bord. Même si tout n’a pas été parfait, sur ce point, je tiens à vous féliciter, au-delà de votre victoire sans appel, pour votre engagement politique sans faille et pour votre esprit patriotique. Les Congolais, en regroupement politique ou les Congolais en indépendant, ont contribué au débat politique et l’ont enrichi. A l’issu de ce scrutin multiforme chacun devrait tirer de bons enseignements de l’expérience acquise afin de préserver la cohésion et l’efficacité de notre unité nationale.
Excellence Monsieur le Président,
En votre qualité de père de la nation qui assure, par votre arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat, vous savez plus que nous, du fait de votre appartenance passée à un grand parti politique de notre pays, que la démocratie ne peut pas s’ancrer fondamentalement dans nos traditions sans la participation active des partis politiques dans leur esprit de compétition. Pour fonctionner et vivre selon les lois, les partis politiques ont besoins de moyens financiers. Aujourd’hui, les partis politiques congolais sont financés par des ressources privées. Il s’agit des cotisations de leurs adhérents et les dons des personnes privées qui restent modestes pour couvrir toutes les dépenses liées à leurs activités (financement des campagnes électorales, locations des bureaux, etc.).
Pour besoin d’équilibre entre les forces politiques et celui de mettre fin à tout esprit de suspicion de la part de l’opposition politique qui accuse souvent le parti au pouvoir de se servir des moyens de l’Etat à leur dépens, nous nous tournons vers vous, Excellence Monsieur le Président, afin que vous puissiez, au cours de ce second mandat ouvrir un débat et une réflexion sur le financement public des partis politiques dans notre pays.
Excellence Monsieur le Président,
En France pour ne citer que ce pays qui nous est proche culturellement, le financement des partis politiques a fait l’objet de nombreux et graves scandales dans l’histoire de leur démocratie. Sous pression de l’opinion publique et des associations, l’encadrement par l’Etat du financement des partis politiques français a été renforcé progressivement par des lois à partir de 1988. Aujourd’hui pour qu’un parti politique bénéficie d’un financement public, il doit obtenir au moins 5% des suffrages aux présidentielles et plus de 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions en ce qui concerne les législatives. A cela s’ajoute les sanctions financières pour le non-respect de la parité hommes-femmes parmi les candidats du parti.
Cet exemple français du nouveau cadre pour le financement de la vie politique peut nous inspirer. Il ne s’agit pas de nous calquer fidèlement sur ce modèle, mais d’instaurer un débat parlementaire sur les voies et moyens d’aboutir à une solution qui permettrait le financement public des partis politiques et qui contribuerait à la stabilité des partis et au renforcement de l’unité nationale.
Dans l’espoir que cette première lettre ouverte que je vous adresse rencontre votre assentiment, je promets de vous écrire régulièrement pour vous suggérer les sujets de débat correspondant à votre vision de la société congolaise.
David Menge
Dr en Histoire des sciences
(Chapitre I)
Jo M. Sekimonyo, l’un des initiateurs de cette proposition
*A la lumière de l’évolution du paysage sociopolitique et dans un engagement à promouvoir une plus grande démocratie, égalité et progrès en République démocratique du Congo, cette proposition présente un plan complet pour la révision de la constitution de notre nation. Reconnaissant la nécessité d’un cadre de gouvernance réactif et inclusif, ce document décrit les principales modifications et réformes visant à résoudre des problèmes critiques, à protéger les droits fondamentaux et à promouvoir les intérêts de tous les citoyens congolais.
Ce projet de constitution vise avant tout le développement de l’économie nationale et au bénéfice de tous les Congolais. Le document complet est prêt, mais nous le publierons par chapitre pour faciliter la compréhension. Nous avons commencé à recueillir les signatures nécessaires pour pouvoir débattre au Parlement. Cependant, nous nous réservons toujours le droit de déclencher un référendum. Les articles qui vont faire l’objet d’une modification sont les articles suivants : I. Chapitre 1 er : les articles relatifs aux droits fondamentaux des congolais Article 1er : L’article 2 est modifié comme suit : - La République Démocratique du Congo est composée de la capitale et de provinces dotées de la personnalité juridique. - La capitale est le siège des institutions nationales et a le statut de province. La loi fixe le lieu de la capitale qui peut être transférée dans un autre lieu bien par référendum. - La répartition des compétences entre l’Etat et les provinces s’effectue conformément aux dispositions du titre III de la présente constitution. - Les limites des provinces sont fixées et peuvent être modifiées par la loi pour s’adapter à l’évolution de la situation économique, sociale et géographique. - Toute modification des limites des provinces et des entités territoriales pour de raisons culturelles ou politiques est prohibée. (L’Article 4 est abrogé) Article 2 : L’article 10 est modifié comme suit : - La nationalité congolaise est soit d’origine, soit d’acquisition individuelle. - Est Congolais d’origine, toute personne née sur le sol congolais. - Une loi organique détermine les conditions de reconnaissance, d’acquisition, de perte et de recouvrement de la nationalité congolaise. - La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre. Article 3 : L’Article 13 est modifié comme suit : - Aucun congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de son genre, de sa religion, de sa condition sociale, de sa résidence, des opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique. (L’Article 14 est abrogé) Article 4 : L’Article 18 et modifier comme suit : - Toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle, et ce, dans la langue qu’elle comprend. - Elle dont être immédiatement informée de ses droits. - La personne gardée à vue a le droit d’entrer immédiatement en contact avec sa famille ou avec son conseil. - La garde à vue ne peut excéder de quarante-huit heures, qu’elle soit l’œuvre de la police des services de sécurité. - A l’expiration de ce délai la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente. - En cas de non-respect du délai de quarante-huit heures, la personne victime ou sa famille a le droit de saisir la justice pour obtenir la condamnation de l’agent pour détention illégale et celle de l’Etat aux dommages et intérêts. - Tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité. - Toute forme de torture est prohibée. Article 5 : L’Article 23 est modifié comme suit : - Toute personne a droit à la liberté d’expression. - Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image sous réserve du respect de l’ordre public. - Nul ne peut faire l’objet de poursuites pénales pour avoir critiqué une autorité publique même eu utilisant des termes désobligeants. - Les membres de la presse ainsi que les artistes ne peuvent être jugés que leurs pairs lorsque les faits commis l’ont été à l’occasion de l’exercice de leur profession et la sanction ne peut être qu’administrative et individuelle. Article 6 : L’Article 24 est modifié comme suit : - Toute personne a droit à l’information. - Tout citoyen a le droit d'accéder gratuitement aux informations gouvernementales, sans distinction. Aucune justification n'est nécessaire, mais tout refus de l'institution doit être motivé par écrit dans les 48 heures. En cas de refus, le citoyen peut saisir la justice pour obtenir le document, réclamer des dommages-intérêts et engager la responsabilité de l'agent et de l'institution. - La liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la Radio et la Télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de commutation sont garanties. Les médias audiovisuels et écrits de l’Etat sont des services dont l’accès est garanti de manière équitable à tous les courants politiques et sociaux. - Le statut des médias d’Etat est établie par la loi qui garantit l’objectivité l’impartialité et le pluralisme d’opinions dans le traitement et la diffusion de l’information. Article 7 : L’article 11 est modifié comme suit : - Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. – Toutefois, la jouissance des droits politiques est reconnue aux seuls congolais sauf exceptions établies par la loi. - Les congolais coexistent en tant qu’individus et non en tant que groupe.
Jo M. Sekimonyo
En charge de la Proposition
Me Gabriel Ekofo
Chef d'équipe juridique
(Par Jean Joseph Ngandu Nkongolo, Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail)
«C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs ;
1. Les congolaises et congolais sont dans l’attente d’un Congo nouveau depuis l’annonce de l’avènement de la 3ème République le 24 avril 1990.
2. Plusieurs raisons justifient cette attente notamment leur libération de la misère intellectuelle et matérielle dans laquelle ils sont plongés à cause de la colonisation, de la dictature du néocolonialisme
3. Le Congo nouveau est celui où règnent justice, paix, travail qui sont les valeurs de la République démocratique du Congo.
4. Cependant, l’avènement d’un Congo nouveau est intimement lié au passage de « logos » à la « praxis », c’est-à-dire, de la parole à la pratique par une action politique de changement sur terrain.
5. Pour ce faire, le Congo nouveau avait et a encore besoin d’être porté par les femmes et les hommes nouveaux, les femmes et les hommes chez qui l’esprit de l’intérêt personnel est remplacé par l’esprit de l’intérêt général. Les femmes et les hommes chez qui l’instinct de survie est remplacé par la raison de réalisation. Par la raison de réalisation, entendez, l’utilisation de ses compétences pour le bien être de sa communauté.
6. L’avènement d’un Congo nouveau a aussi besoin de la contribution de la presse vu pouvoir d’informer. Cette presse doit être celle qui promeut, non pas les hommes gaspillés, mais l’information et les valeurs de la République démocratique du Congo. C’est ainsi que ma 41ème lettre sociale congolaise est intitulée : « Urgence d’une presse innovante pour la promotion, non pas, des hommes gaspillés, mais de l’information et des valeurs de la République démocratique du Congo pour un Congo nouveau ».
7. Dans un environnement médiatique où tout le monde se fait appeler Madame ou Monsieur de la presse, distinguer téléologiquement la presse congolaise des autres médias est un exercice discursif pour restaurer la vérité historique, technique et scientifique de la raison d’être de la presse.
8. Je reviens sur le titre de cette lettre sociale congolaise pour y extraire les concepts clés à mettre en lumière afin de faciliter la compréhension de cette dernière. Il s’agit des concepts tels que presse, information et valeurs de la République démocratique du Congo.
9. Primo, selon le Dictionnaire Robert, « la presse ou presse écrite » désigne l’ensemble des journaux. Aussi, la presse englobe tous les moyens de diffusion de l’information écrite : quotidiens, hebdomadaires et autres publications périodiques.
10.Il demeure ainsi fondé de préciser que l’expression « presse écrite » est un pléonasme (terme ou expression qui répète ce qui vient d’être énoncé) qui sert à distinguer la presse par rapport aux autres médias (radio, télévision, internet…), car, elle (presse écrite) tire son origine d’une presse de l’imprimerie.
11. Dorénavant, nous comprenons avec Alfred Sauvy (1965) que la presse est protégée et garantie par « la liberté de presse ». Sauvy renchérit sur cette liberté en montrant que c’est elle qui a abouti à une très grande variété de publications où toutes les opinions sont également exprimées.
12. En République démocratique du Congo cette liberté de presse est garantie par l’article 24 de la Constitution du 18 février 2006. La liberté de presse est consécutive à la liberté d’expression qui est aussi garantie en République démocratique du Congo par l’article 23 de la même constitution congolaise.
13. Les publications de la presse sont classées tour à tour selon le rythme de parution (quotidien, hebdomadaire, mensuel, bimensuel…), selon le contenu (généraliste ou spécialiste), selon la nature (information, divertissement, publications scientifiques), selon la zone de diffusion (nationale, régionale, internationale) et selon le modèle économique (payant ou gratuit).
14. Tout compte fait, la tâche que la presse se donne avec le sentiment du devoir est d’informer. C’est alors que Sauvy revient sur le « pouvoir d’informer» afin de préciser que le « Pouvoir d’informer » est le 4ème pouvoir après les trois pouvoirs classiques : législatif, exécutif et judiciaire. Ce pouvoir est essentiellement fondé sur la liberté de presse.
15.Secundo, l’information est, pour Harald Schutz (1976), « une connaissance nouvelle diffusée conformément aux besoins d’information du récepteur ». Dans la presse, le récepteur est le lecteur. Montrant l’utilité de l’information, Schutz argumente que l’information atteint son but que si elle apporte une connaissance nouvelle dont le récepteur a besoin pour s’acquitter de ses tâches dans les domaines de l’administration, de la science ou de l’économie.
16. De son côté, Théophile Ayimpam (1965) définit l’information comme « un moyen d’éducation civique étant donné qu’elle détient un pouvoir de communication sur les âmes et les cœurs des hommes ».
17. Eu égard au « pouvoir d’informer » de la presse, je postule que la presse congolaise travaille résolument pour vaincre l’ignorance. Car, il n’y a pas pire pauvreté que l’ignorance. Croire en un développement matériel tout en restant ignorant c’est vivre dans une richesse de la loterie. D’ailleurs Mabika Kalanda (1965) montre qu’ « une société organisée sur la base de la connaissance de la vérité a plus de chance de survivre et d’échapper à la disparition qu’une société dite naturelle ».
18. Tertio, les valeurs de la République démocratique du Congo sont justice, paix, travail qui sont constitutifs de la devise de la République démocratique du Congo. Cette devise est inscrite sur les édifices publics des entités et institutions de la République démocratique du Congo.
19. La devise de la République démocratique du Congo, justice, paix, travail, est en cohérence avec le drapeau tricolore de la République démocratique du Congo. La couleur rouge de la bande qui traverse le milieu du drapeau symbolisant les martyrs congolais renvoie à l’égalité, l’équité et la justice. La couleur bleu ciel de ce drapeau symbolise la paix et la couleur jaune symbolisant la richesse de notre pays renvoie au travail qui est une source de toute richesse.
20. Dès lors, dans un régime démocratique comme celui de la République démocratique du Congo, la presse devrait œuvrer pour la promotion des valeurs de la RDC qui sont justice, paix, travail, par la production et la diffusion d’une information de qualité.
21. Ainsi donc, en promouvant ces valeurs par l’information écrite, la presse congolaise se distinguerait de certains médias Congolais qui ont fait ou font encore la promotion « des hommes vides », « hommes gaspillés » pour reprendre une expression chère à Dominique Kahang’a Rukonkish (1988). Pour Rukonkish « les hommes vides », « les hommes gaspillés » sont « les citoyens du monde sur lesquels on ne pouvait plus compter pour la vie et la survie de l’humanité ».
22. La plupart des médias congolais ont fabriqué ce genre d’hommes que l’on retrouve remarquablement dans les organisations politiques et institutionnelles, dans les structures religieuses, sportives, syndicales, dans l’administration publique avec toutes les conséquences que cela comporte.
23. Hélas, la promotion « des hommes vides », « des hommes gaspillés » est une conséquence logique d’un des défauts de la radiodiffusion qui consiste, selon Alfred Sauvy ci-haut cité, à « flatter l’auditeur, lui donner des nouvelles agréables et reléguer aux heures creuses les informations scientifiques qui peuvent l’instruire, c’est-à-dire élever son esprit ».
24. De leur côté, Güter Anders (1956) et Bernard Porte (1994) foudroient le défaut de la télévision. Abondant dans le même sens que Sauvy au sujet du défaut de la flatterie, Anders écrit : « (…) On diffusera massivement via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel instinct ».
25. Toujours à propos du défaut de la télévision, Bernard Porte (1994) écrit : « Pour rapporter les nouvelles du monde, la télévision ira toujours plus vite, et de façon plus attrayante, que le meilleur journal. Mais un « journal parlé » d’une demi-heure ne correspond jamais qu’aux trois quarts d’une seule page d’un quotidien. Quiconque exige, sur tel ou tel point qui l’intéresse plus particulièrement, un peu plus de détails que n’en donnera jamais la radio ou la télévision, ne peut se passer de la lecture d’un quotidien écrit ».
26. Maintenant, au-delà de la supériorité de la presse sur les autres médias partant de sa fonction documentaire, l’urgence d’une presse congolaise innovante s’impose pour la promotion de l’information et des valeurs de la République démocratique du Congo.
27. Puisque, en journalisme, un article de presse est un texte qui relate un évènement, présente des faits ou expose un point de vue.
28. Cependant, dans un pays comme la République démocratique du Congo où l’avènement d’un nouveau Congo passe impérativement par l’appropriation et la socialisation des valeurs de la RDC (justice, paix, travail), relater un évènement, présenter un fait ou exposer un point de vue me paraissent insuffisants pour élever cognitivement, socialement et politiquement les congolais sur ces valeurs.
29. Plus loin, la presse congolaise doit expliquer les lois sous-jacentes qui sous-tendent l’apparition des éléments qu’elle relate, des faits qu’elle présente ou les points de vue qu’elle expose. C’est ça une presse congolaise innovante susceptible de développer la compétence civique des congolaises et des congolais. Car, Henry Milner (2004), définit la compétence civique comme « les connaissances et les habilités dont disposent les citoyens pour comprendre le monde politique ». Milner montre que la compétence civique augmente avec le taux de lecture des journaux, mais elle diminue avec le niveau de la dépendance à l’égard de la Télévision.
30. C’est pourquoi, Bernard Porte montre que « le journal constitue un lieu incontournable de l’exercice de la démocratie ». Et « La presse, c’est la conscience d’une nation », dixit Albert Camus. Pareille presse ne peut être confiée aux étrangers sans risque de glisser dans l’aliénation.
31. Pour que la presse congolaise soit au rendez-vous, elle doit être pour ses lectrices et lecteurs un guide, un soutien et un compagnon de route. Elle doit être aussi une presse de service qui concerne la vie quotidienne dans ses applications pratiques et les aspirations de ses lectrices et lecteurs à comprendre les autres, la société, le monde à partir d’une information honnête, expliquée et commentée.
De ce fait, la presse congolaise devrait être partout où il y a des activités humaines.
32. Pour ce faire, la presse congolaise doit ouvrir des nouvelles brèches dans d’autres domaines et vers d’autres publics en inventant, comme le signale Bernard Porte, des concepts de presse, d’édition et explorant de nouvelles voies éditoriales.
33. C’est ici le lieu de féliciter certains quotidiens généralistes congolais qui publient des sujets semi - scientifiques et semi-techniques dans leurs colonnes. C’est donc dans cet esprit que s’inscrit la lettre sociale congolaise, un écrit ordinaire sur les faits vrais, évidents et vécus lesquels faits ont concouru, il y a plus de 4 décennies, à l’anthropologie de l’écriture. 34.En publiant depuis quelques années la lettre sociale congolaise qui explique les lois sous-jacentes qui sous-tendent l’apparition des faits qu’elle présente, les quotidiens La prospérité, L’Avenir et Quotidien. Cd, contribuent par l’information écrite à la promotion des valeurs de la République démocratique du Congo : justice, paix, travail. Je n’ai pas oublié, non plus, le quotidien Le Phare qui a été pour moi ce qu’a été Jean Paul Sartre pour Jean Ziegler concernant la presse. Jean Paul Sartre avait créé le quotidien français « Libération ».
En 2018 dans l’émission en sol majeur sur RFI, Jean Ziegler raconte ce qu’a fait Sartre pour lui. Ziegler fut personnel de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo(ONUC) en 1960. Quand il était de retour en Europe, il a rencontré Jean Paul Sartre à Paris. Sartre lui a posé cette : « comment ça se passe au Congo ? ». Ziegler a commencé à lui raconter la misère qu’il observait quand les enfants congolais minés par la faim allaient mendier les choses à manger autour de l’Immeuble Royal dans l’actuelle commune de la Gombe. Après avoir écouté Jean Ziegler, Sartre lui a dit : « écris tout ça ».
35. Le phare est donc le premier quotidien congolais écrit à avoir publié dans Le phare n° 52 94 de mars 2016 ma première réflexion écrite sur le sujet intitulé « La tradition syndicale congolaise trahie ».
36. C’est donc Le Phare, avec sa renommée médiatique, qui a non seulement validé mais excité du point de vue de la praxis mon « pouvoir d’informer ». Car, la communication écrite relevé de ma spécialité en Sciences et Techniques Documentaires. Aussi mon « pouvoir d’informer » va aussi de pair avec mon « pouvoir d’enseigner » partant de ma qualité d’agrégé d’enseignement d’anglais.
37. Par cette première réflexion écrite, je mettais ainsi en pratique la leçon donnée aux congolais alors zaïrois par le Premier élu Etienne Tshisekedi wa Mulumba dans son message de nouvel an 1994 en ces termes « (…) Que chacun, dans son secteur et à sa manière, contribue à libérer les captifs, à ouvrir les yeux des aveugles et à relever ceux qui sont courbés et meurtris (Is.42 :7) (…) ». Cette leçon vaut autant pour la presse congolaise qui doit devenir innovante en promouvant l’information et les valeurs de la RDC pour un Congo nouveau.
38. J’ai fait ma part par ma coupe pleine.
Fait à Kinshasa, le 24 janvier 2024
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail
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