Le Secrétaire général de l'ONU a appelé jeudi à la fin des combats en Syrie, où une récente escalade augmente le risque de nouvelles divisions dans ce pays qui connaît une guerre civile depuis plus d'une décennie.
António Guterres s'est exprimé à la presse pour évoquer les « événements graves et dramatiques » qui se déroulent actuellement en Syrie.
« Je viens de parler avec le Président turc Erdoğan pour discuter des dernières nouvelles », a-t-il déclaré. « J’ai souligné le besoin urgent d’un accès humanitaire immédiat à tous les civils dans le besoin – et un retour au processus politique facilité par l’ONU pour mettre fin à l’effusion de sang. Toutes les parties sont obligées en vertu du droit international de protéger les civils ».
« Échec collectif chronique »
M. Guterres a souligné que cette dernière offensive a été lancée dans les zones contrôlées par le gouvernement par Hayat Tahrir al-Sham, qualifié de groupe terroriste par le Conseil de sécurité, avec un large éventail d’autres groupes d’opposition armés.
Elle a conduit à des changements importants sur les lignes de front, et des dizaines de milliers de civils sont en danger dans une région déjà en feu.
« Nous voyons les fruits amers d’un échec collectif chronique des accords de désescalade précédents pour produire un véritable cessez-le-feu national ou un processus politique sérieux pour mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité », a-t-il déclaré, ajoutant que « ces choses doivent changer ».
Le Secrétaire général a estimé qu’après 14 ans de conflit, il était grand temps que toutes les parties s’engagent sérieusement avec son Envoyé spécial pour la Syrie, Geir Pedersen, pour enfin élaborer une nouvelle approche inclusive et globale pour résoudre la crise, conformément à la résolution 2254 (2015) du Conseil de sécurité.
« Il est temps d’engager un dialogue sérieux », a-t-il dit. « En d’autres termes, il faut restaurer la souveraineté, l’unité, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie, et répondre aux aspirations légitimes du peuple syrien ».
Mettre fin aux souffrances
Il a souligné que la Syrie était un carrefour de civilisations et a déclaré qu’il était douloureux de voir sa fragmentation progressive.
M. Guterres a rappelé son long mandat en tant que Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, où il a été témoin de l’immense générosité du peuple syrien, qui a ouvert son cœur et ses maisons à d’innombrables réfugiés d’Iraq.
« Cela me brise le cœur de voir leurs souffrances s’accroître – ainsi que les menaces à la sécurité régionale et même internationale », a-t-il dit. « J’exhorte une fois de plus tous ceux qui ont de l’influence à faire leur part pour le peuple syrien qui souffre depuis longtemps ».
Des dizaines de milliers de civils fuient Hama
Pendant ce temps, sur le terrain à Hama, les autorités locales disent que des dizaines de milliers de familles de la ville ont été déplacées, dont certaines ont fui vers Homs.
Selon la presse, les forces rebelles se seraient emparées de Hama, une des plus grandes villes de Syrie.
« Hama était auparavant un point de destination pour les personnes fuyant les hostilités à Idleb et Alep et dans leurs environs, on ne peut donc qu'imaginer l'ampleur de la crise dans cette ville », a dit le porte-parole du Secrétaire général, Stéphane Dujarric, lors d’un point de presse.
« Avec nos partenaires, nous continuons à fournir un soutien partout et chaque fois que nous le pouvons aux personnes déplacées par les hostilités en cours », a-t-il ajouté.
Mission d'évaluation de l'ONU depuis la Türkiye
Mercredi, le Coordinateur humanitaire régional adjoint pour la crise syrienne, David Carden, a dirigé une mission transfrontalière à Idleb depuis la Türkiye pour évaluer la situation. Il était accompagné de plusieurs autres agences des Nations Unies.
L'équipe a également visité un centre d'accueil à Dana qui accueille des dizaines de ménages nouvellement déplacés par les hostilités et s'est entretenue avec des familles qui ont fui leurs domiciles dans l'ouest d'Alep, a précisé le porte-parole du Secrétaire général.
Au cours de la visite, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et ses partenaires locaux ont fourni des matelas, des couvertures, du matériel de cuisine et d'autres articles.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) intensifie ses efforts pour aider les personnes touchées par l’escalade des combats dans le nord-ouest. L’agence fournit des rations prêtes à consommer et des repas chauds et a jusqu’à présent servi plus de 10.000 personnes. La fourniture de repas chauds est renforcée avec l’aide des partenaires sur le terrain. Une cuisine soutenue par le PAM a commencé ses opérations à Alep mardi, et une autre est désormais opérationnelle à Homs.
L’agence fournit de la nourriture aux personnes déplacées où qu’elles se trouvent, des deux côtés des lignes de front. Le PAM s’efforce de négocier des couloirs d’approvisionnement sûrs pour permettre une réponse rapide et substantielle à tous ceux qui en ont besoin.