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Qui est Karl Marx ?

 (Par le Prof. Patience Kabamba)

Né en 1818 dans une famille pauvre de Trèves, en Allemagne, Karl Marx (1818-1883) est l'un des auteurs les plus cités et les moins lus. Il n’est pas rare d’entendre que Karl Marx était un bourgeois qui écrivait sur le prolétariat. Cette idée fausse n’est pas la seule qui affecte Marx. Parfois, cela vient des personnes apparemment bien instruites. Le film Young Karl Marx (2017), réalisé par Raoul Peck, raconte l'histoire de Karl Marx avant qu'il ne devienne le Marx que nous connaissons. Karl Marx a eu une vie très difficile à Londres. Il était constamment menacé d'expulsion parce qu'il avait du mal à payer son loyer. Il risquait à tout moment de se retrouver, lui et sa famille, à la rue. Il a vécu une situation financière très difficile. Deux de ses enfants sont morts de froid. Il n'y avait pas de chauffage. Il a sacrifié sa vie pour la libération de l'humanité. L'un de ses biographes les plus célèbres, Franz Mehring (2010), écrit :
Parmi les génies du XIXe siècle, aucun n’a souffert plus que le plus grand de tous les génies, Karl Marx. Il a dû lutter contre la pauvreté dès la première décennie de son activité publique, et lorsqu’il a émigré à Londres, il a dû supporter tous les fardeaux de l’exile. Cependant, les souffrances qui ont fait de son sort un destin prométhéen ne lui sont arrivées qu’à l’apogée de sa force, lorsque, dans ses efforts laborieux pour faire avancer la cause de l’humanité, il a été contraint de lutter jour après jour contre les soucis misérables et triviaux de la vie, de lutter avec acharnement pour obtenir les moyens de subsistance nécessaires pour lui et sa famille dans le cadre de la société bourgeoise (p.226) Marx a survécu grâce à deux amours: celui de son épouse Jenny Marx, née Johanna Bertha Julie von Westphalen (1814-1881) ; elle appartenait à la noblesse prussienne. Cependant, elle a dû sacrifier nombre de ses avantages pour le bien de son bien-aimé, Marx, qui se situait à la frontière entre un vagabond et un révolutionnaire. La famille de Jenny était contre ce mariage, mais elle l'aimait si passionnément qu'elle sacrifia sa vie aristocratique pour lui. Jenny a dû vendre ses bijoux plusieurs fois pour survivre avec Marx et les enfants. Elle a utilisé son héritage pour subvenir aux besoins de sa famille. Son frère fut également pendant un certain temps ministre prussien. Cependant, selon sa famille, Jenny a fait un mauvais choix. Jenny a également aidé à traduire les écrits de Marx en bon allemand. Elle était très présente au travail de son mari. Le deuxième amour qui a fait de Marx ce qu’il est aujourd’hui est son amour pour Engels (1820-1895). Marx et Engels n’étaient pas seulement des intellectuels, mais aussi des amis culinaires. Engels envoyait souvent de l’argent à Marx pour l’empêcher de vivre dans la rue. Engels était le fils d'un entrepreneur qui possédait une filature de coton à Manchester. Engels a envoyé une partie de la pension que son père lui avait versée à la famille Marx. Après la mort de son père, Engels devint président de l'usine familiale et envoya désormais régulièrement des chèques (mandats) à la famille Marx, qui put enfin pousser un soupir de soulagement. Marx a enfin pu boire un peu du vin qu'il aimait. À l’amour entre ces deux-là, il faut aussi ajouter son amour pour ses enfants. Les filles de Marx étaient très intelligentes. L'un de ses gendres, Lafargue, appartient à une lignée de descendants intellectuels de Marx. Intellectuellement, Marx s'est d'abord concentré sur la philosophie présocratique. Parce qu’il a compris très tôt que la philosophie
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représente la possibilité d’une critique radicale du monde tel qu’il est. Il choisit de commencer par les peuples présocratiques qui déclaraient que le monde était inexorablement divisé en genos communautaire et en démos marchand. L’ancien monde des communautés d’êtres a été remplacé par le monde social de l’avoir (Cousin 2010). La philosophie est née comme une réflexion sur cette division. Les Pré-Socrates sont donc les griots qui ont fait prendre conscience au monde de la séparation inévitable de ces deux mondes dès le Néolithique. Marx a écrit son doctorat sur une comparaison entre Démocrite et Épicure. Mais peu après, il fut confronté à la grande figure de son temps, Hegel. Dans la Prusse du XIXe siècle, les gens étaient intellectuellement soit pour, soit contre Hegel. L'héritage de Hegel était tel que chaque intellectuel devait prendre une décision à ce sujet. Hegel a renversé la Symphonie de Kant, qui était en réalité une apologie de l’ordre mondial bourgeois. La Révolution française de 1789 a fourni à Hegel un argument pour rompre avec l’idéalisation kantienne de la bourgeoisie marchande. Hegel renverse Kant, mais toujours de manière politique, car il atteint l'État rationel. Pour Marx, Hegel a trahi sa méthode. Marx a mené la lutte des classes en poursuivant la méthode hégélienne au lieu d’un État rationnel. Le véritable sujet de l’histoire, de l’histoire dialectique de Hegel, c’est le prolétariat luttant pour sa libération et non l’État rationnel (Manuscrit de 1944). Le communisme n'est pas une continuation des révolutions léniniste, trotskyste, bolchevique, stalinienne ou maoïste. C’est du capitalisme d'État qui n'a rien à voir avec les idées de Marx. C'est pourquoi Marx a dit à la fin de sa vie : « Je ne suis pas marxiste »Tous les marxistes sont anti-Marx. Le marxisme est une symphonie dans laquelle le capital dilue les idées de Marx. Quelle est cette idée de Marx ? Marx lui-même a défini le communisme dans son livre, L'Idéologie allemande (1845-1846), comme le véritable mouvement contre le capitalisme. Ce n’est ni utopique ni anhistorique.
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Le communisme est tout mouvement dans nos vies concrètes qui lutte contre le capitalisme, car ce dernier détruit nos vies, nos rêves, notre sexualité, notre joie. Le communisme cherche un monde qui ne soit plus gouverné par des propriétaires. Les trois principes du communisme peuvent être résumés comme suit : 1. Nous ne pouvons pas accepter que le monde des travailleurs soit sous le contrôle des propriétaires d'un capital extrêmement limité. Les propriétaires deviennent de moins en moins nombreux et de plus en plus riches, et les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Considérant le niveau local en République démocratique du Congo, le revenu moyen des ministres est de 9 000 dollars et celui des enseignants du secondaire de 150 dollars, il est inacceptable que des ministres et des parlementaires gagnent 60 fois plus que les enseignants. Positivement, le communisme permettra d'organiser la production au Congo, comme ailleurs, de telle manière que les effets de la subordination de la majorité à une petite élite au pouvoir ou à un petit groupe de politiciens ne se produisent pas. Au Congo, 1 pourcent d’individus font la politique, mais utilisent au moins 66 % des ressources du pays. 2. Le communisme soutient qu'il n'est pas nécessaire de diviser radicalement le travail en travail manuel et mental, ou en tâches administratives ou exécutives. Les métiers doivent être polymorphes et chacun doit pouvoir passer d’un métier à l’autre. 3. Aucun État n’est nécessaire. L'organisation de la société doit être prise en charge par les mouvements locaux. Nous pouvons organiser la société de manière à ce que chacun bénéficie de la production de chacun. Si nous étions bien organisés, chaque Congolais de 18 ans pourrait gagner un salaire mensuel de 1500 dollars, indépendamment de ce qu’il fait. Les États qui piétinent leur peuple, comme l'État congolais, devraient être abolis et remplacés par des organisations plus appropriées qui répondent aux souhaits fondamentaux de tous : bien
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manger, être se faire soigner en cas de maladie et avoir la possibilité d'envoyer ses enfants dans des bonnes écoles et mourir paisiblement de leur vieillesse. Le monopole de la violence dont est investi l’État congolais doit le lui être retiré à travers des soulèvements populaires qui permettent de changer le paradigme de gouvernance en plaçant la majorité congolaise au centre de la production en tant que sujets et bénéficiaires sociaux. Nous avons hérité d'un paradis appelé Congo. Le Congo attend nos efforts pour faire de ce paradis qui a déjà du potentiel, une réalité.

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Nationalité congolaise des Banyamulenge : réalité historique ou leurre politique ? (Par Godefroy Muhivwa Ngwebo, Député National honoraire, Expert en paix et réconciliation à l'Est du pays et dans la Région des Grands Lacs)

*L'Union pour la Paix et le Développement, UNIPAD en sigle, dans sa quête de sensibilisation des congolais, en général et des peuples du Kivu, en particulier, à la cohabitation pacifique des composantes tribales et éthiques, produit régulièrement des réflexions et des tribunes, dans des médias traditionnels ou en ligne. La présente réflexion portant sur la nationalité des Banyamulenges arrive dans un contexte régional très tendue avec la guerre que mène le Mouvement M23 et ses alliés contre le pouvoir en place en République Démocratique du Congo et ses alliés ainsi que les rumeurs persistantes de la révision de la Constitution du 18 février 2006. De même, le peuple congolais tout entier est dans l'expectative d'une révision constitutionnelle selon des rumeurs qui circulent dans les réseaux sociaux. Ces deux éléments font renaître les démons de la division ethnique et donnent la part belle aux apprentis politiciens et pseudo-scientifiques à débiter des thèses divisionnistes allant jusqu'à contester la nationalité à certains compatriotes congolais. L'on comprend bien qu'il s'agit là des manœuvres tendant, soit d'impliquer tacitement et globalement ces compatriotes dans cette guerre injuste nous imposée, soit à préparer les esprits et l'opinion nationale et internationale sur une probable révision des dispositions constitutionnelles sensibles dont celle sur la nationalité. Notre réflexion est une réponse à toutes ces agitations qui refont surface, qui ne servent pas la paix et le développement de notre région longtemps soumise à des guerres cycliques. Nous allons diviser notre analyse en trois parties
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principales que sont les généralités où nous présenterons les Banyamulenge et les autres Tutsi du Kivu, les différents textes des lois sur la nationalité congolaise et les conclusions sous la forme des recommandations. I. DES GÉNÉRALITÉS A. Qui sont les Banyamulenge ? Les Banyamulenge constituent un peuple issu des grandes migrations qu'a connu l'Afrique, des temps immémoriaux jusqu'à la fin du 19e siècle et qui se sont poursuivies jusqu'aux indépendances de la plupart des pays africains, dans les années soixantes. Il convient de noter, avant de continuer, que ce peuple Tutsi du groupe Nilotique, s'appelait peuple Ruanda ou Banyaruanda, selon la description faite par le géographe WEISS, dans son livre intitulé Le pays d'Uvira Cette appellation, prêtant à confusion avec les Banyarwanda, citoyens de la République du Rwanda, a été abandonnée au début des années soixante-dix au profit de celle des Banyamulenge à l'initiative des sages et intellectuels de cette communauté ethnique, dont l'Honorable Frédéric GISARO MUHOZA, père de l'actuel Ministre des ITPR, Alexis GISARO MUVUNYI, membre du Gouvernement de Mme Judith SUMINWA. Des auteurs, essentiellement européens, ont abondamment écrit à propos des migrations du peuple Ruanda (Banyamulenge et autres) vers l'espace du Kivu actuel, de manière générale et la région de Fizi, Mwenga-Itombwe et Uvira, en particulier : - Selon René LOONS, l'entrée des Banyaruanda sur le sol de l'actuelle RDC aurait été constatée sous le règne du Roi GAHINDIRO du Rwanda entre 1746 et 1802 correspondant au règne du Roi des Bafuliiru LWAMWE LWE MBAKO, - Jacques DEPELCHIN abonde dans le même sens mais y ajoute une deuxième vague migratoire située entre 1855 et 1895 sous le règne du Roi RWABUGIRI du Rwanda, - WEISS, par contre, situe l'établissement des premiers Ruanda au village de Galye dans l'actuelle Chefferie des Bavira en 1881. Il en donne la description suivante : ...peu avant l'année 1900, quelques familles Tutsi fuyant le Rwanda, traversèrent la Ruzizi, pénétrèrent au Congo et se fixent à Lemera dans la Chefferie des Bafuliiru, les descendants de ces immigrés gagnèrent l'actuelle Chefferie des Bavira et y fondèrent les villages de Galye, Munanira, Kishembwe et KalongeKataka. Ces villages étaient essentiellement dirigés par eux, selon un autre récit produit par René LOONS dans son livre Le Territoire des Bafulero. Malheureusement ces sources et nombreuses d'autres encore, ne s'accordent pas sur une date précise pouvant être considérée comme point marquant le début des arrivées de ce peuple dans les espaces susmentionnés. Cette difficulté serait le résultat des migrations par vagues successives ainsi que du fait de la rédaction a posteriori des récits sur ces migrations, les auteurs n'ayant pas été des témoins oculaires de ces événements. Toutefois la somme
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des récits s'accordent sur le fait que le peuple Ruanda était présent sur le sol de l'actuelle République Démocratique du Congo avant 1885, date du partage de l'Afrique par des puissances européennes à Berlin, en Allemagne. L'on pourrait se poser la question de savoir pourquoi les récits présentés n'indiquent pas le passage des Ruanda au village MULENGE pour justifier l'appellation de Banyamulenge ? Il existe également des récits des auteurs européens qui font allusion à cet établissement du peuple Rwanda au village Mulenge, les enquêtes sociologiques postérieures auprès de sages de ce milieu ayant confirmé les faits. En effet, une première vague des Ruanda conduits par SAGITWE, serait partie de KAKAMBA, actuel Groupement du même nom dans la Chefferie Plaine de la Ruzizi, précisément au lieu actuellement, appelé BWEGERA et aurait atteint Lemera, sous le règne du Roi des Bafuliiru NYAMUGIRA II qui, après leur bref séjour dans la capitale de ce royaume, leur aurait demandé d'aller s'installer au village MULENGE, déjà occupé par des pygmées BASHAMWA, ascendants de l'actuel Chef du Village Mulenge I, Monsieur YAWÉ. Ce séjour plus ou moins longue des Ruanda dans ce village, aurait été à la base du choix de l'appellation de Banyamulenge en lieu et place de celle de Banyaruanda prêtant à confusion comme ci-haut décrit. Disons en passant que selon les mêmes récits des vieux sages, SAGITWE aurait été surnommé KAYIRA à cause de sa question répétitive qu'il ne cessait de poser aux autochtones pygmées en voulant s'orienter. Il aimait dire en Kinyaruanda : mundangire a kayira ko kujya ku Murenge signifiant littéralement Indiquez-moi le chemin de Mulenge De là son surnom aurait pris de forme jusqu'à surplanter son vrai nom de SAGITWE. Ses descendants portent encore, jusqu'à ce jour, ce nom comme identifiant de leur famille du clan ABASINZIRA. De MULENGE, un grand groupe des Ruanda, conduits toujours par le même chef SAGITWE KAYIRA, migra vers le sud et s'installa à MUHANGA. Rappelons en passant que l'Honorable Frédéric GISARO MUHOZA est né dans ce village du Groupement de Kigoma, Chefferie des Bafuliiru, Territoire d'Uvira dans la Province du Sud-Kivu, même si sa famille a dû, par la suite, migré vers la région de RURAMBO. C'est de ce village MUHANGA que seraient partis les Ruanda, dont parle WEISS, dans son récit et qui auraient pris la direction sud vers les hauteurs de l'actuelle Chefferie des Bavira qu'ils ont atteint en 1802. Sans poursuivre avec d'autres récits sur l'établissement des Ruanda dans les Territoires de Fizi et Mwenga-Itombwe, revenons sur la confusion délibérément orchestrée concernant les Banyamulenge migrants de la période précoloniale et les réfugiés Tutsi Rwandais de 1959. Ces réfugiés fuyant la répression des militants du PARMEHUTU, parti de Grégoire KAYIBANDA, ayant déchu le Roi KIGERI V, se sont déversés dans les 4
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pays limitrophes du Rwanda. Au Congo, précisément dans l'actuelle Sud-Kivu, ils ont été installés dans des camps des réfugiés de Lemera, Mulenge et Katobo, dans la Chefferie des Bafuliiru, par le HCR. Comme à tous les réfugiés, il leur avait été demandé de s'abstenir d'interférer dans la politique du Congo. Cet organisme de l'ONU connaissait le passé politique de ces réfugiés dans leur pays d'origine. Avec les troubles politiques des années qui ont suivi l'accession de notre pays à l'indépendance, le HCR, informé d'une éventualité de l'extension de la rébellion muleliste vers l'Est du pays, précisément dans le Territoire d'Uvira, a pris des précautions de transférer ces réfugiés vers le Camp abritant d'autres Tutsi au site de GATERI, dans l'actuelle province de CIBITOKE au Burundi voisin. C'est de cette manière que les camps de Lemera, Mulenge et Katobo auraient été vidés de leurs réfugiés Tutsi Rwandais avant le début de la rébellion de 1964, dans la région d'Uvira. Le reste des réfugiés éparpillés à travers la plaine de la Ruzizi, se sont vus contraints de fuir vers le Burundi au début des hostilités mulelistes. Il est, en effet, malhonnête de considérer ces réfugiés de 1959 comme étant les mêmes Banyaruanda devenus Banyamulenge, pour des raisons susmentionnées. B. Les Banyamulenge sont-ils des congolais ? Une partie de la réponse est déjà donnée dans la description ci-haut faite sur leur installation très ancienne sur l'actuel territoire de la RDC. En effet, tous les récits écrits ou provenant de la tradition orale, confirment à suffisance cette évidence. Il serait, en effet, arbitraire de considérer comme réfugiés, les membres d'un groupe socio-anthropologique qui s'est installé dans une région avant le partage de l'Afrique par les puissances européennes, qui ont fixaient les limites fondatrices des États actuels. Quel que soient les textes forgés sur la question sur la nationalité congolaise, aucun ne permet de démontrer l'exclusion des Banyamulenge de cette nationalité congolaise. Des politiciens et autres pseudo-chercheurs à la recherche de positionnement et de clientélisme politiques, s'activent à démontrer sans convaincre, que les Banyamulenge ne constituaient pas une ethnie ou une tribu congolaise aux termes des dispositions de l'article 10 alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006. Ils fondent leur argumentaire sur le fait que cette dénomination ne figurerait pas sur la liste des 450 tribus et ethnies fondant le peuple congolais. S'il ne s'agirait pas d'une ignorance, ce serait alors un acte délibéré pour nuire. Nous venons de démontrer, sous réserve d'être scientifiquement contredit, que les Banyamulenge actuels, jadis appelés Banyaruanda, sont le même groupe ethnique présent sur l'actuelle RDC avant même la création de l'État Indépendant du Congo par Léopold II, Roi des Belges.
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En plus, existe-t-il un document juridique qui limite les ethnies et tribus de la RDC à 450 pour que toute autre découverte d'omissions éventuelles fasse l'objet du vote d'une loi additive ? Nous voudrions citer ici le cas des pygmées qui sont, dit-on les premiers occupants de la RDC. Quelqu'un peut-il nous donner le rang qu'occuperaient ces compatriotes sur cette fameuse liste des tribus et ethnies de la RDC ? C'est dire donc que brandir cette liste ne constitue en rien une preuve de la négation de la nationalité des Banyamulenge. En conséquence et au terme de l'article 10 alinéa 1 de la constitution du 18 février 2006, tout membre de l'ethnie Banyamulenge, qui n'a pas opté pour une autre nationalité, est congolais d'origine comme tout autre congolais du centre, de l'Est, de l'Ouest, du Nord et Sud, remplissant les conditions requises par l'alinéa 1 de l'article constitutionnel ci-haut, mentionné. Les pseudos chercheurs actuels recourent à des théories très anciennes pour expliquer le déni de nationalité aux Banyamulenge et à leurs congénères Tutsi en avançant des critères comme : - La culture incompatible à celle des autres congolais Ces chercheurs ignorent volontairement que les éléments constitutifs de toute culture d'un peuple sont principalement la langue, les us et coutumes (mariage, éducation sociale, mode de vie etc.) Pouvons-nous savoir si les 450 tribus et ethnies actuellement brandis comme constituant le peuple congolais, auraientils la même culture ? Nous avons également découvert que cette théorie de l'uniformité de la culture vient des penseurs et anthropologues allemands, précurseurs de l'idéologie nazie sur la suprématie des races humaines. Tout le monde connaît les ravages de cette théorie lors de la seconde guerre mondiale provoquée par le tristement célèbre Adolf Hitler. Six millions des juifs ont tués dans ce qui est aujourd'hui reconnu comme étant le plus grand holocauste du 20e siècle. - L'acceptation par les autres groupes ethniques ou tribaux Il s'agit d'une autre absurdité avancée par des aventuriers chercheurs. Notre pays a connu des affrontements entre des tribus voisines dans l'Équateur (la guerre des Enyele), dans le Mai-Ndombe, où l'administration du Territoire concerné a été jusqu'à ce jour confiée à un Colonel FARDC de l'ethnie Banyamulenge, ayant arrêté les tueries mutuelles entre ces compatriotes ainsi que récemment dans les plateaux des Bateke où deux tribus s'entredéchiraient. Ceux qui se sont affrontés dans tous ces coins du pays restent congolais malgré leurs différends et les affrontements qui s'en ont suivi. - Les Banyamulenge seraient à la base des guerres qui ont déchiré le pays. D'où ils ne peuvent être considérés comme des congolais. Cet argument ne tient non plus la route car il n'est, non seulement basé sur la globalisation des actes commis par une infime partie des Banyamulenge, mais aussi, il démontre l'ignorance de l'histoire des conflits armés de notre pays.
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Tenez, le 11 juillet 1960, Moïse CHOMBÉ proclame la République du Katanga, ses mutins et lui-même sont du Haut Katanga, en majorité de la tribu Karund ou Karunda. Ont-ils été déchus de leur nationalité congolaise après leur défaite ? Dans les années quatre-vingt, L.D KABILA dit Mzee, mène des expéditions meurtrières dans le Territoire de Moba dans l'actuelle province de Tanganyika. Est-il devenu étranger après son échec face aux forces régulières ? Ma conclusion est sans appel, les Banyamulenge sont des congolais d'origine. Ils sont appelés, comme tous les congolais, à faire preuve de patriotisme sans faille. II. DES TEXTES DE LOIS SUR LA NATIONALITÉ CONGOLAISE Nous n'avons rien de long à disserter là-dessus sauf de dire que l'instabilité de ces textes ont, plus d'une fois, rendu apatrides des centaines des milliers des compatriotes et créé des foyers des tensions ethniques qui s'observent, jusqu'à présent, dans la région. Sans trop entrer dans les détails de toutes les lois sur la nationalité congolaise, voyons comment l'une d'elles a contribué à exacerbée les divisions des peuples du Kivu. Il s'agit de la loi Nº 1981/002 du 29 juin 1981 sur la nationalité zaïroise. Ce texte est considéré comme celui qui a rendu apatride les Banyamulenge et autres Tutsi du Kivu. Dans son exposé des motifs, il est expressément écrit ce qui suit : Tirant toutes les conséquences de ce principe, la présente, outre qu'elle abroge la loi Nº 72-002 du 5 janvier 1972, annule---l'article 15 de ladite loi qui accordait collectivement la nationalité à certains étrangers établis au Zaïre Ainsi, l'article 4 de cette loi disposait de la manière suivante : Est zaïrois au terme de l'article 15 de la Constitution, à la date du du 30 juin 1960, toute personne dont un des ascendants est ou a été membre d'une des tribus établies sur le territoire du Zaïre dans ses limites du 1er août 1885, telles que modifiées par les conventions subséquentes. Jusquelà, les Ruanda de WEISS dits Banyamulenge, à ce jour, se trouvaient dans la période leur conférant la qualité d'être appelés zaïrois (actuellement congolais). Mais une confusion a été savamment entretenue dans cette nouvelle loi surtout dans son application sur le terrain. Certaines personnes bien qu'installées dans l'actuelle RDC dans la période fixée par cette loi, se verront considérées comme des étrangers au motif fantaisiste qu'il était impossible de distinguer les Tutsi et de les classer selon les dates de leur arrivée. Les pouvoirs publics, se référant à la fameuse liste des 450 tribus et ethnies, ont carrément ignoré la nationalité des Tutsi, de Rutshuru à Minembwe en passant par Masisi et Kalehe montagneux au motif qu'ils n'appartenaient à aucune tribus parmi les 450. Comme conséquence de cette nouvelle loi, il y a eu : - des centaines des milliers des compatriotes rendus apatrides, - sabotage en 1984, des opérations de recensement général dans le Rutshuru, Masisi, Kalehe et les hauts plateaux de Fizi, Mwenga-Itombwe et
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Uvira, - Invalidation des mandats des de tous les Tutsi délégués de leurs base à la Conférence Nationale Souveraine, CNS de 1991-1992, au motif de détention d'une nationalité douteuse sans autre forme de recours. Cette mesure avait entraîné également l'invalidation d'autres ressortissants du Kivu à faciès Tutsi, principalement certains Bashi et Bahavu. Cette loi a été brandie en 1995 au cours d'une des plénières du Haut Conseil de la République/Parlement de Transition (HCR/PT) issu de la Conférence Nationale Souveraine. Une Commission avait été mise en place pour investiguer au Nord-Kivu et au SudKivu en vue de recenser les étrangers et décider de leur sort. La Commission VANGU, du nom de son Chef de délégation, l'honorable VANGU MAMBUENI, s'était alors transportée sur le terrain et produit un rapport sans surprise : les Tutsi dits rwandophones pour la circonstance, étaient des étrangers. La plénière dirigée, ce jour-là, par le Vice-président du HCR/PT, l'honorable ANZULUNI BEMBE, en l'absence de son Président, l'Archevêque MONSENGWO PASINYA, prendra une résolution historique d'expulser du territoire national, sans autre forme de procès, non seulement tous les réfugiés hutu rwandais de 1994 mais également tous les supposés étrangers, les rwandophones Tutsi, au 31 décembre 1995. Cette résolution rencontrera l'opposition des certains conseillers de Mobutu, la jugeant très dangereuse pour la sécurité intérieure et extérieure du pays et ne sera plus appliquée. Voilà le décor dans le lequel la guerre dite de l'AFDL, que des journalistes étrangers ont, abusivement appelée guerre des Banyamulenge, surprend les autorités zaïroises. Cette guerre et d'autres qui ont suivi, n'ont jusqu'à ce jour, réussi à trouver des solutions aux problèmes ethniques du Kivu malgré la loi actuelle sur la nationalité congolaise qui semble pourtant avoir été rationnelle par rapport aux textes précédents. Bien que l'apatridie consacrée par la loi de 1981 ce soit éloignée d du présent texte, des politiciens et autres opérateurs extrémistes continuent à distiller des messages de haine ethnique non seulement dans les réseaux sociaux mais chose étonnante, même dans le Temple de la démocratie à savoir l'Assemblée nationale. En effet, les envolées oratoires rappelant les débats au sein du Haut Conseil de la République/Parlement de Transition, avaient été entendues et des termes comme Tutsi Rwandais ou réfugiés Rwandais avaient refait surface. Il est à rappeler que la plénière s'était enflammée de manière inattendue lors du débat sur, l'on s'en souvient, l'installation de la Commune de Minembwe. III. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS L'analyse que nous venons de proposer aux congolaises et congolais, est une alerte provenant d'un observateur avisé des questions de sécurité, paix et réconciliation dans la région du Kivu. Nous sommes partis de la question de savoir si la nationalité des Banyamulenge était une réalité ou un leurre politique. Après passage en revue des évènements qui se sont déroulés au Kivu
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en général et dans la région des hauts plateaux du sud de la province du SudKivu en particulier, il va de soit que les Banyamulenge et autres Tutsi de Kalehe et du Nord-Kivu, sont bel et bien des congolais au terme des dispositions de l'article 10 alinéa 2 de la Constitution du 18 février 2006. Mais les pouvoirs publics n'ont jamais mis en place des structures pour la vulgarisation de cette disposition et informer correctement les congolais sur la problématique de la nationalité des Tutsi et de leur éviter des interprétations erronées, conduisant très souvent à des heurts à caractère ethnique. Il est dès lors clair que cette disposition supposée avoir fixé les conditions requises pour qualifier les habitants de la RDC comme congolais ou pas, peine à être acceptée par une partie non négligeable de la population congolaise. D'où ce que nous avons appelé un leurre politique auquel nous concluons sans ambages. Que faut-il faire pour que cette situation s'amé s'améliore et devienne conforme à la Constitution et à la loi sur la nationalité ? Des recommandations ci-après, sont préconisées. Il s'agit de : 1) La création d'une Commission Vérité et Réconciliation pour les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu à la manière de l'Afrique du Sud, et ceci, à l'issu d'une Conférence à organiser sur la sécurité et la paix au Kivu, pour : - Passer au peigne fin tous les cas de violations mutuelles des droits de l'homme, - Amener le peuple de cette région à se pardonner mutuellement et d'enterrer la hache de guerre, - Proposer des projets intégrateurs capables de mettre ensemble les ex-belligérants lors de l'exécution desdits projets, 2) Mettre en place une programme spécial de reconstruction du Kivu Cette espèce de "Plan Marshall" pour le Kivu aurait comme objectif de refonder le tissu socioéconomique de cette région dévastée par des guerres récurrentes. Ce gigantesque plan nécessiterait l'appui des partenaires traditionnels de la RDC. Il concernerait toutes les populations des zones touchées par les conflits armés dans le Kivu (Nord-Kivu et Sud-Kivu) 3) Mettre en place des mécanismes pour une Justice transitionnelle pour : - Juger les cas des crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par tous les belligérants depuis 1996 à ce jour, - Exiger des réparations éventuelles en faveur des victimes vivantes ou de leurs proches, - Indemniser les populations de plusieurs manières pour leur permettre de reprendre leurs activités économiques traditionnelles. 4) Financer les activités du P-DDRCS (Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation). 5) Clarifier le rôle du P-DDRCS par rapport à la RAD (Réserve Armée pour la Défense de la République) et éviter ainsi la confusion pouvant entraîner des heurts dans leur application sur le terrain,
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6) Aux parlementaires et autres politiciens congolais, d'éviter toute manipulation des dispositions constitutionnelles sur la nationalité congolaise et mettre plutôt définitivement un terme à l'apatridie politique des certains compatriotes, source des malaises et des conflits armés interminables ainsi que de l'instabilité chronique dans la région du Kivu. Merci encore pour avoir accepté de nous lire. L'œuvre humaine étant toujours imparfaite, nous nous mettons, dès à présent, à la disposition des lecteurs, pour des éventuelles corrections, suggestions ou recommandations supplémentaires, allant dans le sens de ne rechercher que la paix, la réconciliation, pour un développement durable de notre pays, en général, et de la Région du Kivu, en particulier. Fait à Bukavu, ce 28 septembre 2024. Godefroy Muhivwa Ngwebo, Député national honoraire, Expert en paix et réconciliation à l'Est du pays et dans la région des grands lacs Contacts : WhatsApp : +243891922169 Tél : +243998911088 E-mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. RDC : la Journée Mondiale Antifasciste fêtée à Kinshasa

Nationalité congolaise des Banyamulenge : réalité historique ou leurre politique ? (Par Godefroy Muhivwa Ngwebo, Député National honoraire, Expert en paix et réconciliation à l'Est du pays et dans la Région des Grands Lacs)
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Probable modification de la constitution en RDC, voici ce que pense Yannick Mukendi

Le feuilleton de la probable modification de la constitution en RDC fait la une, sur toute l'étendue du territoire national et ailleurs.

Assez des personnes en parlent sans pour autant avoir de la matière à ce sujet.

D'après Yannick Croco Mukendi, Cadre de l'UDPS Tshisekedi en province du Nord Kivu et Coordonnateur National de la Génération Félix Tshisekedi Asbl en sigle GFT, il est important de se ressourcer sur ce sujet et éviter de parler sur ce sujet sans rien dire en lieu et place de critiquer.

D'après lui, aucune loi n’est immuable, si la société qu’elle régit ne l’est pas.

" La constitution congolaise n’échappe pas à cette règle. C’est pourquoi, chaque constitution prévoit des normes sur la procédure de sa révision, lesquelles doivent être respectées lorsqu’on doit procéder à une révision constitutionnelle dans un État de droit.

Cette autonomie régulatrice de la constitution est l’expression de sa suprématie sur toutes les normes existant dans un ordre juridique donné. On comprend dès lors que la procédure de révision d’une constitution doit revêtir une certaine rigidité, contrairement à celle d’une simple loi.

La Constitution congolaise consacre son titre VII à des règles sur sa révision constitutionnelle.

Depuis la promulgation de cette constitution en 2006, l’UDPS par l’Opiniâtreté de son leader maximo le Sphinx de limté Etienne Tshisekedi Wa Mulumba d’heureuse mémoire et ses membres avaient soutenus le changement et plusieurs modifications des dispositions de cette constitution qu’ils avaient qualifié d’incohérente dans certaines de ses dispositions " précise Yannick Croco Mukendi.

Et d'ajouter 

" Nous tous étions contre le changement ou la modification de cette constitution par le régime de monsieur kabila par ce que connaissions que cette dernière été taillée à sa mesure depuis sa confection, cela avec toutes les conséquences qu'on allaient pu en tirer.

Nous devons réécrire ensemble notre histoire en couleur et je soutiens personnellement cette modification constitutionnelle pour deux raisons majeures :

1. Depuis son accession à la souveraineté nationale et internationale, la RD.Congo, s’est révélé comme un état à vocation parlementaire. 

Toutes les fois que l’élan démocratique s’est manifesté au cours de son histoire ; ( Table ronde, Conclave de l’omnium, Conférence Nationale Souveraine et Dialogue Inter congolais), le parlementarisme a été logiquement posé comme fondement publique.

Le parlementarisme rationalisé à la française aura été le choix de la constitution du 18 février 2006, soit un régime semi-présidentiel. 

C’est à dire que la loi fondamentale consacre un régime dualiste le premier ministre engage la responsabilité du gouvernement devant la représentation nationale, tandis que le chef de l’État détient le pouvoir de dissolution du parlement.

Cela est une grande disharmonie, dans un grand pays comme le nôtre.

2. L’intelligence politique, juridique et économique ont été exploitées de manière malencontreuse dans cette loi fondamentale… l’initiative de la révision constitutionnelle est réglée à l’article 2018 de la constitution ali. 1. Elle appartient concurremment au président de la République, au Gouvernement après délibération en conseil des ministres, à chacune des  chambres  du parlement à l’initiative de la moitié de ses membres, à une fraction du Peuple congolais constituée de 100.000 personnes, s’exprimant à l’une de deux chambres.

L’article 229 de l'actuelle constitution précise qu'aucune révision ne peut intervenir pendant l’état de guerre, l’état d’urgence ou l’état de siège ni pendant l’Intérim de la Présidence de la République et ni lorsque l’assemblée nationale et le Sénat se trouvent empêchés de se réunir librement " conclut Yannick Croco Mukendi.

Guellord Risasi

 

Probable modification de la constitution en RDC, voici ce que pense Yannick Mukendi
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Election des membres du comité exécutif de l'Association des professeurs de l’université Pédagogique Nationale (APUPN)

(Patience Kabamba)

Une organisation électorale réussie signifie que les électeurs accomplissent leur tâche de voter avec aisance et facilité, dans un intervalle de temps bien déterminé avec un nombre d'électeurs connu longtemps en avance. Le temps maximum que chaque électeur passe devant l'urne est un élément essentiel pour une meilleure organisation.

Il nous a fallu moins de 10 minutes  pour nous rendre au bureau de vote et voter.

Toutes ces étapes ont été réalisées par la commission électorale indépendante (CEI) de l'APUPN. le MDW  exprime sa grande satisfaction pour une organisation qui n'avait rien à envier aux organisations des élections dans les vieilles démocraties.Après avoir déposé mon bulletin dans l'urne, j'ai pensé à M. Denis Kadima Kazadi, qui a organisé les dernières élections congolaises sans fichiers fiables et il les a même dispersées sur trois jours en violation des lois  de la CENI. Je me suis dit que M. Kadima  devait prendre quelques leçons d’entrainement auprès de notre CEI. 

Nous travaillons évidemment à des échelles différentes par rapport à la CENI, mais les principes sont les mêmes : la visibilité de fichiers fiables bien avant le vote, l'identification des dates de vote dans tout le pays et la rigueur contre les tentatives de corruption des responsables de la CENI.

La deuxième vague de félicitations va à l'heureux gagnant de ce vote interne, le Professeur Jean Collins Musonda. La commission électorale n'a pas encore annoncé les résultats officiels, mais à l'heure de What's App, il est difficile de garder longtemps le secret des votes. Nous attendons cependant les résultats officiels de la CEI.

L'admiration que nous avons exprimée pour la Commission électorale indépendante de l’APUPN doit être nuancée par certaines questions auxquelles cette commission a répondu avec désinvolture et une attitude autoritaire plutôt  qu'intellectuelle, c'est-à-dire dialectique.

 Commençons par le fait de refuser aux  professeurs légalement absents de l’UPN de participer au vote par procuration. La profession de professeur d'université est une profession libérale, ce qui signifie que les professeurs ne sont pas obligés de rester au même endroit.  Ils sont invités, conviés et appelés à donner des cours  partout sur la planète. À mon avis, le vote par procuration est légal et aurait dû être approuvé. J'ai trouvé le silence de la CEI sur cette question inacceptable et autoritaire. La CEI pensait que nous étions presque des idiots qui ne comprendraient aucune explication.

 La meilleure chose à faire aurait été de répondre aux professeurs et d'expliquer  pourquoi le vote par procuration n'était pas accepté.

 Je ne connais pas le taux de participation à ces élections, mais je soupçonne qu'au moins la moitié des 676 enseignants inscrits sur la liste électorale des enseignants ont pu voter.

Si l’on avait accepté le vote par procuration, le taux de participation pouvait varier et les résultats obtenus pouvaient aussi  varier. Veuillez noter que l'APUPN n'hésite pas à retenir les cotisations de tous les membres, y compris ceux qui ne sont pas à Kinshasa pour cause de maladie ou autres raisons. Mais, il ne les laisse pas voter !

La deuxième observation concerne l’obligation pour les candidats aux différents postes de verser des cautions pour participer aux élections de l’APUPN.

Outre le fait que la caution en question pouvait provenir de cotisations régulières, je pense que la CEI a introduit un élément de discrimination.

 Et je ne pense pas que nous devrions payer une caution pour postuler à un poste de service au sein de l’APUPN. Je m'explique : Pourquoi  ne devrions-nous pas payer pour la prestation de services au sein de l'APUPN.  L'APUPN est une association paritaire, des égaux.

 Être professeur à l'UPN est le seul ingrédient fondamental pour appartenir à ce groupe de personnes qui veulent travailler au bien-être des professeurs.

 Chaque membre de l'association contribue à hauteur de 25 000 francs congolais pour chaque versement COGIT (indemnités de transport).  Le nombre de membres est d'environ 676 selon la liste de la CEI. Cette somme a servi à récompenser les dirigeants de l'APUPN et à organiser des événements tels que des élections. Exiger une caution introduirait une variable différentielle qui détruirait toute l'égalité fondatrice de notre association. Les différences économiques peuvent être justifiées par le fait que tous les enseignants ne se trouvent pas dans la même situation économique. Nous avons des collègues qui enseignent dans plusieurs établissements, dont certains  ont d'importantes responsabilités familiales et d'autres qui nécessitent des soins médicaux réguliers. Les inégalités financières contredisent clairement les fondements égalitaires de notre club.

Les anthropologues nous apprennent que dans les sociétés égalitaires primitives  étudiées par Pierre Clastres, les dirigeants étaient tirés au sort. Cette activité signifiait que tous les membres du groupe pouvaient servir et diriger la communauté. À l'Université de Californie à San Diego, les professeurs du département d'anthropologie dirigent le département à tour de rôle. Chacun est considéré comme capable de diriger la communauté scientifique. L'exigence d'une caution pour les candidatures aux postes de l’APUPN a complètement détruit les fondements de l'égalité sous-entendus dans notre association. Auparavant, les cautions collectées étaient versées au président sortant, mais cette fois il a été décidé qu'elles seraient versées au fonds de l'APUPN. Si cela représente certes un progrès, la réalité logique est que cette caution financière contredit le dénominateur commun égalitaire qui fait de nous  professeurs de l'UPN et  membres de l'APUPN. Sur la base de ce qui précède, je ne pense pas qu'une caution soit requise pour postuler au poste  de l'APUPN. L’Assemblée générale pourrait débattre de cette question le moment venu. À mon avis, le silence de la direction de la CEI sur cette question était également autoritaire parce que direction de la CEI ne se sentaient pas obligés d’expliquer à la communauté des enseignants pourquoi elle tenait a cette caution. Soit la CEI pensait que nous étions des idiots qui ne comprendraient pas ses explications, soit elle nous méprisait simplement. Les deux paramètres ne sont pas recommandés.

Enfin, permettez-moi de parler des attentes concernant les récentes élections. L'IGF nous a révélé que le président de l'APUPN s'en tirait avec 10 millions de francs congolais a chaque paiement de la Cogit alors que le professeur agrégé ne disposait que de 700 000 FC. Cet écart n'est justifié par aucune raison et surtout n'a pas été décidé par  l'organe suprême de notre association , l'Assemblée Générale. Il me semble que c'est le plus grand bonheur  que cette coutume soit enfin abandonnée. L'une des tâches des nouveaux pouvoirs  confiés à l'ancien vice-président, aujourd'hui président de l'APUPN, est de nous expliquer ce qu’il fera des cotisations quasi mensuelles de 676 enseignants.  

 Chaque mois, ou plus précisément pour chaque paiement  de la Cogit, l'APUPN perçoit 16 900 000 FC, soit 6 000 $ au taux de 2 850 FC (USD). Le budget annuel de  l'APUPN est donc de 71 000 $.

 Aucune utilisation de ce montant n'a été signalée au cours des trois dernières années. Pour être honnête, ce n'est pas un montant astronomique,  mais les contribuables auraient aimé savoir comment leurs contributions étaient dépensées et  quels accords étaient décidés lors de l'Assemblée générale. Nous aimerions voir naître un nouveau comité, ce qui n'est pas tout à fait nouveau puisque le président et le trésorier font partie de l'ancienne équipe. Nous leur demandons d'expliquer à quoi ils ont utilisé les 213.000 $ des trois années écoulées. Si, comme on l'entend, le CE de l’APUPN se partageait nos contributions mensuellement selon un pourcentage fixe, il conviendrait de le transmettre à l'assemblée générale des enseignants de l'APUPN.

Enfin, l'APUPN est un syndicat d'enseignants. Et comme le disait Marx, le syndicalisme n’est pas révolutionnaire. Les syndicats ne peuvent pas déclencher une révolution parce que leurs dirigeants sont soudoyables ou intimidables par ceux qui sont au pouvoir. Nos dirigeants syndicaux nous avaient fait arrêter brusquement une grève. On avait soudoyé par des fausses promesses les président et vice-président syndicaux pour faire taire ou mettre fin à la grèves.

Nous avons dû mettre fin brusquement à la  grève parce que le ministre en charge avait réussi à soudoyer les dirigeants avec de  fausses promesses. Il est donc important de tempérer les attentes à l’égard d’actions syndicales qui ne pourront jamais révolutionner notre situation d’enseignants de l’UPN. En tant que syndicat, l'APUPN ne se concentre pas sur la libération du peuple congolais, mais plutôt sur son propre travail, souvent à la merci de ses employeurs. Et c’est ce qui arrive par nature et non par hasard ; par essence et non par accident !

Election des membres du comité exécutif de l'Association des professeurs de l’université Pédagogique Nationale (APUPN)
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