C'est hier, dimanche 23 février, que l'ancien Président congolais Joseph Kabila, à travers une tribune publiée par The Sunday Times, l’un des principaux journaux sud-africains, a finalement donné de la voix. D'entrée de jeu, il a mis en garde l’Afrique du Sud contre son engagement militaire en République Démocratique du Congo avant d'appeler à une prise en compte des causes profondes du conflit.
Joseph Kabila s’interroge sur l’implication de l’Afrique du Sud dans l’Est de la RDC, où Pretoria déploie des troupes sous mandat de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). "Le monde observe pour voir si l’Afrique du Sud connue pour son humanisme et ses valeurs continuera à envoyer des troupes pour soutenir un régime tyrannique et combattre les aspirations du peuple congolais", écrit-il, devenu du coup ‘‘Démocrate’’.
Pour l’ancien Président congolais, la SADC se trompe en privilégiant une approche strictement militaire face à une crise dont les racines sont "politiques, sociales et institutionnelles". "La persistance de la mauvaise gouvernance en RDC conduira inévitablement à de nouvelles vagues de troubles politiques, d’insécurité et de conflits armés", avertit-il.
Kabila souligne que la RDC est au bord de l’implosion et que l’intervention militaire régionale risque d’aggraver la situation plutôt que de la stabiliser. "Compte tenu de l’histoire de ses Etats membres, la SADC devrait savoir mieux. Les revendications du peuple congolais contre son gouvernement doivent être prises en compte", affirme-t-il.
Par ailleurs, il rejette l’idée selon laquelle le conflit actuel serait uniquement le résultat d’un affrontement entre la RDC et le Rwanda ou des actions du M23. Il évoque une crise multidimensionnelle qui ne pourra pas être résolue uniquement par des négociations avec Kigali.
Selon lui, l’origine du chaos actuel réside dans la remise en cause du Pacte républicain issu du dialogue inter-congolais de Sun City, qui avait permis la réunification du pays et la première alternance politique pacifique en 2019. "Depuis, la situation en RDC s’est détériorée, notamment avec les violations répétées de la Constitution et les élections truquées de décembre 2023", dénonce-t-il.
Joseph Kabila accuse également Félix Tshisekedi d’avoir instauré un régime marqué par la répression de l’opposition, la censure des médias et l’exil forcé de nombreux opposants politiques, journalistes et leaders religieux. "Toute tentative de résolution du conflit qui ignore ces réalités ne pourra pas aboutir à une paix durable", insiste-t-il.
Plutôt que de se limiter à un soutien militaire au gouvernement congolais, l’Afrique du Sud et la SADC devraient, selon Kabila, "aider la RDC à progresser vers la démocratie, la paix et la stabilité". Il appelle à une "solution globale" qui prendrait en compte la gouvernance et les droits politiques, et non uniquement les dynamiques militaires et diplomatiques du conflit.
Cette tribune intervient alors que la Communauté Internationale rentre dans la phase des sanctions contre le Rwanda. Aujourd'hui, c'est la Commission de l'Union européenne qui devra se réunir à Bruxelles pour une première batterie de sanctions.
La Pros.