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La dictature démocratique de l’argent dans notre quotidien

(Par le Prof. Patience Kabamba)

J’étais à moitié endormi lorsque Madame dans son monologue disait que tout était à acheter aujourd’hui. Pour avoir de l’eau, il faut payer la REGIDESO, pour chauffer de l’eau, il faut payer la SNEL. Pour toute chose, il faut sortir de l’argent dans la vie quotidienne des Kinois. Il y a quelques années, nous allions puiser de l’eau à la rivière, nous ramenions du bois de la forêt, nous dépensions zéro dollar pour avoir de l’eau chaude. Un des mes interlocuteurs à Butembo me disait un jour que la seule chose qu’il achète, c’est du sucre car le reste provient de son champ. Kamungele, pour ne pas citer son nom, est parmi les millionnaires Nande mais, pour se nourrir, son champ lui fournit tout ce dont il a besoin. Dans le village de Toma au Burkina Faso, les bœufs tirant les charrues dans les champs et les êtres humains fournissaient, eux-mêmes, la grande partie d’énergie dont ils avaient besoin.
La plupart des choses était fait maison jusqu’à ce que l’argent s’est imposé. Aujourd’hui, l’impératif financier a pris le dessus sur tout. En plus, le conflit qui existait jadis entre le pouvoir et l’argent a été complètement résolu vers les années 1960s-1970s.
Aujourd’hui, surtout au Congo, nous vivons une fusion despotique entre le pouvoir et l’argent. Les deux classes n’en font désormais qu’une. L’argent est roi.
Tout doit être acheté, la nourriture, les habits, la maison, le transport, les boisons, tout ce que l’on fabriquait jadis à la maison est devenu objet d’achat.
Le souci principal du marché est la croissance économique et non l’existence d’une société humaine où il fait beau vivre. Le marché s’impose à nous aujourd’hui. Il est aidé par la police, la prison, l’Etat qui contrôle les foules.
L’observation historique d’un anthropologue versé dans l’évolution du capitalisme est que celui-ci a permis d’abolir l’isolement dont souffrait plusieurs villages. En construisant les routes le capital a permis aux endroits isolés de sortir de l’obscurité.
Le capitalisme a aussi permis d’apporter aux populations des marchandises bon marché. Ceux qui avaient de l’argent mangeaient du pain régulièrement au village, même à Kinshasa, on peut trouver des œufs bon marché. Cependant, ce même capitalisme a généré beaucoup de pauvreté ; il a créé un monde où il est impossible de vivre sans argent alors même que la grande partie des africains sont désargentés. Le capitalisme a aussi exporté dans les colonies des chômeurs de la métropole.
L’Etat-nation qui est le modèle dont la colonie a hérité a su mettre ensemble la politique, le territorial, le monétaire de manière extrêmement solide. Ce modèle s’impose aux Congolais même s’il ne leur apporte que misère surtout a une grande majorité de la population. Pourquoi s’y attacher alors que ce modèle d’Etat-nation est source de misère, de détournement des deniers publiques et surtout de la fusion entre l’argent et le pouvoir. Est-ce le seul modèle qui existe pour construire notre société surtout aujourd’hui où nous voyons devant nos yeux l’apothéose de l’argent qui n’a plus rien à avoir avec l’histoire des hommes, leur géographie et surtout leurs besoins réels.
Depuis le 18ème siècle le monde a connu deux types de dynamiques, d’une part le capitalisme industriel occidental et d’autre par le capitalisme colonial dans les pays d’Asie et d’Afrique.
La dialectique entre les deux était similaire. Ils ont tous les deux créé un stratagème social essential au fonctionnement du système. Le capitalisme industriel a créé des travailleurs subordonnés et vivant parfois de salaire minimum, alors que le capitalisme colonial a créé l’intelligentsia colonial fait d’abord des évolués et aujourd’hui des personnes pleinement instruites, occidentalisées et aliénées qui servent tous la même cause celui d’être des auxiliaires du système colonial.
On ne peut pas nier que le capitalisme industriel a apporté des avancées considérables en termes de style de vie, de longévité, de démocratie, de la liberté, de l’émancipation de la femme et même de la décolonisation. A la fin du 20eme siècle, nous avons assisté au replacement du capitalisme industriel qui produisait des biens de consommation (chaussures, voitures, navires ou autres commodités) par le capitalisme financier.
Le néolibéralisme s’est introduit dans toutes les sphères de la vie, même là où on ne l’attendait pas comme la capitalisation de l’éducation, de la santé et des services publiques. Le 21eme siècle est celui du capitalisme financier combiné à la révolution technologique qui s’accompagne de l’addiction à l’Internet. La caractéristique du capitalisme du 21eme siècle est qu’il n’a pas bénéficié aux populations.
Alors que le monde est interconnecté par la toile numérique - les choses qui se passent à des milliers de kilomètres sont instantanément connu grâce aux médias numériques - on vit en même temps une situation d’inégalité jamais attente auparavant.
La première démarche intellectuelle à faire, comme le stipule Perry Anderson est de parvenir à “un constat lucide d’une défaite historique”. En république démocratique du Congo, plus de la moitié de la population vit dans une précarité généralisée.
Pour dire cela autrement, le 21ème siècle est caractérisé par la catastrophe climatique, une géopolitique impérialiste, et surtout une grande inégalité économique entre les populations interconnectées, et entre le pouvoir et la population sur laquelle il s’exerce (le peuple).
Le 21ème siècle n’a pas apporté l’espoir attendu. Les Etats postcoloniaux ne sont jamais devenus des lieux populaires de liberté, de justice et d’égalité. Au contraire, la vie quotidienne s’est financiarisée, aucune sphère de la vie n’échappe plus à l’argent.
Le marché a pénétré tous les espaces de la vie.
Après avoir constaté cet échec de l’épanouissement de l’humain au 21ème siècle, échec dû à l’invasion de l’argent dans tous les secteurs de la vie, que devons -nous faire ?
Le monde et les sociétés changent à travers les dialectiques de conflits et d’affrontements. Il est peut-être temps d’y penser.

 

La dictature démocratique de l’argent dans notre quotidien

Une pile de grandes questions à s’interroger pour casser avec les stéréotypes et préjugés qui humilient et dénigrent la RDC

*Ces questions prétendraient les formes suivantes au Congo :  Et si c'est vrai que les congolais sont incapables de s'organiser efficacement et de déployer une force vive et sécuritaire pour la restauration de la paix à l'Est du pays ?

Et si c'est vrai qu'ils souffrent en profondeur, comme collectivité nationale d'une imbécilité chronique, c'est-à-dire d'un manque criant de rationalité intellectuelle, de rationalité spirituelle créatrice, de rationalité socio-politique ?

Et si c'est vrai que la plupart des congolais et congolaise sèment du désordre à l'étranger et qu'ils ne s'y comportent pas souvent en personnes responsables ?

Et si c'est vrai que la plupart d'universitaires congolais, une fois au gouvernement, deviennent fragiles et faciles à manipuler et à être corrompus ?

Et si c'est vrai que la guerre chronique à l'Est du pays est une guerre par procuration dont le Rwanda et l'Ouganda ne sont que des exécutants du plan conçu à NEW YORK, PARIS, LONDRES ou BRUXELLES ? 

Evidemment, un congolais ou un groupe de congolais qui s'interroger sur son vrai sens et en fournissant des efforts pour donner une image positive de notre nation à l'intérieur et à l'extérieur. 

Avec une telle orientation, l'idéaltype culturel congolais, tel qu'il est négativement envoyé en pleine figure devrait conduire tous les congolais à changer les bases de leur culture, à construire un ordre culturel qui puisse correspondre à une autre image que nous voulons avoir comme peuple conscient de son avenir.

Au-delà de ce que le monde parler de nous, nous devons travailler sur le changement positif de notre être congolais pour imposer une image des hommes et femmes de valeurs et des grands caractères, des hommes rationnels et des principes.

Dans cette démarche, nous devons aujourd'hui et maintenant travailler pour montre à la face du monde une image des hommes et femmes visionnaires et réalistes.

Tout cela est possible si les forces vives et le gouvernement congolais mettent en valeur leur dynamique de créativité.

Cela demande une forte refondation, une réorientation et une réorganisation du système éducatif et social, centrée sur des réponses concrètes aux questions suivantes :

- Quel type des congolais voulons-nous vraiment être aujourd'hui et demain ?

- quelle qualité d'être ensemble voulons-nous développer pour être un pays qui compte dans un monde d'aujourd'hui et de demain ?

- quelle classe politique, quel modèle économique devons-nous construire pour casser toutes les typifications négatives ?

Les réponses à ces questions devraient être au cœur des préoccupations des groupes et cercles de réflexion partout en RDC, des organisations gouvernementales et non-gouvernementales pour casser avec cette imbécilité collective et individuelle, en finir avec ces bandes d’hommes et femmes qui sont aux postes stratégiques du gouvernement congolais, juste pour que le Congo-RDC soit humilié et dénigré.

Nous avons une destinée commune à faire rayonner pour que notre pays soit parmi les nations de grandes espérances au monde.

Mapenzi Manyebwa

Ecrivain, enseignant et expert en développement communautaire

Une pile de grandes questions à s’interroger pour casser avec les stéréotypes et préjugés qui humilient et dénigrent la RDC

Pourquoi les Congolais sont-ils résilients, faibles et apathiques? (suite)

(Par le Prof. Patience Kabamba)

 

Nous avons promis de donner une suite au MDW de la semaine dernière qui attribuait l’attitude de résilience du congolais à l’usage du cerveau limbique pendant que son cortex était bloqué par les effets du stress et de la peur de la vie quotidien. Ce MDW a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme par certains, et de scepticisme par d’autres.
Le scepticisme n’était pas sur les effets physiologiques du stress. Il y a une quasi-unanimité parmi les chercheurs sur l’idée selon laquelle la plupart des maladies cardio-vasculaires sont dues à l’encrassement des veines pendant une longue période à cause du stress de la vie et que l’AVC n’en est que la phase finale. Le stress est aussi à la base du diabète, de l’hypertension induite par l’adrénaline et des maladies chroniques aujourd’hui. La peur empêche le renouvellement normal des cellules et le fonctionnement de l’organisme en mode anabolique.
Une longue durée de cette fermeture des circuits cellulaires en mode catabolique est à l’origine de cancer. La physiopathologie du stress et ses conséquences ont fait l’objet des expérimentations avérées. C’est un sujet que, comme anthropologue, nous maîtrisons assez bien grâce aux recherches Médico-anthropologiques. Comme tous ceux qui s’intéressent à la physiologie du stress le savent, le schéma complexe et indigeste du stress oxydatif avec production des espèces réactives, déviation de la voie normale de l'insuline via la tyrosine kinase, en faveur de voie anormale de la MAP Kinase, jusqu'à la transcription génique et formation des cancers sont à la base des maladies cardio-métaboliques.
Le stress est à 70% à l’origine du cancer, du diabète et de l’hypertension artérielle. Le stress a donc un bon nombre d’effets délétères qu’aucun neurobiologiste ne remettra en question. (Dr GIM)
Cependant, le problème est celui de généraliser les effets physiologiques du stress qui se produisent chez un individu au niveau de toute une société, de tout un peuple. Ce qui est vrai pour un individu, peut-on le généraliser à tout un peuple aussi hétérogène que celui de Kinshasa?
Si les lecteurs n’ont pas remis en question les effets destructeurs du stress sur notre organisme, ils ont tout de même émis des réserves quant à la généralisation de ces effets sur tout un peuple. De plus, il existe d’autres régimes tout aussi brutaux et oppressifs, et des populations tout aussi stressées, et pourtant leurs peuples se sont rebellés. Pourquoi les Congolais ne le font-ils pas ?
Notre hypothèse appelle donc à une plus grande circonspection d’autant plus qu’elle nous rappelle les théories du 19eme siècle sur le déterminisme biologique ou la sociobiologie qui ont été battues en brèche.
A l’instar de tout ce qui concerne l’humain, la biologie n’a pas d’autonomie. Il n’existe pas d’autonomie du substrat biologique de l’être humain. Le contexte social, l’environnement et l’organisation sociale sont des terreaux dont dépend notre système immunitaire, biologique et sanitaire. Notre thèse est que les peurs que les Congolais trainent au quotidien sont susceptibles de provoquer des problèmes d’estomac, de vieillissement à vue d’œil, des maladies cardiovasculaires et surtout de mettre hors usage notre cerveau cortical qui nous permet de réfléchir.
Comment guérir de ces peurs pour reprendre le contrôle de notre vie? Comment éviter de vivre sous adrénaline en permanence? Que faut-il faire pour stopper les peurs et réparer les dégâts causés par le stress?
Nous avons une chance: notre corps est une machine qui se régénère si nous lui en donnons les moyens. Dès que nous arrêtons de stresser, notre corps revient en mode anabolique. On peut dès lors quitter le mode catabolique et opter pour le mode anabolique. Dès que nous arrêtons de stresser, notre corps se met instantanément à fonctionner comme il faut. Le jour où nous déciderons de désactiver toutes les bombes d’adrénaline que nous déclenchons pour des raisons sociales, nous verrons que notre santé redeviendra bonne et nos cellules vont se régénérer.
Ayant établi ce qui se passe dans notre corps individuel lorsque nous sommes stressés, l’analogie avec notre corps social et collectif n’est qu’à un pas. Pour guérir, nous devons nous attaquer à toutes sortes de stress qui nous mettent en adrénaline.
Quelles sont alors les causes de la peur et du stress dans notre société congolaise?
L’organisation sociale de notre pays, la manière dont le pays est organisé politiquement, socialement et économiquement est tout simplement anxiogène. Il y a de la peur chez la grande majorité des Congolais. A l’Est, c’est la peur de l’insécurité physique. On peut être abattu soit par les M23 ou par la garde républicaine. A l’Ouest, c’est la peur de l’insécurité alimentaire: tous ceux qui pouvaient produire de la nourriture se sont mués en conducteurs des motos à Kinshasa et, par conséquent, les villages se sont vidés de leurs bras producteurs de nourriture. La malnutrition fait des ravages dans les populations qui sont restées surtout que les routes de desserte agricole n’existent plus. A Kinshasa, les deux types d’insécurité se rencontrent: l’insécurité physique et l’insécurité alimentaire constituent une grande source de peur et une bombe atomique d’adrénaline.
La solution, comme d’ailleurs pour le corps humain est de détruire courageusement toutes les sources des peurs.
La première cause de la peur est la confiscation du pouvoir d’achat des Congolais par une poignée d’individus qui n’ont de légitimité que suite à des élections tronquées de la dernière fois. Nous pensons aux députés, ministres et mandataires qui s’approprient 68% du trésor public comme salaire. Cette situation sociale anormale met tout le corps collectif en adrénaline et provoque des maladies, car les 99.9% de la population se trouvent obligés de se partager 32% des ressources et n’obtiennent pas suffisamment pour se nourrir, se faire soigner et envoyer les enfants à l’école. Pour remettre le corps congolais en mode anabolique de reconstruction du tissu social, il faut éliminer tous les parasites politiques qui sont la source permanente des peurs dans le pays. Eliminer ne signifie pas tuer, mais reprendre ce qui nous est dû et qui nous est utile pour notre réparation cellulaire, c’est-à-dire que plus personne ne devrait dépasser un salaire mensuel de 6000$ et que toutes les couches de la population puissent bénéficier de la manne minière des provinces du Lwalaba et des Kivus. Seule la population congolaise débarrassée de ses peurs peut imposer cette thérapie à ce pays, personne d’autre.
N.B. Le département de neuroscience de l’Université de Kinshasa organise une conférence sur la manière dont les Congolais pourront se débarrasser de leurs peurs et de retrouver leur bien-être psychosocial.

Pourquoi les Congolais sont-ils résilients, faibles et apathiques? (suite)

Comment motiver les FARDC pour gagner la guerre à l’Est ?

(Par Gilles Mpembele, PhD, MBA, Direct Attack Senior Avionics Engineer at The Boeing Company, Adjunct Professor at Washington University in St. Louis, Missouri)

Une victoire militaire des FARDC à l’Est est possible. La reconquête des territoires sous occupation rebelle et étrangère, et l’annihilation des groupes et factions armés ne sont pas hors de portée de l’armée Congolaise. Pour y arriver, il existe une panoplie de mesures nécessaires pour renforcer l’armée et ajuster sa stratégie sur le théâtre des opérations.
Certaines de ces mesures sont présentées ici, ni uniques, ni exclusives, ni exhaustives. Elles pourraient constituer la base d’une loi de nécessité militaire, sous l’initiative du gouvernement, débattue et formellement adoptée au parlement et, enfin, promulguée par le commandant suprême des forces armées nationales.
Octroyer des parcelles de terrain aux militaires qui se battent à l’est
Une première mesure qui pourrait motiver les FARDC est que l’Etat octroie des titres fonciers, de jouissance immédiate et perpétuelle, à tous les soldats engagés au front, sur des terrains à lotir à travers tout le pays. Dans le langage courant, ceci signifie que chaque soldat, qui se bat à l’est du pays, deviendrait donc propriétaire d’une parcelle de terrain sur laquelle il pourrait construire, avec l’aide de l’Etat, sa maison ou son commerce. L’Etat s’engagerait, dans le cadre d’un programme pluriannuel et selon des mécanismes budgétaires appropriés, à urbaniser les sites identifiés et à aider tout militaire bénéficiaire à mettre en valeur sa propriété.
L’Etat s’engagerait aussi à œuvrer avec des partenaires locaux et internationaux pour que les sites identifiés soient effectivement habitables par les soldats et leurs familles, qu’ils permettent l’accès à l’éducation pour les enfants et les jeunes, et qu’ils soient connectés aux grands centres urbains avoisinants. A supposer que l’effort de guerre nécessite 40.000 hommes de troupe, la proposition faite ici concerne donc 40.000 nouveaux propriétaires terriens.
Une deuxième mesure est que l’Etat ouvre le capital social de certaines entreprises publiques et d’économie mixte, minières, pétrolières et autres, aux soldats engagés au front. Dans la pratique, l’Etat céderait donc une part de ses actions aux soldats selon des montages financiers qui restent encore à déterminer. Tout soldat qui se bat à l’Est deviendrait donc co-propriétaire d’une ou de plusieurs compagnies et récolterait des dividendes, si infimes soient-elles, en fonction des résultats financiers de ces compagnies. Dans le cas tragique ou le soldat tomberait au front, sa famille ou ses descendants désignés hériteront donc de ces actions comme d’un capital qui se transmettrait de génération en génération.
Un effet insoupçonné pourrait même être le début d’une sorte de bourse des valeurs et la démocratisation d’un capitalisme financier embryonnaire. A travers l’histoire, les classes moyennes se sont aussi développées de cette manière-là.
Le G.I. Bill américain est un modèle pour la loi de nécessité militaire
D’autres mesures sont possibles. La loi de nécessité militaire pourrait assurer qu’à l’issue de la guerre, tout soldat qui le souhaite puisse retourner aux études avec l’assistance de l’Etat, et que même ses enfants puissent obtenir la garantie d’étudier dans les meilleures écoles et universités du pays. La loi pourrait aussi garantir un emploi dans l’administration nationale, provinciale, ou dans la territoriale, pour tout soldat qui souhaite retourner à la vie civile, s’il fait preuve des capacités et des compétences requises.
Les blessés de guerre devraient bénéficier de soins médicaux à charge de l’Etat, et ce privilège ainsi que les provisions financières qui rendraient possible sa jouissance devraient être explicitement inscrites dans la loi de nécessité militaire, si elles ne sont déjà inscrites dans la loi de programmation militaire.
A l’issue de la deuxième guerre mondiale, les Etats-Unis mirent en place un programme spécial, le G.I. Bill, qui permit à tous les soldats de retour de guerre de bénéficier d’une éducation secondaire et supérieure aux frais de l’Etat, des taux d’intérêts avantageux pour s’acheter une maison ou commencer un business, et une compensation généreuse dans le cas d’un chômage de longue durée.
La nation Congolaise ne peut se permettre le luxe d’attendre la fin de la guerre pour montrer sa gratitude et sa reconnaissance à l’endroit de ses enfants qui se battent héroïquement pour ramener la paix à l’est du pays. En réalité, l’engagement de nos soldats pour des batailles victorieuses à l’Est dépend en bonne partie du degré de leur motivation. L’objectif de la loi de nécessité militaire est de renforcer la motivation des troupes pour que les FARDC donnent le meilleur d’elles-mêmes sur les champs de bataille.
Depuis sa création en 1960, et sous les visages successifs qu’elle a pris au cours des années, l’armée Congolaise a bénéficié du service de brillants officiers et sous-officiers, formés à l’intérieur du pays et à l’extérieur. Certes, beaucoup ne sont plus de ce monde et beaucoup d’autres sont à la retraite, mais un nombre encore plus important est actif aujourd’hui et personne ne peut douter de leur capacité à faire la différence sur le front des opérations. Un autre groupe, pas très bien identifié, est éparpillé à travers le monde. Personne ne sait ce que ce groupe peut apporter à l’effort de guerre en cours, mais il n’y a aucune raison de considérer ces compétences et valeurs comme perdues à jamais. La loi de nécessité militaire devrait envisager de faire l’inventaire complet de tous ceux qui ont servi l’armée congolaise et qui pourraient lui prêter main forte aujourd’hui pour rétablir la paix à l’Est.
Réévaluer la stratégie militaire des FARDC
Il est bien connu des experts militaires, qu’une bonne logistique est déterminante dans le succès des opérations militaires. Et celle-ci peut aussi être utilisée pour gagner le soutien des populations dans les territoires occupés ou dans les théâtres opérationnels contestés. L’armée peut recourir aux populations locales pour approvisionner les unités combattantes en nourriture et eau potable, pour assurer le service de nettoyage des vêtements militaires, et d’autres tâches relatives au quotidien des troupes.
Le premier effet est qu’une quantité importante de moyens financiers sera ainsi déversée dans ces communautés, créant les conditions d’une économie de guerre qui serait à l’avantage des populations. Le deuxième effet est qu’une telle collaboration va cristalliser le soutien de la population.
Ce soutien ne sera pas seulement affectif. L’armée y trouvera une masse importante d’informateurs potentiels qui pourront lui communiquer des informations de première main sur la position et les mouvements de l’ennemi.
Dans toute guerre, mais particulièrement, dans un conflit asymétrique, face à de multiples groupes armés dont le mode opératoire relève du terrorisme pur et simple, et face à une occupation étrangère suréquipée, le renseignement ou la capacité de récolter des renseignements sur l’ennemi est d’une importance stratégique primordiale.
Une telle activité, soutenue par des milliers de civils augmente considérablement les chances de réussite de ce qu’on appelle les «Tactical Small Units», une émanation du manuel tactique des forces de défense Israéliennes, bien connue des experts militaires. C’est cette stratégie que les Contras du Nicaragua avaient mise en pratique et qui leur permit des victoires décisives face aux forces Sandinistes dans les années 80s. Même dans la Rome antique, une stratégie proche basée sur l’usure de l’ennemi permit au général Maximus d’avoir, enfin, raison des troupes envahissantes d’Hannibal. Plus près de nous, les Ukrainiens ont utilisé une variante des « Small Units » pour contenir les armées russes d’invasion, avant que le soutien de l’Occident permît de rééquilibrer plus ou moins le rapport des forces sur le terrain des opérations.
Une victoire à l’Est est donc possible. La loi de nécessité militaire décrite ici, comme complément à la loi de programmation militaire, peut créer les conditions d’une telle victoire. Elle est fondée sur l’idée simple qu’une armée suffisamment motivée peut venir à bout du plus redoutable des ennemis. Pour motiver les soldats au front à se battre et à défaire l’ennemi, les augmentations sporadiques de leur solde ne suffiront pas.
Le soldat veut l’assurance que son sacrifice ne sera pas vain et que son avenir personnel et professionnel, à l’issue de la guerre, est formellement garanti dans la loi.
Et s’il ne retourne pas du champ de bataille, le soldat souhaite avoir au moins l’opportunité de léguer une propriété et un héritage à sa famille, que ses enfants ne soient pas abandonnés à eux-mêmes, et que sa mémoire lui survive dans l’honneur et la dignité. C’est donc une obligation nationale que de répondre à cette attente légitime du soldat engagé au front pour reconquérir les territoires occupés, annihiler les groupes et factions armés, et rétablir la paix et la sécurité à travers tout le pays.

 

Comment motiver les FARDC pour gagner la guerre à l’Est ?

Mboka Kongo : Décolonisation et Renaissance de notre nation


Dès l’aube de l’occupation européenne du Congo, afin de préserver leur indépendance sur la terre de leurs ancêtres, les différentes générations des Congolais se sont battus contre les occupants (Guy de Boeck, 1987, p. 5). Le jeudi 30 juin 1960 marqua leur victoire. Malheureusement le prétendu Dialogue inter-congolais de Sun City (2002) a redonné des béquilles à colonisation et lui a déroulé le tapis rouge pour son retour triomphal. Désormais tout est du copier-coller : nom du pays RDC (EIC), monnaie (Franc Congolais) ; langue officielle (Français) ; hymne national ( Debout Congolais - Vers l’Avenir) ; système politico-administratif, centralisation totale ; mode de gestion, vols massifs etc. Les conséquences sont les mêmes et notamment les chiffres effrayants des tués qui se comptent par millions ainsi que le désespoir du reste de la population soumise à l’insécurité généralisée. C’est pour cela que le combat pour l’indépendance demeure, l’une des questions au centre étant celle de l’ancestralité congolaise. Qui sont les Ancêtres du Congo et qui sont leurs vrais héritiers ? Tel est l’objet du présent propos.
Le 30 juin 1960, une opposition frontale apparut entre le roi des Belges Baudouin Ier et le Premier Ministre Congolais, Patrice-Emery Lumumba. Pour le premier, il ne faisait l’ombre d’aucun doute que le seul ancêtre du Congo était Léopold II qui fut un génie, un civilisateur, initiateur du Congo. Par conséquent sa mémoire devait se perpétuer à jamais auprès des Congolais, ses héritiers. Lumumba s’opposa avec véhémence à cette vision de l’histoire. Selon lui, le Congo qu’il reprenait en mains, était différent de la Belgique de Léopold II. C’était un état indépendant qui devait traiter d’égal à égal et en toute liberté avec la Belgique. Le Congo n’avait donc rien avoir avec la Belgique car l’agression ne peut en aucun cas être un élément fondateur d’une nation. Par conséquent Léopold II, assaillant, n’était pas un ancêtre pour les Congolais (Joseph Mbungu Nkandamana, 2008, p. 264 ; 269).
Je donne raison à Lumumba pour ces faits historiques précis. Premièrement, le moment de la mainmise de Léopold II au Congo est connu. Officiellement c’est le 28 et le 30 avril 1885 que la Chambre des Représentants et le Sénat belges ont respectivement autorisé à leur roi de devenir chef d’un autre état en conformité avec l’article 62 de leur constitution. La loi stipulait que « Sa Majesté Léopold II, Roi des Belges, est autorisé à être le Chef de l’État fondé en Afrique par l’Association internationale du Congo. L’union entre la Belgique et le nouvel État sera exclusivement personnelle ».
Il est clairement dit ici que Léopold II n’était pas le fondateur de l’État que le parlement et le sénat belges lui accordait. Par conséquent cet accord était en réalité une usurpation illégale qui ne pouvait pas avoir de valeur juridique car il ne s’agissait pas d’un territoire belge. En effet, une loi pour avoir une valeur juridique doit être fondée sur des éléments objectifs. Ce qui n’était pas le cas de l’accord octroyé par le parlement belge à son roi. D’autre part la fondation attribuée à l’Association internationale du Congo n’avait pas plus de trace juridique, encore moins la conférence de Berlin provoquée par cette association des mercenaires qui consacrèrent la balkanisation de l’Afrique entière.
Il s’agissait donc d’un acte totalement illégal du point de vue du droit aussi bien belge qu’universel, et du bon sens. Il convient d’ajouter pour appuyer le caractère totalement illégal de tous ces actes qu’ils intervenaient après que les États chrétiens européens aient décidé d’eux-mêmes de l’abolition de l’esclavage systémique des Noirs qu’ils avaient institué de leur propre gré et qui avait sévi durant des siècles. Si déjà le commerce des Noirs et leur esclavage systématique étaient illégaux, la spoliation de leurs territoires était doublement illégal. D’ailleurs, tout le monde sait qu’un territoire balkanisé, c’est-à-dire démembré en petits morceaux par des appétits étrangers, est un territoire ancien et non nouveau. Et l’acte de balkanisation qui est un acte guerrier est un acte illégal.
Secundo, s’il était réellement ancêtre des Congolais, Léopold II devait être connu de ceux-ci. Certains devaient l’avoir vu et connu, notamment les générations qui étaient nées à partir de 1800 jusqu’à 1909, date de sa mort. Cela veut dire qu’à l’indépendance du Congo en 1960, des Congolais âgés de 90, 80, 70 et 65 ans, devaient l’avoir connu pour transmettre aux nouvelles générations l’héritage qu’ils avaient reçu de lui comme le leur demandait le roi Baudouin. Or personne parmi les Congolais ne l’avait ni vu ni connu. Lui-même n’était jamais arrivé au Congo durant toute sa vie. Comment pouvait-il dès lors être ancêtre du peuple qu’il ignorait ?
Tertio, l’ancêtre des Congolais ne peut logiquement qu’être congolais. Les Congolais étant des Africains, Noirs, Bato-Ba/Indo, leur ancêtre ne peut être que noir. C’est exactement le cas de Usir, Sar, Ta’Sar, Mulopwe, etc., héros culturel africain qui est un Noir. Or Léopold II était un Blanc. Comment pouvait-il être ancêtre d’un peuple qu’il n’a pas engendré ?
Quarto, quand Morton Stanley – autrefois le pauvre John Rowlands de Denbigh/USA), universel bienfaiteur de l’Europe chrétienne qui leur révéla les fabuleuses richesses du bassin du Congo, lesquelles leur firent perdre la tête -, réalisa son fameux exploit de traverser notre pays d’Est à l’Ouest, les peuples congolais s’y trouvaient. Il devait d’ailleurs régulièrement faire feu sur des populations riveraines pour passer ( Adam Hochscild, 1998/2007, p. 98-99).
Quinto, l’unité du pays était une évidence en elle-même, assurée par le vaste réseau fluvial que rassemble le grand fleuve. Il constitue aux dires de Stanley « l’équivalent de milliers de kilomètres de voies de chemin de fer déjà posés », une formidable voie commerciale. Ce fait était connu des populations locales qui y vivaient. Cela veut dire que contrairement à une certaine opinion, les populations congolaises se connaissaient et commerçaient entre elles. Mais ce que l’on souligne peu c’est le rôle néfaste de la traite des Noirs instaurée par l’Europe chrétienne. Elle a obligé de nombreuses populations à vivre cacher. A l’époque où intervint cette nouvelle attaque de l’Europe chrétienne, l’Afrique était à peine en train de se relever comme cela se voyait dans les États du Golfe de Guinée notamment avec l’extraordinaire travail des Aguda, negros de ganho, revenus du Brésil (A. Babalola Yai, 1997, p. 275). Mais là-bas comme au Congo, tous ces efforts tombèrent à l’eau, les chrétiens européens ayant décidé de reprendre en Afrique même l’esclavage des Noirs et leurs exactions.
Sexto, l’unité du Congo, si elle est favorisée par l’extraordinaire réseau fluvial, est aussi le fait des populations elles-mêmes. L’exemple des Bayaka est éloquent en tant que trait d’union entre différents peuples. Même si aujourd’hui, malheureusement sous l’effet de l’abandon total de la jeunesse, les jeunes Bayaka s’adonnent, comme d’autres, à la destruction du tissu national, le passé de ce peuple fut différent. Les Bayaka, gardiens des frontières, par l’emplacement géographique de leur territoire, font la jonction entre les populations du Sud-Ouest et celles du Sud-Est du Congo. En effet, ils se retrouvent aussi bien mélangés aux populations Bakongo qu’aux populations Balunda en passant par les populations Bambala, Bapende et Baluba. Les Azande au Nord du pays ont une position équivalente. C’est aussi le cas d’autres peuples comme les Bakusu, les Bambute, les Banda, qui sont situées au Nord, au Nord-Est et à l’Est.
Septimo, à voir de près, la population congolaise parle une seule et même langue avec de nombreuses variantes vu l’étendue du pays. En effet, souvent il suffit de prêter l’oreille pour comprendre ce qui se dit dans une langue pourtant différente au point qu’à certains endroits il est possible de se communiquer en utilisant deux langues différentes en même temps. C’est pour cette raison que les Congolais quel que soit l’endroit du pays où ils vont, ne doivent pas faire d’immenses efforts pour apprendre la langue locale. Il ne suffit souvent que de quelques semaines sans être particulièrement doué. Cela témoigne de la proximité et de l’unité culturelle DU PEUPLE CONGOLAIS.
Tous ces arguments avalisent la contestation du Premier Ministre Patrice Lumumba contre la prétention du Roi Baudouin. A part l’usage de la force utilisée après contre Lumumba et bien d’autres nationalistes Congolais, le Roi Baudouin n’avait pas de vrais arguments pour revendiquer l’ancestralité belge sur le Congo et sur les Congolais. Son raisonnement était illogique. D’ailleurs le Congo, que Léopold II aurait fondé et construit pour les Congolais, était revenu de son vivant, non à ses héritiers Congolais, mais à ses compatriotes belges qui l’ont baptisé « Congo-Belge », ruinant ainsi tout argument d’une quelconque ancestralité de Léopold II sur les Congolais et sa trompeuse mission civilisatrice. Car le Congo-Belge était le Congo des Belges contre les Congolais et non le Congo des Congolais. Or le premier est une occupation armée contre le second. Le cas du Congo-belge est exactement comme celui de l’Égypte arabe, aujourd’hui pays occupé par des étrangers Musulmans d’expression arabe. Ils ne sont ni les ancêtres de Kama, ni auteurs de ses frontières.
Il en est de même des Belges au Kongo. Ils ne pouvaient pas définir les frontières ancestrales du Congo pour revendiquer sa fondation. C’est un non-sens. Celle-ci est l’œuvre de nos ancêtres telle que le témoignent nos différentes tribus dont les limites territoriales sont établies depuis des siècles.
Professeur Kentey Pini-Pini Nsasay
Université de Bandundu
Notice bibliographique
-https://www.congovirtuel.com/index.php
-https://www.kaowarsom.be/documents/BOC/BOEIC1885-86.pdf
- de Boeck Guy, Baoni, Les révoltes de la force publique sous Léopold II. Congo 1895-1908, Anvers, Epo, 1987.
- Hochschild Adam, Les fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l’État du Congo, 1884-1908, Paris, Editions Tallandier, 2007.
- Mbungu Nkandamana Joseph, L’indépendance du Congo-Belge et l’avènement de Lumumba. Témoignage d’un acteur politique, Paris, L’Harmattan, 2008.

Mboka Kongo : Décolonisation et Renaissance de notre nation

Séminaire international portant sur le thème « l’indépendance, la paix et le développement social » à Rome, Italie ce dimanche 3 septembre 2023, le Professeur Dr Lohekele Kalonda André porte la voix de l’Afrique

Par le professeur Dr LOHEKELE KALONDA André, Secrétaire général du Comité Régional Africain pour l’étude des Idées de Juché ; Président de la Société Civile Monde du Travail, SCIMOTRA ; Docteur en Sciences socio-politiques, Diplômé en Relatons internationales, en Négociation et gestion des conflits, en Management et Marketing.

Il s’est tenu ce dimanche 03 septembre 2023 à Rome, Capitale de la République d’Italie, un Séminaire international qui a rassemblé certaines sommités scientifiques en sciences sociales venant des cinq continents pour échanger sur les concepts et les réalités portant sur « l’Indépendance, la Paix et le Développement social ».
Cette rencontre de haut niveau a eu pour modérateur le Professeur MATTEO CARBONELI. D’éminents Professeurs et même d’hommes d’affaires expérimentés ont livré leurs réflexions. Le Continent africain était représenté en cette rencontre par le Professeur Dr LOHEKELE KALONDA André qui a présenté en vidéo conférence une analyse pertinemment lucide sur la situation spécifique du Continent africain. Nous vous livrons à cet effet ce brillant exposé qui a été suffisamment applaudi non seulement par les participants dans la salle de Conférence à Rome mais également par plus de cent autres participants qui le suivaient en vidéoconférence.
La République Démocratique du Congo a suffisamment des Personnalités compétentes dans bien de domaines à travers le Monde, il appartient aux Autorités du pays de bien les utiliser pour la percussion de la RDC dans le concert des Nations. Voici ledit texte. Par le professeur Dr LOHEKELE KALONDA André Secrétaire général du Comité Régional Africain pour l’étude des Idées de Juché ; Président de la Société Civile Monde du Travail, SCIMOTRA ; Docteur en Sciences socio-politiques, Diplômé en Relations internationales, en Négociation et gestion des conflits, en Management et Marketing. Distingués invités et chers participants, L’Afrique Juchéenne, à travers ma modeste personne, voudrait d’emblée remercier les Distingués organisateurs de ce séminaire international qui se tient en République 2 italienne, plus précisément dans sa capitale Rome aux fins de marquer d’une pierre blanche le 75ème Anniversaire de la Fondation de la République Populaire Démocratique de Corée. Commémorer cette date historique qui a vu naitre, s’enraciner et se consolider les acquis de cette jeune République nous interpelle pour rendre un vibrant hommage à ses Pères Fondateurs dont le Respecté Président KIM IL SUNG qui a donné naissance et façonné ce pays ami et frère en donnant une ligne directrice et en la consolidant en concevant une idéologie politique et philosophique basée sur les Idées de Juché.
Hommages également au Grand Dirigeant KIM JONG IL qui a réalisé une grande œuvre d’intériorisation et de pratique des Idées de Juché dans tous les domaines de la vie nationale ainsi qu’au Marechal KIM JONG UN dont le génie créateur émerveille non seulement le peuple coréen mais aussi le Monde par sa direction éprouvée des affaires d’Etat qui consolide d’avantage la République Populaire Démocratique de Corée dans le concert des Nations en tant que Puissance socialiste éprise de son Indépendance, de sa souveraineté, de la paix dans le Monde et, tournée vers son auto-développement social remarquable.
Oui, Distingués organisateurs, l’animation et les échanges portant sur « l’Indépendance, la paix et le développement social » arrivent à point nommé car ce sont des préoccupations d’actualités dans ce Monde unipolaire se muant vers la multipolarité avec toutes les tensions qui s’en suivent. Plus que jamais les Etats Nations ont besoin de recouvrer complètement leur indépendance politique, la paix et la sécurité pour leurs peuples et le développement social de ces derniers afin de rendre l’Humanité plus humaine, plus équilibrée et mieux vivable.
En Afrique, ces aspirations profondes et légitimes des peuples et leurs Dirigeants sont plus que d’actualités d’autant plus que l’Afrique depuis des décennies est le ventre mou du Monde où l’on exploite éhontement ses ressources naturelles et humaines, où on assassine ses valeureux Dirigeants qui aspirent à la justice, à l’équité et à l’indépendance et où enfin, l’on parle allégrement de l’infériorité civilisationnelle de ces peuples.
Cependant, dans notre décennie, la jeunesse africaine prend de plus en plus conscience qu’il faudrait radicalement changer les choses et mettre les pendules à l’heure.
Mettre les pendules à l’heure implique le recouvrement de la dignité de l’homme africain qui doit être maitre non seulement de soi-même mais aussi de toutes les potentialités existantes dans son environnement immédiat.
Les peuples africains se tournent dorénavant comme sujet de l’histoire, déterminés à se prendre en charge en toute indépendance dans le concert des Nations. Comme le disait si bien le Respecté Président KIM IL SUNG, nous vivons l’époque de l’indépendance pour les pays anciennement colonisés et qui sont confrontés avec les effets de la Mondialisation capitaliste. Pour résoudre le problème que cette question d’actualités pose, il nous faut nécessairement nous appuyer sur les forces de nos trois peuples et tenir compte de la situation spécifique de nos pays africains.
Il s’agit donc, de consolider en interne l’indépendance politique pour sauvegarder la souveraineté de nos Etats Nations. Ainsi, chaque Nation ne peut défendre sa dignité et se développer en toute indépendance qu’en préservant l’esprit Juché qui nous renseigne que chacun est maitre de son destin et trouve en soi la force nécessaire pour le forger, et qui en conséquence permet ainsi l’édification de l’indépendance nationale.
Toutefois, cette indépendance nationale ne peut se consolider que quand la priorité est accordée aux aspirations profondes de nos populations avec ses corollaires d’une édification d’un Etat de droit et de justice distributive conséquente.
Ainsi donc, la souveraineté d’un pays ne peut être effective dans le concert des Nations que quand ce dernier détient des forces internes capables de le faire respecter dans les relations internationales. La Souveraineté nationale est donc tributaire de la politique nationale indépendante qu’exerce chaque pays dans ces rapports avec l’extérieur et ses activités multisectorielles internes. Savoir consolider l’indépendance politique d’un pays est une question vitale qui nécessite que les forces sociales, militaires et politiques du pays concourent à cette consolidation car, sans elle il n’y a pas de souveraineté effective du pays. Il est donc impératif que les africains puissent ne compter avant tout sur leurs propres forces en se référant à leur propre idéologie maitresse qui ne tolère point les pressions et les ingérences extérieures et font promouvoir la confiance en soi et la fierté nationale. Tout citoyen africain devra bien connaitre l’histoire, la géographie, l’économie et la culture de son pays ainsi que les us et coutumes de son peuple tout en se projetant dans la maitrise des nouvelles technologies.
Il faut donc, promouvoir la culture nationale basée sur les valeurs sociétales de la Nation en valorisant le patrimoine culturel national et rejetant les servilités envers les Puissance impérialistes et toutes les autres idées rétrogrades qu’elles veulent nous imposer. Toutefois, la pratique d’une politique nationale indépendante n’exclue pas la coopération internationale ; au contraire, elle favorise les relations internationales basées plutôt sur le respect de la souveraineté de chaque pays, une coopération favorisant les résultats gagnant-gagnants et non sur l’exploitation des uns par les autres.
Le soubassement indispensable à la pratique d’une politique indépendante est donc respectivement l’édification d’une économie nationale indépendante et l’assurance d’une autodéfense conséquente. L’édification d’une économie nationale indépendante repose sur la ligne stratégique à laquelle il faut s’en tenir invariablement à la « Juchéanisation » de cette économie, c’est-à-dire à l’adaptation aux réalités du pays en utilisant principalement ses ressources techniques, à la modernisation et au perfectionnement scientifique de l’économie nationale, la modernisation constante de son équipement technique et le perfectionnement scientifique de toutes les activités productives.
Aussi, assurer l’impérieuse implication des masses laborieuses dans la mise en œuvre de cette économie et dans le partage équitable des fruits socio-économiques. Il faut donc enrailler dans nos pays africains ce système qui consiste à marginaliser dans nos pays africains la majorité de la population en fabriquant ainsi des armées des chômeurs en promouvant particulièrement l’entreprenariat des jeunes et même des communautés de base. Les préalables à remplir conformément aux Idées de Juchée pour atteindre une économie nationale indépendante qui est le soubassement de la politique nationale indépendante sont entre autres :
• La culture d’un véritable patriotisme qui soit l’apanage des dirigeants et de l’ensemble des populations ;
• La consolidation d’une auto-défense véritablement nationale qui assure la sécurité des personnes et de leurs biens. Sur le plan de la consolidation et de la promotion de la politique d’intégration et de planification de l’économie africaine, il y a lieu d’épingler les nécessités suivantes :
 La consolidation des économies nationales par une planification des circuits économiques internes au niveau des organisations sous-régionales, régionales et continentales sans toutefois tomber dans la servilité envers des Puissance impérialistes qui tentent souvent d’instrumentaliser ces organisations à leur profit en opposant les dirigeants et leurs peuples, certains pays contre d’autres avec des systèmes iniques des sanctions et des menaces des guerres interafricaines ;
 La promotion d’un développement symétrique entre les villes et les villages pour rétrécir les inégalités criantes entre les centres urbains et les campagnes.  Le renforcement des capacités internes de l’union africaine : l’Afrique doit apprendre à se prendre graduellement en charge.
Ce sont donc, tous ces facteurs interactifs qui peuvent contribuer à l’intérieur de nos pays à une paix durable ; non seulement une paix par l’absence de guerre mais aussi une paix de cœur et d’esprit. Le Continent africain est actuellement déchiré par un certain nombre des guerres fratricides notamment à l’Est de la République Démocratique du Congo où certains pays voisins au mien sont instrumentalisés par les multinationales pour exploiter éhontement des richesses naturelles de cette partie de la République en continuant, pour ce faire, à massacrer les populations locales par des hordes armées qu’ils fabriquent à bout des bras. Les pays du Sahel sont également confrontés à des hordes armées djihadistes qui mettent en insécurité leurs populations et freinent leur développement.
L’ancien Président Tchadien Idriss DEBY n’a-t-il pas dénoncé dans l’un de ses meetings, avant d’être éliminé, en disant que « l’emprise du Djihadisme dans le Sahel est la conséquence de l’appui des Puissances occidentales pour affaiblir le développement des pays africains ». Et le déroulement de cette guerre hybride semble donner raison à cette assertion bien inquiétante. 5 C’est pourquoi l’Union Africaine, les Organisations Régionales et sous régionales doivent se ressaisir pour ne défendre que les intérêts bien légitimes de leurs populations, la sécurité des personnes et de leurs biens et non de répondre aux dictats des Puissances extérieures.
Enfin, à travers les mutations profondes actuelles qui s’opèrent au niveau international pour le rééquilibrage dans la gestion du Monde, l’Afrique Juchéenne appuie la démarche qui consiste à promouvoir la multipolarité dans la gestion des affaires du Monde où la Souveraineté de tous les pays serait respectée en vue de promouvoir des échanges gagnant-gagnants et le Dialogue des Civilisations.
Les peuples d’Afrique doivent apprendre à créer l’union monolithique avec leurs forces d’auto-défense autour des Dirigeants qui se déterminent pour la cause panafricaine.
Fait à Kinshasa, le 03 septembre 2023

Séminaire international portant sur le thème « l’indépendance, la paix et le développement social » à Rome, Italie ce dimanche 3 septembre 2023, le Professeur Dr Lohekele Kalonda André porte la voix de l’Afrique

Goma : massacres ou victimes sacrifiées pour des intérêts flous ?

(Par Crispin Kabasele Tshimanga, Président National de l'UDS)

Mercredi 30 août 2023, Goma, la capitale de la Province du Nord-Kivu, a été secouée par une manifestation officiellement interdite qui s'est soldée par mort d'hommes. Des victimes congolaises de plus à mettre sur le compte des politiciens cyniques et des ennemis de la République. Le multirécidiviste Ephraim Bisimwa, soi-disant « prophète » d'une ténébreuse secte messianique du nom de « Uwezo wa Neno », s'est, de nouveau, illustré par un incivisme inacceptable et répréhensible. Son entêtement à braver l'autorité établie a étonné et surpris tout le monde. Ce gourou illuminé n'est pas à son premier acte incivique. Par le passé, il avait occasionné la mort de ses adeptes à Uvira avant de s'enfuir en Tanzanie. Quelques années plus tard, on le retrouve à Goma sans qu'il ait répondu de ses actes d'Uvira. Ah, notre pays, notre « République des inconscients », des corrompus!
Cet obscur individu se croit tout permis. Au service des puissances étrangères hostiles à la Nation congolaise, il s'est arrogé le droit de jouer le rôle dévolu à l'Etat congolais. Au nom de quel principe, cet énergumène devrait mobiliser « ses fidèles » appuyés par des infiltrés venus de l'étranger pour « chasser » la Monusco, les ONGs internationales et la Force Est-Africaine ? Quand il sait pertinemment bien que le processus du départ de la Monusco du sol congolais a déjà été enclenché par notre Gouvernement.
L'incivisme doublé de l'impunité fait certainement le lit de notre Etat. Qui peut comprendre que cette manifestation interdite par l'autorité urbaine de Goma soit maintenue par le sulfureux organisateur? Et quand les policiers envoyés pour les empêcher de sortir du Quartier Nabushongo soient caillassés et l'un d'entre eux soit enlevé et tué. Cet acte de désobéissance est publiquement tu.
Aucune réaction de la part de la classe politique congolaise, toutes tendances confondues. Ailleurs, les politiciens de la majorité et ceux de l'opposition devraient condamner fermement le meurtre d'un agent de l'ordre en service commandé.
Pourquoi ne peut-on pas clamer, comme les autres, que la République Démocratique du Congo est un pays à part, un pays anormal. Car, ce que nous vivons ici, vous ne le verrez jamais nulle part ailleurs. Que cachait le refus du « fameux prophète » de « Uwezo wa Neno » d'obtempérer aux ordres des autorités tant urbaines de Goma que provinciales du Nord-Kivu ?
Selon certaines sources, le chef de cette secte aurait été manipulé par les farouches opposants à l'état de siège qui ont lamentablement échoué lors de la Table Ronde d'évaluation de Kinshasa dans leur entreprise criminelle d'obtenir la fin de cette mesure de haute portée sécuritaire. On raconte que pour les tenants de la levée de l'état de siège, la seule alternative serait de pousser le Chef de l'Etat à changer les responsables militaires affectés au Nord-Kivu et en Ituri.
Ainsi, le boulevard de la contrebande, du pillage de nos richesses, de la criminalité économique organisée s'ouvrait largement. Dans d'autres milieux, on n'hésite pas à citer la complicité de ce mouvement messianique avec le Rwanda. En ce sens qu'en s'attaquant à ce pays voisin par sa ville frontalière de Gisenyi, les troupes rwandaises trouveraient le prétexte fallacieux de prendre la ville de Goma et de l'offrir à ses supplétifs du M23.
Il est curieux de constater qu'au moment où les regrettables événements se déroulaient à Goma, le président de l'aile politique du M23 alertait déjà l'opinion internationale sur ce qui s'y passait. Quelle curieuse coïncidence!
Par contre, on laisse entendre que certains cyniques politiciens congolais seraient à la manœuvre en intelligence avec le dirigeant de « Uwezo wa Neno » pour fléchir la position du régime en poste à Kinshasa de ne pas organiser les élections de décembre 2023 en vue de s'engager dans la voie du dialogue politique aux fins d'avoir le glissement et de se partager le gâteau.
Faut-il faire couler le sang des innocents et paisibles citoyens congolais pour cela ? D'où les tenants de cette thèse et leurs parrains étrangers se sont saisis de ce triste événement de Goma pour mettre la pression sur le pouvoir de Kinshasa.
Peut-on nous maintenant dire que la manifestation de « Uwezo wa Neno » était innocente ? Difficile d'accepter cette thèse sordide. Et que dire des victimes ? Ont-elles été sacrifiées pour des intérêts flous? Les paris sont ouverts.

 

Goma : massacres ou victimes sacrifiées pour des intérêts flous ?

33ème Lettre Sociale Congolaise : la moindre des choses que l’on attendait du Vice-Premier Ministre en charge de la Fonction Publique après la publication des conclusions de la mission de l’Inspection Générale des Finances pour être dans la vision du Chef

« C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.

Chères lectrices, chers lecteurs,

1. Cet article est une analyse bibliologique du communiqué de presse de l’Inspection Générale des Finances du 27 avril 2023. Sur un support papier où les éléments bibliologiques tels que République démocratique du Congo, Présidence de la République et Inspection Générale des Finances traduisant non seulement la sommité institutionnelle, mais aussi et surtout le sérieux et l’importance de sa communication, l’Inspection Générale des Finances a présenté, le 27 avril 2023 devant les différents responsables des services de l’Etat et les médias, les conclusions de sa mission d’audit du fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat.

2. Il ressort de la lecture de ce communiqué qu’il y a eu 145.604 agents payés disposant des numéros matricules incorrects fantaisistes et fabriqués pour le besoin de la paie, 93.356 agents qui partagent un même numéro matricule avec d’autres agents également payés, 53. 328 agents disposant à eux seuls plus d’un numéro matricule dans le fichier avec le même nom, 43.725 agents payés sans que leurs noms ne figurent sur les listes déclaratives provenant de leurs services d’origine et 961 agents chargés du traitement de la paie se retrouvent sur les listes de paie de plusieurs ministères. Plusieurs d’entre eux sur plus de 15 listes de paie. Sur le plan financier, l’IGF fait observer un manque à gagner mensuel, subi par le Trésor Public, estimé à CDF 148. 999.749.440,95.

3. Au-delà de ce manque à gagner stigmatisé par l’IGF, il y a lieu de dénoncer, à la lumière de l’anthropobibliologie du travail, l’absence d’alliage structures – missions et objectifs pour lesquels ces structures ont été créées. Il s’agit là de la débâcle administrative. Pourtant, l’administration est, selon Mwayila Tshiyembe (2002 :188), la colonne dorsale, voire le bras séculier de l’Etat au moyen duquel ce dernier gouverne la société. J’imagine que c’est au regard de cette fonction essentielle et vitale de l’administration que les écrits documentaires font état de l’existence en République démocratique du Congo, depuis le 12 avril 2021, d’une Vice Primature en charge de la fonction publique, Modernisation de l’administration publique et Innovation du service public. C’était donc l’ordonnance n°21/012 du 12 avril 2O221 qui a consacré cette nouvelle appellation au ministère de la fonction. C’était une invention de la nouvelle image de la Fonction Publique et de l’Agent public de l’Etat pour un service public digne de ce nom et ancré dans la culture d’éthique du travail, du progrès, de la vérité et de la justice. La modernisation de l’administration publique était donc liée au passage effectif de la pensée exprimée à la praxis, de la parole à l’acte.

4. Hélas, plus d’un an d’existence de la vice primature susmentionnée, les conclusions de la mission d’audit du fichier de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat ont révélé aussi l’absence d’une prise de conscience d’être citoyen dans le chef de certains agents de l’Etat. Pourtant, la prise de conscience d’être citoyen est, selon Martin Bakole wa Ilunga (1985), une condition indispensable au fonctionnement de l’Etat et de l’Administration publique au service de développement.

5. La modernisation de l’administration publique et l’innovation du service public avaient besoin d’être portées par des agents nouveaux, des agents chez qui l’exercice de la fonction administrative est fondé sur le strict respect des prescriptions documentaires, des agents guidés et animés par l’esprit de justice, d’équité, de bonne gouvernance et d’éthique du travail.

6. Voilà pourquoi, la moindre des choses que l’on attendait du Vice Premier Ministre en charge de la fonction publique, modernisation après la publication du communiqué, ci-haut cité, était la permutation de certains animateurs de la chaine administrative impliquée dans le traitement de la paie des agents et fonctionnaires de l’Etat au niveau du ministère de la fonction publique, à défaut de leur suspension, pour être dans la Vision du Chef de l’Etat de modernisation de l’administration publique et innovation du service public.

7. Car, l’une des causes de la débâcle de l’administration publique congolaise est donc la tendance à la personnalisation de la plupart des postes dans les services des administrations centrales et décentralisées. Alors que l’une de six caractéristiques de l’administration publique est selon GOULD (1975 :27) : « le fonctionnaire ne peut ni s’approprier le poste ni les ressources qui s’y attachent ».

8. La personnalisation des postes dans l’administration publique a pour conséquence le rendement décroissant dont le principe est énoncé par Ivan Illich (1926 – 2012). Ce philosophe, devenu une figure importante de la critique de la société industrielle, montre qu’au-delà d’un temps d’activité (5 à7 ans) sur un poste de travail, l’efficacité professionnelle décroit au risque de devenir négative. Le rendement décroissant est donc un obstacle à la réalisation des objectifs et missions de la plupart des services de l’Etat en RDC.

9. Revenons au communiqué susmentionné de l’IGF pour dire que sa lecture bien menée soulève la question sous jante de l’identification des agents et fonctionnaires de l’Etat par la maitrise et le contrôle de leur effectif.

10. Au sujet des effectifs des agents de l’Etat, il importe de préciser que Christophe Tumba Ngalamulume, dans son Mémoire de Diplôme d’Etudes Approfondies intitulé « Evaluation bibliométrique et Interprétation bibliologique des correspondances administratives au Secrétariat Général du Ministère de la Fonction Publique de 1992 à 2001 » défendu à l’Université de Kinshasa en 2016, affirme qu’il existe une Direction de Contrôle des effectifs et éléments de paie au Secrétariat Général du Ministère de la Fonction Publique. En Chercheur Documentaliste, Tumba précise que c’est au niveau de cette Direction que « tout agent est immatriculé, suivi et où la régularisation de la situation salariale est traitée ».

11. Lorsque l’on confronte l’information à la fois technique et scientifique, de ce Chercheur Congolais, à la triste réalité rendue publique par l’Inspection Générale des Finances sur la confusion relative à l’immatriculation et à la paie des Agents de l’Etat, l’on se rend vite compte que les animateurs de la Direction de contrôle des effectifs et éléments de la paie devraient être interpelés pour cette aberration administrative. Débâcle causée par le non-respect des lois et règlements de l’administration publique singulièrement les articles 3 point 15, 11 et 46 de la loi n°16/013 du 15 juillet 2016 portant statut des agents de carrière des services publics de l’Etat sur la procédure d’attribution des matricules et rémunérations aux agents.

12. Avec espoir, confiance et détermination l’IGF écrit au dernier paragraphe de son communiqué : « sur instruction de Son Excellence Monsieur le Vice Premier Ministre en charge de la fonction publique, l’Inspection Générale des Finances va poursuivre avec l’Inspection Générale de l’Administration Publique le travail de nettoyage du fichier des effectifs des agents de l’Etat ». Il y a de quoi douter de la bonne compagnie de l’Inspection Générale de l’Administration publique pour le nettoyage du fichier des effectifs des agents de l’Etat. Car, depuis la publication de l’arrêté ministériel 059/ME/MIN/FP/2018 du 09 avril 2018, l’IGAP n’a mené aucune action susceptible d’arrêter les abus de certains animateurs véreux des services de l’administration publique. Certains Inspecteurs de l’IGAP seraient même expiateurs ou complices de la mauvaise gouvernance administrative.

13. Si l’IGF peut assurer et rassurer dans le nettoyage du fichier des effectifs des agents, l’IGAP est mise à l’épreuve pour ce nettoyage et j’y reviendrai avec les informations de lectrices et lecteurs de la lettre sociale congolaise.

14. J’ai fait ma part.

Si vous êtes intéressés par cette lettre sociale congolaise, rejoignez la coupe pleine au numéro + 243 994 994 872 pour appel normal, WhatsApp ou X et à l’e-mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. pour la suite.

Fait à Kinshasa, le 30 août 2023

Jean Joseph Ngandu Nkongolo

Anthropobibliologue, Formateur Psycho Socio-professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail

Tél : + 243 994 994 872

33ème Lettre Sociale Congolaise : la moindre des choses que l’on attendait du Vice-Premier Ministre en charge de la Fonction Publique après la publication des conclusions de la mission de l’Inspection Générale des Finances pour être dans la vision du Chef

Le français est aussi notre langue maternelle


(Par Gilles Mpembele, PhD, MBA, Senior Avionics Engineer at The Boeing Company, Adjunct Professor at Washington University in St. Louis, Missouri)

*Espérance M. n’a pas eu beaucoup de chance dans son enfance. Un environnement familial défavorisé et dysfonctionnel ne lui a pas permis d’avoir accès à de bonnes écoles où les enfants sont initiés dès le bas âge à la pratique du français. Plus tard, adulte, elle resta convaincue que ses lacunes en français l’avaient empêchée d’atteindre les sommets de la réussite professionnelle auxquels pourtant une intelligence vive et une ambition intime la destinaient. Ainsi, lorsqu’elle devint mère, elle prit, comme beaucoup d’autres mères en Afrique, une décision souveraine : élever sa fille unique dans un environnement préférentiellement sinon exclusivement francophone et francophile, consciente qu’une maîtrise de la langue française permettrait à sa fille d’accéder à des opportunités professionnelles plus importantes et plus gratifiantes.
Cette attitude est pourtant à contre-courant d’une tendance nouvelle dans certains milieux universitaire et médiatique, qui consiste à railler le français et à élaborer des plans fumeux d’un retour fondamentaliste aux langues africaines. Visiblement, les assauts contre la langue française ne trouvent pas écho auprès de nombreuses mères africaines.
Le français n’est pas une langue étrangère
Au cours d’une émission télévisée, un professeur d’université, juriste et parlementaire, déclara à peu près ceci : « le français n’est pas notre langue. Qu’importe que nous le parlions ou l’écrivions incorrectement. Nous devrions enseigner le droit, les sciences et la philosophie dans les langues et dialectes congolais ». Cette opinion n’est pas minoritaire dans les milieux intellectuels congolais, mais elle est plus récente qu’elle n’y paraît.
En 1964, Hubert Makanda, président de l’Association Générale des Étudiants de Lovanium (AGEL), organisa une revendication étudiante pour africaniser l’université congolaise, mais il le fit dans un français impeccable, à l’oral comme à l’écrit. Valentin Yves Mudimbe n’a pas simplement adopté le français comme outil de travail académique et scientifique, mais il se l’est littéralement approprié au point d’en faire un patrimoine culturel personnel, expression de sa culture et de son identité africaine. Le Cardinal Malula, comme Monseigneur Tshibangu, a porté l’étendard du concept d’inculturation de l’Église sans jamais renier le rôle du français dans l’expression et la pratique africaines de la foi chrétienne.
Le phénomène de rejet apparent du français est nouveau. Il participe d’une volonté de déculturation et de déconstruction des acquis culturels et sociologiques issus de la rencontre entre les sociétés africaines et les pouvoirs colonisateurs occidentaux. Le choc des cultures fut douloureux, tragique, et a laissé des traces sur les langues et cultures africaines. Le recul des langues africaines ne peut être célébré, mais la perspective historique n’a jamais apporté la moindre preuve qu’elles auraient connu une évolution indépendante comparable aux langues internationales comme le français et l’anglais. Les sociétés africaines devraient faire la paix avec ce passé, douloureux certes, mais immuable.
Dans l’histoire de l’humanité, les langues ont traversé les frontières et les cultures. Le Grec et le Latin s’étaient répandus sur des terres et des cultures bien au-delà de la Grèce continentale et de la péninsule italique. De même, l’expansion occidentale dans le monde a permis le rayonnement des langues européennes à travers le monde. Le concept de retour intégral aux langues africaines n’est ni réaliste ni pratique.
Le français fait partie intégrante du patrimoine culturel congolais et 140 ans de pratique de cette langue ne peuvent être effacés sans introduire des distorsions culturelles et sociologiques. Un exemple simple est le retour aux pratiques anthroponymiques anciennes à la suite de la politique de recours à l’authenticité du président Mobutu qui eut pour effet de troubler l’ordre établi de l’état civil congolais et qui conduisit le pays à décrocher inutilement des standards internationaux dans ce domaine.
Le français n’est pas une langue étrangère et son adoption n’est pas la marque d’une défaite culturelle. Il fait partie du patrimoine culturel et sociologique congolais au même titre que d’autres langues nationales, avec un avantage incomparable qu’il permet au Congo de s’ouvrir au monde et de participer à l’évolution de la culture universelle et au rendez-vous global du donner et du recevoir.
Essayez donc de traduire « enchevêtrement quantique » en Tshiluba ou en Kikongo
Sur un plan purement conceptuel, il peut être tentant de vouloir traduire le savoir universel en langues congolaises, mais la tâche n’est pas aussi facile qu’on le pense. Le nombre de mots et concepts nouveaux qu’il faudra créer pour traduire les branches comme la physique, la chimie, la biologie et d’autres serait considérable au point qu’à l’arrivée une nouvelle langue serait créée, qui n’aurait que très peu à voir avec la langue congolaise initiale. Prenez le cas de la Bible par exemple, les traductions en langues congolaises ont eu recours à la création de nouveaux mots qui, dans la plupart des cas, a consisté à africaniser des concepts hébraïques, judaïques, ou grecques. Le terme même de « Biblia » en est un exemple.
Ceux qui doutent encore de la complexité et de l’impraticabilité de cette tâche peuvent essayer de traduire « enchevêtrement quantique » en Tshiluba ou en Kikongo.
L’effort n’en vaut peut-être pas la peine, car il existe une solution simple et pratique : enseigner ces matières dans les langues où elles ont pris corps comme le français et l’anglais.
Ainsi, en dépit de ce qu’une certaine élite intellectuelle prétend, l’effort de traduction du savoir universelle en langues congolaises est une tâche monumentale et quasi impossible. Le vocabulaire et la structure même de ces langues devront connaitre une évolution considérable pour qu’elles puissent rivaliser le français ou l’anglais, ou même le mandarin et le sanskrit. Et si ceux qui proposent cette révolution, comme le professeur-parlementaire mentionné ci-dessus, sont sérieux dans leur démarche, ils devraient commencer par traduire tous les lois et règlements du pays en langues nationales et rédiger des traités complets de linguistique prescriptive et descriptive. Cela n’arrivera pas.
Réformer et renforcer l’enseignement du français à l’école
Les décisions politiques d’assurer l’enseignement fondamental dans les langues congolaises plutôt qu’en français ont souvent été prises dans un contexte de déconstruction de l’héritage colonial. Mais la mise en œuvre de ces décisions n’a jamais permis de véritablement concurrencer le français. Elles ont introduit des distorsions dans l’éducation nationale et ont produit plusieurs générations d’écoliers avec des lacunes graves en français.
En outre, personne n’a jamais pu expliquer le bien-fondé de faire des études dans une langue nationale congolaise qu’on n’utilisera que très marginalement dans sa vie professionnelle. Les distorsions résultant de ces décisions politiques sont encore visibles aujourd’hui si l’on considère l’émergence d’une génération d’enseignants et de professeurs qui estiment qu’il n’est pas nécessaire pour les écoliers et les étudiants de bien parler et de bien écrire le français parce que, selon eux, le français est une langue étrangère.
Lorsque dans les années 70-80, le constat fut établi que les étudiants entrant à l’université avaient des lacunes graves en français, on introduisit le cours de « logique, expression orale et écrite » dans les classes de recrutement pour apprendre aux étudiants à bien réfléchir, parler et écrire.
Une première proposition est que ce cours soit adapté à tous les niveaux des cycles primaire, secondaire et supérieur, et qu’il soit enseigné à partir de l’école primaire pour initier les élèves à la réflexion logique, à l’esprit critique, aux techniques de composition et de présentation, ainsi qu’à l’art oratoire.
Une deuxième proposition est l’intensification des cours de composition et de dissertation, qui devraient exiger que les étudiants rédigent une composition sur un sujet donné au moins une fois par semaine, en sachant établir une différence entre ce qui peut être le développement d’une opinion personnelle et l’élaboration d’une analyse factuelle.
Une troisième proposition est l’initiation dès le bas âge à l’art de parler en public, afin de vaincre la peur et l’angoisse associées à cette activité. La pratique du théâtre et d’autres arts scéniques devrait être généralisée, ainsi que l’initiation à l’art de lire un discours préparé ou de prononcer un discours impromptu, et les techniques respiratoires pour contrôler ses émotions.
Une quatrième proposition est de mettre un accent particulier sur l’élocution et la prononciation, qui sont aussi des aspects du langage qui doivent s’apprendre dès le bas âge. Les élèves doivent être en mesure d’appréhender la différence de prononciation entre « peur » et « père », et entre « pur » et « pire ».
Mais, bien plus, c’est dans les familles que cette prise de conscience devrait être la plus grande. Il faut encourager les parents à parler à leurs enfants en français, autant que possible, pour qu’ils grandissent dans un environnement où ils acquièrent les fondamentaux de cette langue. Ceci ne devrait pas être simplement un vœu pieux mais devrait être élevé au niveau de politique gouvernementale, avec des moyens financiers publics adéquats et des mesures incitatives appropriées.
L’importance pour les enfants de maitriser la langue française, parlée et écrite, a été bien comprise d’Espérance M. et d’autres mères africaines, en dépit des propositions d’un retour radical aux langues africaines qui émergent ici et là. Les mères congolaises et africaines savent mieux que l’élite universitaire et médiatique, que la clé du succès pour leurs enfants est dans la maîtrise du français. Elles ont fait et continuent de faire le choix du français comme première langue pour leurs enfants, sans regret et sans aucun complexe. L’avenir de la langue française en RDC se trouve peut-être entre leurs mains.

 

Le français est aussi notre langue maternelle
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