*‘’L’exemple français du nouveau cadre pour le financement de la vie politique peut nous inspirer. Il ne s’agit pas de nous calquer fidèlement sur ce modèle, mais d’instaurer un débat parlementaire sur les voies et moyens d’aboutir à une solution qui permettrait le financement public des partis politiques et qui contribuerait à la stabilité des partis et au renforcement de l’unité nationale’’, écrit depuis Paris, M. David Menge, Docteur en Histoire des Sciences, à Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président
Excellence Monsieur le Président,
Je suis citoyen congolais vivant à l’étranger depuis plusieurs années et je n’ai jamais rompu des liens avec notre pays. Cette marque de patriotisme m’a conduit à m’intéresser à l’organisation des élections 2023 et à la campagne qui a suivi jusqu’à la proclamation des résultats, renforçant l’adhésion des Congolais à votre projet politique. C’est un exercice social auquel tous les acteurs politiques se sont prêtés, même s’il y a eu beaucoup de candidatures non fondées, pour faire vivre la démocratie et cela mérite d’être mentionné.
Nous savons tous, sauf quelques esprits malveillants, que notre pays est dans un processus continu d’apprentissage de la démocratie appelant à une collaboration entre les citoyens et les acteurs politiques de tout bord. Même si tout n’a pas été parfait, sur ce point, je tiens à vous féliciter, au-delà de votre victoire sans appel, pour votre engagement politique sans faille et pour votre esprit patriotique. Les Congolais, en regroupement politique ou les Congolais en indépendant, ont contribué au débat politique et l’ont enrichi. A l’issu de ce scrutin multiforme chacun devrait tirer de bons enseignements de l’expérience acquise afin de préserver la cohésion et l’efficacité de notre unité nationale.
Excellence Monsieur le Président,
En votre qualité de père de la nation qui assure, par votre arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l’Etat, vous savez plus que nous, du fait de votre appartenance passée à un grand parti politique de notre pays, que la démocratie ne peut pas s’ancrer fondamentalement dans nos traditions sans la participation active des partis politiques dans leur esprit de compétition. Pour fonctionner et vivre selon les lois, les partis politiques ont besoins de moyens financiers. Aujourd’hui, les partis politiques congolais sont financés par des ressources privées. Il s’agit des cotisations de leurs adhérents et les dons des personnes privées qui restent modestes pour couvrir toutes les dépenses liées à leurs activités (financement des campagnes électorales, locations des bureaux, etc.).
Pour besoin d’équilibre entre les forces politiques et celui de mettre fin à tout esprit de suspicion de la part de l’opposition politique qui accuse souvent le parti au pouvoir de se servir des moyens de l’Etat à leur dépens, nous nous tournons vers vous, Excellence Monsieur le Président, afin que vous puissiez, au cours de ce second mandat ouvrir un débat et une réflexion sur le financement public des partis politiques dans notre pays.
Excellence Monsieur le Président,
En France pour ne citer que ce pays qui nous est proche culturellement, le financement des partis politiques a fait l’objet de nombreux et graves scandales dans l’histoire de leur démocratie. Sous pression de l’opinion publique et des associations, l’encadrement par l’Etat du financement des partis politiques français a été renforcé progressivement par des lois à partir de 1988. Aujourd’hui pour qu’un parti politique bénéficie d’un financement public, il doit obtenir au moins 5% des suffrages aux présidentielles et plus de 1% des voix dans au moins 50 circonscriptions en ce qui concerne les législatives. A cela s’ajoute les sanctions financières pour le non-respect de la parité hommes-femmes parmi les candidats du parti.
Cet exemple français du nouveau cadre pour le financement de la vie politique peut nous inspirer. Il ne s’agit pas de nous calquer fidèlement sur ce modèle, mais d’instaurer un débat parlementaire sur les voies et moyens d’aboutir à une solution qui permettrait le financement public des partis politiques et qui contribuerait à la stabilité des partis et au renforcement de l’unité nationale.
Dans l’espoir que cette première lettre ouverte que je vous adresse rencontre votre assentiment, je promets de vous écrire régulièrement pour vous suggérer les sujets de débat correspondant à votre vision de la société congolaise.
Jo M. Sekimonyo, l’un des initiateurs de cette proposition
*A la lumière de l’évolution du paysage sociopolitique et dans un engagement à promouvoir une plus grande démocratie, égalité et progrès en République démocratique du Congo, cette proposition présente un plan complet pour la révision de la constitution de notre nation. Reconnaissant la nécessité d’un cadre de gouvernance réactif et inclusif, ce document décrit les principales modifications et réformes visant à résoudre des problèmes critiques, à protéger les droits fondamentaux et à promouvoir les intérêts de tous les citoyens congolais.
Ce projet de constitution vise avant tout le développement de l’économie nationale et au bénéfice de tous les Congolais. Le document complet est prêt, mais nous le publierons par chapitre pour faciliter la compréhension. Nous avons commencé à recueillir les signatures nécessaires pour pouvoir débattre au Parlement. Cependant, nous nous réservons toujours le droit de déclencher un référendum. Les articles qui vont faire l’objet d’une modification sont les articles suivants : I. Chapitre 1 er : les articles relatifs aux droits fondamentaux des congolais Article 1er : L’article 2 est modifié comme suit : - La République Démocratique du Congo est composée de la capitale et de provinces dotées de la personnalité juridique. - La capitale est le siège des institutions nationales et a le statut de province. La loi fixe le lieu de la capitale qui peut être transférée dans un autre lieu bien par référendum. - La répartition des compétences entre l’Etat et les provinces s’effectue conformément aux dispositions du titre III de la présente constitution. - Les limites des provinces sont fixées et peuvent être modifiées par la loi pour s’adapter à l’évolution de la situation économique, sociale et géographique. - Toute modification des limites des provinces et des entités territoriales pour de raisons culturelles ou politiques est prohibée. (L’Article 4 est abrogé) Article 2 : L’article 10 est modifié comme suit : - La nationalité congolaise est soit d’origine, soit d’acquisition individuelle. - Est Congolais d’origine, toute personne née sur le sol congolais. - Une loi organique détermine les conditions de reconnaissance, d’acquisition, de perte et de recouvrement de la nationalité congolaise. - La nationalité congolaise est une et exclusive. Elle ne peut être détenue concurremment avec aucune autre. Article 3 : L’Article 13 est modifié comme suit : - Aucun congolais ne peut, en matière d’éducation et d’accès aux fonctions publiques ni en aucune matière, faire l’objet d’une mesure discriminatoire qu’elle résulte de la loi ou d’un acte de l’exécutif, en raison de son genre, de sa religion, de sa condition sociale, de sa résidence, des opinions ou de ses convictions politiques, de son appartenance à une race à une ethnie, à une tribu, à une minorité culturelle ou linguistique. (L’Article 14 est abrogé) Article 4 : L’Article 18 et modifier comme suit : - Toute personne arrêtée doit être immédiatement informée des motifs de son arrestation et de toute accusation portée contre elle, et ce, dans la langue qu’elle comprend. - Elle dont être immédiatement informée de ses droits. - La personne gardée à vue a le droit d’entrer immédiatement en contact avec sa famille ou avec son conseil. - La garde à vue ne peut excéder de quarante-huit heures, qu’elle soit l’œuvre de la police des services de sécurité. - A l’expiration de ce délai la personne gardée à vue doit être relâchée ou mise à la disposition de l’autorité judiciaire compétente. - En cas de non-respect du délai de quarante-huit heures, la personne victime ou sa famille a le droit de saisir la justice pour obtenir la condamnation de l’agent pour détention illégale et celle de l’Etat aux dommages et intérêts. - Tout détenu doit bénéficier d’un traitement qui préserve sa vie sa santé physique et mentale ainsi que sa dignité. - Toute forme de torture est prohibée. Article 5 : L’Article 23 est modifié comme suit : - Toute personne a droit à la liberté d’expression. - Ce droit implique la liberté d’exprimer ses opinions ou ses convictions, notamment par la parole, l’écrit et l’image sous réserve du respect de l’ordre public. - Nul ne peut faire l’objet de poursuites pénales pour avoir critiqué une autorité publique même eu utilisant des termes désobligeants. - Les membres de la presse ainsi que les artistes ne peuvent être jugés que leurs pairs lorsque les faits commis l’ont été à l’occasion de l’exercice de leur profession et la sanction ne peut être qu’administrative et individuelle. Article 6 : L’Article 24 est modifié comme suit : - Toute personne a droit à l’information. - Tout citoyen a le droit d'accéder gratuitement aux informations gouvernementales, sans distinction. Aucune justification n'est nécessaire, mais tout refus de l'institution doit être motivé par écrit dans les 48 heures. En cas de refus, le citoyen peut saisir la justice pour obtenir le document, réclamer des dommages-intérêts et engager la responsabilité de l'agent et de l'institution. - La liberté de la presse, la liberté d’information et d’émission par la Radio et la Télévision, la presse écrite ou tout autre moyen de commutation sont garanties. Les médias audiovisuels et écrits de l’Etat sont des services dont l’accès est garanti de manière équitable à tous les courants politiques et sociaux. - Le statut des médias d’Etat est établie par la loi qui garantit l’objectivité l’impartialité et le pluralisme d’opinions dans le traitement et la diffusion de l’information. Article 7 : L’article 11 est modifié comme suit : - Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. – Toutefois, la jouissance des droits politiques est reconnue aux seuls congolais sauf exceptions établies par la loi. - Les congolais coexistent en tant qu’individus et non en tant que groupe.
(Par Jean Joseph Ngandu Nkongolo, Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail)
«C’est une règle générale : l’homme qui réussit le mieux dans la vie est celui qui détient la meilleure information ». Benjamin Disraeli.
Chères lectrices, chers lecteurs ;
1. Les congolaises et congolais sont dans l’attente d’un Congo nouveau depuis l’annonce de l’avènement de la 3ème République le 24 avril 1990.
2. Plusieurs raisons justifient cette attente notamment leur libération de la misère intellectuelle et matérielle dans laquelle ils sont plongés à cause de la colonisation, de la dictature du néocolonialisme
3. Le Congo nouveau est celui où règnent justice, paix, travail qui sont les valeurs de la République démocratique du Congo.
4. Cependant, l’avènement d’un Congo nouveau est intimement lié au passage de « logos » à la « praxis », c’est-à-dire, de la parole à la pratique par une action politique de changement sur terrain.
5. Pour ce faire, le Congo nouveau avait et a encore besoin d’être porté par les femmes et les hommes nouveaux, les femmes et les hommes chez qui l’esprit de l’intérêt personnel est remplacé par l’esprit de l’intérêt général. Les femmes et les hommes chez qui l’instinct de survie est remplacé par la raison de réalisation. Par la raison de réalisation, entendez, l’utilisation de ses compétences pour le bien être de sa communauté.
6. L’avènement d’un Congo nouveau a aussi besoin de la contribution de la presse vu pouvoir d’informer. Cette presse doit être celle qui promeut, non pas les hommes gaspillés, mais l’information et les valeurs de la République démocratique du Congo. C’est ainsi que ma 41ème lettre sociale congolaise est intitulée : « Urgence d’une presse innovante pour la promotion, non pas, des hommes gaspillés, mais de l’information et des valeurs de la République démocratique du Congo pour un Congo nouveau ».
7. Dans un environnement médiatique où tout le monde se fait appeler Madame ou Monsieur de la presse, distinguer téléologiquement la presse congolaise des autres médias est un exercice discursif pour restaurer la vérité historique, technique et scientifique de la raison d’être de la presse.
8. Je reviens sur le titre de cette lettre sociale congolaise pour y extraire les concepts clés à mettre en lumière afin de faciliter la compréhension de cette dernière. Il s’agit des concepts tels que presse, information et valeurs de la République démocratique du Congo.
9. Primo, selon le Dictionnaire Robert, « la presse ou presse écrite » désigne l’ensemble des journaux. Aussi, la presse englobe tous les moyens de diffusion de l’information écrite : quotidiens, hebdomadaires et autres publications périodiques.
10.Il demeure ainsi fondé de préciser que l’expression « presse écrite » est un pléonasme (terme ou expression qui répète ce qui vient d’être énoncé) qui sert à distinguer la presse par rapport aux autres médias (radio, télévision, internet…), car, elle (presse écrite) tire son origine d’une presse de l’imprimerie.
11. Dorénavant, nous comprenons avec Alfred Sauvy (1965) que la presse est protégée et garantie par « la liberté de presse ». Sauvy renchérit sur cette liberté en montrant que c’est elle qui a abouti à une très grande variété de publications où toutes les opinions sont également exprimées.
12. En République démocratique du Congo cette liberté de presse est garantie par l’article 24 de la Constitution du 18 février 2006. La liberté de presse est consécutive à la liberté d’expression qui est aussi garantie en République démocratique du Congo par l’article 23 de la même constitution congolaise.
13. Les publications de la presse sont classées tour à tour selon le rythme de parution (quotidien, hebdomadaire, mensuel, bimensuel…), selon le contenu (généraliste ou spécialiste), selon la nature (information, divertissement, publications scientifiques), selon la zone de diffusion (nationale, régionale, internationale) et selon le modèle économique (payant ou gratuit).
14. Tout compte fait, la tâche que la presse se donne avec le sentiment du devoir est d’informer. C’est alors que Sauvy revient sur le « pouvoir d’informer» afin de préciser que le « Pouvoir d’informer » est le 4ème pouvoir après les trois pouvoirs classiques : législatif, exécutif et judiciaire. Ce pouvoir est essentiellement fondé sur la liberté de presse.
15.Secundo, l’information est, pour Harald Schutz (1976), « une connaissance nouvelle diffusée conformément aux besoins d’information du récepteur ». Dans la presse, le récepteur est le lecteur. Montrant l’utilité de l’information, Schutz argumente que l’information atteint son but que si elle apporte une connaissance nouvelle dont le récepteur a besoin pour s’acquitter de ses tâches dans les domaines de l’administration, de la science ou de l’économie.
16. De son côté, Théophile Ayimpam (1965) définit l’information comme « un moyen d’éducation civique étant donné qu’elle détient un pouvoir de communication sur les âmes et les cœurs des hommes ».
17. Eu égard au « pouvoir d’informer » de la presse, je postule que la presse congolaise travaille résolument pour vaincre l’ignorance. Car, il n’y a pas pire pauvreté que l’ignorance. Croire en un développement matériel tout en restant ignorant c’est vivre dans une richesse de la loterie. D’ailleurs Mabika Kalanda (1965) montre qu’ « une société organisée sur la base de la connaissance de la vérité a plus de chance de survivre et d’échapper à la disparition qu’une société dite naturelle ».
18. Tertio, les valeurs de la République démocratique du Congo sont justice, paix, travail qui sont constitutifs de la devise de la République démocratique du Congo. Cette devise est inscrite sur les édifices publics des entités et institutions de la République démocratique du Congo.
19. La devise de la République démocratique du Congo, justice, paix, travail, est en cohérence avec le drapeau tricolore de la République démocratique du Congo. La couleur rouge de la bande qui traverse le milieu du drapeau symbolisant les martyrs congolais renvoie à l’égalité, l’équité et la justice. La couleur bleu ciel de ce drapeau symbolise la paix et la couleur jaune symbolisant la richesse de notre pays renvoie au travail qui est une source de toute richesse.
20. Dès lors, dans un régime démocratique comme celui de la République démocratique du Congo, la presse devrait œuvrer pour la promotion des valeurs de la RDC qui sont justice, paix, travail, par la production et la diffusion d’une information de qualité.
21. Ainsi donc, en promouvant ces valeurs par l’information écrite, la presse congolaise se distinguerait de certains médias Congolais qui ont fait ou font encore la promotion « des hommes vides », « hommes gaspillés » pour reprendre une expression chère à Dominique Kahang’a Rukonkish (1988). Pour Rukonkish « les hommes vides », « les hommes gaspillés » sont « les citoyens du monde sur lesquels on ne pouvait plus compter pour la vie et la survie de l’humanité ».
22. La plupart des médias congolais ont fabriqué ce genre d’hommes que l’on retrouve remarquablement dans les organisations politiques et institutionnelles, dans les structures religieuses, sportives, syndicales, dans l’administration publique avec toutes les conséquences que cela comporte.
23. Hélas, la promotion « des hommes vides », « des hommes gaspillés » est une conséquence logique d’un des défauts de la radiodiffusion qui consiste, selon Alfred Sauvy ci-haut cité, à « flatter l’auditeur, lui donner des nouvelles agréables et reléguer aux heures creuses les informations scientifiques qui peuvent l’instruire, c’est-à-dire élever son esprit ».
24. De leur côté, Güter Anders (1956) et Bernard Porte (1994) foudroient le défaut de la télévision. Abondant dans le même sens que Sauvy au sujet du défaut de la flatterie, Anders écrit : « (…) On diffusera massivement via la télévision, des divertissements abrutissants, flattant toujours l’émotionnel instinct ».
25. Toujours à propos du défaut de la télévision, Bernard Porte (1994) écrit : « Pour rapporter les nouvelles du monde, la télévision ira toujours plus vite, et de façon plus attrayante, que le meilleur journal. Mais un « journal parlé » d’une demi-heure ne correspond jamais qu’aux trois quarts d’une seule page d’un quotidien. Quiconque exige, sur tel ou tel point qui l’intéresse plus particulièrement, un peu plus de détails que n’en donnera jamais la radio ou la télévision, ne peut se passer de la lecture d’un quotidien écrit ».
26. Maintenant, au-delà de la supériorité de la presse sur les autres médias partant de sa fonction documentaire, l’urgence d’une presse congolaise innovante s’impose pour la promotion de l’information et des valeurs de la République démocratique du Congo.
27. Puisque, en journalisme, un article de presse est un texte qui relate un évènement, présente des faits ou expose un point de vue.
28. Cependant, dans un pays comme la République démocratique du Congo où l’avènement d’un nouveau Congo passe impérativement par l’appropriation et la socialisation des valeurs de la RDC (justice, paix, travail), relater un évènement, présenter un fait ou exposer un point de vue me paraissent insuffisants pour élever cognitivement, socialement et politiquement les congolais sur ces valeurs.
29. Plus loin, la presse congolaise doit expliquer les lois sous-jacentes qui sous-tendent l’apparition des éléments qu’elle relate, des faits qu’elle présente ou les points de vue qu’elle expose. C’est ça une presse congolaise innovante susceptible de développer la compétence civique des congolaises et des congolais. Car, Henry Milner (2004), définit la compétence civique comme « les connaissances et les habilités dont disposent les citoyens pour comprendre le monde politique ». Milner montre que la compétence civique augmente avec le taux de lecture des journaux, mais elle diminue avec le niveau de la dépendance à l’égard de la Télévision.
30. C’est pourquoi, Bernard Porte montre que « le journal constitue un lieu incontournable de l’exercice de la démocratie ». Et « La presse, c’est la conscience d’une nation », dixit Albert Camus. Pareille presse ne peut être confiée aux étrangers sans risque de glisser dans l’aliénation.
31. Pour que la presse congolaise soit au rendez-vous, elle doit être pour ses lectrices et lecteurs un guide, un soutien et un compagnon de route. Elle doit être aussi une presse de service qui concerne la vie quotidienne dans ses applications pratiques et les aspirations de ses lectrices et lecteurs à comprendre les autres, la société, le monde à partir d’une information honnête, expliquée et commentée.
De ce fait, la presse congolaise devrait être partout où il y a des activités humaines.
32. Pour ce faire, la presse congolaise doit ouvrir des nouvelles brèches dans d’autres domaines et vers d’autres publics en inventant, comme le signale Bernard Porte, des concepts de presse, d’édition et explorant de nouvelles voies éditoriales.
33. C’est ici le lieu de féliciter certains quotidiens généralistes congolais qui publient des sujets semi - scientifiques et semi-techniques dans leurs colonnes. C’est donc dans cet esprit que s’inscrit la lettre sociale congolaise, un écrit ordinaire sur les faits vrais, évidents et vécus lesquels faits ont concouru, il y a plus de 4 décennies, à l’anthropologie de l’écriture. 34.En publiant depuis quelques années la lettre sociale congolaise qui explique les lois sous-jacentes qui sous-tendent l’apparition des faits qu’elle présente, les quotidiens La prospérité, L’Avenir et Quotidien. Cd, contribuent par l’information écrite à la promotion des valeurs de la République démocratique du Congo : justice, paix, travail. Je n’ai pas oublié, non plus, le quotidien Le Phare qui a été pour moi ce qu’a été Jean Paul Sartre pour Jean Ziegler concernant la presse. Jean Paul Sartre avait créé le quotidien français « Libération ».
En 2018 dans l’émission en sol majeur sur RFI, Jean Ziegler raconte ce qu’a fait Sartre pour lui. Ziegler fut personnel de la mission de maintien de la paix de l’ONU au Congo(ONUC) en 1960. Quand il était de retour en Europe, il a rencontré Jean Paul Sartre à Paris. Sartre lui a posé cette : « comment ça se passe au Congo ? ». Ziegler a commencé à lui raconter la misère qu’il observait quand les enfants congolais minés par la faim allaient mendier les choses à manger autour de l’Immeuble Royal dans l’actuelle commune de la Gombe. Après avoir écouté Jean Ziegler, Sartre lui a dit : « écris tout ça ».
35. Le phare est donc le premier quotidien congolais écrit à avoir publié dans Le phare n° 52 94 de mars 2016 ma première réflexion écrite sur le sujet intitulé « La tradition syndicale congolaise trahie ».
36. C’est donc Le Phare, avec sa renommée médiatique, qui a non seulement validé mais excité du point de vue de la praxis mon « pouvoir d’informer ». Car, la communication écrite relevé de ma spécialité en Sciences et Techniques Documentaires. Aussi mon « pouvoir d’informer » va aussi de pair avec mon « pouvoir d’enseigner » partant de ma qualité d’agrégé d’enseignement d’anglais.
37. Par cette première réflexion écrite, je mettais ainsi en pratique la leçon donnée aux congolais alors zaïrois par le Premier élu Etienne Tshisekedi wa Mulumba dans son message de nouvel an 1994 en ces termes « (…) Que chacun, dans son secteur et à sa manière, contribue à libérer les captifs, à ouvrir les yeux des aveugles et à relever ceux qui sont courbés et meurtris (Is.42 :7) (…) ». Cette leçon vaut autant pour la presse congolaise qui doit devenir innovante en promouvant l’information et les valeurs de la RDC pour un Congo nouveau.
38. J’ai fait ma part par ma coupe pleine.
Fait à Kinshasa, le 24 janvier 2024
Jean Joseph Ngandu Nkongolo
Anthropobibliologue, Expert en Anthropobibliologie du Travail, Formateur PsychoSocio-Professionnel et Chercheur à l’Observatoire Congolais du Travail
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Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo réélu et investi
Me Hubert Tshiswaka Masoka, Directeur Général de l’IRDH
Recommandations de l’IRDH au President réélu, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo
Lubumbashi, le 22 janvier 2024
L’Institut de recherche en droits humains (IRDH) adresse ses vives félicitations au Président réélu, Son Excellence TSHISEKEDI TSHILOMBO Felix-Antoine. Son Investiture solennelle, du 20 janvier 2024, devant la nation congolaise et la communauté internationale marque une nouvelle ère de l’histoire de la République démocratique du Congo (RDC) que nul ne peut ignorer. Devant ce fait historique indéniable, l’IRDH recommande au Président de la République d’observer les cinq points, ci-dessous. Ils constituent des indicateurs du contrôle citoyen de la gestion de la chose publique et la préservation du patrimoine commun qui englobe l’Etat, les valeurs républicaines et le personnel modèle de la société congolaise.
1. PRESIDENCE : Nettoyer, en priorité, le personnel de la Présidence et de la haute sphère de gestion de l’Etat.
Au cours de l’investiture du Président, le Pasteur DALO avait prié à Dieu de lui donner des bons collaborateurs. Car, le peuple est fatigué des « voleurs » qui écumaient la tribune du Stade des martyrs. IRDH estime que cette préoccupation exige qu’elle soit prise au sérieux. Car, la même semaine, répondant aux chefs religieux, le Président de la CENI avait rappelé le fléau de la corruption, des pieds au sommet de l’Etat : Ministres, Professeurs, Parlementaires et Agents de la CENI pris en flagrance de fraude. Comme pour dire : « Pères, les corrupteurs et les corrompus sont vos fidèles ». Le Président Joseph KABILA l’avait condamné en son temps. N’avait-il pas dit que pendant tout son règne, il n’avait pas quinze collaborateurs méritants ? En somme, il est du devoir du Président de la République de chasser toutes ces personnes qui l’entourent dont les visages symbolisent le vol des deniers publics.
2. JUSTICE : Mettre hors d’état de nuire les magistrats civils et militaires qui ont institutionnalisé le monnayage de l’administration de la Justice,
A cette étape de la reconstitution de l’Etat, le Pouvoir Judiciaire a l’avantage d’installer les deux autres Pouvoirs : l’Exécutif et le Législatif. Contrairement aux attentes de la population, le Pouvoir Judiciaire est devenu un monstre sans aucune compassion pour le petit peuple. Il y est officialisé, institutionnalisé, imposé le MONNAYAGE ABSOLU de tous les services à rendre au justiciable. Le prix des Arrêts et Jugements sont négociés dans les offices des magistrats, civils et militaires, du Siege ou du Parquet. Ici s’impose des mesures drastiques pouvant réanimer cet organe complètement atrophié.
3. SOCIETE CIVILE ET OPPOSITION : Approcher systématiquement les leaders sociaux et politiques consacrés par la Constitution.
Le vote a révélé la dynamique sociale. La population s’était mobilisée pacifiquement, pour élire ses dirigeants. En plus du Président de la République réélu, une grande frange de la population s’était rangée derrière le principal challenger du Président et des figures de la société civile.
L’IRDH recommande au Bureau du Président de la République, de démontrer une bonne foi suffisante dans l’exécution du devoir qu’impose la Constitution d’intégrer des personnalités de la société civile et de l’opposition, dans la gestion de la cohésion nationale. Sans être exhaustif, voici une illustration de quatre personnalités que l’on n’a pas vues à la cérémonie d’investiture :
- Le Président Honoraire et Sénateur à vie. Le Président KABILA KABANGE Joseph a démontré à la nation congolaise et la communauté internationale qu’il est possible de gérer un Etat et passer le relai, pacifiquement, à un autre citoyen. En plus, pendant le quinquennat de son successeur, il n’a tenu aucun discours, ni commis aucun acte pouvant obstruer la bonne marche des institutions.
- Le Cardinal de la Sainte Eglise romaine, Mgr AMBONGO BESUNGU Fridolin, Archevêque de Kinshasa et Président du Symposium des conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar (SCEAM), ses opinions personnelles sont importantes, grâce à sa position dans la plus haute sphère de l'Église Catholique et le rôle séculaire que joue celle-ci dans l’Etat ;
- Le Prix Nobel de la Paix, Docteur MUKWEGE MUKWEGERE Denis. La personnalité qui a sensiblement contribué à la réduction des peines des femmes violées et porter sur la scène internationale cette barbarie perpétrée par l’armée rwandaise en RDC. Sa reconnaissance internationale corrobore avec son sens de dévouement et de sacrifice de soi. L’Etat devrait exposer son service au public congolais, comme modèle social.
- Le Principal Challenger au Président réélu. Honorable KATUMBI CHAPWE Moïse est la personnalité politique proclamée deuxième par la CENI et confirmée comme telle par la Cour Constitutionnelle, après le Président de la République. KATUMBI a mené une campagne électorale la plus énergétique. Il a fait preuve d’audace politique exceptionnelle, en dépit des discours stigmatisant les origines de ses parents. En meilleur exemple, il est resté lié aux lois et obligations de la République, dans un contexte de sollicitation pressante de la rébellion et des partisans extrémistes du chaos.
4. PRISONNIERS POLITIQUES ET D’OPINION : Cas emblématique de S. KALONDA
L’exploitation du cas de Salomon KALONDA pendant la campagne électorale confirme que cette situation est exclusivement politique. Par voie de conséquences, IRDH estime qu’elle ne peut être résolue que par une décision politique du Président de la République.
5. REBELLION : Renforcer la lutte contre le terrorisme du M23 et punir sévèrement toute propagande stigmatisante contre un citoyen ou groupe de citoyens.
La campagne électorale a révélé la banalisation des appels à la rébellion et la mise à mort des citoyens, du simple fait de leur appartenance à un groupe ethnique ou l’origine de leurs parents. Ce comportement, largement impuni, préjudicie l’édification de l’Etat de droit.
Afin d’y mettre fin, l’Institut recommande des poursuites judiciaires sévères contre quiconque entreprendrait, en présentielle ou via les médias sociaux, une campagne qui exposerait le pays aux crimes internationaux.
Pour le Directeur général de l'Office des Routes, M. Jeanneau Kikangala Ngoy, le pouvoir du Président Félix Tshisekedi réélu pour un second mandat revêt une reconnaissance exceptionnelle sur le plan international de par le nombre impressionnant des chefs d'Etat et des délégations qui ont pris part à la cérémonie de son investiture, le samedi 20 janvier 2024, au stade de Martyrs de la Pentecôte.
Plus d’une vingtaine des chefs d'Etat africains, des délégations des gouvernements ont rehaussé de leur présence la prestation de serment de Félix Tshisekedi, dans la capitale congolaise.
Le professeur Jeanneau Kikangala Ngoy, qui a également pris part le 20 décembre à ce grand rendez-vous, a salué chaleureusement la réélection avec plus de 70% du président Félix Tshisekedi à la magistrature suprême de la RD Congo, lors des scrutins combinés du 20 décembre dernier.
Ce nouveau quinquennat, a-t-il souligné, va permettre au chef de l'Etat d'achever plusieurs projets dans les domaines d'infrastructures routières, entamés par l'Office des Routes sous son leadership.
Depuis son avènement à la tête de l'Office des Routes, le Directeur général Jeanneau Kikangala Ngoy s'est engagé à matérialiser la vision du chef de l'État à travers le désenclavement du Congo profond notamment : la construction et la réhabilitation des ponts modulaires ainsi que l'aménagement des certaines routes de desserte agricole.
" ... Je suis très satisfait parce que durant son premier mandat, il a réalisé des choses que personne n'a pu réaliser avant lui dans ce pays. Il a engagé le processus de construction et de réhabilitation de certains ponts devenus vétustes depuis l'indépendance, et ce processus va se poursuivre tout au long de ce quinquennat...", a-t-il déclaré.
Agrégé de l’Université – Président du Think tank Afrique & Partage – Président du CERAD (Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Afrique de Demain) - Directeur général de l’Université de l’Atlantique (Abidjan) – Chroniqueur, essayiste, politologue. Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
*Il y a un peu plus de 7 mois, avant le 1er juin 2023, qui connaissait Tony Kanku Shiku ? Peu de personnes en réalité. Or, Tony Kanku Shiku est celui qui, depuis les résultats des dernières élections législatives, fait courir la scène politique congolaise. En faisant élire 32 députés, son regroupement politique, l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP) devient l’un des piliers de la gouvernance Tshisekedi pour les 5 ans qui viennent.
TONY KANKU SHIKU, Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP
LE RENOUVEAU DE LA SCENE POLITIQUE CONGOLAISE
La scène politique congolaise a enregistré, le jeudi 1er juin 2023, la création d’un nouveau mouvement engagé dans la campagne présidentielle auprès
de Félix Tshisekedi : l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP). Tout le monde découvre aujourd’hui l’A.A.A.P, un regroupement composé de 62 partis politiques, et son leader charismatique, Tony Sanku Shiku. L’AAAP a fait élire 32 députés dans la nouvelle assemblée nationale. Tony Kanku Shiku n’est-il qu’une étoile filante qui passe dans le ciel congolais pour disparaître rapidement ? Les cieux politiques sont encombrés de ces figures éphémères, qui disparaissent aussi vite qu’elles ont surgi, parce qu’elles n’ont pas ni épaisseur politique, ni programme, ni capacité organisationnelle. Ce ne sera pas le cas de Tony Kanku Shiku, dont on sait qu’il sera appelé à jouer un rôle essentiel au cœur du dispositif tshisékédien pour deux raisons :
1) L’UDPS, le parti de Félix Tshisekedi, est certes arrivé en tête des législatives avec 69 sièges sur les 477 attribués, mais le parti présidentiel ne réunit pas à lui seul une majorité absolue. Tshisekedi sait qu’il peut compter sur le parti de Vital Kamerhe, l’Action des alliés et Union pour la nation congolaise (A/A-UNC), et sur celui de Jean-Pierre Memba, le Mouvement de libération du Congo (MLC). Mais il doit encore négocier avec d’autres mouvements pour dégager une majorité à l’Assemblée.
2) A côté de ses appuis traditionnels, le président de la République a besoin d’ouvrir sa majorité à des figures qui symbolisent le renouvellement de la scène politique congolaise. Tony Kanku Shiku, qui est le Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP, est, incontestablement, l’une de ces figures. Il ne vient pas seul, déclarant, le 1er juin 2023, lors du lancement de son mouvement : l’ « AAAP est un regroupement politique qui compte aujourd’hui 62 partis politiques, avec plusieurs réseaux d’associations et organisations de la société civile et de hautes personnalités politiques ».
Participer à l’épanouissement démocratique du Congo
L’une des raisons qui ont poussé Tony Kanku à soutenir Félix Tshisekedi est la volonté du Haut représentant de l’autorité morale du regroupement AAAP de participer à l’épanouissement démocratique du Congo. Il a déclaré : « S’étant rendu compte que le chef de l’État a la volonté manifeste et l’engagement irréversible d’organiser cette année 2023, des élections démocratiques, transparentes, libres et apaisées ; les membres du regroupement politique dénommé l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP) ont décidé de se mettre ensemble et se mobiliser en vue d’atteindre l’objectif primordial qu’ils se sont fixé : donner un deuxième mandat au Président de la République Félix Tshisekedi. » Pour Tony Kanku, la reconstruction du Congo passe par un retour au civisme, notamment par l’exercice du droit de vote. Pour cela, il faut que les élections aient lieu aux dates prévues. Trop souvent, en Afrique, elles sont reportées ou annulées par ceux qui veulent se maintenir au pouvoir et installer une forme de pouvoir perpétuel au détriment d’une alternance démocratique.
Alors que Kabila est au pouvoir, on se souvient que l'élection présidentielle de 2016 sera d’abord repoussée en juillet 2017, puis en décembre 2017, puis au premier semestre 2019, pour, finalement, avoir lieu le 30 décembre 2018. Le 10 janvier 2019, Félix Tshisekedi est proclamé président de la République Démocratique du Congo, il prêtera serment le 24 janvier 2019. Affranchi de la tutelle de Kabila en décembre 2020, Félix Tshisekedi réaffirme sa volonté de voir les élections se dérouler aux dates prévues sur l’ensemble du territoire. Le message est reçu à 100 % par Tony Kanku qui fera en sorte que son Regroupement Politique, l’AAAP, soit présent dans les 500 circonscriptions électorales du pays. Lorsqu’on regarde les partis politiques qui se créent, très peu sont dirigés par des figures charismatiques, ils n’ont ni l’envergure nécessaire, ni les moyens, ni l’ancrage et le réseau des soutiens pour être présents sur l’ensemble du territoire. Tony Kanku coche toutes les cases pour s’affirmer sur la scène politique congolaise. Le fait de présenter un candidat dans chacune des 500 circonscriptions du pays, avec l’objectif d’avoir des députés AAAP sur l’ensemble du territoire, lui donne une dimension politique reconnue par les Congolais. Selon un sondage Le Peuple d’Abord, Tony Kanku est l’une des personnalités politiques les plus en vue et son Regroupement, l’AAAP, est en tête du Top 10 des Partis et Regroupements politiques.
Tony Kanku avance en politique avec deux certitudes : 1) Félix Tshisekedi sera dans l’impossibilité de gouverner le pays s’il ne dispose pas de la majorité à l’assemblée nationale, il faut donc lui donner cette majorité qui lui permettra de gouverner sereinement 2) Il est impossible de gouverner sereinement un pays sans une conquête démocratique du pouvoir. On retrouve sur ce dernier point la philosophie politique d’Etienne Tshisekedi, qui s’est toujours opposé à la prise du pouvoir par les armes. L’avenir du Congo passe par l’épanouissement de la démocratie. Tony Kanku veut répondre, avec le Regroupement Politique Alliance des Acteurs Attachés au Peuple et les 32 députés qu’il a fait élire, aux attentes des populations congolaises qui sont avides de démocratie. Avant l’élection présidentielle du 20 décembre 2023, Tony Kanku Shiku au nom du Regroupement AAAP, a affirmé son soutien aux valeurs républicaines de démocratie et de l’Etat de droit.
Alliance électorale éphémère ou projet de société ?
La vie politique est faite, pour la conquête du pouvoir, d’alliances éphémères qui se font et se défont au gré des circonstances. Opposant historique à Mobutu et aux Kabila, Etienne Tshisekedi est l’un des rares opposants à n’avoir jamais pactisé avec le pouvoir, ni à avoir accepté de nouer des alliances de pure circonstance. Si la Plateforme politique AAAP que dirige Tony Kanku est venu au soutien du président sortant, candidat à sa réélection, ce n'est pas pour se dissoudre dans le jeu stérile des alliances éphémères, mais bien pour défendre le bilan du premier mandat de Félix Antoine Tshisekedi, « Fatshi » pour ses partisans, et un projet de société. Ce projet de société a été décliné par Félix Tshisekedi, qui, lors de son Allocution d’investiture pour un second mandat, le 20 janvier 2023, a défini les 5 priorités du second quinquennat : 1) créer plus d'emplois 2) protéger le pouvoir d'achat 3) assurer la sécurité 4) poursuivre la diversification de l’économie 5) garantir plus d'accès aux services de base et renforcer l'efficacité des services publics.
Pour expliquer leur soutien au projet de société que porte Félix Tshisekedi, Tony Kunku et les membres dirigeants de la Plateforme AAAP se réfèrent au bilan économique du président sortant : surendettement modéré, confiance renouvelée du FMI, relance de l’économie avec une croissance prometteuse. Beaucoup reste à faire pour changer les conditions de vie des Congolais et améliorer la sécurité sur l’ensemble du territoire. Rien ne peut être fait sans une majorité stable. Elu en 2019 dans des conditions particulières, figure de pouvoir sous-estimée jusqu’à son émancipation politique en décembre 2020, Félix Tshisekedi s’est affirmé comme un président capable de bâtir un Congo nouveau. S’il peut compter sur des alliés qui l’ont accompagné lors de son premier mandat, comme Vital Kamhere et Jean-Pierre Bemba, il cherche aussi à s’appuyer sur des figures nouvelles, comme Tony Kanku, qui apporte le soutien des 32 députés du Regroupement AAAM. Ce Regroupement politique (62 partis, associations et membres de la société civile), est devenu, en seulement six mois d'existence, une force politique émergente, qui figure parmi les cinq premières forces politiques du pays, confirmant ainsi sa puissance, son influence et le rôle que Tony Kanku veut jouer en tant qu'acteur majeur de la scène politique nationale. Tony Kanku, s’inscrivant dans la vision prospective du Chef de l’Etat, veut accélérer l'évolution politique et sociale de la RDC pour aller vers plus de démocratie et une croissance plus inclusive.
Pour Gauthier Kadima, membre de l’Alliance des Acteurs Attachés au Peuple (AAAP), le succès électoral de l’AAAP repose sur la capacité de Tony Kanku à intégrer la vision du Chef de l'État, Félix Antoine Tshisekedi : « Tony Kanku a su transmettre cette vision avec brio, unifiant ainsi les membres du regroupement autour des objectifs nationaux fixés par le Chef de l'État. » Il ajoute : « Tony Kanku, en tant que leader inspirant, a su guider notre regroupement vers une position d'influence et de responsabilité dans la scène politique nationale ». Leader charismatique, Tony Kanku, dans sa démarche politique, a toujours voulu transcender les clivages et unir la population autour d'une vision commune. Mais, pour Tony Kanku, construire une majorité stable, ce n’est pas tomber dans l’impasse d’un gouvernement d’union nationale. Il doit exister une majorité qui gouverne et une opposition qui s’oppose dans un cadre démocratique et le respect des institutions. C’est ce que propose Félix Tshisekedi.
Instaurer un dialogue constructif entre le gouvernement et les oppositions
Comment garantir la cohésion sociale et l’unité nationale ? L’une des réponses est de respecter les oppositions en leur donnant les moyens constitutionnels de s’exprimer au parlement. Dans son allocution d’investiture, Félix Tshisekedi s’est adressé à ces termes à l’opposition : « je saisis (…) cette occasion pour accomplir mon devoir républicain, celui de saluer mes adversaires qui ont participé à l'élection présidentielle du 20 décembre 2023. (…) Vous êtes donc, Mesdames et Messieurs, une composante consubstantielle à l'événement de ce jour et vous avez, à juste titre, votre place dans la gouvernance de notre pays. En ma qualité de garant de la cohésion nationale, j'y veillerai ; au même titre que j'exhorterai au Parlement d'assurer l'effectivité du rôle de Porte-parole de l'Opposition, que cette dernière voudra bien désigner, conformément à la Constitution. » Moïse Katumbi, Martin Fayulu, Denis Mukwege (Prix Nobel de la paix) sont des adversaires respectables et des opposants qui auront à s’exprimer comme forces de propositions. Aujourd’hui, l’UDPS de Félix Tshisekedi est en bien meilleure position que dans les années 2019-2020, ce qui lui confère une responsabilité face à l’Histoire en accélérant l’évolution de la scène politique congolaise. Tony Kanku voudra participer à cette évolution en militant pour le plein épanouissement d’une démocratie qui respecte les oppositions.
Félix Tshisekedi n’a-t-il pas déclaré : « Je suis réélu président de tous les Congolais » ? A n’en pas douter, Tony Kanku veut une présidence pour tous les Congolais sur l’ensemble du territoire.
Selon un rapport de la Conférence des évêques congolais (CENCO), les élections qui viennent de se dérouler au Congo le 20 décembre 2024 ont été désastreuses. La Conférence des Evêques congolais est un organe national de l'Église catholique, qui reste la seule institution crédible et présente géographiquement sur l'ensemble du territoire. Ce qui a le plus impressionné les évêques catholiques, c’est la découverte de machines à voter chez des personnes qui les avaient utilisées pour voter pour elles-mêmes.
Ces machines ont été remises aux individus par les personnes en charge non seulement des machines mais aussi du code pour les utiliser.
La CENI, par la voix de sa rapporteur, Mme Nseya Mulela, a rejeté les conclusions des évêques de la CENCO en les invitant à se mêler de leurs affaires. En fait, la CENI ne s’est pas montrée à la hauteur mais s’est simplement moquée de notre société. Et comme l’a dit l’autre personne, une société qui se trompe elle-même est condamnée à vivre dans le chaos. Nous venons d'entrer dans cette période de chaos.
Le MDW d'aujourd'hui parle des réactions des partis politiques après la proclamation des résultats provisoires des élections. Il se dégage un consensus concernant les résultats des élections législatives proclamés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) selon lequel les soi-disant élus ne sont pas du tout élus mais sont seulement désignés ou nommés. Un candidat a même déclaré franchement que la liste de noms publiée par la CENI était tout simplement fabriquée.
Le contexte était donc celui de la confusion générale et de la fabrication des résultats par une CENI dont les agents se sont comportés, comme le montrent les vidéos, de manière totalement débridée, élisant les membres de leurs familles et même ceux absents du pays pendant l'élection. À Popokabaka, les résultats ont également suscité une vague de scepticisme similaire. Les sièges uniques ne répondent pas au système proportionnel applicable aux territoires à sièges multiples. Pour le territoire de Popokabaka où il y a un siège unique, la règle de la majorité simple prévaut.
Les agents de la CENI affectés à Popokabaka ont déterminé le vainqueur à la majorité simple, M. Willy Butwisila, mais la CENI a mystérieusement déclaré que le vainqueur était l'honorable Pasi Za Pamba, qui en était à son troisième mandat. L'explication est simple, l'honorable Pasi connaît très bien le fonctionnement de la CENI et sait très bien que gagner dans les bureaux de vote ne suffit pas pour être déclaré vainqueur par la CENI.
L'honorable Pasi a aussi été accusé d'avoir gagné par sorcellerie parce que plusieurs personnes n'ont pas compris que le chef du Centre CENI de Popokabaka détermine le vainqueur avec une majorité de voix, mais la CENI proclame honorable Pasi pour la quatrième fois sans qu’il ait gagné la majorité des voix à Popokabaka (c'est le discours de ses détracteurs). Comme le mystère est entier, les gens l'explique par la sorcellerie. Cette accusation a été renforcée par le fait que le président fédéral du parti, qui affirmait avoir été trompé, est décédé dans des circonstances encore floues.
Tout cela était dû à la sorcellerie de l’honorable Pasi Za Pamba, disent certaines gens de PopoKabaka. Mais que dit la science sur les sorcières ?
Dans mes cours d'anthropologie, j'explique la sorcellerie comme des croyances et des pratiques spécifiques à des sociétés que j'appelle, en néologisme, «sociétés causales» ou mieux «société anthropo-causale».
La «société causale» est une société dans laquelle tout ce qui arrive à un individu est causé par les humains. Le succès, l'échec, le mariage, l'impossibilité de trouver un mari, la beauté ou la laideur, la fertilité, l'infertilité et enfin la mort, tout cela provient de causes humaines. La mort clinique n’existe pas dans une «société causale». Les actes de décès mentionnant la cause clinique du décès ne sont pas pris en compte dans ce type de société. Bien sûr, nous pouvons mourir du Covid 19, d’un accident vasculaire cérébral ou même du paludisme.
Dans une «société causale», ces maladies proviennent toutes de l’homme. Après le décès d'une personne, dans une «société causale», la famille va consulter une voyante (Nganga) pour savoir qui est responsable de la disparition de leur frère décédé. En effet, tant que la cause humaine n’est pas trouvée, la famille qui a perdu un être cher souffre extrêmement. Dès que la famille connait un deuxième décès et qu'elle ne sait pas qui lui en voulait, l'anxiété atteindra son paroxysme. L'anxiété est une peur dont nous ne connaissons pas la cause. Nous avons peur, mais nous ne savons pas de quoi nous avons peur. Lorsque nous sommes inquiets, nous ne savons pas quoi faire. L'anxiété doit se transformer en peur.
Et c’est là qu’intervient l’un des rôles sociaux de la sorcellerie. Une femme qui ne tombe pas enceinte un an après son mariage a beaucoup d’inquiétude dans notre société. Cette anxiété la paralyse. Il faut découvrir qui est à l’origine de cette infertilité pour que l’inquiétude disparaisse. Un oncle doit intervenir pour enfiler la robe de sorcier et aider à transformer l'anxiété en peur. La femme qui sait qu'elle ne tombait pas enceinte à cause de son oncle boudeur était à moitié guérie car son anxiété se transformerait en peur.
Enfin, lorsque la famille apprend qui est responsable de la mort de leur frère ou sœur, elle se sent quelque peu soulagée car de l'inquiétude qu'est la peur sans objet, on passe à la peur des sorciers. Nous pouvons l’éviter ou lui faire face. En bref, la sorcellerie est un élément du répertoire explicatif important d’une société causale.
Dire que l’honorable Pasi Za Pamba a gagné grâce à la sorcellerie, bien que cela semble absurde, fait partie du répertoire explicatif culturel d’une société «causale». Dans ces conditions, l'accusation selon laquelle l’honorable Pasi Za Pamba aurait tué en sorcellerie Eric Kiangebeni, qu'il avait menacé dans la journée à la radio locale, n'est qu'un pas en dehors de la logique culturelle de catharsis pour la communauté de Popokabaka. Entre autres choses, la sorcellerie a joué un rôle en faisant passer les familles ou les individus de l'inquiétude angoissante à la peur d'un individu désigné comme sorcier.
Bref, lorsque la Cour constitutionnelle a interprété la disparité entre les résultats des responsables de la CENI/Popo et le fait que la CENI ait déclaré l'Honorable Pasi vainqueur, il deviendra alors déraisonnable (contrairement à la logique cartésienne) de croire que cette victoire était due à la sorcellerie. Il est également déraisonnable de croire que l'honorable Pasi tuerait Eric par sorcellerie. Malgré ces absurdités, la logique culturelle de la « société causale», Kwango accepte volontiers ces accusations.
Est un élément prédictif de réussite, une clé de motivation et du succès, dans la mesure où elle est une assurance et une confiance en ses propres capacités à accomplir des missions ou relever des défis spécifiques.
La confiance en soi nous permet d’avoir une vision réaliste de nos capacités et mieux gérer les pressions, les défis personnels et professionnels, nos émotions et ainsi atteindre nos objectifs.
La confiance en soi est une qualité mentale qui résulte de la certitude basée sur son savoir-faire, son expertise et expériences antérieures ; et une croyance en sa capacité de réussir dans des situations spécifiques.
La confiance en soi nous permet de se montrer ferme et de savoir fixer des limites aux autres et à soi-même pour mieux s'affirmer, de résister aux pressions de toutes sortes et savoir dire « NON » sans vexer.
Ainsi pour renforcer la confiance en soi, il n’y a rien de tel que savoir prendre les risques et se mettre en situations de réussir, même quand le succès n’est pas garanti d’avance.
En matière de leadership, les personnes ayant une grande confiance en eux sont plus susceptibles de réussir et d'influencer les autres par la force de leurs convictions.
Au nom des compatriotes de ton esprit et de ta philosophie, nous te rendons un vibrant hommage en ce jour de la 23ème année de ton odieux et brutal assassinat dans ce bureau où tu nous avais reçu le 26 décembre 2000, 20 jours avant ce drame qui nous a rendu orphelin d’un père idéologique !
Oui, MZee, toi qui choisissais tes collaborateurs pour leurs compétences et expertises sans te préoccuper de leurs tribus, de leurs provinces, ni de leurs religions ! Ainsi, tu fis de nous Ministre d’un très grand Ministère de Transports et Voies de Communications ! Tout ceci sans que nous n’ayions fait aucune demande, aucune démarche. Nous étions au Parlement, à Lubumbashi lorsqu’un de tes collaborateurs, encore vivant, nous invita à Kinshasa. Dans ton bureau du Palais de marbres, en sa présence, tu nous informas que tu venais de nous nommer Ministre. Tu signas l’ordonnance en notre présence et le remis à ton Dircab, Buse Falay (encore vivant) pour lecture à la RTNC.
Tu nous dis : " Ntantu - Mey, j'ai découvert en toi un révolutionnaire par conviction ; j'ai besoin de toi à mes côtés ; mais il faudra continuer à parler. Tu seras Ministre avec moi - même sans Vice Ministre. Ce poste est supprimé ; etc.’’
Oui, Mzee Laurent Désiré KABILA, les Dirigeants de ton genre sont à recréer , à rechercher pour l'émergence de notre pays . Tu animais des débats sans crainte avec des opposants farouches et des leaders de la Société Civile. C'est ainsi que tu nous avais découvert un 3 janvier 2000. Ton esprit de rechercher des compétences et des expertises sans chercher à connaitre leurs tribus, leurs provinces et leur religions a fait que nous nous sommes retrouvés 6 Ministres du Grand Bandundu, tous de la province du Kwilu (à l'époque District) dont 4 de notre Territoire de Bulungu et 2 du Territoire de Bagata.
Tu nous avais nommé Ministre dans le respect de notre identité de leader de la Société Civile que nous gardons jusqu'à ce jour, sans nous obliger à adhérer au CPP (Comité du Pouvoir Populaire)
23 ans après l’assassinat de ton corps ton esprit et ton appel demeurent encore vivants : " Ne jamais trahir le Congo ! "
Le Président National de l'UDS, Monsieur Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, au meeting du Président FATSHI à Tshikapa
Aux petites heures du dimanche 14 janvier 2024, la Commission Électorale Nationale Indépendante, CENI, a publié les résultats provisoires des législatives nationales.
Comme il fallait s'y attendre, ces résultats sont contestés de part et d'autre.
Dans le cas du Regroupement Politique AESP-A, une situation anormale a été constatée. Ce regroupement politique dont les partis sont membres de l'Union Sacrée de la Nation, a figuré parmi les 44 partis ou regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité d'un pour cent recommandé par la loi électorale. Malheureusement, l'AESP-A s'est retrouvée sans aucun élu. Cette situation inexplicable a poussé le Président National de l'Union des Démocrates Socialistes, UDS, le Sénateur honoraire Crispin Kabasele Tshimanga Babanya Kabudi, en tant que membre de la Conférence des Présidents d'AESP-A, à donner son point de vue personnel.
D'entrée de jeu, il exprime sa surprise : "La CENI est terrible. Elle vous aligne sur la liste des partis et regroupements ayant atteint le seuil d'éligibilité mais refuse de vous attribuer les sièges y afférents. C'est du jamais vu! Un autre paradoxe est de voir les partis et regroupements qui ont eu moins de suffrages qu'AESP-A obtenir des sièges. Personne ne peut nous expliquer ce qui arrive à notre regroupement."
Et de poursuivre : "À mon humble avis, il s'agit d'un coup monté contre l'AESP-A par la CENI. Car, le sort réservé à notre regroupement est injuste."
Il ajoute :"Les candidats de l'UDS, mon parti politique, qui se sont mieux placés à Lukunga, Tshangu, Tshikapa et ailleurs, ont été écartés arbitrairement au profit des concurrents moins performants. Allez-y comprendre quelque chose!"
En guise de conclusion, il préconise la saisine de la Cour Constitutionnelle : "Face à cette injustice flagrante, il n'y qu'une seule solution qui se présente à mes yeux. Je propose à notre regroupement de saisir, sans tarder, la Cour Constitutionnelle, laquelle est habilitée à trancher les contentieux nés des législatives nationales avant de proclamer les résultats officiels."
Propos recueillis par Jean Kabeya Mudiela Ndungu/CP
(Par Hubert Kabasu Babu Katulondi, Ecrivain et Libre Penseur)
Hubert Kabasu Babu Katulondi
Extrait du chapitre 5 du Tome I de l’essai (inédit) intitulé L’ESPRIT DU POUVOIR ET LE POUVOIR DE L’ESPRIT EN RDC (en trois Tome).
Dans la version la plus rependue au Congo, et suite à la reconnaissance par l’Etat Belge de sa responsabilité dans l’assassinat du premier Premier Ministre Congolais E.P. Lumumba le 17 Janvier 19961, ce meurtre est attribué aux impérialistes dans leur lugubre dessein d’éliminer ce héros nationaliste panafricain. Il s’érigeait en obstacle à la continuité de leur prédation sur les ressources du Congo. La culpabilité des Belges et des Américains est absolument indiscutable. Mais les Congolais étaient-ils des innocentes victimes de la manipulation étrangère, sans mobiles personnels, ne sachant pas ce qui se passait ? Est-ce que les gens qui envoient celui dont ils reconnaissent le statut du père du nationalisme à la mort (avec affreuse mutilation et dissolution du cadavre dans l’acide), sont normaux ? La thèse du mental pré-républicain soutenue dans cet essai permet de lever le voile sur cette phase importante de notre histoire.
LA THÈSE DE L’ESPRIT POLITIQUE PRE-RÉPUBLICAIN ET LES POLITICIENS TRACTÉS PAR LES PULSIONS PRIMAIRES
Au-delà des mobiles impérialistes dans la mort de Lumumba, nous devons impérativement aussi cerner la responsabilité des Congolais, actionnée dans ce parricide par leurs pulsions égotisme-narcissique, accumulatives et thanatos. Ces évolués dont le mental gravitant sur leurs mois et leurs personnes qu’ils embellissaient avec une fascinante passion (on les voit d’ailleurs sur leurs photos, tous toujours tirés à quatre épingles, comme des précurseurs des fameux « sapeurs zaïrois » des années 1980-1990). Non-initiés à l’éthique républicaine et convaincus chacun qu’il est le nombril de l’univers étant donné que chacun portait le fantasme du colonisateur (Etre supérieur aux autres), ils avaient de graves difficultés de s’accepter mutuellement. On voit à l’œuvre cette pulsion dans l’âpreté des relations entre ces élites et les divisions qui ont eu lieu dans leurs partis politiques (Lumumba versus Kalonji, Kasavubu contre Bolikango, Kalonji antagonique à Ngalula, Tshombe en conflit contre Sendwe). Et on constate qu’en général c’est Lumumba qui fut victime de la haine de ses contemporains, surtout à Kinshasa (l’ouest), et avait son bastion à l’Est – une situation analogue à celle de J.Kabila 40 ans après !
Lumumba fut aussi victime de la pulsion d’accumulation de la part de ses envieux contemporains. La compétition sociopolitique, dans ce contexte de l’après indépendance était surtout, à en croire les affirmations de Thomas Kanza, une course aux ressources. On sait, par exemple, que beaucoup de politiciens en voulaient à Lumumba à cause des fonds qu’il avait obtenus des libéraux Belges et avec lesquels il se procura sa somptueuse résidence du Boulevard du 30 Juin, à Kinshasa (villa qui fut abandonnée à la ruine. Elle a été réhabilitée sous le régime de J.Kabila. Cette résidence du héros cardinal national qui dans un pays normal serait déclarée monument national et converti en lieu touristique). Il y a aussi le luxueux véhicule Impala avec lequel Lumumba effectua une superbe campagne électorale en 1960, faisant ainsi rougir ses compétiteurs de jalousie. Lumumba, cet outsider venu de la lointaine Stanleyville (Kisangani) et qui s’imposait à Kinshasa, se tira aussi la foudre des députés nationaux dont il fustigea l’augmentation faramineuse des émoluments de 100.000 à 300.000 Francs (Gérard-Libois et B. Verhaegen, 1961).
Par ailleurs, les Commissaires généraux (Jean-Marie Bomboko, Losembe Cardozo, Etienne Tshisekedi, etc.), à qui les officiers militaires confièrent la gestion temporaire du pays, pendant la crise constitutionnelle (Septembre 1960), se livrèrent à une gestion calamiteuse, et attirèrent la foudre des Lumumbistes (Gérard-Libois et B. Verhaegen, 1961). De septembre 1960 à Février 1961, les commissaires généraux, premiers universitaires congolais, doublèrent les avances auprès de la Banque Centrale. Le déficit budgétaire passa de 11 à 300 millions de Francs ! (64 ans après, on fustige les déficits chroniques du régime de l’alternance. Ce régime a aussi recouru aux devises en réserves étrangères pour combler ses carences en trésorerie). Les commissaires généraux aussi considéraient Lumumba comme un ennemi juré à cause des Lumumbistes qui dénonçaient leur gestion calamiteuse. Donc au plan national plus déterminant, l’élimination définitive de Lumumba était, pour ceux qui bénéficiaient de cette gestion désastreuse des Commissaires Généraux, un stratagème prohibant le retour de ce gêneur au pouvoir, afin de se livrer allègrement à la prédation. Dans sa résidence surveillée du Boulevard du 30 juin, Lumumba neutralisé était ébranlé par cette gestion catastrophique. Il voyait déjà la décadence de la République, tombée aux mains des prévaricateurs, s’annoncer. La dilapidation des ressources par la gestion égoïste du budget de l’Etat est donc une pathologie politique originelle.
En définitive, Il existait bel et bien des dispositions psycho-politiques internes, et des réflexes de la horde propices à une volonté des politiciens congolais eux-mêmes d’éliminer Lumumba. Les occidentaux ont exploité une motivation endogène existante. Celle-ci était produite par un mental pré-républicain, fait des instincts ethniques, d’égotisme, de fascination matérielle, de jalousie et du réflexe de l’état de nature de l’anéantissement de l’autre.
2. LA PERVERSION PSYCHO-POLITIQUE CONGOLAISE : LA PULSION THANATOS ORIGINELLE
L’assassinat de Lumumba, dans lequel un Premier Ministre issu de la majorité et jouissant du soutien de la Chambre de Représentants (’Assemblée Nationale) est envoyé à la mort par le Président de la République, Kasavubu, avec l’assentiment de Mobutu, qui était pratiquement son bras droit, met à nu une extraordinaire prouesse machiavélique. Ce meurtre étale aussi une diablerie assassine digne des esprits porteurs de graves perturbations psychiques.
Comment en furent-ils arrivés là ? Quel était leur état psychique pour arriver à commette un crime si odieux, digne d’un film d’horreur ?
On ne peut manquer de déceler une perversion de l’Etre, manifestant un phénomène de perturbation de l’Esprit, défiant toute logique toute normalité psychologique et politique, dans la trame de cet horrible meurtre. Un enchevêtrement alliant volonté froide d’élimination physique, de trahison et de meurtre glacée avec mutilation du corps, digne d’un scénario hollywoodien. Les criminologues attestent que la mutilation des corps des victimes découle d’une psychopathologie sado-schizophrénique (Sharma, 2018 ; Hickey, 2015). Dans une étude sur les crimes avec mutilation des corps, Hakkanen-Nyholm et al (2009) observent la causalité de ces actes dans une enfance perturbée et un déséquilibre mental. Le criminel mutilant les cadavres de ses victimes éprouve une sorte d’orgasme ou de délectation psychique fantasmico-orgasmique. Il trouve aussi dans cet acte abject un sentiment de puissance sur la victime, dans une illusion d’omnipotence. Dans cette optique, on peut déceler dans le parricide dont Lumumba fut victime, le schéma d’un meurtre perpétré par des criminels pathologiques. Comme des personnes assouvissant l’instinct de fauves politiques dans la destruction post-mortem de la victime et une hargne maladive à faire disparaître le corps comme pour l’anéantir à jamais. Dans ce genre de crimes, les criminologues discernent, à partir du modus operandi et surtout de la disparition du corps, le profil des meurtriers comme porteurs d’un déséquilibre psychique de type narcissique et sadique (Dahmer, 2008).
Le fait que les personnes qui avaient été pointées du doigt comme les auteurs directs ou indirects de ce crime (ayant avili notre histoire), notamment Tshombe et Munongo, aient été acceptés par la société comme dirigeants nationaux (avec Tshombe comme premier ministre et Munongo ministre de l’intérieur en 1964), démontre en lui-même que dans l’âme de la société, dans sa matrice logique et éthique, avait connu de graves perturbations ayant complètement tronqué ses critères de validation du pouvoir. C’est pourquoi, dans notre société, on assiste à la sublimation de l’odieux, qui dans d’autres pays provoque la répulsion collective. On y observe l’acclamation du scandaleux, qui ailleurs produit la sanction sociétale immédiate et impose la démission et conduit au suicide à cause du poids écrasant de l’insupportable infamie. Cette adaptation au cruel, et cette sorte de validation du vil, qui ailleurs suscite émoi et condamnation, est observable en RDC jusqu’à ce jour. Une odieuse dénormativisation existentielle collective, au sens de la zombication ou de l’imbecilisation collective dont parle l’illustre Théologien et Philosophe Congolais KA-MANA.
Les schémas explicatifs fournis ci-haut trouvent un élément de véracité accrue dans le fait que les principales personnalités impliquées dans ce parricide furent très liées à Lumumba. Bien plus, ces personnalités avaient bénéficié du soutien de Lumumba pour leur accession au pouvoir. Kasavubu avait été un compagnon de Lumumba à la table ronde de Bruxelles. Il faut rappeler qu’à cette Table Ronde, en 1960, les politiciens Congolais refusèrent unanimement de siéger au début des travaux parce que Lumumba n’y était pas, ayant été incarcéré á la prison de Buluwo à Jadotville (Likasi). Ils réclamèrent la présence de Lumumba qu’ils accueillirent ensuite au pied de l’avion, le portant sur leurs épaules en plein tarmac, dans une joie exubérante. Mais, moins d’une année après, ils formèrent presque le même consensus pour envoyer celui qu’ils avaient sublimé à Bruxelles à une mort infâme a Elisabethville.
Kasavubu et Lumumba furent des compagnons qui risquèrent leurs vies ensemble dans des voyages en avion sur toute l’étendue de la République après l’indépendance afin de tirer le Congo du chaos face à la session Katangaise et le séparatisme du sud Kasaï. On se rappellera de ce drame où leur avion dont l’atterrissage fut refusé à Elisabethville par Munongo, faillit s’écraser faute de fuel et parvint à se poser à Kindu (récit direct de feu General Dikuta, qui fut élevé au grade de capitaine par Lumumba à Kindu). Mieux, Kasavubu devait pratiquement son élection à la Présidence de la République au soutien de Lumumba. Le choix en faveur de Kasavubu portait une claire logique nationaliste-républicaine manifestée par Lumumba qui orientait ses actions politiques. Thomas Kanza témoigne que face aux pressions exercées sur lui pour soutenir Bolikango au lieu de Kasavubu, Lumumba fut inébranlable. Le témoignage de Kanza (1972) qui s’était rendu avec son Père Mbuta Kanza au Palais de la Nation pour persuader Lumumba de ne pas soutenir Kasavubu, est à la fois éloquent et saisissant. Thomas Kanza (1972: 128) écrit :
«Sa décision, disait-il, était irrévocable. Il fallait, insistait-il, oublier les querelles du passé. Il était convaincu que Kasavubu ferait un excellent président, meilleure en tout cas que Bolikango, qui était, selon lui, un simple homme de paille de la Belgique et un protégé des Catholiques. Si Kasavubu n’est pas élu, avertissait-il, les Bakongo se révolteront et nous savons tous quels désordres peuvent s’en suivre avant comme après l’indépendance. Ils pourront alors se rattacher au Congo-Brazzaville et ce serait le début de la fin pour notre indépendance »
On voit ici, dans une certaine mesure, l’effacement de J.Kabila, qui aurait pu s’arc-bouter comme ses collègues présidents en Afrique Centrale, par un forcing pour un troisième mandat, mais s’est abstenu de ce schéma. Plus remarquable encore, autant il a accepté la victoire électorale du leader de l’UDPS, un parti qui pendant 18 ans l’humiliait et déversait sur lui des torrents d’invectives avilissants, attaquant même sa famille. Indéniablement, J.Kabila, porteur de l’Esprit consociatif était orienté par l’impératif de la cohésion et la paix pour l’avancement du Congo. Mais, en dépit de cela, même après l’alternance, ceux qui ont bénéficié de ses sacrifices et de sa bonne volonté républicaine, n’ont pas cessé de le vilipender dans l’élan de la pulsion thanatos : l’instinct de l’anéantissement des autres.
Il est évident que Kasavubu avait subi les pressions de l’Eglise Catholique (Lumumba aurait menacé de nationaliser l’Université Lovanium), des Américains et des Belges. Mais on ne peut vraiment pas affirmer que comme Président de la République, Kasavubu n’avait pas la possibilité de réserver un sort moins cruel à son bienfaiteur politique Lumumba. Le cas de Mobutu mérite aussi une réinterprétation psycho-politique. Lumumba fut son mentor. Il avait des liens très rapprochés avec Lumumba avec qui ils se livrèrent à des randonnées (après la sortie de Lumumba de la prison à Léopoldville), dans toutes les communes de Kinshasa (sur la mobylette vespa de Mobutu). Lumumba fréquentait la famille de Mobutu, après sa sortie de la prison. Il y fut condamné suite à une affaire relative à son travail au bureau de la Poste de Stanleyville (Kisangani). Mobutu fut l’assistant de Lumumba à Bruxelles. Après la Table Ronde politique, celui-ci lui confia la responsabilité de gérer le contentieux économique. En ultime instance, Lumumba nomma Mobutu secrétaire exécutif du gouvernement et, mieux, l’éleva au grade de colonel en 1960. Quel que soit l’angle sous lequel on peut considérer la relation entre Lumumba et Mobutu, il est établi que Mobutu doit toute son élévation politique et militaire à Lumumba.
Maintenant, on peut se poser la question : comment une telle personne peut envoyer à la mort celui qui l’a catapulté au firmament de l’arène politique et militaire ?
Dans l’optique de la psychologie politique, on peut affirmer qu’un tel acte ne peut avoir été validé dans l’Esprit de Mobutu que par des éléments extérieurs intenses ayant court-circuité ou ébranlé toute la loyauté vis-à-vis de la victime. Une telle perturbation du système de validation psychique et éthique n’est possible que par l’ébranlement des valeurs telles que la sincérité, la fidélité, la loyauté, par des événements d’une intense capacité déstabilisatrice de cette échelle de valeurs. La manipulation par les américains, les manœuvres des Belges seules, ne pouvaient pas amener Kasa-Vubu et Mobutu à accepter la mort de Lumumba, sans dispositions préalables psychologique et éthique, voire logique, en eux, validant cette sollicitation meurtrière.
Les éléments perturbateurs de la gratitude des principales personnalités ayant bénéficié du soutien de Lumumba et l’ayant envoyé à la mort, sont de deux ordres. Le premier résulte d’une sorte de consensus de meurtre par réflexe de la horde combiné aux pulsions d’accumulation et égo-narcissique, comme expliqué dans les chapitres précédents. Mobutu, jeune politicien, avait repéré ces pulsions chez les aînés au sommet de l’Etat (Bomboko, Nendaka, Kalonji, Tshombe, Kasavubu) qui vouaient une haine viscérale à Lumumba. Deuxièmement, pour trahir Lumumba, Mobutu doit avoir subi un intense martèlement psychologique, sur le gain d’un tel acte non seulement par les Américains et des Belges mais surtout par ses aînés qui, eux, étaient les bénéficiaires politiques directs de l’élimination physique de Lumumba. Les ainés avaient le mobile : la conquête immédiate du pouvoir (alors que Mobutu était dans l’armée) conjuguée à la haine politique vis-à-vis de Lumumba bien avant l’indépendance. Mais cela n’innocente nullement Mobutu. La sentence passée par l’histoire le retient sûrement comme l’un des acteurs principaux de cet horrible meurtre – dont les effets de la débilitation politique hantent les Congolais 64 ans après. Quant à Kasavubu, Tshombe et Munongo, ils ne pouvaient qu’éliminer Lumumba, car non seulement ils portaient la pulsion thanatos, mais ils redoutaient le nationalisme, l’unitarisme et le républicanisme de Lumumba. Ces options politiques lumumbiste se dressaient comme obstacles à la réalisation de leur dessein séparatiste qui leur auraient permis de monopoliser les ressources dans leurs «républiquettes».
Le meurtre de Lumumba par les personnes qui lui devaient leur ascension politique, dans une conspiration où les occidentaux (censés être des civilisateurs) étaient les maîtres à penser du crime, a, par sa bouleversante trahison, par la cruauté, par le mensonge et surtout par la mutilation et la disparition du corps de la victime, traumatisé toute la nation. Il s’agit-là du premier acte le plus sinistre de l’histoire politique du Congo par son intense ingratitude traitresse et assassine. Le paroxysme du sacrilège meurtrier par la disparition du corps de la victime. Son impact dans la psyché et le subconscient collectif continu jusqu’aujourd’hui et n’a pas été suffisamment décrypté. Ainsi, les premiers pas du Congo souverain, en formation de sa personnalité politique collective, furent marqués par cet acte d’un machiavélisme inégalé en Afrique. Les politiciens Congolais furent en effet les premiers en Afrique à tuer leur premier ministre. Et aucun procès, même à titre posthume n’a eu lieu au Congo, comme si la société elle-même avait approuvé cette abomination, dont elle a tellement honte que sa voix dépérît dans la gorge par les frissons de la honte, chaque fois qu’elle veut en parler.
3. LE PARRICIDE-SACRILEGE ET LE MYTHE FONDATEUR DE LA NATION
Les jeunes universitaires Congolais qui étaient au point de terminer leurs études à Lovanium en 1960 et dans les universités Belges, les aînés tels que Kalonji, Kasavubu, Nendaka, Tshombe, Munongo, Ileo, ainsi que tous les Congolais à l’âge de conscience furent tous acteurs et spectateurs de cette tragédie-sacrilège. Mais ils furent aussi victimes inconscientes d’une distorsion psycho-cognitive produite par ce meurtre-abomination.
Comme dans la mythologie Grecque, la tragédie de Lumumba apparaît avec les traits d’un phénomène d’envoûtement collectif. En faisant périr le héros cardinal qui incarnait le rêve de la Res Publica congolaise, de la nation, la société rejeta elle-même l’idéal de son «étant républicain». En offrant le père du républicanisme congolais, du nationalisme authentique, en holocauste au profit de leur conquête du pouvoir, les premiers politiciens congolais répudièrent, par ce sacrilège, les principes de l’unité et de l’intégration nationale qu’il incarnait. Dans nos cultures africaines, un tel meurtre parricide (comme tout autre crime profanateur tel que l’inceste) a toujours des conséquences débilitantes sur la descendance : débilité discursive, déviationnisme comportemental, schizophrénie politique, impotence développementale. Il faut un rituel national de libération-purification cathartique, un rite de libération spirituelle de la nation, de l’envoûtement de ce meurtre-sacrilège, pour faire fleurir cette vision dont il était le père.
Dans cette optique, au plan de l’anthropologie politique, le meurtre de Lumumba peut être appréhendé comme la conséquence de ce que Girard désigne comme une « rivalité mimétique ». Elle conduit les hommes : « A désirer toujours selon les désirs des autres. C'est-à-dire, à entrer en conflit pour s’approprier l’objet convoité, au risque de s’abîmer dans une violence sans limite » (Girard, 1972 : 269). A l’époque de l’indépendance où la mentalité magico-religieuse et le fétichisme s’imposaient avec acuité, ce meurtre-sacrilège suscita un mythe et diverses autres thèses d’ensorcellement. Lumumba dont le corps avait disparu était devenu un Esprit errant. Il hantait tous les villages et les villes réclamant la restitution de son cadavre. Verahegen (1966) fait allusion aux guerriers Simba dont les chants de guerre reprenaient en refrain « nous ne pourrons pas toucher des femmes, ni nous laver avant d’avoir vu Lumumba ».
Une observation de taille mérite d’être formulée à ce sujet. Dans certaines sociétés, le meurtre du père (le parricide) est un rituel de transformation ou de purification. Un peu comme dans le mythe Freudien du meurtre du père par ses enfants. Ce parricide devient un interdit. Les enfants se repentent et s’engagent à ne plus poser un tel acte. Leur père devient le symbole du sacré. Un sacré stabilisateur. Un sacré intégrateur. Celui qui tisse le lien entre les enfants, ravivant en eux la conscience d’une communauté de destin et éclaire leurs esprits sur le bénéfice d’une cohabitation pacifique par le partage équitable des ressources. C’est pourquoi la mort de Lumumba mérite une réinterprétation psycho-politique pour en faire le socle symbolique de la république. En tant que communauté nationale, cette mort est notre mythe constructeur qui, pour paraphraser Girard (1972-269), est :
« Le sacrifice du bouc émissaire dont chacun affectera de croire qu’il a quelque responsabilité dans l’affaire et que, pour cette raison, il n’a pas lieu d’être vengé mais seulement sacralisé».
Mais, au Congo, ce parricide-sacrilège a libéré une énergie psychologique politiquement idiotisante. Une sorte de force débilitante dans l’arène politique. Les meurtriers ont, comble du machiavélisme, exploité le mort et son nom pour conquérir le pouvoir et le maintenir. Le nom de Lumumba est devenu cette incantation, ce credo fétichiste, que l’on déclame pour toucher la sensibilité des Congolais afin de chercher la validation politique dans la conscience collective, même si, comme on l’a vu, les actions menées n’ont aucune essence républicaine ni nationaliste du Lumumbisme. A ce sujet, il convient de souligner que le nationalisme se conçoit premièrement par rapport à la nation dans la recherche de la cohésion nationale et la prospérité de tous. C’est secondairement qu’il s’envisage par rapport à l’extérieur, car les fragmentations nationales produisent la vulnérabilité exogène.
Comme on peut le réaliser maintenant, les Congolais qui n’avaient jamais été les acteurs politiques pendant la colonisation, débutèrent leur expérience germinative de la gestion de l’Etat par le meurtre de celui dont la vision tirait les Congolais de leur cloisonnement dans les ethnies et aires existentielles primaires. Eu égard au fait que ce meurtre était aussi organisé grâce aux « mindelé » (blancs considérés comme porteurs d’une intelligence supérieure à l’époque), elle sculpta une image tronquée de la politique dans la psyché des Congolais. Les manœuvres, la manipulation, la falsification de la vérité, la haine et la cruauté qui aboutirent à la tragédie de Lumumba constituèrent, dans la conscience collective, les caractéristiques essentielles de la politique. Dans son inscription sur notre psyché, l’élément respect de la valeur humaine de l’autre, richesse commune, gratitude, loyauté, furent éliminés. C’est d’ailleurs à partir de cette époque que dans le langage courant la politique fut associée à la fourberie ( luvunu), à la sorcellerie ((Tshididi), au sacrilège, au mensonge. Dans d’autres sociétés, ces traits sont des caractéristiques accidentelles, exceptionnelles de la politique. Lorsque quelques acteurs les pratiquent, ils sont sanctionnés par leur propre conscience qui le pousse à la démission et au suicide. Cela est observé dans les systèmes politiques développés (plus logiques et éthiques) où la société réagit toujours avec vigueur lorsque la fourberie, le mensonge, les contrevérités, surgissent dans la politique. Cette sensibilité éthique des républiques matures à la déviation scandaleuse discursive et comportementale en politique, est absente au Congo parce que, justement, le mental pré-républicain est dominant.
(Texte inédit et protégé)
Imhotep Kabasu Babu Katulondi
Ecrivain et Libre Penseur
(Président d’AGIR NEW CONGO, www.agirnewcongo.com)
(Par Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite / Université de Kinshasa)
Félix Tshisekedi has had a dream
Jean-Marie Mutamba Makombo, Professeur Emérite / Université de Kinshasa
Pour le lecteur averti, le titre pastiche « I have a dream » et fait un clin d’œil à Martin Luther King. Oui, Fatshi a eu un rêve, et s’est exprimé le 15 novembre 2019 à Berlin lors d’un voyage officiel en Allemagne : « Venez avec nous, et je vous promets de faire du Congo l’Allemagne de l’Afrique ».
On s’est demandé : « Pourquoi l’Allemagne ? ». Fatshi n’a pas parlé de la Belgique, la métropole coloniale, qui a été son deuxième pays de résidence. Il n’a pas parlé de la France, le pays du Siècle des Lumières et des Droits de l’Homme, le pays dont le Congo a adopté la langue officielle.
Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo a parlé de l’Allemagne. Pas parce que le 15 novembre est la date anniversaire de l’ouverture de la conférence africaine de Berlin en 1884. Pas parce que l’Etat Libre du Congo, le Free State of Congo, est né à Berlin le 26 février 1885. Mais c’est à cause de l’exemple donné au monde par « le miracle allemand ». Ne voilà-t-il pas un pays né en 1870 à la suite de l’unité allemande, qui a connu deux guerres mondiales qui l’ont laissé exsangue et humilié (1914-1918, 1940-1945).
A chaque fois le pays s’est relevé – et de quelle manière ?
Et il s’est réunifié le 3 octobre 1990. L’Allemagne est devenue le pays le plus peuplé d’Europe, et son économie est devenue la plus puissante en Europe, faisant d’elle la première nation motrice de l’Union Européenne. C’est l’exemple, le paradigme qu’entend suivre Fatshi : Transformer la République Démocratique du Congo en locomotive économique de l’Afrique.
Beaucoup de personnes disent que le Congo n’a pas eu beaucoup de chances : des sécessions à l’origine, un pouvoir autocrate et prédateur qui a entretenu « le mal zairois », des viols, des massacres à l’est du pays, des tentatives d’implosion et des menaces de balkanisation depuis trente ans. Le géant traîne un boulet. Pourtant de nombreux atouts sont là, qui font du Congo un pays convoité parce que « scandaleusement riche ».
Des esprits chagrins Congo bashing ont fait des gorges chaudes du rêve de Fatshi : « Transportez les R.D. Congolais en Allemagne, et versez les Allemands en R.D.Congo. Vous verrez les transformations une génération plus tard ! ».
C’est donc un problème de mentalités. Fatshi n’est pas dupe. Au cours de cette interview, il a reconnu que rien ne pourrait se faire si les réformes en cours ne s’accompagnaient pas d’un véritable changement de mentalités en R.D.C. Il faut nettoyer les écuries d’Augias. Le prédécesseur de Fatshi avait déjà eu à déplorer qu’il ne trouvait pas 15 Messieurs-Dames « Propre « pour la tâche. Les R.D. Congolais doivent acquérir le sens du TRAVAIL et de la DISCIPLINE propre aux Allemands.
Ce n’est pas impossible. Je me rappelle qu’en 1997 Laurent Désiré Kabila venait à son cabinet de travail au Palais de la Nation avant 7h30 du matin. La grille était fermée à cette heure-limite. Et tous les collaborateurs qui venaient après étaient pénalisés. Nous en avions pris de la graine.
A bas le défaitisme : « Mosala ya l’Etat esilaka te ! On arrive à 10 heures, et on repart à 14 heures ».
Il y a 32 ans, la Conférence Nationale Souveraine a laissé une boussole. La Commission de l’Ethique a conclu : « La IIIème République sera morale ou ne sera pas ». Il faut éradiquer les antivaleurs qui ont élu domicile dans l’homme et dans la cité. Il faut recourir à une nouvelle « race » de gestionnaires (savoir, savoir-être et savoir-faire ». C’est la condition pour réaliser les prophéties de Frantz Fanon et de Baba Ibrahima Kaké : « L’Afrique est un revolver dont la gâchette se trouve au Congo », « Quand le Zaïre s’éveillera, le monde s’étonnera ».
Je termine comme j’ai commencé, par un pastiche : « KISALU FWETE BANDA ! ».
Discuter de la politique américaine est extrêmement difficile car le sujet suscite de nombreuses opinions polarisantes. D’un côté, le Parti démocrate considère Trump, à tort ou à raison, non seulement comme une personne désagréable, mais surtout comme quelqu’un qui n’est pas qualifié pour être président des Etats-Unis parce qu’il est trop grossier, masochiste et superficiel. D’un autre côté, une grande partie des Républicains ne jurent que par Trump, qu’ils soutiennent sondage après sondage et, surtout, accusation après accusation.
Entre les deux partis, un grand pourcentage d’Américains sont encore indécis quant aux prochaines élections. Ils ne sont ni pour Trump ni pour Biden, et cela, pour de nombreuses raisons. L’existence de ces « indécis » montre le niveau de polarisation de l’opinion qui paralyse une certaine partie de l’électorat américain. Il faut aussi ajouter à ce groupe le Parti démocrate, certains sous-groupes, comme les électeurs africains ou latino-américains qui penchent davantage vers Trump que vers Biden. Et au sein du Parti républicain, il y a des anti-Trump qui voteront certainement pour son adversaire s’il y a un remake entre les deux.
L’ancien président Trump a été accusé de deux crimes graves par le gouvernement fédéral américain. La possession de documents secrets qui n'auraient pas dû se trouver chez lui. L'incitation à la violence dans la soirée du 6 janvier 2021.
L'Etat de Géorgie l'a également accusé d'avoir faussement allégué une fraude lors des élections de 2020 en Géorgie, et enfin l'Etat de New York le poursuit en justice pour avoir payé le silence d'une prostituée lors des élections de 2016.
Ce qui est le plus surprenant, c'est que toutes ces allégations ne semblent pas avoir stoppé, du moins dans les sondages, la ferveur d'amour d'un large parti d'électeurs américains pour l'ancien président Trump.
On a l’impression que plus on publie les accusations, plus les gens sont attirés par ce personnage de Trump.
Il est rare de souligner qu’une personne soit à la fois sur le point d’aller en prison et sur le point d’occuper le siège présidentiel le plus puissant du monde. Il s'agit d'une situation inhabituelle. Comment sommes-nous arriver là?
Nous posons des questions caractéristiques du MDW. Nous avons volontairement laissé de côté l’aspect éthique pour nous concentrer sur la généalogie. Je partage avec les démocrates l’opinion selon laquelle Trump est un personnage peu sympathique. C'est ce que nous appelons un Hyppolite mal léché.
Je regrette cependant que les démocrates se concentrent uniquement sur le phénomène Trump et ne vont pas jusqu’à se demander ce qui a rendu Trump possible. Trump, de qui est-il le nom ?
Dans une condamnation quelque peu esthétique de Donald Trump, les démocrates n’ont pas pris la peine de comprendre pourquoi ce milliardaire a remporté les voix de tant d’Américains ? Au cours des dix dernières années, le pouvoir américain s’est de plus en plus tourné vers l’élite au détriment des autres classes sociales. La division du pouvoir entre les aristocrates a clairement éliminé une grande partie des Américains sans diplôme universitaire.
En fait, la misère de l'Amérique a été sous-estimée, en particulier dans le Midwest, le Sud et le Sud-Ouest.
De nombreuses familles américaines ont fait défaut sur leurs dettes et ont dû quitter leur domicile car elles ne pouvaient plus payer leur hypothèque. Lorsque j'enseignais à l'Université de Notre Dame dans l'Indiana, dans la ville de South Bend, il y avait des maisons abandonnées. Hormis la ville de Notre Dame où se trouve l'université, toutes les zones entourant South Bend dégagent un sentiment de désolation sociale.
La même chose est arrivée à une ville appelée Jacksonville dans l'Indiana, une ville presque morte qui symbolisait la pauvreté d'une Amérique où les élites se battaient pour autre chose que relever le niveau des plus pauvres.
Les énergies sont occupées par les enjeux de la culture ou de la foi en matière d’avortement. Je pense que Trump a réussi à devenir porte-parole des personnes qui se sentent exclues et marginalisées ; des situations de misère qui sont encore courantes aujourd’hui.
Tous les partisans de Trump ne sont pas stupides ou répréhensibles, et encore moins ceux qui campent sur leurs positions de porteurs d’armes à feu. S'ils ne sont pas scolarisés, ces habitants qui portent sur eux toute la pauvreté américaine ont une intelligence pratique et cherchent avant tout à offrir un avenir réaliste à leurs enfants.
Trump ouvre pour eux cette lueur d’espoir ;
C'est ainsi qu'ils se sont accrochés à lui. Les élites qui sous-estiment cette situation condamnent Trump par le biais du système juridique du pays. C’est là que l’on voit la disparité entre les attentes de certains – d’un côté les démocrates et ceux qui sont absolument anti-Trump – et de l’autre les agriculteurs, les petites gens sans diplômes.
Nous pensons qu'il serait extrêmement sage que les démocrates, s'ils veulent vraiment remporter les élections et s'ils veulent vraiment empêcher Trump de revenir à la Maison Blanche, aient le courage d'évaluer la situation ; l’orientation qu’ils ont donnée à la société américaine, et d’autre part, avoir le courage de parler à Biden pour lui demander de céder la place à quelqu’un de plus jeune et de plus rigoureux pour le remplacer aux prochaines élections.
Trump a compris qu’une grande partie de l’Amérique se sentait marginalisée par les puissants et il a décidé de les protéger. C'est ainsi qu'il a remporté les élections contre Mme Clinton.
Trump est donc le nom de toute cette partie oubliée ou marginalisée de l’Amérique.
A mon avis, les opinions sur Trump, même en Europe, se limitent à la surface des choses. Il faut dépasser le personnage pour voir l'espoir qu'il porte à ses supporters. Le MDW ne soutient pas Trump personnellement, mais nous sommes attentifs à ceux qui ont rendu Trump possible : les milliers de vies oubliées dans une Amérique élitiste. Ces choses méritent notre attention.