La République Démocratique du Congo a vivement réagi le samedi 24 mai 2025, face à des déclarations émanant du Ministre des Affaires étrangères rwandais, largement diffusées sur les réseaux sociaux. Ces propos alléguaient une opération de rapatriement par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), de citoyens rwandais qui auraient été retenus en otage par les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) sur le sol congolais. Dans un communiqué officiel au ton ferme, le Vice-Premier Ministre, Ministre de l'Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières Jacquemain Shabani, a non seulement qualifié ces affirmations d'inexactes et trompeuses, mais a également fourni une chronologie détaillée des faits, tout en lançant un avertissement sévère contre la désinformation.
Dans cette mise au point, le gouvernement congolais a tenu à rappeler son engagement indéfectible envers les conventions internationales relatives à la protection des personnes déplacées. Il a souligné que tout processus de rapatriement de réfugiés rwandais s'inscrit scrupuleusement dans le cadre juridique de l'Accord tripartite signé entre le Rwanda, la RDC et le HCR. Cet accord, conclu à Kigali le 17 février 2010 et complétant un précédent accord de Kinshasa datant du 24 octobre 1994, stipule clairement que le retour doit être volontaire, sécurisé et digne. ‘’Des milliers de réfugiés rwandais civils ont regagné volontairement leur pays d'origine avec l'appui du HCR’’, précise le communiqué, insistant sur le fait que ce processus se poursuit de manière continue et sans contrainte, conformément au principe de non-refoulement.
Des otages ? Kinshasa réfute et clarifie
Concernant les allégations spécifiques de prise d'otages par les FDLR, la RDC est catégorique : ‘’Ces déclarations sont inexactes et trompeuses’’. Il est soutenu que les réfugiés rwandais en question avaient été dûment identifiés, recensés de manière détaillée et signalés aux autorités de leur pays d'origine dans le cadre des mécanismes tripartites. Leur lieu de provenance était donc parfaitement connu de toutes les parties.
Le communiqué apporte un éclairage sur le déplacement de ces réfugiés. Initialement établis à Karenga, ils ont été ‘’contraints de se déplacer vers Sake notamment, dans des établissements scolaires tels que l'École Primaire Kamuronza et l'École Primaire Kasinga’’. La raison de ce déplacement : ‘’L'évolution de la situation sécuritaire marquée par l'avancée de l'armée rwandaise sur le territoire congolais et le démantèlement des camps de déplacés’’. Fait notable et accusateur, Kinshasa souligne que ‘’cette zone se trouvait alors sous le contrôle de l'armée rwandaise’’.
Mise en garde contre la désinformation et dénonciation d'installations illégales
Face à ce qu'il considère comme une tentative de manipulation de l'opinion publique à des fins inavouées, le gouvernement de la RDC a lancé une mise en garde solennelle. Il rappelle que tout mouvement de populations en dehors du cadre tripartite est perçu comme une transplantation illégale. À cet égard, le communiqué signale un fait préoccupant : ‘’l'arrivée, le 23 mai 2025, de camions transportant des populations rwandaises dans les zones occupées, notamment à Kabuhanga, dans le territoire de Nyiragongo’’.
En conclusion, tout en réaffirmant sa volonté de poursuivre les processus de rapatriement dans le strict respect des normes internationales et du volontariat, la RDC juge impératif de convoquer une réunion du groupe technique tripartite réunissant la RDC, le Rwanda et le HCR. L'objectif est de réaffirmer les principes fondamentaux du rapatriement volontaire et définir une nouvelle feuille de route concertée, s'inscrivant dans le processus de paix en cours.
Le Vice-Premier Ministre, Ministre du Plan et de la Coordination de l’Aide au Développement, Guylain Nyembo, a pris part le jeudi 22 mai 2025, à une matinée scientifique organisée par la Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques de l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Cette rencontre s’inscrit dans une dynamique de rapprochement entre le monde académique et les institutions de la République, avec pour objectif de permettre aux étudiants de deuxième licence en Sciences Politiques et en Management Public de confronter la théorie à la réalité du fonctionnement de l’administration publique congolaise.
Consolider le lien entre savoir et action
En ouverture, le Professeur Masala, s’exprimant au nom du Département des Sciences Politiques et Administratives, a souligné l’importance de ce type d’initiative :
‘’Cette séance académique d’excellence vise à permettre aux étudiants de mieux appréhender les rôles et responsabilités des institutions publiques notamment, dans les domaines de la gouvernance et du développement national’’.
Dans un contexte de réforme et de modernisation de l’Etat, cet échange visait à nourrir la réflexion et à renforcer les compétences de la jeunesse congolaise, acteur clé du renouveau institutionnel.
Mieux comprendre le rôle du ministère du Plan
Dans son exposé, le Vice-Premier Ministre Guylain Nyembo a présenté les grandes missions de son ministère, en soulignant son rôle stratégique dans la coordination de la politique nationale de développement.
‘’Notre mission consiste à planifier et à programmer le développement économique et social du pays. Cela inclut la planification stratégique, la budgétisation, le suivi-évaluation des politiques publiques, ainsi que la coordination intersectorielle pour garantir la cohérence de l’action gouvernementale’’, a-t-il indiqué.
Insistant sur la culture du résultat, il a rappelé que : ‘’Un ministère n’est pas un simple espace d’observation, mais un levier de transformation. La politique est utile lorsqu’elle débouche sur des solutions concrètes pour les citoyens’’.
Une interaction enrichissante avec la jeunesse
S’adressant aux étudiants, Guylain Nyembo a réaffirmé sa foi en la jeunesse congolaise, qu’il considère comme la première richesse du pays :
‘’Nous devons accompagner et valoriser ceux qui incarnent l’excellence, l’innovation et l’engagement. Je vous invite à devenir des porteurs de solutions face aux défis qui se posent à notre société’’.
Les échanges avec les étudiants ont été nourris notamment sur les mécanismes de coordination de l’aide internationale, les défis du développement national, et les enjeux de la planification à moyen terme. Pour Michel Dende, Chef de Promotion de L2 Sciences Politiques et Management, ‘’la présence de Son Excellence parmi nous témoigne d’une volonté réelle de rapprochement entre les décideurs et la jeunesse. Nous avons vécu un moment d’apprentissage précieux qui éclaire les réalités de la gestion publique’’.
Cette activité s’inscrit dans la vision du Gouvernement de promouvoir une gouvernance ouverte, participative et orientée vers les résultats. Elle contribue à renforcer la culture de redevabilité à travers des dialogues réguliers entre les institutions et le milieu universitaire.
Le Président de la République du Burundi, et Président en exercice du Mécanisme régional de suivi de l’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région (MRS), Evariste Ndayishimiye, est arrivé ce dimanche matin à Kinshasa pour une séance de travail avec son homologue congolais Félix Tshisekedi.
Accueilli à l’aéroport international de N’djili par le Vice-Premier ministre, ministre de la Défense, Guy Kabombo Mwadiamvita, le Chef d’État burundais a pris la direction de la Cité de l’Union africaine où a été organisé un déjeuner de travail entre les deux dirigeants.
Dans un communiqué, la Présidence du Burundi a précisé que ce voyage s’inscrit dans le cadre des consultations initiées en prélude au 12ème Sommet du MRS prévu le 28 mai 2025 à Kampala, en Ouganda, durant lequel le Président Évariste Ndayishimiye passera les rênes de la Présidence de ce mécanisme dont le but est de contribuer à maintenir la stabilité et à promouvoir le développement dans la région.
En effet, au cours de ce déjeuner de travail, les deux Chefs d’État ont réévalué l’Accord-cadre d’Addis-Abeba signé par 11 pays, il y a plus d’une décennie, quelques jours avant la tenue du 12ème sommet du MRS à Kampala. Les Présidents Félix Tshisekedi et Évariste Ndayishimiye entretiennent d’excellentes relations au profit de leurs pays respectifs et se rencontrent régulièrement.
À l’issue de leur séance de travail, les deux dirigeants n’ont fait aucune déclaration à la presse. Partageant près de 230 km de frontière terrestre et lacustre, la RDC et le Burundi collaborent étroitement dans les domaines de la sécurité et de la défense. Le Chef de l’État a accompagné son homologue à l’aéroport international de N’djili.
Dans un langage de conviction, démontré, vendredi dernier, dans son discours, où il fait une description alarmante de la situation globale que traverse la RDC, actuellement, Joseph Kabila Kabange, Président de la République honoraire, souligne l’importance de restaurer la cohésion nationale et de renforcer l’éveil patriotique. Dans un contexte préoccupant dominé par une crise sécuritaire grandissante dans l’Est, le Sénateur à vie aligne sa réflexion sur des perspectives courageuses qui mettent en lumière la nécessité d’une mobilisation interne appuyée pour engager le pays dans une dynamique censée favoriser le retour d’une paix durable et assurer pleinement sa refondation. Joseph Kabila a soutenu de vive voix, toujours dans son allocution, la démarche initiée par le Cenco et l’ECC autour d’un pacte social pour la paix et le vivre-ensemble, qui, par ailleurs, prend en compte un aspect important lié à la convocation de toute classe politique congolaise au dialogue.
‘’C’est le lieu, pour moi, de saluer la démarche des Évêques de la CENCO et de l’ECC, qui a le mérite de n’exclure du débat, aucun sujet, ni aucun de nos compatriotes. Sans être parfaite, cette initiative conjointe des Églises, mérite le soutien et, si nécessaire, des enrichissements de la part de notre peuple’’, a affirmé l’Ancien Chef de l’Etat congolais. Peu avant cela, il a exprimé sa position sur les pourparlers engagés par Kinshasa et le M23/AFC pour mettre fin à la crise sécuritaire dans la partie orientale de la RDC.
‘’Il est dès lors vital, que les multiples initiatives de recherche de la paix, Luanda, Nairobi, EAC-SADC, Union Africaine, Doha et Washington, que nous accueillons favorablement, les considérant comme autant de signes de compassion et de solidarité à notre peuple, soient conscientes de cette exigence; et qu’elles accordent aux Congolais, à la fois, maîtres de leur destin, et premières victimes de cette crise, la place centrale qui leur revient de droit, aussi bien dans le diagnostic du mal dont souffre le pays, que dans la prescription du traitement dont il a besoin pour en guérir définitivement.
Il convient de noter à ce sujet que le gouvernement de Kinshasa s’est enfin résolu à se mettre autour d’une même table avec l’AFC/M23, depuis plusieurs semaines à Doha, même si, bizarrement, il continue à considérer, comme un crime, le fait que les autres congolais se parlent entre eux’’, a fait remarquer Joseph Kabila, dans son discours.
La Pros.
DISCOURS DE JOSEPH KABILA
Congolaises, Congolais,
Mes chers compatriotes,
Il y a six ans, je prenais congé de mes responsabilités en tant que Président de la République, Chef de l’État. Et – fait inédit dans notre pays, en près de soixante ans d’indépendance, je passais pacifiquement la main à un nouveau Chef d’État.
Depuis lors, je m’étais imposé un strict devoir de réserve, y compris quand j’ai fait l’objet, directement ou par mes proches interposés, de provocations, de déni des droits, d’humiliations, d’imputations dommageables et d’autres multiples atteintes à ma dignité. D’abord parce que je suis convaincu que le temps est le meilleur allié de la vérité et un antidote lent, mais puissant, contre le venin du mensonge et de la délation. Mais aussi et surtout, parce qu’agir autrement, aurait fait le jeu de ceux qui, par cette campagne odieuse, cherchaient à détourner l’attention de notre peuple de leur incapacité, aujourd’hui avérée, à répondre à ses attentes et aspirations.
J’ai enfin décidé de briser ce long silence ; de sortir de ma réserve et de m’adresser à vous, parce que l’enjeu est de taille. Il est même existentiel. Non pas pour ma famille politique ou biologique, moins encore pour ma modeste personne. Mais plutôt pour la Nation congolaise, et pour l’avenir de notre cher et beau pays. J’ai décidé de briser le silence, parce qu’au vu de la situation que traverse notre pays, continuer à me taire, m’aurait rendu poursuivable devant le tribunal de l’histoire, pour non-assistance à plus de cent millions de compatriotes en danger. Je saisis cette opportunité pour partager avec vous mes réflexions et participer ainsi à la recherche de la solution à la crise que traverse notre pays, la République Démocratique du Congo, terre de nos ancêtres, car il est gravement malade, et son pronostic vital est engagé.
Mieux que quiconque, vous en êtes conscients, car vous en faites quotidiennement les frais dans votre chair, et vous en payez le prix.
Mes chers compatriotes,
Vu l’importance stratégique de notre pays et le rôle qu’il est appelé à jouer, j’avais, dès l’avènement au pouvoir du Chef de l’État actuel, conclu avec lui un Accord donnant naissance à la coalition entre nos forces politiques respectives.
À propos de cet Accord, beaucoup de contre-vérités ont été dites, y compris, fort malheureusement, par celui qui est censé connaitre la vérité, parce qu’en étant l’un des deux principaux signataires.
En attendant qu’au moment opportun, la vérité soit rétablie, preuves irréfutables à l’appui, permettez-moi, pour l’instant, d’affirmer qu’en ce qui me concerne, la conclusion de cet Accord n’avait pour seule motivation que l’intérêt supérieur de la Nation.
Par cet accord de mutualisation de forces, j’entendais en effet permettre à mon successeur d’exercer, dans la direction des affaires de l’État, plus de pouvoir effectif que ce que la faible représentation de sa famille politique au sein de la nouvelle Assemblée Nationale était en droit de lui conférer. Je voulais par ailleurs faciliter le fonctionnement harmonieux des institutions, et éviter à la nation, comme à notre jeune démocratie, d’éventuelles crises politiques qui leur auraient été fatales.
Cette première alternance pacifique et civilisée à la tête du pays avait suscité d'autant plus d'espoirs, qu’en Janvier 2019, notre pays se trouvait en bien meilleur état qu’au moment de ma propre accession à la magistrature suprême, en Janvier 2001.
Alors que j’avais trouvé un pays au bord de l’implosion ; miné par une longue dictature et des guerres ; sans institutions républicaines ; économiquement en faillite, et socialement déchiré - bref, un pays dont l’incertitude des lendemains menaçait la stabilité de toute la région, le 24 Janvier 2019, j'avais en effet légué un bien meilleur héritage à mon successeur, à savoir :
Un pays réunifié, largement pacifié, et dont les limites territoriales correspondaient exactement à celles qu’elles étaient au 30 Juin 1960 ;
Une nation reconstituée, réconciliée et fière de sa diversité ;
Un État doté d’une Constitution progressiste, et des institutions fonctionnant harmonieusement ;
Une économie dynamique et résiliente, et débarrassée du fardeau de la dette héritée des régimes antérieurs, du fait des multiples réformes structurelles engagées ;
Une armée nationale républicaine, de plus en plus professionnelle et capable de relever le défi de la défense de l’intégrité du territoire national ;
Une démocratie en constante consolidation avec, notamment, l'organisation, sur fonds propres, d’un troisième cycle électoral.
Le cœur serré, je constate qu’à peine six ans après, ce bel héritage en indivision, légué à l’ensemble de notre peuple, a été complètement dilapidé par celui qui en avait reçu la garde ; que notre pays offre un spectacle des plus désolants ; et qu’il suscite d’autant plus de désespoir au sein de notre peuple, et de pitié et de moqueries à travers le monde, que l’inconscience de ses dirigeants ne permet aucun espoir de redressement.
Cette détérioration rapide de la situation générale du pays est principalement due à l’ivresse du pouvoir sans limite. Les nouveaux dirigeants s’illustrent, en effet, par une série de remises en cause, reniements et violations intentionnelles de la Constitution, avec en toile de fond, la volonté irrésistible de concentrer tous les pouvoirs entre les mains d’un seul homme au mépris du Pacte Républicain qui cimentait la cohésion de notre peuple.
Le premier acte de remise en question de ce Pacte Républicain, véritable socle de stabilité et de cohésion nationale, a consisté à violer délibérément la Constitution et les lois pertinentes, lors du premier remaniement de la Cour Constitutionnelle par le Président de la République. La violation de ces textes juridiques, fondement de tout État de droit, pour des simples raisons de confort politique, est devenue depuis lors, une marque distinctive de la gouvernance de notre pays.
Dans le même esprit, en Décembre 2020, il fut organisé un coup d’État institutionnel, à la suite du renversement, en pleine mandature, d’une majorité parlementaire - pourtant dévolue par le peuple souverain, ainsi que le gouvernement qui en était issu. S’en sont ainsi suivis, la nomination illégale des membres de la Commission électorale nationale indépendante, ainsi que le simulacre des élections de décembre 2023, organisées en violation du cadre juridique et des normes internationales pertinentes, qui, par une ampleur sans précédent de la fraude, ont amplifié l’illégitimité des institutions et de leurs animateurs. Le coup de grâce a été donné par l’annonce du projet de changement de la Constitution, un projet dont la réalisation liquiderait totalement le consensus national de Sun City.
Les conséquences négatives de cette gouvernance non orthodoxe sont pour le moins stupéfiantes. Le pays est ainsi devenu un espace de non-droit ; la République a cessé d’être démocratique, et la volonté du Chef de l’État tient désormais lieu de loi suprême, supplantant la Constitution et les lois.
En revanche, érigées en politique du gouvernement, le populisme et la démagogie, le mensonge et l’arrogance, la discrimination et la stigmatisation de certaines composantes de notre peuple, l’institutionnalisation du tribalisme et du népotisme, l’opposition des communautés nationales les unes aux autres, les discours de haine et l’injustice ainsi que l’impunité, ont d’autant plus aisément détruit la cohésion nationale et le vivre ensemble que l’opulence outrancière et le non-respect de la parole donnée sont les maîtres mots de la classe politique au pouvoir; ce qui a rendu le pays fragile et donc, vulnérable. Plus grave, le repli identitaire, dangereux pour l’édification de toute nation, a refait surface avec ses vieux démons dont l’intolérance et la division. Et, circonstances aggravantes, cela est non seulement toléré et impuni, mais aussi et surtout, véhiculé et financé par les tenants du pouvoir.
Face à cette dérive, le Parlement a abdiqué de sa mission constitutionnelle de contre-pouvoir. Il a ainsi cessé d’être le temple de la démocratie, le lieu par excellence de l’expression législative de la volonté du souverain primaire pour ne plus être qu’une chambre d’enregistrement de la volonté d’une seule personne.
Quant à la justice, garante constitutionnelle des libertés publiques et du socle des valeurs, qui structurent notre identité et forgent notre unité, elle a complètement démissionné de ses responsabilités, se laissant ouvertement instrumentalisée à des fins politiques. Elle n’est donc plus qu’un instrument d’oppression d’une dictature qui tente désespérément de survivre, à contre-courant de l’histoire, par la terreur et l’imposition de la pensée unique - rôle peu louable qu’elle partage avec les milices tribales ainsi que la police et les services de renseignements, eux aussi détournés de leur noble mission de protection des citoyens et de sécurisation de l’État.
Sur le plan économique, la situation est des plus inquiétantes. Malgré l’augmentation des recettes publiques - essentiellement due à l’arrivée à maturité de toutes les réformes courageusement votées de 2002 à 2018, notamment, les nouveaux codes Minier, forestier, des hydrocarbures, des assurances et de la sous-traitance et un niveau d’aide financière accrue, de la part des institutions de Bretton Woods, aucun investissement n’a été réalisé pour doter le pays d’infrastructures modernes, soutenir des réformes structurelles et stimuler la croissance.
Par contre, l’inflation et la dépréciation monétaire, jadis vaincues, sont de retour ; la corruption et le détournement des deniers publics ont atteint un niveau inédit, et l’endettement public, que nous avions maîtrisé dès 2010, a de nouveau grimpé en flèche, dépassant la barre de dix milliards de dollars et suscitant des inquiétudes légitimes, quant à la solvabilité à moyen et long terme du pays.
Les conséquences, sur le plan social, sont aussi dramatiques : aggravation du chômage, accumulation des arriérés des salaires des agents de l’État, baisse drastique du niveau de vie de la population et recrudescence du banditisme urbain, de l’exode rural et de la famine dans un nombre croissant de provinces. Les Congolais sont désormais en proie à une véritable angoisse existentielle.
Parmi les victimes résignées de ce gâchis se trouve en bonne place, notre jeunesse qui a été pourtant de tous les combats démocratiques et qui a beaucoup cru aux vertus de l’alternance pacifique. Aujourd’hui, sans repères ni perspectives sérieuses du lendemain, elle se sent abandonnée, laissée à la merci des entrepreneurs des conflits et des vendeurs d’illusions de tous bords. Rien de ce qui lui a été promis depuis six ans n’a été réalisé. À cette jeunesse désabusée, comme à l’ensemble de notre peuple, nous tenons à donner une assurance : l’échec d’un régime compromet, mais ne scelle pas définitivement le sort d’un peuple.
Mes Chers Compatriotes,
S’agissant de la situation sécuritaire, dans les grandes agglomérations comme dans nos campagnes, elle est partout plus que préoccupante. C’est le cas notamment au Nord Kivu, au Sud Kivu, en Ituri, au Maniema, au Tanganyika, au Haut Katanga et au Maï-Ndombe, province pourtant voisine de Kinshasa, capitale du pays et siège des institutions. Le sang de nos compatriotes, civils et militaires, valeureux officiers et soldats de rang, mais aussi Députés, éminents membres de la société civile ou des partis politiques, a ainsi abondamment et gratuitement coulé, du fait de l’intolérance, du cynisme, voire pire, d’un terrorisme d’État pratiqué dans un seul et unique dessein : l’abus du pouvoir pour le pouvoir. C’est le cas, entre autres, du sang de plusieurs centaines de détenus du Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Makala, sauvagement abattus dans la nuit du 1er au 2 Septembre 2024, victimes sans défense d’un crime incontestable contre l’humanité, à ce jour resté impuni. Il en est de même des membres de la secte mystico-religieuse Wazalendo de Goma, des jeunes de la JUNAFEC (Union Nationale des Fédéralistes du Congo) à Lubumbashi, et du massacre des adeptes de l’Église Mbidi à Kilwa.
Cette déliquescence de la situation sécuritaire est due à la mauvaise gouvernance du pays qui, dans ce secteur, est aujourd’hui caractérisée, par une formation militaire bâclée ; des recrutements et mises en place ethniquement motivés ainsi que par l’emprisonnement sans jugement aussi bien de plusieurs militaires et officiers de haut rang, que des agents de l’ordre et de sécurité majoritairement swahiliphones.
Bien plus, à l’Armée Nationale, bouclier de la nation, et instrument de préservation de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale, il a été substitué des bandes de mercenaires, des groupes armés, des milices tribales et des forces armées étrangères qui ont, non seulement montré leurs limites, mais aussi enfoncé le pays dans un chaos indescriptible. L’État a ainsi perdu le monopole de la violence légitime en sous-traitant aux groupes armés, autrefois maîtrisés, le maintien de l’ordre public et de la tranquillité nationale. Et comme si cela ne suffisait pas, l’armée nationale est vilipendée, conspuée et tournée en dérision par les autorités qui n’assument jamais rien, alors qu’elles sont censées veiller à sa consolidation et à sa respectabilité.
Pour les avoir formés, commandés et conduits au front, je connais nos soldats. Bouc émissaires, aujourd’hui, de toutes les contre-performances enregistrées sur le champ de bataille, ils ne sont pourtant pas, intrinsèquement moins bons, moins nationalistes et moins loyaux. Ce qui a changé entretemps, c’est la qualité du commandement et de leur prise en charge.
Au niveau régional, le gouvernement a levé l’option désastreuse de se détourner des deux principaux instruments internationaux qui étaient à la base de l’architecture régionale de paix et de sécurité laquelle avait permis la stabilité régionale que le Président actuel avait trouvée lors de son accession au pouvoir, à savoir : le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans la Région des Grands Lacs ; et l’Accord-cadre pour la Paix, la Sécurité et la Coopération pour la République Démocratique du Congo et la région.
Plus grave encore, en faisant des forces négatives, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR), ainsi que des centaines de groupes armés congolais, des supplétifs des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, le Gouvernement a ouvert la voie à la régionalisation du conflit, avec des conséquences inévitables sur la stabilité de la région.
Mes Chers Compatriotes,
Alors que, sur les plans institutionnel, politique, économique et social, les fondamentaux avaient été établis et que le pays avait été placé sur la rampe de lancement, prêt à décoller, nous voici hélas, en un temps record, soit six ans, de nouveau à la case départ ; celle d’un État failli, divisé, désintégré, au bord de l’implosion, et inscrit en bonne place au palmarès des pays pauvres les plus corrompus et très endettés. En attestent, tous les rapports, tant du Conseil de Sécurité des Nations Unies que ceux sur l’indice de développement humain et sur la pauvreté.
La crise qui déchire notre pays est donc profonde et multidimensionnelle. Sa solution doit être nécessairement globale. Toute autre approche n’a donc aucune chance de conduire à une paix durable !
Bien plus, le Congo est intemporel. Il n’appartient pas à tel ou tel régime politique, ces derniers étant, par définition, rotatifs et donc passagers en démocratie. Il appartient plutôt au peuple congolais dans sa grande diversité. Ce qui est vrai du Congo, l’est aussi des immenses ressources du sol et du sous-sol dont il regorge et qui sont essentielles à la croissance et au développement à l’échelle internationale. Que tous, au pays comme à travers le monde en tiennent compte, et qu’ils inscrivent leurs projets dans une perspective qui privilégie l’intérêt du Congo et des Congolais, plutôt que celui de ceux qui, à un moment ou à un autre dirige le pays. Cela étant, pour sauver le Congo, les griefs légitimes du peuple congolais contre le régime en place ne peuvent être éludés. Ils doivent plutôt être pris en compte, la dictature doit prendre fin, et la démocratie, tout comme la bonne gouvernance économique et sociale doivent être restaurées car, comme en témoigne l’histoire, il ne peut y avoir de solution sécuritaire définitive, sans solutions politiques sincères. Sinon, il y aura de nouvelles vagues de convulsions politiques, de troubles à la paix, d’insécurité, d’instabilité institutionnelle, de conflits armés, et même de guerres civiles ; perspective, qu’en toute responsabilité, nous, Congolais, ne pouvons plus nous permettre.
Il est dès lors vital, que les multiples initiatives de recherche de la paix, Luanda, Nairobi, EAC-SADC, Union Africaine, Doha et Washington, que nous accueillons favorablement, les considérant comme autant de signes de compassion et de solidarité à notre peuple, soient conscientes de cette exigence; et qu’elles accordent aux Congolais, à la fois, maîtres de leur destin, et premières victimes de cette crise, la place centrale qui leur revient de droit, aussi bien dans le diagnostic du mal dont souffre le pays, que dans la prescription du traitement dont il a besoin pour en guérir définitivement.
Il convient de noter à ce sujet que le gouvernement de Kinshasa s’est enfin résolu à se mettre autour d’une même table avec l’AFC/M23, depuis plusieurs semaines à Doha, même si, bizarrement, il continue à considérer, comme un crime, le fait que les autres congolais se parlent entre eux.
C’est le lieu, pour moi, de saluer la démarche des Évêques de la CENCO et de l’ECC, qui a le mérite de n’exclure du débat, aucun sujet, ni aucun de nos compatriotes. Sans être parfaite, cette initiative conjointe des Églises, mérite le soutien et, si nécessaire, des enrichissements de la part de notre peuple.
Mes Chers Compatriotes
Une fois n’étant pas coutume, il convient de dénoncer la falsification de l’histoire par ceux, dont le jeu pervers, dans l’opposition naguère, comme aujourd’hui au pouvoir, a consisté et consiste encore à calomnier, à diffamer, à diaboliser et à diviser pour gagner et régner ; à se défausser sur les autres, pour justifier leurs contre-performances, quel qu’en soient les conséquences sur la cohésion nationale, ou en termes de vies humaines injustement brisées ou perdues. Une preuve, s’il en fallait encore, vient de nous en être donnée une fois de plus. Il y a quelques jours en effet, suite à une simple rumeur de la rue ou des réseaux sociaux, sur ma prétendue présence à Goma, où je vais me rendre dans les prochains jours, comme annoncé par ailleurs, le régime en place à Kinshasa a pris des décisions arbitraires avec une légèreté déconcertante, ce qui témoigne du recul spectaculaire de la démocratie dans notre pays.
Mieux que quiconque, vous savez que, pour moi, le Congo est la priorité absolue ; que sa souveraineté et son intégrité territoriales ne sont pas négociables ; que mon engagement pour la démocratie, la cohésion nationale, la paix et la stabilité n’est pas un slogan creux ; et que le respect de la Constitution et des lois du pays, autant que celui de la parole donnée, sont sacrés.
Militaire, j’ai juré de défendre la patrie jusqu’au sacrifice suprême. Hier au pouvoir, aujourd’hui en dehors du pouvoir, je demeure plus que jamais fidèle à ce serment. En ce moment où le pays est de nouveau divisé, appelé par le destin, j’ai le devoir d’œuvrer à la recherche de la paix et de contribuer à la reconstruction de notre pays qui se meurt.
C’est dans cet esprit que j’ai choisi ce moment pour exprimer ma sympathie à l’endroit de toutes les victimes du conflit en cours ; de réconforter et de marquer ma solidarité avec la population de la partie orientale de notre pays, vous qui êtes abandonnés par un pouvoir central qui semble avoir pris le parti de vous punir, entre autres, en déconnectant les institutions financières locales du réseau bancaire national, et en restreignant les mouvements des personnes et des biens.
Ces décisions et bien d’autres, vous asphyxient et rendent votre vie plus précaire que jamais.
J’en appelle aux uns et aux autres, en particulier au gouvernement de Kinshasa, d’humaniser les conditions de vie de nos compatriotes de cette partie du territoire national. Ils ont droit à
la vie, à la scolarisation de leurs enfants et aux autres conditions du bien-être.
En attendant le rétablissement de l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national, j’invite les tenants du pouvoir à protéger la population. De même, l’armée, la justice et les autres structures en charge de l’ordre et de la sécurité, doivent être véritablement au service de la population et répondre à ses aspirations.
Mes Chers compatriotes,
De par mon expérience, dans des situations similaires, le patriotisme et l’humanisme ont guidé le processus de règlement des conflits et porté des fruits dans le passé aussi bien sur le champ de bataille que sur celui des négociations ou du dialogue. Notre pays a en effet été divisé de quasi-moitié pendant des années, la sagesse avait alors prévalu, nous avions recollé les morceaux et le pays a survécu dans son unité.
C’est ainsi qu’après quelques années de réflexion sur la crise en cours, après avoir consulté des chefs d’États et des anciens Chefs d’États de la région, ainsi que des acteurs politiques et sociaux, nationaux et étrangers, je fais ce jour, une proposition qui engage la nation toute entière à un sursaut patriotique pour un pacte citoyen, afin de tirer le pays du gouffre. Le travail hardi qui s’impose à nous, portera notamment sur les douze points suivants :
01. Mettre fin à la dictature, mieux, à la tyrannie ;
02. Arrêter la guerre ;
03. Rétablir l’autorité de l’État sur toute l’étendue du territoire national ;
04. Restaurer la démocratie en revenant aux fondamentaux d’un véritable État de droit ;
05. Rétablir les libertés fondamentales ;
06. Réconcilier les congolais et reconstruire la cohésion nationale ;
07. Relancer le développement du pays par la mise en place d’une bonne gouvernance économique, d’une gestion administrative et financière orthodoxe, et d’une répartition équitable des ressources nationales.
08. Relancer le dialogue sincère et permanent avec tous les pays voisins en vue de l’instauration de la paix et du développement durables dans la région ;
09. Rétablir la crédibilité du pays auprès des partenaires, aux niveaux tant régional, continental qu’international ;
10. Neutraliser tous les groupes armés nationaux et étrangers, et, rapatrier ces derniers dans leurs pays d’origine ;
11. Mettre définitivement fin au recours et à l’utilisation des mercenaires , conformément à la Convention de l’Union Africaine sur l’élimination du mercenariat en Afrique, du 3 Juillet 1977, et à la Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies numéro A/44/34, du 04 Décembre 1989, portant adoption de la Convention Internationale contre le recrutement, l’utilisation, le
financement et l’instruction des mercenaires; et rapatrier, sans condition, ceux qui sont déployés sur le sol congolais ;
Ordonner le retrait, sans délai, de toutes les troupes étrangères du territoire national. À ce sujet, je salue la décision sage, des pays de la SADC, de retirer les troupes de la SAMIDRC de notre pays.
12. Vu l’immensité de la tâche ainsi décrite, je lance un appel solennel à tous les Congolais, sans distinction de sexe, d’ethnie, d’âge, de classe sociale, de zone géographique, ou d’appartenance politique, qui aiment passionnément le Congo, qui sont prêts à tous les sacrifices, qui adhèrent sans réserve au Pacte Républicain de Sun City, et qui tiennent au respect de la Constitution du 18 Février 2006, à s’unir autour de ces objectifs. Il s’agit de la refondation de l’État et de l’édification d’un pays qui a perdu ses repères.
Mobilisons-nous, et mettons à profit tous les moyens à notre disposition, pour restaurer l’unité nationale, sauver le Congo et préserver son indépendance car l’Afrique et le monde nous regardent.
Mes Chers Compatriotes,
Le Congo vaut mieux que la caricature qu’en donnent ses dirigeants actuels.
Le Congo mérite mieux que cette politique extérieure, faite de jérémiades et de mendicité.
J’ai donc la ferme conviction que le peuple congolais est capable aujourd’hui, comme en 1960, de vaincre les démons de la division. Qu’il est capable, aujourd’hui, comme au cours de la décennie quatre-vingt-dix, de vaincre la tyrannie et la tentation du pouvoir absolu. Qu’il est capable aujourd’hui, comme en 2003, de prendre le dessus sur ce qui nous divise, et de mettre fin à la violence armée qui oppose ses enfants.
Pour y parvenir, chacun doit jouer sa partition.
Je m’engage à jouer la mienne.
Que Dieu bénisse la République Démocratique du Congo !
Orateur principal d’une conférence-débat de haute tenue le vendredi 23 mai, à la salle Monekosso des Cliniques Universitaires de Kinshasa, l’Honorable Léonard She Okitundu, Député National, a levé un coin du voile sur les enjeux profonds de la crise sécuritaire à l’Est du pays. D’une voix ferme et argumentée, l’ancien Chef de la Diplomatie congolaise a soutenu, face aux étudiants de la Faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, que la priorité nationale doit rester la cessation effective de l’agression rwandaise avant toute initiative de dialogue entre acteurs politiques congolais. Car, avertit-il, « pendant que la maison congolaise brûle, certains compatriotes se complaisent à regarder ailleurs ».
Risque de banalisation
Introduis, peu avant son intervention, par le Secrétaire Général Académique de l’UNIKIN et le Délégué Facultaire en Droit de cet Alma Mater, Léonard She Okitundu a articulé son message autour du thème : « Crise sécuritaire à l’Est de la RD. Congo. Enjeux et perspectives ». Une intervention abordée avec responsabilité et analysée sous l’angle du droit international, des rapports de force géopolitiques, et des mécanismes constitutionnels internes.
Mais au cœur de sa démonstration, une ligne rouge posée avec clarté : aucun dialogue politique en interne ne peut être envisagé tant que l’agression rwandaise perdure. « Préconiser un dialogue interne au moment où une partie du territoire est encore sous occupation, ce serait faire le jeu du Rwanda en devenant ses alliés objectifs et consacrer, du coup, la banalisation de l’agression », a tranché l’élu du peuple.
L’ancien Ministre des Affaires étrangères a pris soin de distinguer deux niveaux dans la crise actuelle : l’agression externe, orchestrée directement ou indirectement par Kigali, et les désaccords internes au sein de la classe politique nationale. Pour She Okitundu, toute confusion entre ces deux registres constitue une faute stratégique.
« Il s’impose d’opérer une déliaison de l’agression, qui reflète la dimension externe de la crise, et les controverses qui mettent la classe politique congolaise en ébullition au plan interne », a-t-il affirmé, appelant à une hiérarchisation des priorités nationales.
Un dialogue politique ? Oui, mais pas maintenant.
Sans exclure la tradition congolaise du dialogue politique, She Okitundu insiste : le moment est inopportun. L’heure n’est pas à la concertation entre camps politiques, mais au combat collectif contre l’agression.
« Il est urgentissime que les acteurs politiques congolais (…) mettent impérativement et momentanément leurs divergences sous cloche (…) pour venir à bout de l’agression », a-t-il exhorté.
« Oui au dialogue interne, mais après cessation de l’agression, moyennant une préparation méticuleusement inclusive et dans le respect scrupuleux du principe éminemment constitutionnel de la laïcité », a-t-il ajouté, traçant les contours d’une démarche responsable.
Une agression caractérisée, documentée et condamnée
En effet, dans la première partie de son intervention, il a rappelé que l’occupation de portions du territoire congolais par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23 constitue un crime d’agression, au sens de l’article 8 bis du Statut de Rome. Il cite à l’appui l’article 2§4 de la Charte des Nations Unies, l’Acte constitutif de l’Union Africaine, et la Résolution 2773 du Conseil de sécurité.
« La prohibition du recours à la force armée est une règle fondamentale d’ordre public relevant de jus cogens », a-t-il rappelé avec autorité, balayant toute tentative de minimisation de la gravité du fait.
Selon She Okitundu, la RDC doit maintenir une posture diplomatique offensive, tout en saluant l’engagement américain dans la facilitation d’une sortie de crise durable, notamment dans le cadre d’une initiative en gestation.
« Les USA sont (…) le seul pays dont le Chef de l’Etat (…) est en mesure d’exercer, au besoin, une influence déterminante sur les protagonistes au conflit », a-t-il souligné, saluant le rôle prééminent de Washington dans l’architecture internationale.
Le M23 : un bras armé au service d’un Etat agresseur
Au fil de son exposé, l’orateur est revenu sur la nature réelle du M23, qualifié de « bras séculier des troupes rwandaises », en violation flagrante de la souveraineté congolaise. Il récuse toute tentative de justification constitutionnelle invoquant l’article 64.
« On serait confronté à une contradiction insoluble, celle consistant à empêcher une atteinte à la Constitution en usant d’une entorse à la même Constitution », a-t-il lancé, mettant en garde contre la confusion des légitimités.
Une diplomatie de souveraineté et de sécurité
Enfin, She Okitundu a levé le voile sur le partenariat stratégique RDC-USA, en cours de construction. Ce mécanisme vise, selon lui, à substituer la présence formelle d’entreprises américaines à l’exploitation artisanale, souvent anarchique, des ressources minières dans l’Est.
« Cette initiative (…) procède d’une diplomatie entrepreneuriale et postule un deal réciproquement et spécifiquement avantageux pour les deux pays », a-t-il précisé.
Au-delà de l’économie, l’enjeu est aussi géostratégique : la présence américaine serait dissuasive face aux tentations expansionnistes des pays voisins.
Ainsi, dans cette agora académique transformée en tribune républicaine, Léonard She Okitundu a dressé un tableau clair des priorités nationales : restaurer l’intégrité territoriale, réaffirmer la souveraineté, et ne pas travestir la gravité de l’agression en querelle interne. Un message qui sonne comme une alerte, mais aussi comme un appel au sursaut.
Réagissant vigoureusement aux récentes déclarations de l’ancien Président Joseph Kabila tenues le 23 mai 2025, fustigeant une prétendue désillusion des entrepreneurs congolais dans le secteur de la sous-traitance, Miguel Kashal Katemb, Directeur Général de l’Autorité de Régulation de la Sous-Traitance dans le Secteur Privé (ARSP), a brisé le silence. Dans une sortie au vitriol, il accuse l’ancien Chef de l’Etat d’avoir fait de la sous-traitance une chasse gardée de son clan, à travers des contrats opaques et des montages offshores révélés dans lesPanama Papers. A contre-courant, il salue les réformes structurelles entreprises sous la houlette du Président Félix Tshisekedi, qui ont permis d’ouvrir le secteur à tous les Congolais, d’encadrer les marchés publics, et de capter plus de deux milliards de dollars au profit des entreprises locales. Un plaidoyer ferme en faveur d’une nouvelle gouvernance économique, portée par la volonté de justice et de transparence. In extenso, scrutez l’intégralité de sa réplique.
REPLIQUE DE L’HONORABLE MIGUEL KASHAL KATEMB, DIRECTEUR GENERAL DE L’ARSP, AU DISCOURS DE L’ANCIEN PRESIDENT JOSEPH KABILA
J’ai suivi avec regret les critiques aléatoires et fausses émises par l’ancien Président de la République Joseph Kabila sur la sous-traitance et prétendant qu’au cours de 6 dernières années, les entrepreneurs congolais ont été désillusionnés.
En tant que gestionnaire du secteur, je me permets d’affirmer sans ambages que la sous-traitance était jadis l’apanage de l’ancien Président Joseph Kabila et de sa famille qui en avaient fait leur chasse gardée avec des contrats signés à l’extérieur du pays et l’argent virer dans les comptes bancaires offshore à l’étranger comme cela avait été décrit dans « Panama Papers » en 2016. D’ailleurs, certains opérateurs économiques ont toujours pensé que l’ancien président de la République Joseph Kabila donnait l’impression d’avoir fait voter la Loi fixant les règles applicables à la sous-traitance pour l’intérêt de ses entreprises privées et celles de sa famille.
Aujourd’hui, le secteur est ouvert à tous les Congolais grâce à la dynamique des reformes impulsées par le président Félix Tshisekedi. Les Appels d’Offres des Marchés sont publiés sur le site de l’Etat congolais en vue de promouvoir l’égalité des chances aux entrepreneurs congolais vivant au pays et à ceux de la Diaspora.
Selon le rapport des résultats partiels de 2024 publiés sur le site de l’Etat, plus de 2 milliards de dollars qui échappaient jadis au circuit financier interne sont captés en RDC au profit des entreprises locales favorisant ainsi le développement de la chaîne de valeur locale.
L’ancien Président Joseph Kabila peut nous montrer durant ses 18 ans au pouvoir combien des jeunes entrepreneurs, qu’il prétend défendre aujourd’hui, ont signé des contrats de plusieurs millions de dollars comme c’est le cas aujourd’hui ?
Pour la première fois de l’histoire de la sous-traitance congolaise, un contrôle rigoureux est effectué régulièrement sur l’exécution des marchés en vue de promouvoir encore plus d’entreprises à capitaux majoritairement congolais.
La finalisation des travaux de l’avant-projet de la Loi sur le contenu local est une grande réforme du président Félix Tshisekedi qui marquera la vraie indépendance économique du pays, une première depuis 1960.
Kinshasa a accueilli une table ronde cruciale le mercredi 21 mai 2025, qui sera suivi d'un atelier de deux jours les 21 et 22 mai, axés sur la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC) en République Démocratique du Congo (RDC). Organisés par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC), ces événements visent à mobiliser des fonds pour le Plan d’action national 2024-2028 et à renforcer les capacités de traçage des armes dans le pays. La table ronde réunira des partenaires internationaux et nationaux, des agences onusiennes et la Commission Nationale de Contrôle des ALPC (CNC-ALPC), tandis que l'atelier bénéficiera de l'expertise d'acteurs nationaux et internationaux, dont Interpol et Conflict Armament Research (CAR).
COMMUNIQUE DE PRESSE
Table ronde pour la mise en œuvre du Plan d’action national 2024-2028 de lutte contre la prolifération illicite des Armes Légères et de Petit Calibre (ALPC) et atelier sur le traçage des armes en République Démocratique du Congo (RDC)
Kinshasa, 21 mai 2025 (Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, UNREC) – Kinshasa s’apprête à accueillir, un atelier sur le traçage des armes en RDC et une table ronde pour la mise en œuvre effective du plan d’action national 2024-2028 de lutte contre la prolifération illicite des armes légères et de petit calibre. La table ronde réunissant les partenaires internationaux pour le développement est prévue se tenir le 21 mai dans la matinée tandis que l’atelier sur le traçage est prévu se tenir les 21 et 22 mai au Pullman Kinshasa Grand Hôtel. La table ronde verra la participation des partenaires de la Commission Nationale de Contrôle des Armes Légères et de Petit Calibre (CNC-ALPC), les agences et entités du système des Nations Unies dont UNMAS, la MONUSCO, les partenaires nationaux et les différents partenaires internationaux en développement présents en RDC. Pour la partie de l'atelier consacrée à l'évaluation sur le traçage des armes, des experts nationaux et internationaux seront invités dont ceux d’Interpol et de Conflict Armament Research (CAR).
L'objectif général de la table ronde est de mener un plaidoyer en vue d’une levée de fonds auprès des partenaires internationaux et nationaux pour la mise en œuvre effective des priorités du plan d'action national. Plus spécifiquement, il s’agira d’encourager les partenaires internationaux et nationaux à apporter un soutien technique et financier à la CNC-ALPC pour la mise en œuvre des priorités identifiées dans le plan d’action national. Dans un second temps, l’atelier sur le traçage des armes vise à faire un état des lieux des questions de traçage en RDC, de faire le point sur les initiatives de traçage des armes en RDC, d’identifier les défis, les bonnes pratiques et opportunités quant au renforcement des systèmes et mécanismes de traçage des armes dans le pays et de formuler des recommandations concrètes pour un traçage efficace des armes.
Il est important de souligner que dans le cadre des efforts déployés pour lutter contre les effets néfastes de la prolifération des ALPC en République Démocratique du Congo, le pays a signé et ratifié le protocole de Nairobi pour la prévention, le contrôle et la réduction des armes légères et de petit calibre dans la région des Grands Lacs et la Corne de l'Afrique et signé la convention de l'Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, de leurs munitions et de toutes les pièces et composantes pouvant servir à leur fabrication, leur réparation et leur assemblage (convention de Kinshasa). D'autres cadres normatifs et instruments juridiques internationaux, notamment le programme d'action des Nations unies (PoA), le traité sur le commerce des armes (TCA) ainsi que l'ensemble des résolutions relevant des agendas de la jeunesse, femmes, paix et la sécurité, sont des insutrments importants auxquels la RDC adhère et qui sont essentiels pour garantir la mise en œuvre effective d'initiatives inclusives en matière de contrôle des armes.
Dans ce contexte, cet atelier de deux jours permettra aux différents acteurs d’échanger sur les questions liées à la thématique avec des présentations élaborées par les différents experts présents. Ce sera l’occasion de sensibiliser les partenaires nationaux et internationaux sur les priorités du plan d’action national, leur expliquer les progrès réalisés dans la mise en œuvre dudit plan un an après son adoption pour ensuite les engager à soutenir sa mise en œuvre; les experts profiteront de ces deux jours pour examiner les défis, les bonnes pratiques, les enseignements tirés et les perspectives en matière de traçage.
C’est un dossier brûlant, symbole des défis sociaux et économiques auxquels la République Démocratique du Congo est confrontée, qui s’est invité à la table de la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka le mardi 20 mai 2025. Armand Osase, figure de proue de l’intersyndicale de l’Office National des Transports (ONATRA), portait la voix de milliers d’agents et de retraités suspendus à une issue favorable concernant des mois, voire des années, de salaires impayés et l'avenir d'une entreprise autrefois fleuron national.
Au cœur des échanges, une réalité poignante : vingt-cinq mois d’arriérés de salaires. Une dette sociale qui pèse lourdement sur le quotidien des familles, comme l'a souligné Armand Osase. ‘’Je remercie sincèrement Madame la Première Ministre. Les travailleurs, qu’ils soient actifs ou retraités, vivent une précarité extrême. La situation est chaotique, et j’ai tenu à lui exposer tout cela directement’’, a-t-il confié à la presse, le visage marqué par la gravité de la situation mais éclairé par une note d'optimisme.
Face à ce cri d’alarme, la Cheffe du Gouvernement n’est pas restée insensible. Loin d’une simple écoute protocolaire, Judith Suminwa Tuluka a, selon le leader syndical, pris la pleine mesure de l’urgence. ‘’La Cheffe du Gouvernement a pris en compte notre cahier des charges. Les dispositions sont prises’’, a rassuré Armand Osase, laissant entrevoir des avancées concrètes pour le règlement de ces arriérés et une amélioration globale des conditions sociales des agents. Ces dispositions concrètes sont attendues avec une impatience fébrile par ceux qui, depuis trop longtemps, se serrent la ceinture.
Mais au-delà de l'indispensable apurement des dettes salariales, c'est toute la survie et la revitalisation de l'ONATRA qui étaient en jeu. La Première Ministre a réitéré l'engagement ferme de son gouvernement à redonner vie aux axes stratégiques de cette entreprise publique. La reprise du trafic ferroviaire sur l'axe vital Kinshasa–Matadi, véritable artère économique, et la relance des taxis fluviaux, essentiels à la mobilité des Kinois et au désengorgement de la capitale, figurent en tête des priorités. Ces initiatives sont perçues non seulement comme une bouffée d’oxygène pour l’économie nationale, mais aussi comme un signal fort de la volonté de l’État de restaurer ses services publics essentiels.
Cette rencontre s'inscrit dans la continuité d'un dialogue initié précédemment, notamment avec l'accord signé en décembre 2024 entre l'ONATRA et le Gouvernement. Cet accord avait déjà permis d'instruire le ministre du Budget d'apurer deux mois d'arriérés, marquant une première étape, certes insuffisante, mais significative vers une résolution durable de la crise.
L'heure est donc à un optimisme prudent. Si les promesses doivent encore se matérialiser en actions palpables sur les fiches de paie et sur le terrain, l'écoute attentive et les engagements réaffirmés par la Première Ministre Suminwa offrent une perspective nouvelle.
La situation des déplacés internes en République Démocratique du Congo (RDC) a été au centre d'une séance de travail, lundi 19 mai à Kinshasa, entre le président de la Commission Nationale des Droits de l'Homme (CNDH-RDC), M. Paul Nsapu, et la Rapporteure spéciale pour des personnes déplacées, Mme Paula Gaviria Betancur. C'était au siège de cette institution citoyenne d'appui à la démocratie.
L'aperçue générale de la situation des déplacés internes notamment, dans la partie Est du pays a été au centre de ces échanges.
La Rapporteure spéciale Paul Gaviria a qualifié de « grave » la situation des déplacés internes dans l’Est du pays. C’est ainsi qu’elle a tenu non seulement à avoir toutes les informations possibles sur ces déplacés, mais aussi à comprendre la mission de la CNDH-RDC, en ce qui concerne cette catégorie de personnes sur l’ensemble du pays.
Dans ses explications, le président de la CNDH-RDC a relevé que son institution avait alerté, deux ans avant la prise de Goma et de Bukavu, villes respectives du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, sur l’infiltration dans la partie Est de la RDC des éléments de l’armée rwandaise et de son service de renseignement militaire.
«C’était pendant cette période que la situation dans cette partie de la RDC avait commencé à se détériorer. C’est surtout l’échec de tentatives de faire capoter les élections par une frange de l’opposition politique que la situation s’était gravement détériorée et avait une tournure de la guerre », a-t-il ajouté.
Des exécutions sommaires et crimes dans l’Est
Selon Paul Nsapu, c’est à partir du 26 janvier 2025, avec la prise de la ville de Goma, que les exécutions sommaires ont pris une autre ampleur.
«Ce qui a provoqué les mouvements des masses, plus particulièrement des femmes et des enfants fuyant non seulement la guerre, mais les tueries des populations civiles par l’armée rwandaise et ses supplétifs du Mouvement du 23 mars et de l’Alliance fleuve Congo (M23-AFC) », a soutenu Paul Nsapu.
Le président Paul Nsapu a également expliqué à cette délégation la situation « dramatique », qu’il a vécu au Burundi, où il s’était rendu dans le cadre d’une mission de service, tout en précisant que plus de septante mille (70.000) personnes vivent dans des conditions précaires dans des camps des déplacés, voire dans des stades transformés à des sites pour recevoir les populations congolaises qui ont fui l’agression rwandaise.
Paul Nsapu a même dit craindre le pire pour certains témoins notamment, les défenseurs des droits humains (DDH) et autres journalistes, qui étaient dans ces deux villes, mais obligés, pour le moment, de fuir notamment au Burundi, pour ne pas être éliminés par l’armée rwandaise et ses supplétifs du M23-AFC, qui cherchent à effacer les traces des exactions et autres crimes graves commis à Goma et à Bukavu.
Publication des rapports le 30 juin prochain
Par ailleurs, le président Paul Nsapu a aussi plaidé pour que le soutien soit apporté à l’Etat congolais dans la mise en place d’une justice transitionnelle ainsi que la création même d’un tribunal international pour la RDC, indiquant que la justice transitionnelle permettra de punir les auteurs de différents crimes sur l’ensemble du pays ainsi que de lutter efficacement contre les impunités.
«Si on n’accélère pas les choses, il y a risque que les traces soient effacées. Parce que le Rwanda et ses supplétifs s’attellent à effacer les traces des horreurs qu’ils ont commis dans l’Est du pays», a déploré le président Paul Nsapu de la CNDH-RDC.
Il a profité de l’occasion pour remettre à la délégation de la Rapporteure spéciale Paula Gaviria des rapports du mois de mars établis par la CNDH-RDC sur la situation des droits de l’homme notamment, dans l’Est du pays en cette période de la guerre.
Ces rapports, selon Paul Nsapu, seront publiés de manière solennelle le 30 juin 2025. C’est un travail énorme, dans la mesure où son institution est appelée à travailler en synergie avec certaines organisations de la société civile.
Patrick Muyaya Katembwe, Ministre de la Communication et médias, a procédé à la présentation du document d’analyse sur les crimes graves et massifs commis à la prise et occupation de Goma et Bukavu par les RDF – M23 de Janvier à Avril 2025, ce mardi 20 mai 2025 au Musée national de la RDC, à Kinshasa. Présent à cette activité placée sous le Haut Patronage de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat et Président du Comité de Pilotage, le Professeur Ntumba Luaba Lumu, Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l’Accord-Cadre d’Addis-Abeba (hôte), le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires Coutumières Jacquemain Shabani Lokoo, le Vice-Premier Ministre, Ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants Guy Kabombo Mwadiamvita, la Ministre des Droits Humains Chantal Chambu Mwavita et quelques conseillers principaux du Chef de l’Etat.
«Vous comprendrez que nous sommes dans un contexte bien au-delà des avancées que nous connaissons, au plan diplomatique notamment, dans un contexte où nous devons rester vigilants. Et je pense que l'activité de ce matin rentre dans les cadres justement de cette vigilance, parce que le document, sûrement que vous recevrez, si vous ne l'avez pas encore reçu, dans les heures qui viennent, est un document qui doit encore être ici, parce qu'au moment où nous parlons, nous assistons, en tout cas pour ceux qui les savent et qui suivent au quotidien la situation dans les parties sous occupation, le vice-premier ministre, le ministre de l'Intérieur communique régulièrement sur ces sujets. Nous assistons à ce que moi je peux appeler une gouvernance par crime. Il ne se passe aucun jour. Sans que l'on ait des plorts, des crimes commis contre des femmes, des crimes commis contre des enfants, des crimes commis contre des patients dans des hôpitaux », a dit le ministre de la Communication et Médias, Porte-parole du gouvernement.
Vigilance pour éviter les jeux de l’agresseur
Le ministre Patrick Muyaya invite tous les congolais présents au pays et dans la diaspora à la vigilance de manière continue, parce que le gouvernement avec ses partenaires honnêtes a entamé avec les dernières évolutions de la phase d'atterrissage d'un conflit qui dure plus de 30 ans, avec des récurrences évidemment, mais avec un toit de fond des habitudes et des habitudes de pillage. « Ce n'est peut-être pas le lieu de revenir sur tous les détails de ce que nous connaissions de cette crise depuis autant d'années, pour nous focaliser que sur l'horreur en réalité qui s'est passée à partir de la deuxième quinzaine du mois de janvier, jusqu'à ce que nous continuons de monitorer aujourd'hui », a martelé le ministre Muyaya.
« L'avantage, cher coordonnateur du Mécanisme national de suivi est que dans cet ouvrage, vous recensez l'essentiel. L'essentiel, c'est ce que nous ne devons pas oublier. Évidemment, nous parlons beaucoup de paix, mais on ne parle pas toujours de justice. Il y a dans cet ouvrage un point qui est consacré sur la redevabilité. Parce que finalement, si nous pensons que nous pouvons continuellement sacrifier la justice au profit de la paix, nous ne serons pas en mesure de créer des conditions de non-répétition de ces crimes. C'est pour ça que le travail qui est fait dans le cadre de cet ouvrage, qui est la suite d'ailleurs de certains autres ouvrages sur lesquels nous avons travaillé, où nous avons pu recenser tous les crimes commis par exemple, à Virunga », a-t-il ajouté.
Violence dans le parc Virunga
Le Porte-parole du gouvernement Suminwa souhaite que le monde entier puisse aussi parler de toutes les atrocités et les pillages orchestrés par le Rwanda et ses supplétifs dans ce patrimoine mondial de l'UNESCO. Il pense que le temps du silence est révolu et que pour tout acte négatif, il faut que justice soit faite pour que le futur soit meilleur. « On n'en parle pas beaucoup, mais Virunga a été l'épicentre même de la violence, alors que c'est un patrimoine mondial protégé de l'humanité. Aujourd'hui, il y a un magnifique travail qui a été fait dans le parc, à travers tous les projets Virunga qui étaient conduits par M. Emmanuel Desmaraux, que vous connaissez tous. Mais si nous devons réévaluer aujourd'hui, ce qui a été détruit et les niveaux d'investissement que nous devons refaire pour donner à ces parcs la vie qu'il y avait quelques mois, nous parlons en termes de centaines de millions de dollars », a-t-il souligné. Il convient de préciser que dans ce document, le professeur Ntumba Luaba et toute son équipe ont recensé les détails de l'horreur qui a commencé par toucher des camps des déplacés. Ensuite, les écoles dont une était même transformée en cimetière.
Au cours du briefing du mardi 4 mars dernier, la ministre d'État, ministre de l'Éducation Nationale et Nouvelle Citoyenneté avait indiqué que 2 599 écoles étaient touchées, avec plus d'un million d'élèves non scolarisés. Au mois de mars, les parents n'étaient même plus confortables à l'idée d'envoyer les enfants à l'école. Durant deux mois et demi, certains enfants étaient systématiquement recrutés ou enlevés pour satisfaire aux besoins des agresseurs d'avoir de la main d'œuvre, au lieu de les envoyer en formation scolaire.
« Je ne voudrais pas revenir sur toutes les photos qui joncent cet ouvrage, parce que ce sont des photos qui représentent l'horreur qui a été vécue, mais je pense que le travail de la documentation qui a été fait et qui est réuni dans ces livres, c'est un travail qui doit permettre aux avocats, à tous ceux qui tiennent en tout cas à la ministre des droits humains en face de moi, à la justice, puissent bien trouver dans ces documents de référence. Je pense qu'il existe actuellement à Kinshasa, il y a une délégation de Genève en mission d'établissement de faits. On n'en parle peut-être pas beaucoup, mais je pense que pour la première fois, nous avons obtenu grâce au plaidoyer du gouvernement à travers la ministre des droits humains, une mission d'établissement de faits du Conseil des Nations Unies pour le droit de l'homme. Et cette mission qui séjourne actuellement, pourra trouver déjà dans ces documents, professeur Ntumba Luaba, un travail qui peut donner une indication sur l'ampleur des crimes qui ont été commis. Une mission qui deviendra une commission d'investigation au mois de septembre prochain. Nous espérons que ces efforts combinés aux efforts qui se font au niveau de l'auditorat ou de la justice au niveau national, avec les efforts de la Cour pénale internationale, nous permettront de faire un travail qui peut donner une indication sur l'ampleur des crimes qui ont été commis et qui sont responsables de la justice. Les plus malins n'ont pas ratifié les statuts de Rome, mais parce qu'il y a toujours des supplétifs, ceux qui sont complices de ces actes, je pense que nous avons ici la possibilité de nous dire que tôt ou tard, le temps de la justice va arriver », a martelé le Porte-parole du gouvernement.
« Je pense qu'il n'y aura pas meilleure consolation au-delà de tous les programmes mis en oeuvre par le gouvernement pour soutenir les familles des victimes que de voir les bourreaux pouvoir en répondre les moments venus devant la justice. Je pense que c'est par ici, Excellences, M. le Vice-Premier ministre, que j'étermine ma présentation sommaire de cet ouvrage de plus de 100 pages et qui permettra aux uns et aux autres de revivre les moments d'horreur que nous avons suivis minute par minute. Les événements qui continuent de se passer dans les parties du pays qui sont sous occupation de forces d'agression et d'énerve supplétive. J'ai dit et je vous remercie », a-t-il conclu.